De la Maurienne à la Méditerranée, sur l'itinéraire de la Grande Traversée des Alpes : 1ère partie


Publiziert von stephen , 23. August 2019 um 19:45.

Region: Welt » Frankreich » Briançonnais
Tour Datum: 1 August 2019
Wandern Schwierigkeit: T2 - Bergwandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: F 

L'été dernier, nous avons fait  la moitié nord de la Grande Traversée des Alpes, d'Evian à Modane, au sein d'un groupe guidé. Un an plus tard, nous revenons pour faire la partie sud, sans groupe ni guide cette fois-ci : quinze jours de marche qui, si tout va bien, se termineront les pieds dans la mer Méditerranée à Menton. 

J1, de Modane au refuge du Mont Thabor : 1462 m de montée, 88 m de descente, 5 heures 45 de marche

Dans notre chambre d'hôtel en face de la gare de Modane (1050 m), nous soupesons nos sacs à dos. La veille en arrivant, nous avons acheté les repas du midi pour les deux premiers jours : tomates, reblochon pour le premier midi, tomme de chèvre qui se gardera plus longtemps pour le deuxième, pâté de campagne et abricots. Les sacs nous paraissent terriblement lourds, même si nous savons que cette impression ne durera que les deux ou trois premiers jours.

Nous sommes prêts un peu avant neuf heures du matin. Dans la boulangerie où nous achetons du pain frais, la radio passe l'un des tubes de l'été : pendant deux semaines, nous serons éloignés de ces petits bruits de la vie quotidienne. Cette première journée s'annonce plutôt costaud : près de 1500 mètres de montée quand on n'est pas vraiment entraîné, c'est quand même beaucoup. Nous quittons rapidement Modane par un sentier qui, pendant une bonne heure, est très raide. Cette montée initiale se fait en forêt : heureusement, car le soleil chauffe déjà bien. Nous faisons une première pause au hameau des Herbiers (1643 m), où nous quittons la forêt et où la vue s'ouvre derrière nous vers la Vanoise, par laquelle nous sommes arrivés à Modane il y a un an.

La montée se poursuit, moins raide désormais, par une piste caillouteuse. Au Lavoir (1941 m) il y a des vestiges militaires : nous en verrons tout au long de notre parcours qui suit plus ou moins la frontière franco-italienne.  Vers 2100 mètres, sur un replat, nous nous mettons à l'ombre sous des buissons pour un premier pique-nique et une première sieste, ce qui nous permet de démarrer une belle collection de piqûres d'insectes. Le ciel s'est chargé de nuages et deux ou trois gouttes nous incitent à sortir nos couvre-sacs… mais la pluie ne vient pas.  Devant nous, au sud, de nouvelles montagnes apparaissent : pointues, presque dolomitiques, dominées par le Mont Thabor (3178 m). 

Nous arrivons au col de la Vallée Etroite (2433 m) avec son petit lac, sombre sous un ciel resté relativement nuageux depuis la pause midi, et qui fourmille de têtards. Depuis le col, un quart d'heure de marche nous suffit pour atteindre notre premier hébergement. Premier refuge, première bière en terrasse sous le soleil (très bonne bière artisanale, l'une des meilleures de la quinzaine), première file d'attente pour la douche, première lessive,  la routine s'installe. Le refuge affiche déjà complet pour la quasi totalité du mois d'août, nous avons bien fait de réserver tous les hébergements à l'avance. Tout au long de notre randonnée, nous tomberons sur des gens qui ont été obligés de modifier, voire de sauter des étapes en raison des gîtes et refuges complets. L'accueil est sympathique, le dortoir confortable et le souper - végétarien et à base de produits bio - est excellent. La plupart des clients du refuge semblent être venus pour faire soit le tour du Thabor, soit le sommet, voire les deux. 
 
J2, du refuge du Mont Thabor à Névache : 597 m de montée, 1449 m de descente, 7 heures 15 de marche

Après une première étape entièrement en montée, le profil de notre deuxième journée de marche est un peu l'inverse : deux descentes assez conséquentes avec une montée relativement courte au milieu. Nous quittons le refuge (2500 m) à huit heures, retournons au col de la Vallée Etroite dont le lac est devenu bleu sous la lumière du matin, puis entamons la très belle descente dans cette vallée. La Vallée Etroite est une anomalie : elle se trouve en France, mais le seul accès routier se fait depuis l'Italie. C'est symptomatique de toute cette région frontalière où des villages, au fil des décennies, des guerres et des accords internationaux, sont passés de France en Italie ou vice-versa. Dans la Vallée Etroite, toutes les voitures sont immatriculées en Italie, la plupart des  randonneurs que nous croisons parlent italien et les refuges sont gérés par le Club alpin italien. 

Nous discutons avec trois Néerlandais qui ont eux aussi dormi au refuge du Thabor et qui font le même chemin que nous, sauf qu'ils sont partis de Saint-Gingolph et font la GTA entière en une fois. Nous nous rendons vite compte qu'à l'échelle des grands randonneurs, nous sommes des amateurs avec nos deux petites semaines de marche. Nous reverrons ces trois presque deux semaines plus tard, à Sospel, juste avant d'arriver à la mer. Pendant que nous faisons une pause, une dame seule nous dépasse : elle semble avoir accroché tout son garde-robe à l'extérieur de son sac pour sécher. Une demi-heure plus tard nous la croisons à nouveau, à la recherche d'une chaussette qui a pris la fuite et s'est envolée dans la nature.

