Petite traversée du parc naturel du Jura Vaudois : Deuxième étape, du Pont au col du Marchairuz


Publiziert von stephen , 18. Juni 2019 um 20:21.

Region: Welt » Schweiz » Waadt » Waadtländer Jura
Tour Datum:20 April 2019
Wandern Schwierigkeit: T1 - Wandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: CH-VD 
Zeitbedarf: 8:00
Aufstieg: 850 m
Abstieg: 415 m
Strecke:Le Pont - Pré de l'Haut - Mont Tendre - Grand Cunay - Col du Marchairuz
Zufahrt zum Ausgangspunkt:cff logo Le Pont
Zufahrt zum Ankunftspunkt:cff logo Col du Marchairuz, desservi en été seulement.

English version here

Après une bonne nuit de sommeil à l’hôtel de la Truite, nous ouvrons les rideaux le samedi de Pâques sur un ciel bleu parfait : pas le moindre nuage à voir. Nous ne sommes pas pressés aujourd’hui : il nous faudra environ cinq heures et demie pour marcher jusqu’au col du Marchairuz, où nous passerons la deuxième nuit de notre petite traversée du Jura vaudois. Nous imaginons déjà la longue sieste que nous allons nous accorder au sommet du Mont Tendre. Nous prenons un excellent petit déjeuner dans une salle qui est décoré de reliques de l’époque où Le Pont exportait la glace du lac de Joux vers le reste de la Suisse et même vers la France. Ils doivent avoir un bon boulanger au Pont, car le pain servi avec le petit déjeuner est exceptionnel.

Les brumes de la veille ont disparu et les couleurs du lac sont complètement différentes de celles d'hier soir. Depuis le bord du lac, à l’altitude déjà respectable de 1008 mètres, nous commençons notre journée à 9 heures 45 en revenant sur nos pas de la veille pendant une demi-heure. Cette montée initiale est la partie la plus raide de l’étape, mais elle n’est que de courte durée. Bientôt la montée fait place à une piste qui file vers le sud, à plat, le long d’une jolie vallée bordée de forêts de conifères, où l’alignement des piquets de clôture conduit l’œil vers des paysages qui restent encore à découvrir. Le calme de cette belle matinée n’est dérangé que par le grondement lointain des avions qui décollent de l’aéroport de Genève et par le vrombissement des motos sur la route du col du Mollendruz, que nous traversons et laissons rapidement derrière nous.
 
Nous remontons doucement entre forêts et prairies, coupant les lacets d’une petite route d’alpage. Dans une combe ombragée au niveau du Chalet Neuf du Pont (1232 m), nous rencontrons la première neige du jour. Je m’y attendais ; je savais qu’il y aurait quelques plaques de neige résiduelle aux endroits les plus à l’ombre et cela ne me dérange pas. Cent mètres plus loin, la neige a complètement disparu.
 
Peu avant le chalet de la Croisette (1322 m), la forêt fait place à un vaste haut-plateau, dont le sol est tapissé de milliers et de milliers de crocus, blancs pour la plupart mais avec quelques mauves aussi. Jamais je n’avais vu autant de ces fleurs en un seul endroit. Un mur de pierres sèches serpente de notre position vers le chalet, quelques plaques de neige résistant encore au printemps sur son côté nord.
 
Nous traversons le plateau fleuri, puis descendons légèrement en forêt avant de retrouver des paysages plus ouverts au Pré de l'Haut (1284 m). C’est ici, alors que nous recommençons à monter, que nous tombons à nouveau sur de la neige… et cette fois-ci, ce n’est pas juste une plaque isolée dans un endroit particulièrement à l’abri du soleil. Nous avons franchi une frontière invisible, au-dessus de laquelle tout est blanc et où la saison n’est plus celle dans laquelle nous marchions il y a dix minutes. Dans un premier temps nous avançons sans difficulté : nous marchons sur ce qui était une piste de ski de fond encore tout récemment, et la neige damée supporte facilement notre poids. Mais au-dessus du chalet du Mazel (1417 m), nous quittons la piste préparée pour remonter vers la crête et vers des pentes plus raides. Petit à petit la neige devient plus profonde, même si l’épaisseur est très variable : par endroits on voit les racines des arbres à travers la couverture blanche alors qu’ailleurs, dans les creux ombragés du terrain, il y en a 30 centimètres, voire un peu plus. Nous avançons lentement, glissant d’un demi-pas en arrière avec chaque pas vers l’avant. Il n’y a pas assez de neige pour justifier l’utilisation de raquettes (de toute façon, nous n’en avons pas), mais il y en a suffisamment pour rendre la randonnée plus fatigante que prévu. Je suis néanmoins confiant que les conditions vont s’améliorer : nous sommes sur le versant nord du Mont Tendre, une fois que nous serons sur la crête, la neige disparaîtra aussi vite qu’elle est apparue, c’est certain.
 
