De Sargans à Grindelwald sur la Via Alpina - Huitième étape


Publiziert von stephen , 2. August 2010 um 19:17.

Region: Welt » Schweiz » Bern » Oberhasli
Tour Datum:27 Juli 2010
Wandern Schwierigkeit: T2 - Bergwandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: CH-BE 
Zeitbedarf: 6:30
Aufstieg: 600 m
Abstieg: 800 m
Strecke:Engstlenalp - Baumgartenalp - Reuti - Meiringen - Kaltenbrunnen
Zufahrt zum Ausgangspunkt:Engstlenalp, car postal depuis Meiringen
Zufahrt zum Ankunftspunkt: Kaltenbrunnen, sur la ligne de car postal Meiringen - Grosse Scheidegg - Grindelwald
Unterkunftmöglichkeiten:Plusieurs options dans le Reichenbachtal au-dessus de Meiringen. J'ai dormi au Berggasthof Kaltenbrunnen qui est probablement le moins cher.
Kartennummer:1210 Innertkirchen

Huitième étape, d'Engstlenalp à Kaltenbrunnen


De la boue jusqu'aux genoux

Malgré le match de foot des fantômes dans le grenier au-dessus du dortoir, je fais une excellente nuit.  Au réveil, à 7 heures 30, il pleut fort et nous sommes dans un brouillard épais. Je commence à avoir l'habitude, alors cela ne me décourage pas. Clientèle très hétéroclite dans la salle à manger de l'hôtel pour le petit déjeuner : pas mal de personnes en tenue de randonnée mais aussi des pêcheurs et des touristes en habits de ville qui sont simplement montés en voiture pour passer une nuit dans un cadre idyllique. Une dame plutôt élégante répond à mon "Guten Morgen" par un regard dédaigneux et un peu dégoûté, le type de regard que je réserve pour les grosses araignées poilues trouvées dans la baignoire… pourtant je me suis rasé et mes vêtements sont propres. Tant pis pour elle !

Le petit déjeuner est excellent, avec du beurre d'alpage frais et des confitures maison. Je prends mon temps ; l'étape d'aujourd'hui est relativement longue mais ne comporte pas de difficulté, en plus elle est presque entièrement en descente, sauf la dernière heure avant l'étape du soir. Et puis, si je prends mon temps, peut-être que la pluie cessera, car une amélioration provisoire est annoncée pour la mi-journée.

A 8 heures 45 je mets enfin le nez dehors. Il pleut toujours autant ; le sentier a décidé qu'il en avait marre d'être un sentier et que ce serait beaucoup plus drôle d'être un torrent. Il accepte quand même de jouer son rôle de sentier bien comme il faut pendant une demi-heure, jusqu'à la bifurcation pour le Tannensee. Ici je quitte la Via Alpina, qui monte à Tannalp et à Planplatten. Mon topo-guide ne cite cet itinéraire que comme variante et me conseille plutôt le sentier passant par Baumgartenalp, ce que je décide de faire : je ne vois pas l'intérêt de monter jusqu'à 2200 mètres alors que je suis déjà dans le brouillard à 1850. 

Depuis que le balisage Via Alpina a été installé, le sentier de Baumgartenalp doit  servir moins qu'avant. La plupart des randonneurs suivent probablement les petits panneaux verts de l'itinéraire national No.1. Tout de suite après la bifurcation, le sentier se dégrade ; il est étroit et encombré de végétation, à peine visible par endroits. Sur l'autre versant de la vallée, une multitude de cascades descendent des pentes du Mähren et du Tällistock. C'est très spectaculaire et très beau comme paysage, malgré la pluie et la mauvaise visibilité.

Au point 1813 m, j'arrive au premier torrent qu'il faut passer ; il va y en avoir beaucoup d'autres. Celui-ci descend de Tannalp et c'est le plus gros. Gonflé par les pluies de la nuit, il fait probablement trois fois son volume habituel et ne va pas être facile à franchir. Le sentier le passe au niveau d'un replat ; plus haut et plus bas la pente est raide, je ne vois pas d'autre passage possible. Pas de doute, je vais avoir les pieds mouillés. Je me lance, en m'aidant des bâtons pour me stabiliser…  l'eau me monte jusqu'aux mollets mais la combinaison de mes chaussures et de mon pantalon imperméable est efficace, mes pieds sont restés secs à l'intérieur.

