De Wald à Wattwil, par la Höchhand et la Chrüzegg
|
||||||||||||||||||||||||
![]() |
![]() |
English version here
Une amie est venue passer le long week-end pascal en Suisse et nous avons l'intention de consacrer autant de temps que possible à la randonnée au cours des trois jours à notre disposition. Le printemps est arrivé, ce serait bien de commencer à constituer un semblant de forme physique en vue les mois d'été à venir. Les prévisions météorologiques ne sont pas des plus optimistes, mais vendredi au moins devrait être bien ensoleillé.
J'ai prévu une longue randonnée avec pas mal de dénivelée aussi bien à la montée qu'à la descente ; randonnée qui nous emmènera du Tösstal dans l'Oberland zurichois jusqu'au Toggenburg plus à l'est, en passant par une série de crêtes. L'entraînement physique au moins est assuré ! Nous nous levons relativement tôt et à 8h35, nous trouvons dans un train quasiment vide en direction de Zürich : les prévisions météo moroses semblent avoir fait fuir tous les habitants de la Suisse centrale vers sud des Alpes. Le train de Zürich à Rüti est tout aussi calme : il n'y a que lors de la dernière étape entre Rüti à Wald que le train se remplit de randonneurs et que l'ambiance s'anime un peu.
Nous commençons notre randonnée à Wald, petite ville blottie au fond d'une vallée et entourée de collines plutôt escarpées de tous côtés. La montée commence aussitôt, à travers bosquets et champs jusqu'au petit hameau de Chrinnen (939 m). La vue s'ouvre peu à peu derrière nous, avec le lac de Zürich qui s'étend vers le nord dans une épaisse brume grise. Le ciel bleu qui nous a salués au réveil à Lucerne a malheureusement disparu : la couverture nuageuse est presque totale et le soleil ne parvient pas à la percer. Le mauvais temps annoncé pour samedi et dimanche serait-il arrivé plus tôt que prévu ? Il ne fait pourtant pas froid, la température est juste bien pour la montée.
A Chrinnen, nous dépassons un groupe familial: deux parents avec trois enfants. Les enfants sont tous impeccablement équipés de vestes Goretex flambant neuves et de chaussures de randonnée tellement propres qu'elles doivent faire leur première sortie. L'enfant le plus jeune ne semble pas être convaincu par tout ce beau matériel et traîne à une centaine de mètres derrière le reste de la famille, ignorant complètement et délibérément les encouragements de son père.
Nous arrivons à Farneralp (1154 m), chalet d'alpage isolé où quelques personnes mangent en terrasse, défiant la brise devenue fraiche à cette altitude. Le paysage devient alors plus sauvage : le sentier monte vers le sommet boisé du Schwarzenberg (1293 m), émergeant parfois de la forêt pour passer au-dessus de vallées profondes et verdoyantes qui descendent vers le sud. Quelques villages aux toitures rouges offrent un contraste au vert : seul manque le rayon de soleil qui illuminerait vraiment le paysage.
Du Schwarzenberg, nous descendons brièvement pour atteindre un plateau herbeux, depuis lequel la vue se dégage vers le nord et les collines de l'Oberland zurichois. Nous poursuivons notre chemin, de nouveau en montée, le long d'une crête qui remonte doucement vers le sommet de la Höchhand (1314 m). Sur notre gauche, des pentes douces descendent vers le nord alors qu'à notre droite, le versant sud de la crête plonge verticalement vers une forêt sombre en bas des falaises.
Le guide Rother avertit que la descente de la Höchhand est sécurisée par une corde fixe et qu'elle demande de la prudence. Mais en arrivant au sommet, nous nous trouvons devant une solide barrière métallique et d'un panneau : "Descente dangereuse, sentier fermé". Nous allons voir de l'autre côté de la barrière (qui n'a pas l'air provisoire) : en effet, ça a l'air scabreux. Le sentier, ou ce qu'il en reste, descend par une nervure très raide, étroite et érodée : il a dû se détérioré jusqu'au point où il a été jugé nécessaire de le fermer.
