Du nord au sud : Deuxième étape, de St-Ursanne à Saignelégier
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English version here
La deuxième journée de notre randonnée pascale est placée sous le signe de l'eau : non seulement celle du Doubs qui nous accompagne tout au long de la première moitié de l'étape, mais aussi celle qui transforme les sentiers sous nos pieds en bourbiers et celle, parfois sous forme gelée, qui nous tombe dessus depuis le ciel.
L'étape est longue, nous faisons donc l'effort de nous lever et de prendre le petit déjeuner relativement tôt. A neuf heures nous sommes prêts à partir, quittant St. Ursanne par la porte sud du mur d'enceinte, qui débouche sur le vieux pont de pierre sur le Doubs. Nous suivrons la rivière en amont pendant les quatre prochaines heures, tout d'abord en direction de l'est, puis vers l'ouest jusqu'au village de Soubey, d'où viennent les truites que nous avons mangées hier soir. Il fait gris et froid, mais sec. Une amélioration est d'ailleurs attendue au cours de l'après-midi, mais l'animation satellite de l'app MeteoSuisse ne laisse aucun doute : nous devrons certainement faire face à quelques averses avant la fin de la journée.
Le Doubs est en crue : les dernières semaines ont été pluvieuses et la fonte des neiges bat son plein. La rivière n'est pas encore sortie de son lit, mais certains arbres ont les pieds dans l'eau et sentier lui-même est submergé par endroits. Nous avançons bien, mais la nature extrêmement boueuse du terrain nous ralentit un peu : chaque pas en avant est accompagné de quelques centimètres de glissade en arrière. Après une heure de marche, mes jambes sont enduites d'une bonne couche de boue jusqu'aux fesses. Isabelle parvient à rester plutôt propre grâce à je ne sais quelle sorcellerie féminine… le monde est vraiment injuste parfois.
Par endroits, le chemin est étroit et suit la rive de près, juste au-dessus de l'eau. Ailleurs, la vallée s'élargit momentanément et les rives s'élargissent pour former des pelouses qui, à la belle saison, appelleraient irrésistiblement à s'arrêter pour une sieste et un bain de pieds. Aujourd'hui c'est tout autre chose : le courant est vif, l'eau est glaciale et l'air lui-même est tellement humide qu'il est difficile de dire s'il pleut ou non.
Au bout de deux heures il commence à pleuvoir pour de vrai, mais un abri est à portée de main sous la forme d'une petite grange vide, où nous nous arrêtons pendant dix minutes pour boire et laisser passer l'averse. Un peu plus loin, un minuscule bateau attaché à un câble tendu entre les deux rives fait office de bac, permettant aux promeneurs de traverser jusqu'au hameau de Tariche de l'autre côté. Il n'y a pratiquement pas de ponts entre St-Ursanne et Soubey : ce bac rudimentaire éviterait une longue marche à quiconque aurait besoin de se rendre en face.
Malgré les conditions humides, nous voyons beaucoup plus d'autres marcheurs que la veille : c'est le dimanche de Pâques et la promenade le long du Doubs est bien connue. Une seconde averse nous arrive dessus et, une fois de plus, un bâtiment agricole nous permet de nous abriter au sec pour nous désaltérer et manger un peu de chocolat. Un peu plus loin, à la Charbonnière (455 m), nous empruntons une passerelle pour passer sur la rive sud (qui était la rive nord à St-Ursanne, la rivière ayant effectué un savant virage de 180 degrés entre deux). Le chemin débouche sur une petite route agricole qui monte un peu plus haut au-dessus du Doubs et, peu à peu, la météo s'améliore, avec quelques zones de ciel bleu par-ci, par-là.
Vers une heure et demie, après avoir dépassé l'élevage de truites (après quoi je n'arriverai plus à sortir le quintette éponyme de Schubert de ma tête pendant des jours entiers), nous atteignons le petit village de Soubey (470 m). Il y a une place de pique-nique au bord de la rivière, mais dès que nous nous asseyons et sortons notre déjeuner des sacs à dos, il se remet à pleuvoir. Nous finissons par manger dans la rue du village, adossés au mur d'un magasin fermé sous une toiture en surplomb, sous l'œil attentif d'un chat plutôt hautain qui ne semble pas apprécier cette occupation de son royaume.
