"Sierra helada" : hivernale au Mulhacen


Publiziert von Bertrand , 20. Februar 2015 um 09:03.

Region: Welt » Spanien » Andalusien
Tour Datum: 6 Februar 2015
Wandern Schwierigkeit: T3 - anspruchsvolles Bergwandern
Hochtouren Schwierigkeit: L
Wegpunkte:
Geo-Tags: E 
Aufstieg: 2200 m
Abstieg: 2200 m
Strecke:Piste Capileira à Central Electrica - Refugio Poqueira - Alto del Chorillo - Mulhacen - retour idem.

Le projet initial (ski de randonnée en Iran) ayant dû être hélas abandonné pour de (stupides) motifs politiques, nous avions dû réorienter notre semaine de vacances en amoureux vers la Sierra Nevada andalouse histoire de garder un minimum d'exotisme. Au départ à skis aussi...Bon 10 jours avant le départ nous envisagions sérieusement de remplacer les skis par les vélos au vu de la précarité de l'enneigement. Et puis miracle à 3 jours des vacances, les bulletins nivologiques locaux (en pratique l'excellent blog du Refugio Poqueira) annonçaient de substantielles chutes de neige avec force superlatifs alléchants ("cota nieve 900m" - "hasta 1m de nieve polvo en los altos"). Bon nous avions quand même prudemment choisi des réserver des vélos de location à Malaga. Autant dire tout de suite que ce fut une bonne intuition !

En effet le samedi de notre arrivée, un front chaud venu d'Afrique fit remonter la limite de la pluie à 3400m (!), tapissant toute la montagne d'une scintillante couche de glace assez esthétique de loin comme de près mais pas vraiment propice au ski. Le refroidissement qui a suivi a certes fait vite redescendre la neige à 1000m mais avec les vents du nord tempétueux dont la Sierra Nevada est coutumière cela a tout au plus conduit à rajouter quelques bandes de neige profonde entre les plaques de glace - mais surtout à rendre l'accès en voiture par les pistes forestières quasi impraticable (plaques de glace ou de neige dure, boue, les trois...)

Nous avons donc attaqué le séjour par une belle découverte des Alpujarras à vélo (détail ici pour les amateurs), choix dicté avant tout par la météo avec du grand beau temps frais et lumineux sur la cote et le relief cotier alors que le haut massif restait souvent pris dans la tourmente ou balayé par le vent. Le 4ème jour, nous tentons une 1ère incursion skis aux pieds depuis le col routier du Puerto de la Ragua (2000m), dont les pistes de ski de fond (si, si !) étaient parait-il ouvertes 1 semaine plus tôt, et qui présente 2 classiques faciles.

1er essai et 1ère grosse désillusion : alors que toute la région reste baignée de soleil, nous arrivons au col dans le vent et le brouillard, les sommets au dessus semblent pelés, les pistes de ski de fond sont couvertes de neige sale et verglacées, le coin est évidemment déserté (pas fou les autres  !), l'auberge est évidemment fermée...et dire qu'on envisageait de passer 2 jours là pour ratisser le coin en imaginant un petit hotel douillet et de la neige partout...

Grosse déprime, on ne sort même pas les skis du coffre, en fait on ne sort même pas de la voiture (!). Par acquis de conscience, nous effectuons une petite excursion sur le versant N du col vers le village de Jerez del Marquesado pour reconnaitre un premier plan B, l'accès au Refugio Postero Alto - il s'agit d'un autre point de départ classique pour quelques sommets à 2800-3000 décrit comme "ideales con esquis" dans notre topo, Picon de Jerez & co. La neige a certes disparu de la piste d'accès, mais elle a été remplacée par un mix boue - verglas passablement indigeste pour notre voiture de location et ses pneus d'été (bon qui irait équiper une voiture en pneus d'hiver à Malaga...).

Bref nouveau 1/2 tour avant même d'être partis : l'alternative de 7kms de portage pour s'installer dans un refuge non gardé et sans doute glacial et tenter de skier quelques sommets visiblement hyper soufflés au dessus est abandonnée sans trop de querelle conjugale - on est en vacances après tout ! Est donc décrètée une nouvelle virée à vélo de 2 jours dans la partie orientale des Alpujarras, toujours sous le ciel bleu, avec des températures quand même frisquettes avouons le. Surtout le soir à l'hotel, les auberges andalouses ne connaissent guère le chauffage...

