De Sargans à Grindelwald sur la Via Alpina - Septième étape


Publiziert von stephen , 2. August 2010 um 10:52.

Region: Welt » Schweiz » Obwalden
Tour Datum:26 Juli 2010
Wandern Schwierigkeit: T2 - Bergwandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: Östliche Melchtaler Alpen   CH-BE   CH-NW   CH-OW 
Zeitbedarf: 4:30
Aufstieg: 1200 m
Abstieg: 350 m
Strecke:Engelberg - Trübsee - Jochpass - Engstlenalp
Zufahrt zum Ausgangspunkt:Engelberg, train depuis Lucerne
Zufahrt zum Ankunftspunkt:Engstlenalp, car postal depuis Meiringen
Unterkunftmöglichkeiten:Hotel Engstlenalp
Kartennummer:1191 Engelberg, 1210 Innertkirchen

Septième étape, d'Engelberg à Engstlenalp


Things that go bump in the night

Courte étape aujourd'hui, la première de quatre étapes a priori faciles avant d'attaquer la série de grands cols entre Lauterbrunnen et Adelboden.

Je passe une excellente nuit et traîne au lit le matin. J'espère, d'ailleurs, que ce sera une journée pour traîner et faire la sieste bord d'un joli lac, au soleil. Je regarde le site web de Météosuisse, et tout de suite ça me met le moral dans les chaussettes. La dernière fois que j'ai regardé les prévisions, il y a deux jours, ça avait l'air plutôt bon pour le reste de la semaine. Mais ce matin, les prévisions sont nettement moins optimistes : nuageux et frais ce matin, fortes pluies en fin de journée, puis très mitigé pour les jours de mardi à vendredi. Pour la première fois, l'idée de renoncer me vient à l'esprit, je commence à en avoir un peu marre de traverser ces paysages sans rien voir. En plus, on annonce de la neige à 2200 mètres pour les jours à venir… à la fin de la semaine j'aurai à passer des cols à 2800, sera-ce même possible ?

C'est Ruhetag à l'hôtel, comme toujours. Je suis quand même étonné par le nombre d'établissements qui ferment un jour par semaine même en haute saison estivale. Même samedi, j'ai vu cinq ou six restaurants fermés pour cause de Ruhetag. Malgré le jour de fermeture, le buffet du petit déjeuner est somptueux et je me régale.

Je vais à la Coop pour acheter le pique-nique d'aujourd'hui et de demain, puisque je ne pourrai pas me ravitailler ce soir. J'y croise les Neuchâtelois de la veille ; ils sont déjà prêts à partir. On se dit au revoir, on ne se verra plus car à partir de cet après-midi nous ne suivons plus le même itinéraire.

De retour à l'hôtel, j'ai beaucoup de mal à me mettre en route. Puisque j'ai une grande chambre pour moi tout seul j'ai vidé mon sac en entier hier soir et ai étalé des affaires un peu partout. Maintenant, mon sac ne veut pas se faire correctement ; il est mal équilibré, le chargement n'est pas compact, il y a des trous partout. Pourtant, à mon septième jour de marche, je devrais commencer à savoir comment charger mon sac, je mets les choses au même endroit et dans le même ordre tous les matins.  Après deux tentatives pas très satisfaisantes, j'aperçois un T-shirt oublié dans la salle de bain. Il doit aller dans le sac poubelle étanche qui se trouve tout au fond…  je vide le tout une nouvelle fois et cette fois-ci, réussis à charger le sac correctement.  Il est neuf heures et demie, je suis enfin prêt.

Je quitte rapidement la ville, passe la rivière à Bänklialp et attaque la montée. Le sentier est plutôt raide dès le départ ; il monte en forêt jusqu'au restaurant Gerschnialp à Vorder Stafel, où je fais une première pause. La météo n'a pas l'air trop mauvaise pour l'instant ; les nuages sont bas (toujours pas de sommets visibles) mais il ne fait pas froid et il ne pleut pas. Devant moi et loin au-dessus, en haut d'une falaise, je vois l'arrivée de la télécabine du Trübsee, prochain objectif de la matinée. Sur la crête qui monte vers la base de la falaise, je traverse un troupeau de tout petits veaux, puis un second troupeau de vaches de taille plus standard. Comme toujours, elles ont élu domicile au milieu du sentier au lieu d'utiliser les quelques kilomètres carrés de pâturage autour.

