Coin-Culan: Surprise-Party dans les Alpes Vaudoises
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"J'adore les surprises et quand on ne m'en fait pas, je les provoque pour me les faire moi-même." (Pierre Dac)
Comment ne pas être tenté par l'appel de la montagne, lorsque celle-ci se présente sous un jour indomptable.
Les Alpes Vaudoises ont deux versants, un côté apprivoisé par l'afflux touristique, et l'autre délaissé par la plus grande majorité.
D'ailleurs, en évoquant Le Coin, Maurice Brandt ne parle-t-il pas d'un "sommet altier (...) dont l'accès n'est pas aisé ce qui limite les visiteurs."
L'ascension, loin des sentiers battus, gratifiante à souhait, compensera largement les difficultés consenties pour s'y rendre.
L'idée de cette longue traversée, durant laquelle a concentration ne devra jamais se relâcher, m'a été soufflée par Lorenzo, que je remercie pour la recommandation.
La récente mise en service de la connexion entre Villars et Solalex, m'offre la possibilité d'envisager la première ascension des Rochers du Van, par son versant sud. C'est en suivant tranquillement la route carossable partant sur Anzeindaz que je peux jauger la pente raide et gazonnée qui m'attend. Je la quitte aux alentours du P.1567 pour traverser en direction NW une forêt réveillée par les meuglements locaux. Arrivé sous la barre rocheuse qui garde les Rochers du Van, je traverse vers l'Ouest avant de rejoindre l'arête par une cheminée assez peu commode et exposée (pas de II). Petite erreur d'orientation, sans aucun doute. J'aperçois alors Le Coin dont l'accès est entravé par un gendarme assez effilé que j'ai traversé par un pas acrobatique mais assez fiable (pas de II à nouveau). Juste avant d'atteindre le sommet, on doit bifurquer dans le flanc droit par des gazons raides et exposés. Petite entrée en matière de ce qui m'attend.
Dans la descente sur l'arête SW, je vais comprendre pourquoi Lorenzo avait renoncé dans des conditions plus humides.
Maurice Brandt met en garde avec son style caractéristique: "Le parcours de cette arête offre de nombreuses surprises à l'alpiniste non averti."
Comme un hurluberlu averti en vaut deux, je suis confronté aux premiers obstacles sans frayeur. Ces derniers, avec un minimum de précaution, sont surmontés par la gauche sur un terrain peu fréquenté, et donc enclin à se dérober sous les pieds du randonneur imprudent. La grande coupure du Nant noir est d'un tout autre acabit. L'effet de surprise est garanti, contrairement à la sécurité du montagnard qui la traverse. Certes, "l'usage de la corde est recommandé", mais on se demande bien où l'on pourrait la fixer. Peut-être Maurice avait-il au fond de son sac, la fiole nichée au sommet du Haut-de-Cry. Allez savoir. Toujours est-il qu'on devine une sente à chamois zig-zagant de façon scabreuse au-dessus de la faille avant de disparaitre au moment de la traversée (pas de II). Les dalles n'inspirent pas confiance et le précipice qui s'ouvre de chaque côté invite à vérifier la présence du rosaire dans son équipement. J'exagère un peu mais autant dire que les âmes sensibles aux surprises devront s'abstenir, d'autant plus qu'il n'y a plus d'échappatoire ensuite avant de s'élever au-dessus de la verrue calcaire qui garde le sommet de la Pointe d'Aussel. D'après Maurice, deux possibilités: soit son escalade directe, par un pas de IV, que je n'ose même pas envisager, ou le contournement à sa base par un pas de III, qui semble redoutable. On débute par un pas de II, dans une cheminée où l'on se sent un peu à l'étroit mais rien de bien méchant. Par contre, la dernière portion me paraît suicidaire, avec aucune prise sur ma droite alors que c'est justement le côté sur lequel j'aimerais m'appuyer. Le sac à dos rend la tentative bien trop hasardeuse, même pour le modeste aventurié que je suis. Je fais demi-tour pour appréhender les alternatives. En jetant un coup d'oeil sous la verrue, je crois distinguer une sorte de sente à chamois qui me fait penser qu'une vire pourrait s'offrir à moi environ 50 mètres sous la verrue. Surpris, j'entreprends la traversée sans aucun souci avant de basculer sur les gazons qui me permettent de rallier le sommet.
Contrairement à ce que j'aurais pu penser, je ne suis pas encore au bout de mes surprises. Le Pas d'Aussel (2130m) s'atteint sans problème. La suite jusqu'aux Pointes de Chatillon se dévoile comme une succession de deux ressauts que l'on contourne volontiers par la gauche dans des gazons. Pour le deuxième, j'ai opté pour la variante 592a par le très raide couloir qui permet d'accéder au sommet W. Ensuite, contrairement à Lorenzo, je n'ai pas osé la montée directe par les cheminées de rochers blancs, me contentant de les contourner une nouvelle fois par la gauche, avant de reprendre le chemin du sommet.
