En passant par la montagne : de la Provence vers la Savoie en passant par le Piémont...


Publiziert von Bertrand , 7. September 2020 um 18:15.

Region: Welt » Frankreich » Hautes Alpes - Dauphiné
Tour Datum:27 August 2020
Mountainbike Schwierigkeit: L - Leicht fahrbar
Wegpunkte:
Geo-Tags: I   F 
Zeitbedarf: 6 Tage
Aufstieg: 15350 m
Abstieg: 15350 m
Strecke:Teyssières - Valdrome - Veynes - Montdauphin - Col de Vars - Jausiers - Col de la Bonette - Isola - Col de la Lombarde - Vinadio - Colle Fauniera - Ponte Marmora - Colle Sampeyre - Sampeyre - Col Agnel - Chateau-Queyras - Col de l'Izoard - Briançon - Col du Galibier - St Michel de Maurienne (550km)

Très long (550k, +15.000m) retour de la maison familiale en Drome provençale (l'aller, moins biscornu, est décrit ici) avec le maximum de détours, le but étant - comme dans tout voyage véritable - de ne jamais arriver...un mix de petites routes secrètes et de grands cols célèbres à travers les Hautes-Alpes, l'Ubaye, le Mercantour, le Piémont, le Queyras et la Savoie...D'où j'ai repris le train pour Berne, la Haute-Savoie et la Suisse étant hélas, à mon goût, bien trop infestées de voitures. De manière générale, beaucoup plus de monde que d'habitude un peu partout en cette année Covid, que ce soit sur les routes ou dans les villages. Mais aussi un soleil quasi permanent. On ne peut pas tout avoir !


Lundi 24/8 PM : Teyssières - Valdrome (72k, +1500m, 4h20)

Sitôt quitté le charme douillet de notre bergerie familiale, c'est une magnifique traversée de la Drome provençale qui s'engage par les petites routes souvent désertes des cols de Valouse, Sausse, Lescou, Pré-Guitard, Fays et Rossas...un peu de trafic dans la fameuse Gorge des Trente Pas et autour de la Motte Chalancon, mais pour le reste la région est un pur bonheur de cyclotouriste, avec une mention spéciale pour le plateau de St Dizier en Diois. Les gradients sont modestes et adaptées à une pratique familiale (mais il n'y a évidemment aucune famille).

Il n'y a hélas plus aucun hébergement (ni même un bar !) à Valdrome depuis le fermeture de l'Auberge de l'Oustaou, j'ai dormi à la ferme des Ganaos aux Prés (2.5km de Valdrome), accueil formidable de la famille et discussion passionée autour du loup - très présent dans la région - et des patous avec le patriarche...


Mardi 25/8 : 

AM : Valdrome - Veynes (55k, +1000m, 3h35)


Départ vers 8h de la délicieuse ferme des Ganaos pour franchir le Col de Carabes (1261m), magnifique et résolument désert - je croiserai la 1ère voiture au bout d'1h30 à la Piarre, versant Büech du col...Les connards à moto semblent ne pas encore avoir découvert la région, tant mieux ! Comme j'ai un peu d'avance sur l'horaire du train à Veynes, je rajoute une petite boucle depuis Chabestan par St Auban d'Oze et le Col des Verniers (1039m), toujours aussi désert et toujours aussi bucolique : le Haut-Büech semble vraiment une région à explorer, du reste j'y rencontrerai pas mal de gens à vélo.

Ravitaillement au SuperU de Veynes puis 1h30 de TER jusqu'à Montdauphin ; j'ai préféré shunter cette portion-là car il est difficile d'y éviter les grosses routes du fond de vallée. Après avoir papoté à bord avec un cyclo-campeur en route vers Cervières, je sors de la gare de Montdauphin vers 13h30 sous un soleil cognant.

PM : Montdauphin - Jausiers (47k, +1300m, 3h20)

Je retrouve l'itinéraire de la Route des Grandes Alpes et malheureusement le trafic qui va avec. Et dire qu'on parcourait ça à vélo il y a 30 ans dans une relative tranquillité...le Col de Vars est désormais sur l'agenda des motards en quête de frissons dans leur transhumance vers les plages de la Cote d'Azur. Oh on reste bien loin des hordes du Grimsel ou du Susten, mais c'en est fini de la solitude de petites routes de la Drome ou du Büech - sauf à rouler entre 6h et 9h du matin, ce qui sera mon habitude dans les jours à venir.

