De Saint-Moritz à Saas-Fee sur le Chemin des cols alpins : Septième partie


Publiziert von stephen , 22. August 2022 um 19:26.

Region: Welt » Italien » Piemont
Tour Datum: 6 August 2022
Wandern Schwierigkeit: T3 - anspruchsvolles Bergwandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: Gruppo Grieshorn   CH-TI   Gruppo Poncione di Vespero   I   CH-VS   Gruppo Cristallina   Gruppo Pizzo San Giacomo 
Strecke:Alpe Pesciüm - San Giacomo - Capanna Corno Gries - Pass Corno - Pass Gries - Lago di Morasco - Passo di Nefelgiù - Rifugio Margaroli
Unterkunftmöglichkeiten:Capanna Corno Gries Rifugio Margaroli

J13, d’Airolo à la Capanna Corno Gries
6 heures 45 minutes, +1270 m, -690 m, T2


English version

Cette étape est extrêmement longue si on la fait dans son intégralité, avec plus de 1800 mètres de montée et près de 9 heures de marche. Nous décidons de nous économiser les premiers 600 mètres de montée et deux heures de marche, en prenant le téléphérique d’Airolo à l’Alpe Pesciüm (1741 m). Une autre stratégie consisterait à prendre le bus jusqu’à l’un des villages du val Bedretto. Toutes les personnes avec lesquelles nous avons parlé ont raccourci l’étape d’une manière ou d’une autre. Dans la cabine du téléphérique il y a un mélange de randonneurs et de bikers : l’itinéraire du jour semble d’ailleurs faire l’objet d’une campagne marketing destiné à augmenter le trafic VTT sur le chemin.

Pendant la première heure de marche, la tendance générale est plutôt à la descente. Le chemin – le plus souvent une piste forestière avec quelques courtes sections de sentier plus étroit – serpente à flanc de montagne au-dessus du Val Bedretto, avec des vues vers la route du Gotthard et les montagnes situées à l’ouest du col. C’est joli, assez ombragé et très facile comme début d’étape, très loin du petit sentier balcon que j’avais imaginé. 

Nous faisons une première pause à l’Alpe Cristallina (1800 m), puis continuons par Stabellio Grande (1819 m), où des clôtures nous font contourner la ferme alors que le balisage semble indiquer qu’il faut passer par la cour, entre les bâtiments. Alors que nous montons en pente douce vers l’Alpe di Folcra, nous entendons le son d’une guitare basse, d’abord presque imperceptible, puis de plus en plus fort avec la voix d’une chanteuse qui s’y ajoute. Quelque part sur la gauche, on fait la fête…. s’agit-il d’un camp de jeunes ou juste de quelques amis amateurs de rock qui ont décidé d’animer l’alpage, nous ne saurons jamais. Toujours est-il que le son de la guitare basse, porté par le vent, revient nous titiller les oreilles de temps en temps pendant plus d’une heure après. 

Nous longeons un petit lac, puis descendons doucement en forêt jusqu’à une bifurcation (1755 m), où le sentier venant du village de Bedretto rejoint le nôtre. Cette bifurcation marque le début de la montée la plus conséquente de cette première partie de l’étape, jusqu’à l’alpage de Stabbiasco (1911 m). Nous arrivons à un endroit où un petit bulldozer a été laissé sur le chemin : à partir d’ici, le sentier a malheureusement été élargi, aplani et généralement transformé en boulevard pour VTT. Nous verrons le même phénomène quelques jours plus tard, au-dessus de Rosswald. Nous cherchons un peu d’ombre pour pique-niquer mais ce n’est pas facile : en effet, nous avons atteint la limite supérieure de la forêt et devons nous contenter d’un bosquet isolé, ce qui ne nous empêche pas de faire une bonne sieste.

Depuis le début de l’étape, nous sommes accompagnés par une ligne haute tension, plutôt discrète car masquée par la forêt, qui longe la vallée sur le même versant que nous. Sans écran d’arbres, nous nous rendons maintenant compte que le Val Bedretto a été sérieusement défigurée par les lignes électriques et leurs pylônes. Il y en a partout : sur les deux versants, au fond de la vallée, parallèles et perpendiculaires à la vallée…   plus loin, il y a toute une colonie de pylônes sur le Nufenenpass. Cette pollution visuelle dure jusqu’à San Giacomo (2254 m), où il y a une chapelle qui, bizarrement, n’est pas dédié à San Giacomo. Ensuite le paysage devient nettement plus joli : nous descendons dans un petit vallon au fond duquel un ruisseau coule tout tranquillement puis, en balcon au-dessus de pentes raides, entamons la dernière montée jusqu’à la Capanna Corno Gries (2333 m), dont l’architecture pourrait diviser l’opinion.