Depuis ce dernier, on descend d'abord sans peine avant de basculer à gauche de barres rocheuses pour revenir sur le faîte depuis lequel deux options se présentent. La première, empruntant une vire, semble hélas compromise par la neige qui la recouvre. La seconde (PD) - que je retiendrai finalement - suit plus ou moins le fil de l'arête WSW, en restant parfois légèrement à sa gauche, sur des dalles de moins en moins solides au fur et à mesure de la progression. Juste avant d'arrivée à l'antécime (Sex Rouge), je devrai fournir un ultime effort (pas de III pour le moins scabreux). Le grand surplomb suivant s'évite - une fois encore - par la gauche, avant de regagner l'arête par une vire rocheuse nettement visible. Quelques petits pas d'escalade avant de poser enfin le pied sur le Culan, depuis lequel la Tête Ronde et les Diablerets me tendent les bras. Les forces qui me restent et l'ampleur de la descente qui m'attend ne permettent pas le luxe de m'y rendre.
Après avoir longuement profité de la vue imprenable sur les Alpes Vaudoises, il est temps d'accéder au Glacier du Culan par quelques belles glissades. Au pied de ce dernier, la traversée des Vires grises débute. Sans perdre d'altitude, on reste bien concentré sur ces pierriers désagréables, et peu fiables jusqu'à déboucher sous la Tête ronde, au Nord du P.2587. L'oubli de mon GPS et la longueur de cette partie a causé une petite remise en question quant à mon orientation. Finalement, malgré mes appréhensions, j'étais bien positionné. En point de mire, s'ouvre alors le cirque du Creux du Champ et sa cascade vertigineuse qui plonge depuis le P.2087. Dans une traversée descendante, on suite des gradins de moins en moins raides, puis on file sur des névés dont la pente s'adoucit pour basculer sans perdre d'altitude sur le plateau de Pierredar. 18h40 au refuge, cela fait pratiquement 10h que je suis parti de Solalex. La sympathie des gardiens ne sera pas la moindre des surprises de la journée. La boissons gazeuse et la barre chocolatée glanées au passage, me procurent le surcroît d'énergie pour accomplir la longue descente vers les Diablerets par le sentier bien balisé que je couperai parfois pour jouir de quelques glissades bien pensées. Au Droutsay, un trio de Besançon me propose spontanément de me ramener à Aigle en voiture.
Comment ne pas être tenté par l'appel de la montagne, lorsque celle-ci se présente sous un jour indomptable.
Les Alpes Vaudoises ont deux versants, un côté apprivoisé par l'afflux touristique, et l'autre délaissé par la plus grande majorité.
D'ailleurs, en évoquant Le Coin, Maurice Brandt ne parle-t-il pas d'un "sommet altier (...) dont l'accès n'est pas aisé ce qui limite les visiteurs."
L'ascension, loin des sentiers battus, gratifiante à souhait, compensera largement les difficultés consenties pour s'y rendre.
L'idée de cette longue traversée, durant laquelle a concentration ne devra jamais se relâcher, m'a été soufflée par Lorenzo, que je remercie pour la recommandation.
La récente mise en service de la connexion entre Villars et Solalex, m'offre la possibilité d'envisager la première ascension des Rochers du Van, par son versant sud. C'est en suivant tranquillement la route carossable partant sur Anzeindaz que je peux jauger la pente raide et gazonnée qui m'attend. Je la quitte aux alentours du P.1567 pour traverser en direction NW une forêt réveillée par les meuglements locaux. Arrivé sous la barre rocheuse qui garde les Rochers du Van, je traverse vers l'Ouest avant de rejoindre l'arête par une cheminée assez peu commode et exposée (pas de II). Petite erreur d'orientation, sans aucun doute. J'aperçois alors Le Coin dont l'accès est entravé par un gendarme assez effilé que j'ai traversé par un pas acrobatique mais assez fiable (pas de II à nouveau). Juste avant d'atteindre le sommet, on doit bifurquer dans le flanc droit par des gazons raides et exposés. Petite entrée en matière de ce qui m'attend.
Dans la descente sur l'arête SW, je vais comprendre pourquoi Lorenzo avait renoncé dans des conditions plus humides.
Maurice Brandt met en garde avec son style caractéristique: "Le parcours de cette arête offre de nombreuses surprises à l'alpiniste non averti."