Les 1230m de montée de la gare de Montdauphin au Col de Vars (2120m) ne sont jamais trop raides mais souvent en plein soleil, avec quelques portions de redescente augmentant le D+ cumulé. Les meilleures chances de boire un coup ou de se ravitailler sont à Vars-Ste Marie...pour le reste c'est le paysage un peu pelé des Alpes du Sud, les derniers vrais glaciers sont désormais loin...mais ces grands pierriers et sommets décharnés égayés de forêts de pins ont aussi leur charme. Et puis on ne peut pas avoir à la fois 300 jours de soleil par an et les prairies vertes fluo de l'Appenzell !

La descente sur la Vallée de l'Ubaye est splendide avec une vue imprenable sur les reliefs déchiquetés du Chambeyron (3400m). On retrouve hélas un gros trafic (camions compris) sitôt rejointe la route du Col de Larche mais cela ne dure pas et le gros bourg de Jausiers a tout ce qu'il faut pour une étape sympa : des boulangeries, un glacier (pas le même, celui qui sert des crèmes glacées !), un concert public dans la zone historique piétonne...et un gite adorable (les Bartavelles) où on mange encore tous ensemble Covid ou pas. Soirée animée à discuter avec un couple revenant d'une grande voie d'escalade sur la célèbre Aiguille Pierre André - ainsi qu'avec le gardien, qui m'explique que le ras-le-bol des motards a conduit les habitants à lancer une pétition pour limiter les nuisances sonores. Je me couche donc un peu moins pessimiste sur la nature humaine.


Mercredi 26/8 : Jausiers - Vinadio (115k, +3450m, 9h10)

Départ de nuit (5h50) afin d'être au col de la Bonette (2802m) avant le trafic annoncé...il fait toujours un temps de rêve, limpide et frais, et voir le soleil commencer à illuminer les sommets avoisinants une heure après le départ est un plaisir dont je ne me lasse pas. 25km de montée pour 1600m de D+, rien de meurtrier mais cela finit par user un peu, d'autant qu'un fort vent d'W se lève sur la partie du haut. La route a été regroudronnée de Jausiers à St Etienne de Tinée, c'est actuellement un vrai billard - que je regretterai l'après-midi même en basculant versant italien de la Lombarde...on trouve une belle fontaine à mi-parcours.

Les derniers 90m de D+ sont souvent à > 12%, ils sont certes facultatifs (on peut couper par le col à 2715m) mais permettent à la Bonette de se parer du titre de "plus haute route asphaltée des Alpes" (2802m) et sont donc plus ou moins incontournables pour tout cyclo qui se respecte. Je les arrache en pleine tempête, le vent soulève les gravats du bord de la route, il y a même un engin de la DDE qui fait des aller-retours pour déblayer la chaussée (!) - j'ai été à 2 doigts de finir à pied (pour ne pas finir par terre) mais une stupide conception de l'honneur m'a quand même poussé à ne pas pousser. 10-15mn de marche permettent de gravir le mini-sommet au dessus, muni d'une table d'orientation. Sans laquelle j'aurais piteusement abdiqué à reconnaitre la moindre cime - excepté bien sûr le Viso !

Il y a encore très peu de monde à 9h15 mais comme prévu les crétins à moto commencent à affluer depuis le sud dès 9h30. Français et Italiens, cette fois-ci, comme quoi les Teutons n'ont pas le monopole de la connerie. Je me console en constatant qu'il y a aussi énormément de vélos - l'immense majorité gravit la Bonette en AR "light" depuis St Etienne de Tinée, c'est de toute évidence "le" challenge pour les cyclos niçois. 25km et 1700m sous le sommet, le village a beaucoup de charme, des auberges aux terrasses aguicheuses, une boulangerie bien fournie, 12° de plus et pas de vent...je m'y attarde pour un petit-déjeuner prolongé avant d'entamer la suite de la descente vers Isola.

