Tour du lac des Quatre Cantons : quatrième étape, de Gersau à Vitznau

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Le triomphe de la bière sur la marche…

En ce dimanche de Pentecôte, au lendemain de ma randonnée depuis Brunnen par les hauteurs, je me retrouve de nouveau à Gersau pour l'étape suivante de mon tour du grand lac de la Suisse centrale. Pour cette quatrième journée, je suis accompagné par une amie venue de Neuchâtel ; notre intention est de monter à la Fälmisegg, faire éventuellement le sommet du Vitznauerstock/Gersauerstock, puis descendre sur Weggis.

La matinée est plutôt nuageux. Comme mon amie insiste à répéter pendant le trajet en bateau depuis Lucerne, je l'ai invitée à passer la journée dans le seul coin du pays où la carte de Météosuisse montre autre chose qu'un grand soleil. Il ne fait pourtant pas froid, ; la chaleur du soleil arrive quand même à se fait sentir, même si le paysage est dépourvu de couleur en raison d'une brume lourde qui semble annoncer des orages pour plus tard.

Nous sommes à peine sortis de Gersau que mon téléphone sonne. Cela n'arrive pas si souvent ; tout d'abord parce que je l'éteins quasiment toujours quand je suis en montagne, mais aussi parce que même lorsqu'il est allumé, il ne sonne pratiquement jamais. Je réponds ; ce sont deux autres amis neuchâtelois qui ont débarqué à l'improviste à Vitznau pour ce week-end prolongé et qui, ayant vu sur mon blog que j'étais dans le coin, veulent savoir si j'aimerais déjeuner ou prendre un verre avec eux. Nous nous mettons d'accord que je rappellerai plus tard, quand je saurai à quelle heure nous allons redescendre.

Pendant une heure, nous devons marcher sur de petites routes d'alpage, sous le sommet pointu du Gersauerstock qui domine le paysage au nord. Ce n'est qu'à partir de Schwanden que la route fait enfin place à un joli sentier herbeux qui monte en zigzags entre pâturages et bosquets.   Au-dessus du chalet de Brüggen, le sentier se perd dans les herbes longues de prairies pas encore fauchées. Seuls quelques poteaux marqués de traits rouge-blanc indiquent le chemin à suivre. Les vaches ne sont pas encore montées jusqu'ici et nous marchons dans une belle mer de fleurs alpines jusqu'aux genoux.  Au dernier chalet avant la selle de Fälmisegg, l'herbe a déjà été coupée et ratissée dans des rangées qui seraient très photogéniques si l'arrière-plan n'avait pas perdu toute sa couleur.

Au col, la vue s'ouvre subitement et de manière spectaculaire vers l'ouest, où le Bürgenstock sort du lac tel un immense iceberg noir. Nous nous installons à l'ombre pour manger nos sandwiches et, sans trop chercher à nous convaincre du contraire, décidons de laisser tomber le sommet et Weggis : l'idée de s'installer à la terrasse d'un hôtel trois étoiles avec bières et glaces est bien trop tentante !

Le sentier descend, raide, à travers des pâturages où l'herbe vient juste d'être fauchée. Devant nous, on la ratisse, c'est presque comme si on nous ouvrait le chemin. Nous entrons en forêt et, après quelques lacets, arrivons à la chapelle St. Antoni, qui n'est qu'un simple abri sous un surplomb. En arrivant depuis au-dessus, on passerait facilement devant sans l'apercevoir ou en la prenanz pour un abri à tracteurs.

A trois heures et quart, nous arrivons à Vitznau après une randonnée beaucoup plus courte que prévue. Il nous reste deux kilomètres de marche le long de la route cantonale ; ici aussi on fait les foins, mais ici la civilisation a quelque peu transformé le processus : à la place des grand râteaux des alpages, ici c'est avec une souffleuse bruyante et polluante qu'on range l'herbe coupée. Une demi-heure plus tard, nous sommes installés à la magnifique terrasse de l'hôtel Flora Alpina, qui possède une vue imprenable sur le Bürgenstock et le lac. La bière est froide et rafraîchissante ; le "Rigi-Becher", salade de fruits frais bien arrosée de kirsch, est escellent. En dessous, sur le lac, le vapeur "Uri" passe, en route pour Lucerne. Ce n'est pas une fin particulièrement sportive à la journée, mais qu'est-ce que ça fait du bien ! 

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