A 3 jours du retour (et après quand même 6500m de D+ cumulé à bicyclette) on se décide quand même à tenter notre chance sur le Mulhacen (point culminant de la Péninsule Ibérique, plus haut sommet entre le Toubkal et le Viso...) par le refugio Poqueira. La gardienne nous met vite au parfum -"inutile de monter les skis, beaucoup de portage pour peu de virages, c'est rocher et glace sur les 2/3 du parcours - enfin haga como quiera, hombre...Pero no olvidarse de los CRAMPONES !". Le hic c'est qu'on a que des chaussures de ski, pour cause de limite de bagages dans l'avion...Nous tentons donc vainement de louer des chaussures de montagne cramponnables dans la région. Inutile de dire qu'en Andalousie c'est aussi exotique que les radiateurs dans les chambres d'hotel ou les pneus neige. Au 4ème coup de fil "no sé - no hay - no tengo - complicado" nous nous résignons à marcher ce qu'il faudra avec nos enclumes au pied pour atteindre le sommet quitte à y passer 3 jours.

La veille de l'assaut, nous passons notre dernière nuit confortable à Lanjaron, ville de cure désertifiée et à l'ambiance passablement mortifère au coeur de l'hiver. Il s'est mis à neiger à bloc (pas fréquent en Andalousie à 640m d'altitude, "una vez al año, no teneis suerte" nous dira l'hotelier !), nous dénichons à grand peine le seul hotel ouvert - et chauffé ! - sur les 15 vantés par Trip Advisor & co, dinons - médiocrement - seuls dans le seul resto ouvert...et décidons pour finir de porter quand même les skis au refuge le lendemain okazou il aurait assez neigé pour améliorer les choses.

Le challenge suivant consiste à s'approcher le plus possible avec notre Twingo améliorée pour limiter le kilométrage et donc l'épluchage des pieds qui suivra. Aucune info récente sur la piste de Capileira a la central Electrica, point de départ usuel pour monter au refuge en plein hiver. Quelques plaques de neige dure se négocient facilement en serrant un peu les fesses...puis à 1.5km de l'arrivée, là ou la piste redescend, c'est un grand miroir de glace compacte qui met fin à toute velleité de poursuivre sur 4 roues. Même à pied il faudra presque mettre les crampons. La suite est longue mais bucolique, le sentier ondule au fond du "barranco" au bord du torrent. Les 20cm de neige fraiche qui recouvrent les arbres et le chemin donne certes une bien belle ambiance mais impossible de chausser dans ce terrain chaotique - et ce qu'on entrevoit des sommets plus haut ne laisse guère d'illusion, il y a de toute évidence bien plus de glace et de rocher que de neige.

De guerre lasse (et le coeur gros...), nous cachons donc skis, peaux & cie dans une ferme abandonnée en espérant les retrouver le surlendemain (et les réembarquer sur EasyJet sans les avoir utilisés - 60 EUR pour la plaisanterie), avant de poursuivre à pied. Deux Espagnols au loin devant ont fait la trace, très laborieuse vers 2000m, mais plus haut c'est à nouveau le caillou et la terre qui dominent. Et le vent aussi : les 100 derniers mètres se font dans un véritable ouragan, nous arrivons au refuge quasiment à 4 pattes avec 4 couches de vêtements, non sans un certain soulagement. La cabane est certes gardiennée et confortable, mais il n'y fait hélas pas beaucoup plus chaud que dehors, faute d'isolation ad-hoc. En fait il gèle dans les dortoirs et on ne doit guère dépasser les 5° dans le refectoire !

Nous sommes seuls ce soir là dans ce grand refuge avec le couple de gardiens, les 2 Espagnols et un Anglais (qui avait porté en vain des skis nordiques jusqu'ici !), diner un peu surréaliste en doudoune, serrés l'un contre l'autre devant la cheminée alors que dehors le vent hurle et projette la neige telle une soufflerie géante entre le refuge et son annexe, le tout éclairé par la lumière blafarde d'un vague lampadaire secoué par les rafales...grande ambiance ! Il faut se pincer pour se dire qu'on est vraiment en Andalousie...