La route ne descend plus beaucoup et il y a bien plus de trafic, mais une piste cyclable (encore discontinue) en évite la plus grande partie. A Isola (860m) fini de rigoler : 1500m de montée se dressent devant la frontière italienne au Col de la Lombarde (2350m). Excepté un départ raide et surchauffé, la route est large et plutôt facile jusqu'à Isola 2000, on peut de temps à autre utiliser la vieille route (il suffit de suivre les sens interdits) qui a plus de charme et 0 circulation. Celle-ci n'a rien d'excessif, mais je m'attendais quand même à plus de tranquillité (et à moins de motos) en semaine sur cet itinéraire transfrontalier un peu confidentiel...Pique-nique bucolique au bord du torrent vers le Pont du Chastellar (Pt 1701m).

Isola 2000 est l'une de ces cités-blockhaus construites en France pour le ski de piste de masse dans les années 60. Même si c'est moins laid que Tignes ou les Menuires, on a quand même surtout envie de fuir - pourtant le coin est blindé de monde et les parkings aux 3/4 pleins ! Il faut vraiment avoir peur du Covid pour passer ses vacances ici...La fin du col est bien plus belle mais aussi bien plus pentue, le col lui-même est rempli de bidochons italiens montés en bagnole pour faire un selfie avec les vaches avant de redescendre (j'exagère à peine !).

La descente versant piémontais sur le Vallon de Sta Anna est par contre de toute beauté même si le goudron se dégrade pas mal - c'est l'habituel patchwork italien alternant sans logique évidente les morceaux refaits et les sections défoncées, lesquels se succèdent parfois tous les 100 m...bref difficile de lâcher les chevaux. D'autant que, contre toute logique, la route tend plutôt à se dégrader sur le bas. Je ne résiste pas à un petit crochet (+200m bien raides, je n'étais plus à ça près) au célèbre Sanctuaire de Sta Anna (2000m), haut lieu de pélerinage (aujourd'hui à 99% automobile) qui commençait heureusement à retrouver un peu de tranquillité en fin d'après-midi. Attention, masque obligatoire même dehors sur le parvis de l'église ! La descente finale sur Vinadio sur les coups de 18h est un pur bonheur, le choc de retrouver l'infernal trafic de camions du Val Stura est d'autant plus brutal.

Vinadio (920m) est sinon une ville étape idéale, remplie de jolies ruelles dominées par un vieux fort, avec quelques bons restaus pas chers et les traditionnelles petites épiceries à tout vendre typique des villages piémontais. Nuit à la résidence du Monte Nebius, fonctionnelle et bon marché mais pas inoubliable. Bon vu la longueur des étapes je dormirais en fait plus ou moins n'importe où !


Jeudi 27/8 : Vinadio - Sampeyre (91k, +3200m, 9h10)

Moins de 100km mais qui valent leur pesant d'huile de jarret...il s'agit de la mythique route militaire coupant transversalement les 4 grandes vallées du sud du Piémont (Val Stura --> Val Grana --> Val Maira --> Val Varaita) au moyen de toute une série de cols entre 2200m et 2500m. Cette piste a été goudronnée en 1999 pour le passage du Tour d'Italie mais faute d'entretien certaines portions sont en train de retourner à l'état originel et un VTT aurait été plus que recommandé ! Les longues descentes en mode marteau-piqueur sont cela dit plus que rachetées par des paysages superbes quasiment tout du long.

Je m'octroie une petite grasse matinée en partant avec le jour sur le coup de 6h30, il faut d'abord commencer par 12km de descente sur Demonte (740m) où - jour de marché oblige - les bars sont déjà ouverts. Un double-expresso et 2 croissants fourrés plus tard, j'attaque la 1ère montée de 25km (+1800m) au Col de la Fauniera (2480m). La route alterne passage plats et rampes à 12% avec même quelques redescentes histoire de remonter encore davantage. Il n'y a pas grand monde à cette heure là mais les rares dépassements sont assez pénibles vu l'étroitesse du ruban goudronné...