Puis les choses se compliquent. De l'autre côté c'est un vrai bourbier : de la boue de la consistance d'un bol de porridge, retournée par les vaches et alimentée par la pluie et le torrent sorti de son lit.  Avec mon premier pas en sortant du torrent, ma jambe droite s'enfonce dans cette boue, au-dessus du haut de ma chaussure. Je fais un grand pas pour essayer de quitter la zone boueuse…  cette fois, c'est ma jambe gauche qui s'enfonce encore plus loin, à mi-hauteur entre la cheville et le genou. Cette fois-ci je ne resterai pas étanche, je sens cette boue gluante qui entre à l'intérieur de mes chaussures. Je tire un grand coup pour essayer de libérer ma jambe gauche, mais elle ne vient pas ; pendant une seconde je pense même que mon pied va sortir de ma chaussure, qui va rester coincée dans la boue.  Je tire une deuxième fois et cette fois-ci je réussis à me dégager. Il me faut encore trois ou quatre pas où la gadoue dépasse le haut de mes chaussures avant d'atteindre du terrain un peu plus sec.  Je suis dans un état qui doit être assez comique à voir : chaussures remplies de boue, surpantalon couvert de boue jusqu'à mi-cuisse, éclaboussures de boue partout sur le visage. Quand même, je me dis, ça aurait été mieux dans l'autre direction, au moins comme ça j'aurais subi un petit coup de nettoyage dans le torrent après avoir pris mon bain de boue !

Le terrain reste excessivement boueux, mais maintenant je suis averti. Je mets une bonne demi-heure pour couvrir trois ou quatre cents mètres, essayant de repérer le cheminement le plus sec à travers ce bourbier. J'aperçois deux autres randonneurs qui arrivent derrière moi ; ils ont dû me voir en train de me débattre dans la boue, car ils ont réussi à éviter le pire. Petit à petit le sentier s'améliore au fur et à mesure qu'il descend vers Baumgartenalp, par bosquets et pâturages, parfois un peu aérien. Je franchis cinq ou six autres torrents, mais aucun ne pose problème et cela me permet de nettoyer un peu mes chaussures. Bien entendu, chaussures et pieds sont de nouveau aussi mouillés qu'au Klausenpass il y a quatre jours.

Baumgartenalp est un joli ensemble de six ou sept bâtiments sur une butte surplombant le Gental. Je ne suis pas mécontent de voir qu'une petite route y arrive ; après toute cette boue, pour une fois je serai parfaitement heureux de faire un peu de goudron !  J'y arrive juste au moment où une jeune femme est en train de sortir les vaches de l'étable, alors je fais une pause ; pas envie de me mettre au milieu d'un troupeau impatient de retrouver l'herbe de la montagne après une nuit à l'intérieur !  Le troupeau est grand, il faut un bon quart d'heure à la jeune femme pour sortir toutes les bêtes.

Pendant que j'attends, la météo commence enfin à s'améliorer. La pluie s'arrête et les nuages commencent à se dissiper rapidement. La lumière devient très belle ; un soleil pâle éclaire les fleurs jaunes et l'herbe verte de l'alpage, faisant un contraste saisissant avec le ciel encore très noir plus à l'est.

Entre la boue et les vaches, j'ai pris pas mal de retard sur l'horaire prévu, maintenant il faut avancer. Après une centaine de mètres de route le sentier balcon reprend, toujours la même alternance de torrents, de forêt et de pâturages escarpés. Les vaches font place à des troupeaux de moutons, noirs pour la plupart. Devant moi, vers l'ouest, les nuages continuent de se déchirer petit à petit, laissant apparaître le Tällistock et les tours rocheuses qui dominent l'entrée du Gadmertal. Quelque part devant, au-delà de la vallée, se trouvent le Wetterhorn et les premiers sommets de l'Oberland, mais ils sont encore invisibles sous leur chape de nuages.

A midi j'arrive à Underbalm, chalet isolé et déserté au milieu d'un chaos de rochers et d'orties. Il y avait peut-être une buvette ici autrefois, car il y a des restes de tables et de bancs devant la maison. Comme le temps semble s'être quelque peu stabilisé je profite pour casser la croûte et sécher ma veste, mon surpantalon et mon couvre-sac. C'était un peu trop tenter le diable, car il se remet à pleuvoir. L'averse sera heureusement de courte durée mais, en reprenant mon chemin, je me retrouve très rapidement dans le brouillard qui remplit la vallée.

Petit à petit je perds de l'altitude. A Hinderarni, ferme isolée perdue dans le brouillard, le sentier se transforme en petite route d'alpage, que je dois maintenant suivre jusqu'à Reuti. Sur terre ferme enfin après trois heures et demie de sentiers boueux, j'accélère le pas pour rattraper un peu de mon retard… et tout de suite, je sens une petite douleur à l'avant de la jambe gauche, au niveau des muscles autour de la cheville et du tibia.  Je ne m'en inquiète pas trop, je me dis juste que j'ai dû me faire un peu mal tout à l'heure, en tirant comme un malade pour sortir mon pied de la boue. En marchant, ça partira tout seul comme c'est venu.