Comme un hurluberlu averti en vaut deux, je suis confronté aux premiers obstacles sans frayeur. Ces derniers, avec un minimum de précaution, sont surmontés par la gauche sur un terrain peu fréquenté, et donc enclin à se dérober sous les pieds du randonneur imprudent. La grande coupure du Nant noir est d'un tout autre acabit. L'effet de surprise est garanti, contrairement à la sécurité du montagnard qui la traverse. Certes, "l'usage de la corde est recommandé", mais on se demande bien où l'on pourrait la fixer. Peut-être Maurice avait-il au fond de son sac, la fiole nichée au sommet du Haut-de-Cry. Allez savoir. Toujours est-il qu'on devine une sente à chamois zig-zagant de façon scabreuse au-dessus de la faille avant de disparaitre au moment de la traversée (pas de II). Les dalles n'inspirent pas confiance et le précipice qui s'ouvre de chaque côté invite à vérifier la présence du rosaire dans son équipement. J'exagère un peu mais autant dire que les âmes sensibles aux surprises devront s'abstenir, d'autant plus qu'il n'y a plus d'échappatoire ensuite avant de s'élever au-dessus de la verrue calcaire qui garde le sommet de la Pointe d'Aussel. D'après Maurice, deux possibilités: soit son escalade directe, par un pas de IV, que je n'ose même pas envisager, ou le contournement à sa base par un pas de III, qui semble redoutable. On débute par un pas de II, dans une cheminée où l'on se sent un peu à l'étroit mais rien de bien méchant. Par contre, la dernière portion me paraît suicidaire, avec aucune prise sur ma droite alors que c'est justement le côté sur lequel j'aimerais m'appuyer. Le sac à dos rend la tentative bien trop hasardeuse, même pour le modeste aventurié que je suis. Je fais demi-tour pour appréhender les alternatives. En jetant un coup d'oeil sous la verrue, je crois distinguer une sorte de sente à chamois qui me fait penser qu'une vire pourrait s'offrir à moi environ 50 mètres sous la verrue. Surpris, j'entreprends la traversée sans aucun souci avant de basculer sur les gazons qui me permettent de rallier le sommet.
Contrairement à ce que j'aurais pu penser, je ne suis pas encore au bout de mes surprises. Le Pas d'Aussel (2130m) s'atteint sans problème. La suite jusqu'aux Pointes de Chatillon se dévoile comme une succession de deux ressauts que l'on contourne volontiers par la gauche dans des gazons. Pour le deuxième, j'ai opté pour la variante 592a par le très raide couloir qui permet d'accéder au sommet W. Ensuite, contrairement à Lorenzo, je n'ai pas osé la montée directe par les cheminées de rochers blancs, me contentant de les contourner une nouvelle fois par la gauche, avant de reprendre le chemin du sommet.
Depuis ce dernier, on descend d'abord sans peine avant de basculer à gauche de barres rocheuses pour revenir sur le faîte depuis lequel deux options se présentent. La première, empruntant une vire, semble hélas compromise par la neige qui la recouvre. La seconde (PD) - que je retiendrai finalement - suit plus ou moins le fil de l'arête WSW, en restant parfois légèrement à sa gauche, sur des dalles de moins en moins solides au fur et à mesure de la progression. Juste avant d'arrivée à l'antécime (Sex Rouge), je devrai fournir un ultime effort (pas de III pour le moins scabreux). Le grand surplomb suivant s'évite - une fois encore - par la gauche, avant de regagner l'arête par une vire rocheuse nettement visible. Quelques petits pas d'escalade avant de poser enfin le pied sur le Culan, depuis lequel la Tête Ronde et les Diablerets me tendent les bras. Les forces qui me restent et l'ampleur de la descente qui m'attend ne permettent pas le luxe de m'y rendre.
Après avoir longuement profité de la vue imprenable sur les Alpes Vaudoises, il est temps d'accéder au Glacier du Culan par quelques belles glissades. Au pied de ce dernier, la traversée des Vires grises débute. Sans perdre d'altitude, on reste bien concentré sur ces pierriers désagréables, et peu fiables jusqu'à déboucher sous la Tête ronde, au Nord du P.2587. L'oubli de mon GPS et la longueur de cette partie a causé une petite remise en question quant à mon orientation. Finalement, malgré mes appréhensions, j'étais bien positionné. En point de mire, s'ouvre alors le cirque du Creux du Champ et sa cascade vertigineuse qui plonge depuis le P.2087. Dans une traversée descendante, on suite des gradins de moins en moins raides, puis on file sur des névés dont la pente s'adoucit pour basculer sans perdre d'altitude sur le plateau de Pierredar. 18h40 au refuge, cela fait pratiquement 10h que je suis parti de Solalex. La sympathie des gardiens ne sera pas la moindre des surprises de la journée. La boissons gazeuse et la barre chocolatée glanées au passage, me procurent le surcroît d'énergie pour accomplir la longue descente vers les Diablerets par le sentier bien balisé que je couperai parfois pour jouir de quelques glissades bien pensées. Au Droutsay, un trio de Besançon me propose spontanément de me ramener à Aigle en voiture.
- Equipement requis: 75cl de (Rivella) rouge, 2l d'eau, un Kinder surprise, le topo de Maurice Brandt (ou à défaut une blague Carambar peut faire l'affaire), et surtout le goût de l'aventure
- Equipement facultatif: un rosaire, un bout de corde qui ne sert à rien et un brin d'humour juste au cas où
Tourengänger:
Hurluberlu

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Kommentare (7)