Depuis Soubey, l'itinéraire national n ° 2 continue encore le long du Doubs sur quelques kilomètres, avant de se diriger vers le sud pour rejoindre Saignelégier. Le temps indiqué de 4 heures 15 minutes de marche nous dissuade : cela ferait une journée de presque neuf heures en tout. Nous optons donc pour l'itinéraire plus court qui passe par Les Enfers, afin de préserver un peu nos muscles pas encore vraiment entraînés pour la saison de randonnée. Le sentier s'élève tout de suite au-dessus de la vallée, laissant rapidement le Doubs derrière nous. C'est une montée nettement plus ardue que celle d'hier : 500 mètres de dénivelée positive en un kilomètre et demi, c'est plutôt raide. A mi- montée, quelqu'un a ajouté le texte "Soubey in love" à un panneau de balisage… pour ma part, je ne tiens pas vraiment ce sentier dans mon cœur ! Un passage est particulièrement désagréable : pendant une demi-heure, au-dessus de la ferme de La Fonge, nous remontons lentement un sentier caillouteuse raide à souhait, avec un tapis de feuilles mortes mouillées et glissantes pour ajouter du piment.
En haut de cette montée, nous quittons la forêt et le paysage change aussi soudainement que radicalement. Jusqu'à présent, nous avons marché dans un paysage de vallées profondes et de forêts sombres. Ici, en émergeant de la forêt à presque 1,000 mètres d'altitude, nous nous trouvons devant un vaste paysage de hauts-plateaux sous un ciel immense et menaçant. Alors que nous avançons vers le village des Enfers, de minuscules flocons de neige commencent à tomber, puis, de nulle part, une violente giboulée de grésil nous fouette et transforme tout le paysage en un désert blanc. Étonnamment, ces conditions ne sont pas du tout désagréables : le grésil est gelé et sec et rebondit sur nos vestes sans nous mouiller du tout. Ce paysage menaçant et hivernal n'est pas sans charme, et nous pouvons apprécier cette fin de randonnée inattendue malgré la fatigue qui commence vraiment à se faire sentir. Nous continuons à travers des champs boueux et parfois enneigés jusqu'au hameau de La Bosse, où nous rejoignons la route cantonale pour les vingt dernières minutes de marche jusqu'à la fin de l'étape.
Saignelégier est un gros bourg de campagne, sans le charme de Saint-Ursanne. Il n'y a pas grand-chose à voir et nous sommes fatigués, alors nous nous dirigeons tout de suite vers l'hôtel où j'ai réservé, mais qui s'avère être fermé pour travaux. Il faut aller à l'hôtel d'en face, qui appartient au même propriétaire. En attendant, nous récupérons nos forces à l'aide de thé et bière… mais je suis un peu déçu, au pays de la Brasserie des Franches-Montagnes, qu'on ne puisse me servir qu'une Feldschlösschen de base.
L'Hôtel de la Gare n'a pas l'air très reluisant de l'extérieur : façade vieillotte, publicités PMU un peu partout, mais notre chambre a manifestement été rénovée et - luxe inattendu - l'immense salle de bain dispose d'une grande baignoire en plus de la douche. Une demi-heure plus tard, je suis allongé de toute ma longueur dans l'eau la plus chaude de la journée, c'est extrêmement satisfaisant ! Le restaurant de l'hôtel est fermé : pour souper, il faut retraverser jusqu'à la pizzeria d'en face, probablement le seul établissement ouvert ce soir. Ambiance chaleureuse, beaucoup de monde, très bonne pizza, j'ai retrouvé ma pleine forme. Lorsque nous sortons du restaurant, le ciel s'est complètement dégagé et la température a plongé en dessous de zéro degré : demain, pour la troisième étape, il devrait faire beau et moins froid.