J'attaque alors la série interminable de lacets qui monte, de plus en plus raide, jusqu'au Trübsee, zigzaguant directement sous les télécabines. Je suis surpris, vu le temps nuageux, de voir que les cabines sont toutes occupées ; apparemment la météo ne dérange pas trop les touristes.

J'arrive au Trübsee. Que dire de cet endroit…   il devrait être beau, idyllique, sans doute qu'il y a quelques années, il l'était. Maintenant, c'est l'exemple par excellence d'un site naturel qui a vendu son âme à l'industrie du ski et qui a été totalement dévasté par conséquent. Constructions laides, engins de chantier, tas de gravats, sentiers en béton, pylônes et câbles de remontées mécaniques s'étalent dans tous les sens. On a même osé installer un télé-quelquechose qui enjambe un bras du lac, sans doute pour éviter aux skieurs de faire quelques centaines de mètres sur le plat. Il est très difficile de trouver un angle pour prendre une "jolie" photo du lac, sans que l'arrière-plan ne soit pollué par une intrusion mécanique quelconque.

Malgré le temps de plus en plus gris, il y a des Japonais partout… curieux, car je n'en ai pas du tout vu à Engelberg même. Ils doivent faire l'étape Trübsee-Titlis de leur tour de Suisse en trois jours, entre une nuit à Interlaken et un apéro à Lucerne.  J'avais d'ailleurs plus ou moins prévu de monter en téléphérique au Titlis, vu que mon étape du jour est courte, mais ce serait une perte de temps et d'argent, le plafond nuageux est bas, on ne voit même pas le début du glacier. Alors je fuis le Trübsee le plus vite possible pour continuer la montée vers le Jochpass.

La suite de la montée est plus agréable que la première partie, car un peu plus sauvage.  A part le bruit du téléphérique qui part pour le Titlis toutes les dix minutes il y a moins d'intrusions mécaniques, et le télésiège qui monte au Jochpass depuis le Trübsee reste invisible jusqu'au dernier moment avant l'arrivée au col. Le sentier monte, assez raide par endroits mais toujours facile, jusqu'au grand replat du Jochpass où j'arrive vers midi et demi.

Le Jochpass n'est pas le plus beau col des Alpes suisses et il y fait un froid de canard. C'est un large replat un peu en creux, sur lequel arrivent trois télésièges de trois directions différentes. Il y a aussi un petit lac un peu tristounet, un Berggasthaus et une espèce de grand chapiteau bleu qui doit servir à quelque chose l'hiver, mais qui est fermé aujourd'hui. Il porte l'inscription "Snickers", donc il sert peut-être à entreposer des Snickers…

Tant pis pour le pique-nique, il servira demain, ce midi il fait trop froid. Je me réfugie dans le Berggasthaus et suis agréablement surpris de trouver que l'intérieur est vraiment sympathique – des petits espaces tout en bois clair, chaleureux et joli. Je mange un grand bol d'une excellent Engelberger Klostersuppe, histoire de dire au revoir à la Suisse centrale, que je vais quitter pour le canton de Berne dans quelques minutes.

La Suisse centrale, justement…  c'est tellement dommage, je n'aurai pratiquement rien vu des montagnes de cette partie du pays que je ne connaissais pas du tout. Tödi, Clariden, Spannort, Titlis…  tous ces grands sommets, je sais qu'ils sont là car je les ai vus sur la carte et j'en ai lu la description dans mon topo-guide. Mais je n'en ai vu aucun, et ça me laisse un grand sentiment d'inachevé.

Demain je serai dans l'Oberland… j'adore l'Oberland mais je le connais déjà, j'y vais souvent le dimanche. Si le temps s'améliore demain, les panoramas que je verrai seront des panoramas que j'ai déjà vus plusieurs fois. Déjà l'Oberland… ça sent presque la fin alors que je ne suis pas encore à la moitié de ma traversée.

Je me rhabille contre le vent froid et descends du col, côté bernois. Au début le sentier passe sous un télésiège – encore un – mais ce dernier s'enfonce rapidement dans un vallon et disparaît de vue. Presque tout de suite, c'est l'Engstlensee qui attire l'attention. Le lac est beaucoup plus grand que je le pensais, je suis vraiment surpris par cette grande étendue d'eau bleu-gris. Plus haut, dans un creux, on voit aussi un bout du Tannensee, juste en dessous du niveau des nuages. Le sentier descend, terreux et facile entre des pâturages fleuris. Rapidement, je suis à l'abri du vent et il fait toute de suite plus chaud. Je peux enfin retirer ma veste Goretex, même si je garde la polaire.

