Furggelenstock et Brünnelistock

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Il sera bientôt temps de ranger le matériel d'hiver à la cave jusqu'à l'année prochaine, mais ce week-end offrait encore une occasion –peut-être la dernière – pour faire une randonnée à raquettes sans devoir aller très haut. 
 
Nous débutons en fin de matinée à Brunni, petite station de ski tout au fond de l'Alptal. En descendant du car postal, il est difficile de résister à la terrasse ensoleillée du restaurant avec sa vue sur les Mythen ; ce n'est donc qu'après un café, vers onze heures et quart, que nous nous mettons en route.
 
La montée commence tout de suite, assez raide dès le début. Le sentier est visiblement très parcouru ; le passage des très nombreux randonneurs a tassé la neige au point où nous avançons pendant pas loin d'une heure avant de devoir chausser nos raquettes.  L'intégralité de cet itinéraire est balisée pour la randonnée à raquettes par des poteaux et des panneaux roses ; il y a également des panneaux de balisage verts pour ski de randonnée, chose que je n'avais jamais vue ailleurs.
 
Nous montons par un joli enchaînement de bosquets et de clairières sous un soleil chaud. De temps en temps, les Mythen apparaissent vers le sud-est, encadrés par les branches des conifères.  Vers 1450 mètres, le seul replat de la montée permet de se désaltérer. Ici, un homme seul à raquettes est en train de téléphoner ; dix minutes plus tard lorsque nous repartons, il est toujours au téléphone…
 
A l'alpage de Furggelen, nous atteignons la crête. La vue vers l'est doit être superbe ; malheureusement, le temps s'est dégradé. Exactement comme il y a deux semaines sur la crête du Nüsellstock juste en face,  un voile nuageux a estompé les couleurs et une lourde brume a caché la vue au lointain. La vue s'étend tout de même à travers le Hoch Ybrig jusqu'au Druesberg, qui paraît bien plus haut que ses 2282 mètres.
 
La montée au Furggelenstock est raide, mais peut être évitée par un sentier qui contourne le sommet par la droite. Nous nous lançons dans cette montée raide de 130 mètres, rendue fatigante par une neige ramollie dans laquelle les raquettes ne crochent pas. Le sommet est une crête arrondie assez étroite, coiffée d'une croix et d'un tableau d'orientation à son point culminant, à 1656 mètres.  Nous ne traînons pas au sommet, car le foehn souffle assez fort et nous refroidit rapidement. Loin devant, de gros nuages bourgeonnent au-dessus des Alpes uranaises. Nous descendons de quelques mètres et trouvons bientôt un endroit à l'abri du vent pour manger. Comme par miracle, le soleil réapparaît et tout de suite il fait chaud, assez chaud pour que nous restions là pendant plus d'une heure, à grignoter puis à faire la sieste.
 
Notre prochain objectif est en vue ; le Brünnelistock, facilement identifiable au téléski qui y arrive. Une large et jolie crête en pentes toutes douces relie les deux sommets. A droite, des panneaux rouges marqués "STOP" incitent les randonneurs à rester sur le sentier ; alors qu'à gauche se trouve un beau vallon encore toute remplie de neige vierge. La quantité de neige est d'ailleurs surprenante, il y en a beaucoup plus ici que sur la crête du Nüsellstock en face, à altitude similaire.
 
La montée au sommet du Brünnelistock est raide mais courte. Les installations de ski, très discrètes jusqu'à maintenant, sont plus présentes à partir d'ici, mais cela reste de petites installations assez peu envahissantes. Trois téléskis arrivent sur le Brünnelistock ; nous descendons entre les deux qui viennent de l'ouest, le long d'un bosquet et d'une piste de ski qui a l'air très sympa, d'autant plus qu'elle est quasiment déserte, contrairement à la terrasse de la buvette de Müsliegg !
 
Une nouvelle montée raide le long d'une autre piste, puis une descente en forêt sur de la neige dure nous mènent au col de Holzegg, avec son Berggasthaus niché juste au pied de la paroi du Grosser Mythen. Nous avions plus ou moins pensé descendre vers Schwyz, mais plusieurs facteurs nous font changer d'avis : les pentes de ce côté sont largement dégarnies de neige, il est déjà 16 heures et la météo se dégrade de nouveau. Nous optons alors pour la descente beaucoup plus courte vers Brunni. Dans sa partie supérieure, cette descente offre la meilleure neige de la journée : jusqu'à la lisière de la forêt, nous pouvons nous laisser glisser droit dans la pente. Le sentier se rétrécit ensuite, avec une longue traversée descendant en dévers dans une pente assez raide.  

Sortis de la forêt, il ne nous reste qu'une courte descente à travers des champs où la neige est devenue désagréable, jusqu'à une scierie où nous retrouvons la terre ferme et déchaussons les raquettes alors que quelques gouttes de pluie commencent à tomber. Le prochain bus ne part que dans une heure, alors nous terminons l'après-midi dans le bistrot à côté de la gare du téléphérique, où des habitués discutent en buvant des ballons et en regardant une course cycliste à la télévision.