Etape suivante
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La deuxième journée de notre randonnée pascale est placée sous le signe de l'eau : non seulement celle du Doubs qui nous accompagne tout au long de la première moitié de l'étape, mais aussi celle qui transforme les sentiers sous nos pieds en bourbiers et celle, parfois sous forme gelée, qui nous tombe dessus depuis le ciel.
L'étape est longue, nous faisons donc l'effort de nous lever et de prendre le petit déjeuner relativement tôt. A neuf heures nous sommes prêts à partir, quittant St. Ursanne par la porte sud du mur d'enceinte, qui débouche sur le vieux pont de pierre sur le Doubs. Nous suivrons la rivière en amont pendant les quatre prochaines heures, tout d'abord en direction de l'est, puis vers l'ouest jusqu'au village de Soubey, d'où viennent les truites que nous avons mangées hier soir. Il fait gris et froid, mais sec. Une amélioration est d'ailleurs attendue au cours de l'après-midi, mais l'animation satellite de l'app MeteoSuisse ne laisse aucun doute : nous devrons certainement faire face à quelques averses avant la fin de la journée.
Le Doubs est en crue : les dernières semaines ont été pluvieuses et la fonte des neiges bat son plein. La rivière n'est pas encore sortie de son lit, mais certains arbres ont les pieds dans l'eau et sentier lui-même est submergé par endroits. Nous avançons bien, mais la nature extrêmement boueuse du terrain nous ralentit un peu : chaque pas en avant est accompagné de quelques centimètres de glissade en arrière. Après une heure de marche, mes jambes sont enduites d'une bonne couche de boue jusqu'aux fesses. Isabelle parvient à rester plutôt propre grâce à je ne sais quelle sorcellerie féminine… le monde est vraiment injuste parfois.
Par endroits, le chemin est étroit et suit la rive de près, juste au-dessus de l'eau. Ailleurs, la vallée s'élargit momentanément et les rives s'élargissent pour former des pelouses qui, à la belle saison, appelleraient irrésistiblement à s'arrêter pour une sieste et un bain de pieds. Aujourd'hui c'est tout autre chose : le courant est vif, l'eau est glaciale et l'air lui-même est tellement humide qu'il est difficile de dire s'il pleut ou non.
Au bout de deux heures il commence à pleuvoir pour de vrai, mais un abri est à portée de main sous la forme d'une petite grange vide, où nous nous arrêtons pendant dix minutes pour boire et laisser passer l'averse. Un peu plus loin, un minuscule bateau attaché à un câble tendu entre les deux rives fait office de bac, permettant aux promeneurs de traverser jusqu'au hameau de Tariche de l'autre côté. Il n'y a pratiquement pas de ponts entre St-Ursanne et Soubey : ce bac rudimentaire éviterait une longue marche à quiconque aurait besoin de se rendre en face.
Malgré les conditions humides, nous voyons beaucoup plus d'autres marcheurs que la veille : c'est le dimanche de Pâques et la promenade le long du Doubs est bien connue. Une seconde averse nous arrive dessus et, une fois de plus, un bâtiment agricole nous permet de nous abriter au sec pour nous désaltérer et manger un peu de chocolat. Un peu plus loin, à la Charbonnière (455 m), nous empruntons une passerelle pour passer sur la rive sud (qui était la rive nord à St-Ursanne, la rivière ayant effectué un savant virage de 180 degrés entre deux). Le chemin débouche sur une petite route agricole qui monte un peu plus haut au-dessus du Doubs et, peu à peu, la météo s'améliore, avec quelques zones de ciel bleu par-ci, par-là.
Vers une heure et demie, après avoir dépassé l'élevage de truites (après quoi je n'arriverai plus à sortir le quintette éponyme de Schubert de ma tête pendant des jours entiers), nous atteignons le petit village de Soubey (470 m). Il y a une place de pique-nique au bord de la rivière, mais dès que nous nous asseyons et sortons notre déjeuner des sacs à dos, il se remet à pleuvoir. Nous finissons par manger dans la rue du village, adossés au mur d'un magasin fermé sous une toiture en surplomb, sous l'œil attentif d'un chat plutôt hautain qui ne semble pas apprécier cette occupation de son royaume.