L'Engstlensee est ce que le Trübsee aurait pu être. Certes, il y a du monde – des randonneurs, des pêcheurs, des paysans qui installent une clôture électrique avant d'amener les vaches. Certes, il y a une piste carrossable et quelques voitures le long de la rive nord. Mais il n'y a pas de béton, pas de pylônes, pas d'attractions pour touristes à la recherche de sensations fortes. L'endroit est naturel et beau, tout simplement, et je me sens tout de suite mieux.

Au moment où j'arrive au bord du lac, il y a même quelques rayons de soleil, rayons chauds qui me rappellent que c'est l'été.  Pour la première fois depuis le Foopass, j'ai à la fois le temps et les conditions météorologiques pour faire une vraie, longue pause. Je m'installe sur une petite butte herbeuse surplombant le lac ; c'est mouillé par terre mais j'ai mon couvre-sac. J'y reste pendant une demi-heure, allongé sur le dos à contempler les fleurs, le lac et les nuages, jusqu'à ce que le soleil se cache et qu'il commence à tomber quelques gouttes de pluie. Avec ces nuages accrochés aux montagnes vers l'ouest, l'Engstlensee a un petit air de Lake District anglais, cela me plaît beaucoup.

Il ne me reste que quelques centaines de mètres à marcher jusqu'à l'hôtel Engstlenalp, joli bâtiment du 19ème siècle avec une grande véranda devant. Le dortoir se trouve dans un bâtiment annexe, un vieux chalet en bois à une centaine de mètres de l'hôtel. Grand dortoir d'une douzaine de places, plutôt de style "cabane", sans douche ni eau chaude. Mais c'est confortable et spacieux, et le patron de l'hôtel me dit que nous n'y serons que trois ou quatre, c'est très bien.

Il refait froid, trop pour que je puisse profiter de la terrasse. Je m'installe dans le bar de l'hôtel pour écrire mon journal, boire une ou deux bières et souper – le menu demi-pension est d'ailleurs excellent avec soupe, salade, plat principal et dessert, c'est assez rare pour être signalé. Vers 18 heures, il se met à pleuvoir, pluie qui s'intensifiera rapidement pour devenir un déluge, comme Météosuisse avait prévu.

Finalement nous sommes quatre dans le dortoir. Il y a aussi deux autres dortoirs mais ils sont vides. Je me couche vers neuf heures et demie ; il fait froid, mais en ajoutant l'une des couvertures du lit voisin aux deux de mon lit, je suis très bien et je m'endors presque tout de suite.

Mais la nuit va être étrange, c'est le moins que l'on puisse dire. Peu après minuit, je suis réveillé par un grand "boum", un bruit sourd comme quelqu'un qui tape sur une grosse caisse. Le bruit se répète plusieurs fois à une vingtaine de secondes d'intervalle. Je n'arrive pas à identifier d'où ça vient ; ce n'est pas dans le dortoir, mais c'est clairement quelque part dans le bâtiment. Les grands coups continuent et bientôt, un second bruit leur fait écho, moins fort et venant d'une autre direction. C'est un peu comme si quelqu'un faisait rebondir un ballon très lourd sur un mur, ça fait "BOUM, boum…  BOUM, boum".  Ca continue pendant dix minutes, puis s'arrête.  Le même phénomène se répète juste avant l'aube, vers 4h 30 du matin.  J'ai beau réfléchir, je n'arrive pas à expliquer ces bruits. En dessous du dortoir il n'y avait qu'une pièce vide sauf des bottes de paille, et au-dessus juste un grenier. Cela restera un mystère, sauf si quelqu'un qui lit ce récit a dormi à Engstlenalp, a entendu les mêmes bruits et peut me fournir l'explication, sans doute parfaitement rationnelle !

 

Etape suivante : http://www.hikr.org/tour/post26160.html

Etape précédente : http://www.hikr.org/tour/post26076.html

English version: http://isitmuchfurther.blogspot.com/2011/07/from-sargans-to-grindelwald-on-via_26.html


Tourengänger: stephen
Communities: Randonneur


Minimap
0Km
Klicke um zu zeichnen. Klicke auf den letzten Punkt um das Zeichnen zu beenden

Galerie


In einem neuen Fenster öffnen · Im gleichen Fenster öffnen


Kommentar hinzufügen»