Un nouvel itinéraire permet de traverser juste sous le sommet dans le flanc sud, mais nous devons revenir sur nos pas pendant quelques minutes. Nous nous arrêtons d'abord au sommet de la Höchhand pour manger notre pique-nique de viande séchée, saucisson, fromage et pain, agrémenté d'neufs de Pâques qui ont fait le long chemin depuis la Belgique. Par ce temps gris et frisquet, ce qu'il aurait vraiment fallu est un Thermos de soupe, mais je l'ai complètement oubliée : elle est restée inutilement à la maison dans mon congélateur.
Nous suivons à présent le nouveau cheminement qui permet d'éviter le tronçon fermé. Il s'agit d'un sentier étroit et couvert de feuilles mortes qui traverse des pentes très abruptes juste en dessous du sommet de Höchhand. Il nous amène bientôt à la base de la nervure érodée : la barrière métallique est clairement visible juste au-dessus. Suit alors une descente raide, voire très raide par moments et demandant un peu d'attention. Après une vingtaine de minutes, nous atteignons le bas de l'arête et retrouvons enfin des pentes moins escarpées juste au-dessus du chalet de Grossboden, à 1062 m. À partir d'ici, une piste caillouteuse descend à travers des alpages marécageux jusqu'à un carrefour de sentiers au fond d'une vallée profonde (Hand, 1000 m).
Nous sommes descendus de 300 mètres depuis le sommet de la Höchhand : il faut maintenant remonter d'autant pour atteindre notre prochain sommet, la Chrüzegg (1313 m). La première partie de la montée est raide, ce qui nous permet de reprendre rapidement de la hauteur et d'atteindre a crête qui relie le Habrütispitz à la Chrüzegg. Un nouveau panorama s'ouvre ici vers le nord-est avec, à l'horizon, une bande grise argentée qui pourrait bien être le lac de Constance. Par contre, la vue espérée des Alpes de Glaris et de la chaîne du Säntis est totalement absente, avalée par des nuages sombres et gris.
Après environ quatre heures et demie de marche depuis Wald, nous arrivons au sommet arrondi et herbeux de la Chrüzegg, couronné comme il se doit d'une croix métallique. Nous faisons une pause pour boire dans nos gourdes, puis c'est parti pour la longue descente vers la vallée de Toggenburg. Je pense qu'il nous faudra une bonne heure pour descendre mais, devant le restaurant juste en dessous du sommet de Chrüzegg, je constate que mes estimations ont été très optimistes. Les panneaux jaunes offrent une multitude d'options pour la descente vers Wattwil : il doit y en avoir quatre des cinq itinéraires et tous sont beaucoup plus longues que prévu : entre 2 heures 25 et 2 heures 45 minutes. Nous optons pour un itinéraire de longueur intermédiaire, via Alplisattel : cette variante semble rester plus longtemps au-dessus de la forêt que le chemin le plus court.
Cette descente est effectivement longue, surtout pour des genoux et chevilles qui n'ont plus l'habitude de marcher autant. Nous traversons des pentes herbeuses jusqu'à la selle d'Alplisattel, puis descendons plus raide, tantôt sous le couvert de forêt, tantôt sur des pistes d'alpage caillouteuses qui torturent nos jambes fatiguées. Au chalet de Stämisegg (940 m), des chèvres nous regardent passer en direction de la vallée dont nous rejoignons enfin le fond boisé à une altitude de 820 mètres. Nous traversons le Feldbach sur une passerelle en bois puis – ô quelle belle surprise après six heures et demie de randonnée – il faut remonter par une pente raide pour atteindre Vorderrumpf, à 874 m.
Depuis ici, le plus simple serait de suivre la petite route qui, en trois kilomètres, mène à Wattwil. Mais un panneau indiquant "Wattwil par la cascade" m'intrigue : ce sera certainement plus intéressant que la route, et moins dur pour nos pieds. Il y a tout de même un inconvénient : il faut redescendre une nouvelle fois jusqu'au fond de la vallée est que nous devons revenir à nouveau vers le bas de la vallée, par un escalier raide et apparemment sans fin qui nous amène finalement au bord du torrent à la base d'une belle cascade toute fine. Il ne nous reste plus qu'à suivre une petite gorge jusqu'à Wattwil : c'est une fin inattendue pour cette randonnée plutôt variée, que seule la météo a empêché d'être vraiment parfaite. Ce qui est sûr, c'est que nous avons eu notre séance d'entraînement physique : 1280 mètres de montée et de descente, pas mal pour un début de saison… et pas l'ombre d'une ampoule !