Un peu plus loin, au bord de la route, un panneau "Attention aux chutes de pierres" est sérieusement amoché, il aurait dû écouter son propre conseil !  La petite route continue de descendre en pente douce, avec quelques raccourcis en forêt pour couper les lacets, et le brouillard se lève à nouveau. Il y a même un peu de soleil et, loin devant, je vois un bout du lac de Brienz.

Au fur et à mesure que j'avance, ma jambe me gêne de plus en plus et, en arrivant à Reuti sous un soleil devenu chaud, je boite. Pour terminer l'étape il me reste une heure de descente raide pour arriver à Meiringen, puis 600 mètres de montée dans le Reichenbachtal – j'ai réservé un hébergement un peu au-dessus de la vallée pour raccourcir l'étape du lendemain.  Je décide de prendre le téléphérique pour descendre à Meiringen : je ne gagnerai pas vraiment de temps car je devrai attendre une demi-heure avant le prochain départ, mais au moins ça reposera ma jambe devenue vraiment douloureuse dès que ça descend. En attendant le départ de la benne, je plonge mon surpantalon dans une fontaine pour essayer d'enlever le plus gros de la saleté. J'enlève aussi mes chaussures et chaussettes et les tape un bon coup pour enlever au moins la boue qui a séché. J'espère qu'il y aura une douche à l'auberge de ce soir car je suis vraiment, vraiment sale !

A Meiringen, dans la vallée, il fait chaud ; quelle différence par rapport aux alpages au-dessus ! Comme à Altdorf, je dois maintenant traverser un fond de vallée urbanisé avec ville, voie ferrée et grande route. Heureusement, c'est beaucoup plus court qu'à Altdorf, il suffit d'une grosse demi-heure pour traverser Meiringen et Willigen et être de nouveau sur des sentiers de randonnée.

Curieusement, dans la montée, ma jambe ne me fait plus mal du tout. Tant mieux, j'ai bien fait de prendre le téléphérique, une heure de repos a été suffisante pour que ça aille mieux. La montée s'effectue en grande partie en forêt, sur un vieux sentier muletier rendu glissant par les pluies des dernières 24 heures. J'arrive au hameau de Schwendi où il y a un joli petit hôtel, malheureusement fermé, puis à Zwirgi où il y a un grand chalet-hôtel flambant neuf, bien placé pour capter les touristes venant du Reichenbachfall. Un Anglais qui arrive en sens inverse m'encourage : "Well done, you can have a beer now", mais il me reste encore une grosse demi-heure à marcher. Le sentier continue sa montée en forêt, croisant de temps en temps la route que dévalent des cyclistes et des trottinettes géantes. J'entends un car postal qui descend, le son caractéristique de son klaxon se rapprochant un peu plus à chaque virage.

Le Berggasthaus où je dors est une petite auberge située à côté de la route. La terrasse est vide quand j'arrive vers 16 heures 30 ; je m'y installe pour boire une bière, profitant de ce qui reste de la chaleur de l'après-midi. L'auberge est tenue par un couple d'un certain âge ; j'ai réservé une place en dortoir mais comme je suis apparemment le seul client, le propriétaire me donne une toute petite chambre individuelle au-dessus de la salle de restaurant. Tant mieux, cela me donne accès à la salle de bain, je pourrai me doucher et finir de nettoyer mes vêtements boueux. Je n'ose pas décrire la couleur de l'eau quand j'ai lavé mes chaussettes… en plus, celles-ci ont déteint avec l'humidité constante et j'ai les pieds bleu foncé !

Le soleil disparaît tôt de cette vallée encaissée et, après avoir fini mes nettoyages, je m'installe dans la salle de l'auberge pour lire, car il fait froid dehors. Peu de gens entrent ; quelques connaissances des propriétaires passent boire une bière, une famille de quatre arrive en voiture et s'arrête pour manger, sinon il n'y a que moi. Cette petite auberge souffre sans doute de la concurrence de Zwirgi, une demi-heure à pied plus bas et de l'hôtel Rosenlaui, une demi-heure plus haut.  Le souper est simple mais bon : salade mêlée, Käseschnitten et salade de fruits. Pendant que je mange, un nombre surprenant de cars postaux et de "Grindelwald Bus" passent avec leurs chargements de touristes. Je finis par monter me coucher encore plus tôt que d'habitude - il n'est même pas neuf heures – mais je m'endors rapidement, bercé par le bruit du torrent dehors.

Demain je serai à Grindelwald et j'aurai fait la moitié de ma traversée…  du moins c'est ce que je pense.

Etape suivante : http://www.hikr.org/tour/post26211.html

Etape précédente : http://www.hikr.org/tour/post26121.html

English version: http://isitmuchfurther.blogspot.com/2010/07/from-sargans-to-grindelwald-on-via_27.html

Tourengänger: stephen
Communities: Randonneur


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