Nous atteignons la fin de la première descente au hameau des Granges de la Vallée Etroite (1755 m). Depuis ici, il faut monter au col des Thurres (2194 m), montée facile par un sentier bien profilé et souvent ombragé. Le col est un vaste replat avec un joli petit lac au milieu : l'endroit serait parfait pour manger s'il n'y avait pas un petit vent frisquet. C'est d'ailleurs l'une des caractéristiques de ces deux semaines de marche : presque tous les jours, le vent s'est levé au cours de l'après-midi, parfois assez fort. 

Nous descendons vers le sud par un sentier assez raide par endroits. Vers 1800 mètres, au niveau d'une aire de pique-nique, il y a le choix entre deux itinéraires pour descendre à Névache. Le plus direct suit une piste et nous amènerait directement à porte de l'hôtel où nous dormons, alors que l'autre, plus long, reste en balcon au-dessus de la vallée de la Clarée avant de descendre vers le vieux village de Névache (1598 m). Nous choisissons l'option longue et c'est un bon choix, même s'il rallonge l'étape d'une heure : le sentier balcon est fort joli, passe d'abord en forêt puis traverse quelques vastes pierriers avant de descendre jusqu'au village. Il nous reste deux kilomètres à marcher sur la route pour regagner l'autre bout du village, où se trouve notre logement. 
 
J3, de Névache à Briançon : 1110 m de montée, 1374 m de descente, 8 heures 15 de marche

Cette troisième étape est très longue (plus de 25 kilomètres) et nous ne pouvons pas nous permettre de trop traîner : nous avons rendez-vous à 18 heures 30 avec un taxi qui nous conduira de Briançon au refuge des Fonts de Cervières, nous évitant une vingtaine de kilomètres de marche en fond de vallée. Nous perdons bêtement une demi-heure dès le départ : nous n'avons pas réglé l'hôtel la veille au soir et, en arrivant à la réception à 7 h 45, nous découvrons qu'elle n'ouvre qu'à huit heures… et le réceptionniste n'arrive finalement qu'à 8 heures 15.

Nous traversons la Clarée et commençons la très belle montée au col appelé Porte de Cristol. La montée se fait dans une forêt clairsemée, par une alternance de raidillons et de replats, avec de jolies vues vers la haute vallée de la Clarée au-delà de Névache. Le joli lac de Cristol (2249) est l'endroit parfait pour faire une longue pause face à tout le massif que nous avons traversé pendant les deux derniers jours.

Après la Porte de Cristol (2531), le sentier devient provisoirement moins intéressant : une piste construite à des fins militaires qui file vers le col routier de Granon (2404), plus ou moins à plat. La piste est dure et désagréable sous les pieds ; la compensation est le beau panorama vers l'ouest, où tout le massif des Ecrins avec ce qui reste de ses glaciers s'étale devant nous.  Nous quittons vite le col du Granon avec ses motos et voitures pour continuer par un sentier plus commode vers le col de Barteaux  (2382 m), où un panneau nous indique que nous sommes encore à trois heures et demie de marche de la Croix de Toluouse, au-dessus de Briançon. Le temps qu'il nous faudra pour descendre de la Croix de Toulouse à Briançon reste un mystère, tant les indications diffèrent d'un panneau à l'autre.

Ne sachant pas combien de marge il nous reste, nous nous contentons d'une pause midi très rapide, d'une vingtaine de minutes à peine. L'itinéraire continue par un balcon long et magnifique au-dessus de la vallée de la Guisane, avec une tendance générale à la descente. Nous marchons vite - trop vite - et je ressens une douleur qui se réveille dans les tendons à l'intérieur de la cheville et du mollet gauche. Elle s'empire lentement : il faut ralentir le pas, sinon la menace de l'abandon dès le troisième jour va se profiler. A la Croix de Toulouse (1964 m), nous faisons une pause qui me fait du bien. La descente d'ici jusqu'à Briançon est assez raide mais finalement pas trop pénible, et bien moins longue que les 90 minutes indiquées sur certains panneaux de balisage que nous avons vus. La douleur à ma cheville s'est atténuée dès que nous avons ralenti, et ne reviendra plus. Nous arrivons à Briançon vers 17 heures, ce qui nous laisse même un peu de temps pour visiter la vielle ville et boire un verre avant l'arrivée du taxi.

Aux Fonts de Cervières, où le taxi nous dépose juste à temps pour le souper, on nous sert une bonne salade et un excellent poulet au curry. La bière La Tourmente au génépi de la Brasserie des Grands Cols est un très bon accompagnement… mais c'est surtout de l'eau que nos corps ont besoin, et nous en vidons des carafes et des carafes. Je pense que j'ai dû boire six litres de liquide en tout au cours de cette journée. Le refuge occupe tout un hameau perdu au bout d'une route minuscule, avec le réfectoire dans une grande maison et les dortoirs dans des chalets annexes, éparpillés le long de la rue du hameau. Nous avons un dortoir de quatre places avec douche privée pour nous seuls, ce qui nous permet de nous étaler, de faire des lessives, de trier et re-trier nos affaires : c'est du grand luxe.

Deuxième partie

Tourengänger: stephen
Communities: Randonneur


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