Une amie est venue passer le long week-end pascal en Suisse et nous avons l'intention de consacrer autant de temps que possible à la randonnée au cours des trois jours à notre disposition. Le printemps est arrivé, ce serait bien de commencer à constituer un semblant de forme physique en vue les mois d'été à venir. Les prévisions météorologiques ne sont pas des plus optimistes, mais vendredi au moins devrait être bien ensoleillé.
J'ai prévu une longue randonnée avec pas mal de dénivelée aussi bien à la montée qu'à la descente ; randonnée qui nous emmènera du Tösstal dans l'Oberland zurichois jusqu'au Toggenburg plus à l'est, en passant par une série de crêtes. L'entraînement physique au moins est assuré ! Nous nous levons relativement tôt et à 8h35, nous trouvons dans un train quasiment vide en direction de Zürich : les prévisions météo moroses semblent avoir fait fuir tous les habitants de la Suisse centrale vers sud des Alpes. Le train de Zürich à Rüti est tout aussi calme : il n'y a que lors de la dernière étape entre Rüti à Wald que le train se remplit de randonneurs et que l'ambiance s'anime un peu.
Nous commençons notre randonnée à Wald, petite ville blottie au fond d'une vallée et entourée de collines plutôt escarpées de tous côtés. La montée commence aussitôt, à travers bosquets et champs jusqu'au petit hameau de Chrinnen (939 m). La vue s'ouvre peu à peu derrière nous, avec le lac de Zürich qui s'étend vers le nord dans une épaisse brume grise. Le ciel bleu qui nous a salués au réveil à Lucerne a malheureusement disparu : la couverture nuageuse est presque totale et le soleil ne parvient pas à la percer. Le mauvais temps annoncé pour samedi et dimanche serait-il arrivé plus tôt que prévu ? Il ne fait pourtant pas froid, la température est juste bien pour la montée.
A Chrinnen, nous dépassons un groupe familial: deux parents avec trois enfants. Les enfants sont tous impeccablement équipés de vestes Goretex flambant neuves et de chaussures de randonnée tellement propres qu'elles doivent faire leur première sortie. L'enfant le plus jeune ne semble pas être convaincu par tout ce beau matériel et traîne à une centaine de mètres derrière le reste de la famille, ignorant complètement et délibérément les encouragements de son père.
Nous arrivons à Farneralp (1154 m), chalet d'alpage isolé où quelques personnes mangent en terrasse, défiant la brise devenue fraiche à cette altitude. Le paysage devient alors plus sauvage : le sentier monte vers le sommet boisé du Schwarzenberg (1293 m), émergeant parfois de la forêt pour passer au-dessus de vallées profondes et verdoyantes qui descendent vers le sud. Quelques villages aux toitures rouges offrent un contraste au vert : seul manque le rayon de soleil qui illuminerait vraiment le paysage.
Du Schwarzenberg, nous descendons brièvement pour atteindre un plateau herbeux, depuis lequel la vue se dégage vers le nord et les collines de l'Oberland zurichois. Nous poursuivons notre chemin, de nouveau en montée, le long d'une crête qui remonte doucement vers le sommet de la Höchhand (1314 m). Sur notre gauche, des pentes douces descendent vers le nord alors qu'à notre droite, le versant sud de la crête plonge verticalement vers une forêt sombre en bas des falaises.
Le guide Rother avertit que la descente de la Höchhand est sécurisée par une corde fixe et qu'elle demande de la prudence. Mais en arrivant au sommet, nous nous trouvons devant une solide barrière métallique et d'un panneau : "Descente dangereuse, sentier fermé". Nous allons voir de l'autre côté de la barrière (qui n'a pas l'air provisoire) : en effet, ça a l'air scabreux. Le sentier, ou ce qu'il en reste, descend par une nervure très raide, étroite et érodée : il a dû se détérioré jusqu'au point où il a été jugé nécessaire de le fermer.
Un nouvel itinéraire permet de traverser juste sous le sommet dans le flanc sud, mais nous devons revenir sur nos pas pendant quelques minutes. Nous nous arrêtons d'abord au sommet de la Höchhand pour manger notre pique-nique de viande séchée, saucisson, fromage et pain, agrémenté d'neufs de Pâques qui ont fait le long chemin depuis la Belgique. Par ce temps gris et frisquet, ce qu'il aurait vraiment fallu est un Thermos de soupe, mais je l'ai complètement oubliée : elle est restée inutilement à la maison dans mon congélateur.