Quoiqu’on pense de son aspect extérieur (et du fait qu’ils ont mis la terrasse du seul côté où il y a beaucoup de vent et pas de soleil), l’intérieur de cette cabane est une réussite : salle à manger lumineuse, dortoir de 4 lits seulement, sanitaires simples mais munis de tout ce qu’il faut. Nous mangeons une très bonne soupe aux lentilles, après quoi Isabelle doit se soumettre à l’épreuve de la polenta, que nous avions réussi à éviter jusqu’à présent. En mangeant, nous discutons avec un binôme frère et sœur du canton de Fribourg. Lui a déjà fait l’ancien tracé du chemin No. 6 l’an dernier et rattrape maintenant les nouvelles étapes qui lui manquaient ; elle fait la Via Alpina par petits bouts avec son mari. Nous les reverrons le lendemain soir en Italie.
 

J14, de la Capanna Corno Gries au Rifugio Margaroli
6 heures 45 minutes, +1030 m, -1140 m, T3


Depuis la Capanna Corno Gries, le chemin national No. 6 descendait autrefois dans la vallée du Rhône, qu’il longeait ensuite sur deux étapes avant de remonter dans le Binntal. Désormais l’itinéraire reste en altitude, avec une incursion sur sol italien avant de rejoindre Binn par le haut. Il fait frais au petit matin, j’enfile même ma polaire pendant une petite heure.

Cette étape comporte trois cols, ce qui pourrait paraître effrayant. Mais si le troisième col demande un effort conséquent, les deux premiers se font quasiment à plat en l’espace de vingt minutes et méritent à peine l’appellation de col. Depuis la cabane, nous remontons le vallon jusqu’au Cornopass (2484 m), où nous quittons le Tessin pour mettre très brièvement les pieds en Valais. Sous le col, deux petits lacs ont l’air bien froids sous des nuages que le soleil n’a pas encore commencé à dissiper. Soudain, devant nous sur le sentier même, quelque chose bouge : vraisemblablement une femelle lagopède suivie de sept ou huit tout petits. La maman fait de petits roucoulements inquiets, encourageant les petits à la suivre. Nous faisons un demi-tour discret pour les laisser partir en paix. Un peu plus loin, une éolienne émerge mystérieusement des nuages, sur fond de sommets valaisans.

Vingt minutes plus tard, au Griespass (2486 m), nous quittons déjà le Valais pour l’Italie. Le col est dans les nuages, mais nous en sortons rapidement pendant la descente courte mais raide dans la Valle del Gries, qui s’étend maintenant devant nous, bordée de montagnes de part et autre avec un ruisseau qui serpente parfaitement au milieu. Nous descendons la vallée jusqu’au Lago di Morasco (1815 m), que nous contournons par le nord jusqu’à son grand barrage, construit à l’époque mussolinienne. Le Passo di Nefelgiù, jusqu’auquel nous devrons monter maintenant, est bien visible au-delà des eaux bleues du lac, 700 mètres plus haut, sombre et intimidant vu d’ici.

En fin de compte, cette montée au col depuis le lac n’est pas si terrible, même si nous mettrons deux bonnes heures pour la faire. La montée se fait par paliers : d’abord une piste facile nous amène jusqu’à l’Alpe di Nefelgiù (2048 m), où nous faisons une pause devant le chalet d’alpage. C’est normalement ici que nous aurions dû faire notre pause midi, mais on annonce des orages et nous voulons au moins passer le col avant qu’ils arrivent. Nous continuons donc, traversant le replat de l’alpage, puis remontant le long d’un ravin dans lequel coule le torrent. L’arrivée au col se fait dans un chaos de gros blocs où il faut chercher un peu pour trouver le chemin optimal. 

Le ciel est assez sombre sur l’autre versant du col et nous décidons de faire l’impasse sur la pause pique-nique : nous mangerons quelque chose au refuge, qui n’est plus très loin. La descente est facile dans sa partie supérieure, puis devient plus périlleuse : le sentier s’enfonce dans un ravin raide puis disparaît complètement, emporté par des coulées de boue argileux de couleur jaunâtre. Nous descendons dans le lit du torrent, glissant et instable ; la pente est raide, ce n’est pas vraiment exposé mais une chute entraînerait quelques mètres verticaux de glissade et des fesses bien couvertes de boue jaune et gluante. Par temps vraiment humide, cela pourrait être délicat.

Nous arrivons au rifugio Margaroli (2194 m), situé juste à côté du barrage du lago di Vannino. Avant d’aller nous installer dans le dortoir, nous mangeons une bonne soupe aux légumes arrosée d’une bière Moretti (what else ?). C’est un dortoir à l’ancienne avec des lits qui grincent sur trois hauteurs, mais nous sommes seulement quatre dans une chambre prévue pour six et le niveau supérieur reste inutilisé. Inévitablement, après l’avoir évité pendant deux semaines, nous mangeons de la polenta pour le deuxième soir de suite, mais cette fois-ci elle est préparée de manière différente, en tranches fines un peu croustillantes, c’est plutôt bon. La pluie a fini par arriver et continuera de façon intermittente pendant la nuit, mais une fois de plus nous avons réussi à l’éviter complètement en marchant.
 
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