Mittelrück / Pizzo di Loranco : arête du Lac Majeur

Un bel itinéraire sauvage loin de tout, sur un rocher magnifique aux difficultés accessibles...

Ca fait un paquet d'années qu'on en parlait avec notre guide Raoul qui - bien que l'ayant déjà parcouru il y a bien longtemps - restait un peu dubitatif devant le peu d'infos (aucun récit c2c ou Gulliver depuis 2015) et la perspective de dormir au bivouac... Agnès et moi avons adoré l'un comme l'autre, le bivouac est un merveilleux petit nid d'aigle dominant le sauvage haut val Antrona. Nous avons passé la fin d'après-midi avec un troupeau de bouquetins, dont 2 ou 3 nés visiblement en début d'été, apparemment aussi surpris que nous de trouver quelqu'un ici...un peu de sel les a convaincu de nous tenir compagnie jusqu'au soir.

Quant à l'arête, elle est de toute beauté pour peu de contourner le départ délité qui surplombe directement le bivouac. Bonus le soleil arrive dès 7h du matin. Un petit parfum d'aventure, même le 15/8 et même dans un registre de difficulté accessible - bon attention quand même, le IV+ est assez teigneux et on n'a pas regretté les chaussons (Raoul a bien sûr tout fait en grosses). Le seul petit bémol est la lourdeur du sac (surtout qu'on avait encore pris les crampons pour rien) mais j'avais achevé de convaincre notre guide favori en lui disant que je porterai tout le supplément - bouffe, réchaud, gaz, casserole & cie - 2 jours durant. Mes genoux s'en souviennent encore.

Question genoux (grrr...), c'est le gauche d'Agnès qui a hélas eu la mauvaise idée de se rebeller dans la descente : c'est rageant de voir qu'au moment où le droit, opéré il y a 2 ans, est enfin solide c'est l'autre qui se met en grève. Elle a courageusement serré les dents dans l'interminable descente, parfois à 4 pattes dans le pierrier du haut, avec Raoul qui envisageait d'appeler la Rega pour ne pas finir de nuit...heureusement que sitôt retrouvée la moraine le cheminement est quand même plus agréable. Nous avons donc shunté sans remord les 60 derniers mètres entre la sortie de l'éperon et le sommet - de visu un infâme tas d'éboulis rendu encore plus sinistre par la nebbia.

Agnès est du coup rentrée tranquillement à la maison le samedi soir et Raoul m'a emmené seul tester sa nouvelle création au Petit Clocher du Portalet le lendemain.

Topo détaillé ici

Conditions du jour :
 

• Accès au bivouac : le sentier bleu du Sonnigpass (bifurc signalée vers 2370m) n'est balisé (peinture + cairns) qu'au dessus de 2800m, avant il faut suivre une sente discontinue, traverser le torrent assez bas (vers 2450m) puis remonter tout le fil de la moraine (traces) : on retrouve les 1ers cairns là où elle se perd dans les dalles couchées du versant W du col - sur lesquelles le cheminement est d'ailleurs assez agréable. Quelques névés sans souci > 3000m. Versant italien, la via ferrata fait presque 300m de D- (!), on ne l'a pas trouvé si commode à descendre avec beaucoup d'humidité résiduelle et la boue des zones herbeuses venant se coller sous les semelles. Une paire de petits gants de vélo m'aurait éviter de m'éplucher les mains sur le cable...Le névé sous la VF est bien présent, mou l'après-midi mais un piolet reste quand même recommandé (on a trimballé les crampons pour rien...mais ils sont sans doute bien utiles le matin tôt) au moins pour une personne : Raoul nous a mouliné - descente express sur les fesses - avant de surfer sur les talons tel un funambule.