Nous suivons à présent le nouveau cheminement qui permet d'éviter le tronçon fermé. Il s'agit d'un sentier étroit et couvert de feuilles mortes qui traverse des pentes très abruptes juste en dessous du sommet de Höchhand. Il nous amène bientôt à la base de la nervure érodée : la barrière métallique est clairement visible juste au-dessus. Suit alors une descente raide, voire très raide par moments et demandant un peu d'attention. Après une vingtaine de minutes, nous atteignons le bas de l'arête et retrouvons enfin des pentes moins escarpées juste au-dessus du chalet de Grossboden, à 1062 m. À partir d'ici, une piste caillouteuse descend à travers des alpages marécageux jusqu'à un carrefour de sentiers au fond d'une vallée profonde (Hand, 1000 m).
Nous sommes descendus de 300 mètres depuis le sommet de la Höchhand : il faut maintenant remonter d'autant pour atteindre notre prochain sommet, la Chrüzegg (1313 m). La première partie de la montée est raide, ce qui nous permet de reprendre rapidement de la hauteur et d'atteindre a crête qui relie le Habrütispitz à la Chrüzegg. Un nouveau panorama s'ouvre ici vers le nord-est avec, à l'horizon, une bande grise argentée qui pourrait bien être le lac de Constance. Par contre, la vue espérée des Alpes de Glaris et de la chaîne du Säntis est totalement absente, avalée par des nuages sombres et gris.
Après environ quatre heures et demie de marche depuis Wald, nous arrivons au sommet arrondi et herbeux de la Chrüzegg, couronné comme il se doit d'une croix métallique. Nous faisons une pause pour boire dans nos gourdes, puis c'est parti pour la longue descente vers la vallée de Toggenburg. Je pense qu'il nous faudra une bonne heure pour descendre mais, devant le restaurant juste en dessous du sommet de Chrüzegg, je constate que mes estimations ont été très optimistes. Les panneaux jaunes offrent une multitude d'options pour la descente vers Wattwil : il doit y en avoir quatre des cinq itinéraires et tous sont beaucoup plus longues que prévu : entre 2 heures 25 et 2 heures 45 minutes. Nous optons pour un itinéraire de longueur intermédiaire, via Alplisattel : cette variante semble rester plus longtemps au-dessus de la forêt que le chemin le plus court.
Cette descente est effectivement longue, surtout pour des genoux et chevilles qui n'ont plus l'habitude de marcher autant. Nous traversons des pentes herbeuses jusqu'à la selle d'Alplisattel, puis descendons plus raide, tantôt sous le couvert de forêt, tantôt sur des pistes d'alpage caillouteuses qui torturent nos jambes fatiguées. Au chalet de Stämisegg (940 m), des chèvres nous regardent passer en direction de la vallée dont nous rejoignons enfin le fond boisé à une altitude de 820 mètres. Nous traversons le Feldbach sur une passerelle en bois puis – ô quelle belle surprise après six heures et demie de randonnée – il faut remonter par une pente raide pour atteindre Vorderrumpf, à 874 m.
Depuis ici, le plus simple serait de suivre la petite route qui, en trois kilomètres, mène à Wattwil. Mais un panneau indiquant "Wattwil par la cascade" m'intrigue : ce sera certainement plus intéressant que la route, et moins dur pour nos pieds. Il y a tout de même un inconvénient : il faut redescendre une nouvelle fois jusqu'au fond de la vallée est que nous devons revenir à nouveau vers le bas de la vallée, par un escalier raide et apparemment sans fin qui nous amène finalement au bord du torrent à la base d'une belle cascade toute fine. Il ne nous reste plus qu'à suivre une petite gorge jusqu'à Wattwil : c'est une fin inattendue pour cette randonnée plutôt variée, que seule la météo a empêché d'être vraiment parfaite. Ce qui est sûr, c'est que nous avons eu notre séance d'entraînement physique : 1280 mètres de montée et de descente, pas mal pour un début de saison… et pas l'ombre d'une ampoule !
Tourengänger:
stephen

Communities: Randonneur
Minimap
0Km
Klicke um zu zeichnen. Klicke auf den letzten Punkt um das Zeichnen zu beenden
Kommentare