Petite pause sympathique au Rifugio Carbonetto (1870m) assez fréquenté par les VTTistes - exclusivement electrifiés il est vrai. La suite est à nouveau bien raide, on passe d'abord au Colle del Vallonetto (2400m) avant de redescendre (grr...) pour remonter férocement au point culminant du Col della Fauniera (2480m - mais il suffit de marcher 5mn pour se hisser à 2500m sur la Cima éponyme). Une grande stèle Pantani évoque les exploits du "pirata" chauve qui a pourtant si mal fini...1km de route déjà bien trouée mène à la bifurcation suivante du Col d'Esichie (2380m) : à droite la descente sur le Val Grana - la moins abimée mais aussi la plus fréquentée par les voitures. A gauche les 22km vertigineux plongeant de 1500m sur Ponte Marmora (920m), tout au fond du Val Maira. C'est évidemment celle-là que j'ai choisi d'emprunter.

Je n'y croiserai (presque) que des vélos (VTT au 3/4) et pour cause : la route minuscule est totalement défoncée, je mettrai plus d'1h15 pour faire 22km de descente en craignant à tout moment de flinguer une de mes roues. A coté de cela - dès qu'on ose lever la tête - le parcours est incroyablement spectaculaire, et aussi incroyablement fréquenté par les cyclo italiens. Et pas plus de la moitié en mode électrique, s'il vous plait ! Parvenu sans dégât au fond du Val Maira sur les coups de 11h30, ne restent plus que les 1400m de montée au Col de Sampeyre (2240m). 2 options sont possibles :

- l'officielle par Stroppo mais il faut commencer par perdre de l'altitude et c'est là que se concentrera le (faible, n'éxagérons rien) trafic.

- la clandestine par la gorge fermée menant au village d'Elva. Les plots de béton et les panneaux de danger sont assez explicites...mais difficile de savoir si on croisera véritablement un éboulement infranchissable - ou s'il s'agit juste de quelque averse occasionnelle de pavasses dégueulées par la falaise du dessus. Je tente le coup en me disant qu'il est encore tôt, que je peux toujours faire 1/2 tour, que dans ce cas je passerai peut-être la barre des 4000m de D+ dans la journée à titre de consolation...

Bilan des courses : la route est encore cyclable pour peu de slalomer de temps à autre entre les blocs et les cratères, et d'allumer sa lampe dans les tunnels. Elle est vraiment impressionnante et donc tout à fait recommandable pour peu d'accepter de tout petits risques...disons quand même à éviter par temps de déluge ! Perché à 1670m dans un paysage superbe au pied du magnifique Pelvo d'Elva (3070m), le petit village d'Elva constitue le retour à la civilisation, on y trouve de l'eau et une petite trattoria...la suite de la montée est agréable, avec une autre auberge vers 1900m, là ou on retrouve la route venue de Stroppo. Et aussi les 1ères motos de la journée...une nouvelle fois bien plus nombreuses que les vélos au Col de Sampeyre (2240m). Enfin là encore rien à voir avec les cols suisses - j'étais juste surpris de voir à quel point cette route minuscule, ne figurant même pas sur toutes les cartes, figurait déjà dans le radar des amateurs de loisirs motorisés.

Je craignais le pire pour la descente finale après une discussion avec un couple d'E-bikers ("in bici da corsa colle ruote strette ? un disastro !") mais au final ce sera plutôt moins pénible que la descente de l'Esichie, je dépasserai même occasionnellement les 25 kmh...en levant même de temps à autre la tête pour contempler le Viso. Tout comme Vinadio, la petite ville de Sampeyre (970m, mon étape du soir) grouille d'animation en cette fin août - visiblement les Italiens ne sont pas plus pressés de rentrer bosser que les Français...Nuit au bel hotel du Monte Nebin avec un peu de nostalgie - ce fut notre camp de base d'un Nouvel An à ski de rando avec Agnès il y a ...bien longtemps ! Je mets le réveil à 5h car la journée du lendemain s'annonce difficile : les 1800m du Col Agnel (2744m) , puis l'Izoard (2360m)...et le mauvais temps annoncé dès 14h.


Vendredi 28/8 : Sampeyre - Briançon (92k, +2900m, 7h30)

J'ai passé la soirée à recharger toutes mes lampes et je pars donc dans la nuit noire avant 5h30 illuminé comme un sapin de Noël. L'aurore se lève en sortant de Casteldelfino, nostalgie bis en repensant à une Pâques familiale de ski de rando...la route n'est pas fameuse mais évidemment déserte et le gradient doux jusqu'au panneau de la "Vecchia Dogana" à 1800m...les hostilités démarrent alors sans préambule : 950m de montée en 9.5km jusqu'au "Colle dell'Agnello, 2744m" ! Et bien sûr pas régulier : il y a des bouts de plat et même une mini descente...et aussi un tas de rampes rebelles à 12% voire 14%. Avec un fort vent - de face évidemment. Bref il faut arracher chaque mètre de route - au moins le revêtement, refait lui-aussi pour le Giro il y a quelques années, est-il irréprochable sur les 2 versants du col. A ce tarif-là j'ai même droit aux félicitations d'un des rares motards matinaux rencontrés dans la montée !