Depuis Soubey, l'itinéraire national n ° 2 continue encore le long du Doubs sur quelques kilomètres, avant de se diriger vers le sud pour rejoindre Saignelégier. Le temps indiqué de 4 heures 15 minutes de marche nous dissuade : cela ferait une journée de presque neuf heures en tout. Nous optons donc pour l'itinéraire plus court qui passe par Les Enfers, afin de préserver un peu nos muscles pas encore vraiment entraînés pour la saison de randonnée. Le sentier s'élève tout de suite au-dessus de la vallée, laissant rapidement le Doubs derrière nous. C'est une montée nettement plus ardue que celle d'hier : 500 mètres de dénivelée positive en un kilomètre et demi, c'est plutôt raide. A mi- montée, quelqu'un a ajouté le texte "Soubey in love" à un panneau de balisage… pour ma part, je ne tiens pas vraiment ce sentier dans mon cœur ! Un passage est particulièrement désagréable : pendant une demi-heure, au-dessus de la ferme de La Fonge, nous remontons lentement un sentier caillouteuse raide à souhait, avec un tapis de feuilles mortes mouillées et glissantes pour ajouter du piment.
En haut de cette montée, nous quittons la forêt et le paysage change aussi soudainement que radicalement. Jusqu'à présent, nous avons marché dans un paysage de vallées profondes et de forêts sombres. Ici, en émergeant de la forêt à presque 1,000 mètres d'altitude, nous nous trouvons devant un vaste paysage de hauts-plateaux sous un ciel immense et menaçant. Alors que nous avançons vers le village des Enfers, de minuscules flocons de neige commencent à tomber, puis, de nulle part, une violente giboulée de grésil nous fouette et transforme tout le paysage en un désert blanc. Étonnamment, ces conditions ne sont pas du tout désagréables : le grésil est gelé et sec et rebondit sur nos vestes sans nous mouiller du tout. Ce paysage menaçant et hivernal n'est pas sans charme, et nous pouvons apprécier cette fin de randonnée inattendue malgré la fatigue qui commence vraiment à se faire sentir. Nous continuons à travers des champs boueux et parfois enneigés jusqu'au hameau de La Bosse, où nous rejoignons la route cantonale pour les vingt dernières minutes de marche jusqu'à la fin de l'étape.
Saignelégier est un gros bourg de campagne, sans le charme de Saint-Ursanne. Il n'y a pas grand-chose à voir et nous sommes fatigués, alors nous nous dirigeons tout de suite vers l'hôtel où j'ai réservé, mais qui s'avère être fermé pour travaux. Il faut aller à l'hôtel d'en face, qui appartient au même propriétaire. En attendant, nous récupérons nos forces à l'aide de thé et bière… mais je suis un peu déçu, au pays de la Brasserie des Franches-Montagnes, qu'on ne puisse me servir qu'une Feldschlösschen de base.
L'Hôtel de la Gare n'a pas l'air très reluisant de l'extérieur : façade vieillotte, publicités PMU un peu partout, mais notre chambre a manifestement été rénovée et - luxe inattendu - l'immense salle de bain dispose d'une grande baignoire en plus de la douche. Une demi-heure plus tard, je suis allongé de toute ma longueur dans l'eau la plus chaude de la journée, c'est extrêmement satisfaisant ! Le restaurant de l'hôtel est fermé : pour souper, il faut retraverser jusqu'à la pizzeria d'en face, probablement le seul établissement ouvert ce soir. Ambiance chaleureuse, beaucoup de monde, très bonne pizza, j'ai retrouvé ma pleine forme. Lorsque nous sortons du restaurant, le ciel s'est complètement dégagé et la température a plongé en dessous de zéro degré : demain, pour la troisième étape, il devrait faire beau et moins froid.
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stephen

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