Du Pizzo Pecore à la Cima Saler: une course à mains nues

Avec les travaux sur la voie près de Varzo, les trajets vers la région de Domodossola deviennent des périples en soi. Pourtant, la météo de cette fin de semaine incitait à profiter du soleil de ses versants Sud. La veille, c'est avec toutes les peines du monde que j'arrivais à Albo (trajet de 4h en tout) pour gravir la Cima Corte Lorenzo. Bien décidé à profiter complètement des sentiers sauvages qui m'entouraient, je passais la nuit dans le très recommandable B&B Palazzo de Gabelliere, aménagé à Vogogna dans une vielle bâtisse du XVème siècle.
Le parcours qui m'attendait le lendemain nécessitait un maximum de temps. L'idée originale consistait à rallier le Pizzo Pecore et la Cima Saler dont on trouvera une description en allemand sur le site de Frank Seeger. La présence de la neige sur l'arête pouvait compromettre à tout moment le projet.
Pour rejoindre l'Alpe Pianoni, situé au pied de l'arête conduisant au Pizzo La Cima, je suivais une ruelle à deux pas de mon lieu d'hébergement qui permet d'accéder au sentier traversant la rivière locale. Arrivé sur la route, je bifurquais à gauche avant de suivre un sentier balisé rouge & blanc. Par deux fois, je déviais à droite, en suivant des marques jaunes. Arrivé à l'alpage mentionné plus haut, la vue sur le Lac Majeur commence à se dévoiler. A partir de là, on suit plus ou moins l'arête sur une sente balisée rouge & blanc. La montée n'est pas technique (T4) mais est raide et ininterrompue depuis Vogogna jusqu'au Pizzo La Cima. On passe sur un terrain d'aventure (T5) ensuite jusqu'au Pizzo Pecore qui oblige quelques crochets tantôt à droite, tantôt à gauche, surtout sur la fin, avec une sente à chamois à flanc de montagne.
Pour rejoindre le collet précédant la Cima Saler, il n'y a pas de difficulté (T4). Par contre, l'arête qui se présente est d'un tout autre accabit, avec deux passages assez scabreux qui se déroulent versant Sud, dans du gazon éminement raide. Le deuxième, même s'il est relativement court, permettant de passer sous une dent effilée, est le plus délicat à surmonter. Des nerfs d'acier sont requis pour traverser une herbe tendue vers le vide, et dont on mesure mal le point d'appui (T6+ avec des pas de II-III). L'escalade facile qui redonne accès au fil n'est pas à sous-estimer non plus. Après quelques pas beaucoup plus aisés, on rejoint finalement la bochetta di Saler, à partir de laquelle l'asension de la Cima du même nom est une simple formalité. Pour la très belle descente en direction de Premosello, j'ai opté pour le sentier qui passe par une série d'alpages, Curtet, La Colla, Corpic, Ai Curt. Pour cette portion, je vous invite à vous reporter cet itinéraire effectué très récemment.
Un bien joli parcours, dont on trouvera les photos ici.