La littérature spécialisée parle de l'un des cols les plus durs des Alpes et je ne suis pas loin de le croire - l'Izoard à suivre sera une promenade de santé en comparaison...vent fort et frisquet au sommet mais le soleil baigne toujours la magnifique descente sur le Queyras. Je me réjouissais d'un petit déjeuner  au Refuge Agnel, mais il n'ouvre évidemment qu'à midi (et encore pas les derniers jours d'août...). Clin d'oeil cliché à la France travailleuse...Pas grave, il y a un somptueux salon de thé à Mollines où je dévore un paquet de viennoiseries avant d'en remplir ma sacoche avant. On retrouve plus de trafic jusqu'à la bifurcation vers Arvieux mais c'est en descente. Ne reste plus qu'à avaler les derniers 1050m de montée au Col d'Izoard (2360m) avant l'arrivée de la pluie. Sans aucun souci au final, je m'offre même encore une pause à Brunissard et me surprend à dépasser occasionnellement les 10 kmh.

Ca fait drôle de repasser la Casse Déserte en été, qui plus est sous un ciel menaçant - la dernière fois c'était à ski de fond sous un soleil éclatant...le changement de temps semble en avoir dissuadé certains, au final les nuisances motorisées resteront plutôt en deça de ce que je craignais pour un coin aussi connu. Arrivé au col, je papote longuement avec un jeune couple de cyclo-randonneurs lourdement chargés - ils sont partis il y a bien des semaines de Rodez (!), ont traversé l'Ardèche et les Alpes, posant les vélos au passage pour faire le Tour du Queyras à pied. Ils sont également passionnés d'alpinisme bref difficile de se quitter.

Pendant ce temps-là le ciel continue à noircir - sûr de ma bonne étoile, je m'arrête quand même pique-niquer dans la descente - et évidemment ça ne rate pas, je prends le déluge entre Cervières et Briançon histoire d'arriver trempé à l'hôtel (de Paris, à coté de la gare, plutôt pas mal). Ce ne sera pas la dernière fois...Je passe l'après-midi à arpenter la ville et la citadelle en quête d'un parapluie - difficile à trouver dans une cité vantant fièrement ses 300 jours de soleil par an ! Et bien sûr à écumer les salons de thé.


Samedi 29/8 : Briançon - le Lauzet (25k, +800m, 2h)

Ce coup-ci le grand mauvais temps est installé. Après tout un été à griller au soleil tant en alpinisme qu'à vélo, difficile de trop se plaindre...n'empêche qu'il est irréaliste de franchir le Galibier dans ces conditions comme prévu initialement ce samedi. Ce qui m'aurait permis - ma boulimie naturelle aidant - de passer encore la Madeleine le lendemain pour finir en Tarentaise. Au lieu de tout ça je réorganise la fin de mon périple avec une mini-étape en milieu de journée jusqu'au hameau du Lauzet, au pied du Galibier. Puis une seconde étape raccourcie le lendemain en espérant passer le col dans une fenêtre météo pour arriver à la gare de St Michel de Maurienne à temps pour le dernier train (pour Chambéry --> Genève --> Berne) à 16h.

Le Gite du Lauzet initialement prévu m'explique gentiment que "ils ont fait un super été", "ils ont donc décidé de fermer plus tôt", "ça ne vaut pas le coup de rester ouvert samedi pour aussi peu de clients" (dont moi). Chapitre deux de la France travailleuse à l'époque du Covid. J'espère que ces malheureux toucheront quand-même le chômage technique. Je me replie sur l'Hotel du Pont de l'Alpe (1700m), avec un accueil extrêmement sympa malgré une taulière terrorisée par le virus. Je passerai une partie de la soirée à discuter avec son mari - montagnard et traileur - de ses stratégies pour prendre l'air semi-clandestinement durant le confinement, en évitant le regard de tous les délateurs potentiels du hameau...là-aussi les hélicos du PGHM ont bien pris soin de brûler leur contingent de kérosène pour traquer les randonneurs désobéissants !