Nous atteignons la crête au niveau du Chalet du Mont Tendre (1613 m), pas très loin du sommet. Il y a effectivement moins de neige ici que dans les combes situées au nord et la couverture est moins continue, nous permettant de l’éviter en suivant une trace serpentine d’une plaque herbeuse à la suivante. Nous déjeunons sur un banc, dos au mur en bois du chalet et face au soleil devenu chaud. Un jeune couple anglophone fait de même sur un banc voisin : nous les reverrons plusieurs fois au cours de l’après-midi. Plusieurs groupes de randonneurs descendent vers nous depuis le sommet : ils sont tous bien emmitouflés alors que nous sommes en T-shirt, il doit y avoir du vent là-haut. 
 
Depuis le chalet où nous avons mangé, il ne faut qu’un quart d’heure pour arriver au sommet du Mont Tendre (1678 m), point culminant du Jura suisse. Le sommet est un plateau herbeux que traverse encore un de ces murs de pierres sèches. Celui-ci est particulièrement impressionnant : il s’en va dans les deux directions, parcourant les creux et les bosses de la crête comme une Grande Muraille de Chine en miniature. Vers le sud et l’est, au-delà de la vaste étendue du Léman, toute la chaîne alpine s’étale devant nous, avec les Dents du Midi très en vue juste en face de nous.
 
Nous commençons la descente par le versant sud qui sera certainement libre de neige… sauf qu’il ne l’est pas, mais vraiment pas du tout. Nous ne le savons pas encore, mais pendant les trois heures qu’il nous reste à marcher aujourd’hui, nous ne quitterons pas la neige une seule seconde. Nous descendons la pente sommitale relativement raide, avant d’atteindre un long replat au chalet du Servan (1547 m). La neige semble brièvement vouloir nous abandonner, mais le terrain devient alors plus boisé et le manteau blanc redevient plus épais.
 
Je commence à me sentier fatigué alors que nous traversons le Grand Cunay (1573 m), le second sommet de la journée. Je commence à me dire qu’il serait temps que nous arrivons à notre destination, mais la carte n’est pas du même avis : il nous reste encore cinq kilomètres de montées et de descentes, la plupart du temps en forêt, avant de pouvoir penser à la bière fraîche et à la douche chaude. Nous sommes désormais un peu plus bas et la neige est devenue mouillée : petit à petit, je sens que mes chaussures sont en train de renoncer au combat après cinq heures de marche sur neige, et que mes pieds sont en train de prendre l’eau. Quand nous arrivons enfin au col du Marchairuz, il est six heures moins le quart et nous marchons depuis 8 heures. Si j’avais su qu’il y aurait autant de neige, je pense que j’aurais cherché un autre itinéraire à plus basse altitude. Je pense à l’étape de demain, assez longue et seulement un peu plus basse qu’aujourd’hui : voulons-nous vraiment refaire une journée comme celle-ci ? Peut-être ferions-nous mieux de descendre au Sentier en bus et faire une balade de l’autre côté de la Vallée de Joux, où il y a visiblement moins de neige. Mais le bus ne circule qu’en été et, selon l’horaire à l’arrêt de bus du col, l’été ne commence que dans deux semaines. Nous nous tiendrons au plan initial, neige ou pas.

Les critiques en ligne de l’hôtel du col du Marchairuz ne sont pas vraiment élogieux, mais nous sommes très agréablement surpris par ce que nous y découvrons. La salle du bar est chaleureuse et cossue, le personnel est bavard et sympathique, notre chambre est claire et spacieuse et tout semble avoir été rénové récemment. Dans les couloirs et escaliers, des centaines de livres attendent à être empruntés le temps d’une soirée ou deux. La bière fraîche et la douche chaude se succèdent comme il se doit, puis, étant donné l’ambiance neigeuse, le choix de la fondue s’impose pour le souper. C’est l’une des meilleures fondues que je me souviens d’avoir mangé, élevée par l’ajout d’herbes de montagne. A une table voisine, deux locaux dégustent un rôti de bœuf tout en débattant les mérites respectifs de la culture de carottes ou de choux de Bruxelles. Une bonne bouteille de Dézaley pour arroser le tout et – je sais que je l’ai déjà écrit plus d’une fois – parfois la vie est juste parfaite. 

Etape suivante
Etape précédente

Tourengänger: stephen
Communities: Randonneur


Minimap
0Km
Klicke um zu zeichnen. Klicke auf den letzten Punkt um das Zeichnen zu beenden

Galerie


In einem neuen Fenster öffnen · Im gleichen Fenster öffnen


Kommentar hinzufügen»