Digression sur le refuge : magnifique accueil au Refugio Poqueira (gardé toute l'année), on y mange bien et comme des gorets, le gardien connait parfaitement sa montagne en toutes saison et adore le ski...tout ça pour 25 EUR pp en 1/2 pension avec la carte CAS/CAF...rapport qualité/prix imbattable sur les montagnes européennes à mon sens !

Summit day : le vent a la bonne idée de tomber durant la nuit, il fait certes -10° au départ (et sans doute -15° en haut) mais un grand ciel bleu et un soleil vraiment andalou nous accompagneront toute la journée. 14kms de marche en chaussures de ski + crampons et 7 à 8h heures (avec de bonnes pauses) seront nécessaires pour faire l'AR au point culminant via l'Alto del Chorillo. Les pentes sont douces, la glace translucide tapisse tout avec une incroyable variété de formes, toundra, petits arbustes, choux-fleurs, boules, pénitents, il suffit de laisser libre cours à son imagination...A défaut de glisser à skis la marche n'est pas désagréable et cette ambiance polaire juste au dessus de la mer orangée qui scintille en bas est assez magique. Le gardien nous dira d'ailleurs avoir rarement vu des conditions pareilles ! Nous sommes seuls ce jour là avec notre collègue anglais sur toute cette vaste montagne - un très grand souvenir.

Nous choisissons de repasser la nuit à Poqueira, l'absence de vent a laissé la cabane chauffer et on doit presque atteindre les 8 ou 9° dans le refectoire, bref pour un peu on se croirait à Séville au mois d'août - la foule en moins puisque nous sommes seuls avec les gardiens en ce vendredi soir. Bon le refuge sera complet samedi soir, on croisera au moins 50 personnes en redescendant le lendemain, dont quelques candidats pour la rugueuse face nord ! Aucun d'entre eux n'aura l'idée de nous chiper nos skis que nous retrouvons avec soulagement là où on les avait laissés l'avant veille pour les porter jusqu'à la voiture. Ils devront attendre la Suisse pour retoucher enfin de la neige[/url]...

Le temps de rendre les vélos (bike2malaga.com, super boutique !) et nous passerons le dernier soir à Malaga avant l'avion du dimanche matin, c'est le Carnaval et la ville est pour finir plus sympa que ce qu'on imaginait au départ. Ca tombe bien, car pour ce qui est du "esqui de travessia en Sierra Nevada", il va falloir revenir un de ces jours !

PS GPS : La trace ne va que jusqu'au Chorillo, mauvais manip ensuite --> pas d'enregistrement jusqu'au sommet !

Participants : Agnès et moi

Tourengänger: Bertrand


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Kommentare (4)


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Erdinger hat gesagt:
Gesendet am 20. Februar 2015 um 18:27
Un belle tour a un grande mont! Je voudrais aller ici un jour. Beaucoup des randonnes belles -

Salut - Alex

Sputnik Pro hat gesagt:
Gesendet am 20. Februar 2015 um 19:21
Hallo Bertrand,

Habt ihr kein Visum bekommen für den Iran, das erstaunt mch eigentlich. Dennoch die Tour auf den höchsten Gipfel Spaniens in Europa sieht auch toll aus. Darft in gerne in die Community "Euroäische Landeshöhepunkte" eintragen: www.hikr.org/comm/Europa/ .

Gruss, Andi

Bertrand hat gesagt: RE:
Gesendet am 23. Februar 2015 um 08:37
Merci ! Das wirst du nicht bedauern, es ist eine tolle Gegend.

Bertrand hat gesagt: RE:
Gesendet am 23. Februar 2015 um 08:42
> Habt ihr kein Visum bekommen für den Iran, das erstaunt mch eigentlich.

Wir haben das Visum nicht einmal beantragt...da der Website des französischen Aussenministeriums aus unverständlichen Gründen von jeglicher Reise im Iran abratete (!), müssten die Veranstalter (2 Bergführerkolleguen aus Korsika) versicherungstechnisch die Reise absagen...



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