Le reste de l'étape est vite résumé : grasse-matinée, pillage en règle du buffet du petit-déjeuner, glande sous la pluie dans la citadelle - toujours infestée de touristes refusant de rentrer chez eux. Puis 2 heures de vélo sous la pluie en empruntant, à grand renfort de D+ supplémentaire, les variantes à droite et à gauche de la route du Lautaret qui croûle sous le trafic. Toutes recommandables (cf trace GPS)...sauf celle de Pramorel : piste infecte à remonter en poussant le vélo, puis descente goudronnée tellement raide qu'il fallait toujours pousser (enfin retenir en fait) le vélo sur une petite route transformée en ruisseau. Je me console stoïquement en pensant à ceux qui affrontent ce genre d'adversité des mois durant au Pamir ou en Patagonie...Sur les coups de 14h, j'imagine naivement pouvoir me réchauffer devant une crèpe à Serre-Chevallier mais non, rien à faire, là aussi c'est encore plein. Le peu de pitié qui me restait pour les malheurs de ces Français geignards achève de disparaitre. Bon je finirai par trouver une place un peu plus loin au Monetier...

Le reste de l'après-midi s'écoule à l'hotel entre séchage des chaussures et des gants au sèche-cheveux (avec la cape de pluie, le reste a finalement plutôt bien résisté), et lecture des Récits de la Kolyma de Charlamov, qui permet là-aussi de relativer mes (tout) petits malheurs !


Dimanche 30/8 : Le Lauzet  - St Michel de Maurienne (54k, +1150m, 5h50)

Le radar météo laisse d'abord entrevoir une accalmie vers 9h, puis 10h, puis 11h...je pars finalement à cette heure-là, le trafic s'est (un peu) calmé jusqu'au Col du Lautaret (2058m), j'aperçois même brièvement le soleil dans la montée au Galibier (quasi déserte - le temps pourri a aussi des avantages !). Evidemment ça ne dure pas : le temps de boire un thé chaud et de manger un bout de tarte au Refuge du Galibier (2550m, à l'entrés sud du tunnel) et je ressort dans le brouillard. Ne reste plus qu'un km mais je ne vais pas m'en tirer à aussi bon compte : le grésil refait son apparition, puis le vent, la neige ne tient heureusement pas sur la route mais elle luit de flotte, la visibilité tombe à 20 mètres...

Bref je prends juste le temps de photographier la stèle du col (2645m) et d'enfiler en tremblant toutes mes fringues avant d'entamer la descente versant nord dans une ambiance glauque +++. "Valloire 18km" affiche la borne kilométrique..."merde, encore tout ça" ai-je eu le temps de penser au lieu de me réjouir de cette descente légendaire. Je dépasse à peine les 10-15 kmh, la neige fondue embue mes lunettes, il faut s'arrêter toutes les 5mn pour les essuyer avec un bout de mouchoir en papier trempé lui-aussi. Enfin comme dab la patience obstinée vient à bout de bien des vents contraires, la pluie s'arrête à mi-pente, la route sèche, et je me paie même le luxe de retirer ma cape de pluie avant Valloire (1400m).

Ce coup-ci les gens sont enfin rentrés bosser et il est possible de déjeuner au chaud sans mendier et d'acheter des pains au raisin sans faire la queue dehors...bref ce serait le bon moment pour partir et pas pour rentrer ! La petite remontée du Col du Télégraphe (1570m) permet d'achever de se réchauffer avant la dernière descente sur St Michel de Maurienne (640m). Le retour d'un timide soleil fait ressortir de leur boite les derniers connards à motos espérant encore accrocher le Galibier à leur palmarès Gopro/Youtube mais au bout de 22.000m de D+ je suis désormais passé du coté Zen de la Force...Je n'ai pas dit rassasié, hein...A noter pour finir que tous les trains seront à l'heure (3 changements quand même) et qu'avec un départ par le TER de 16h07 je serai finalement à Berne à 20h !


Tourengänger: Bertrand


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