Du nord au sud : Quatorzième étape, de Giswil à Melchsee-Frutt


Publiziert von stephen , 22. September 2018 um 18:35.

Region: Welt » Schweiz » Obwalden
Tour Datum:16 September 2018
Wandern Schwierigkeit: T3+ - anspruchsvolles Bergwandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: CH-BE   Westliche Melchtaler Alpen   Östliche Melchtaler Alpen   CH-OW 
Zeitbedarf: 6:15
Aufstieg: 1815 m
Abstieg: 375 m
Strecke:Giswil - Kleine Melchaaschlucht - Älggi - Abgschütz - Melchsee-Frutt
Zufahrt zum Ausgangspunkt:cff logo Giswil
Zufahrt zum Ankunftspunkt:cff logo Melchsee-Frutt

English version here

De Giswil, le Trans Swiss Trail fait une grande boucle vers le nord avant de virer définitivement en direction du sud, vers le col du Gotthard et le Tessin. Je connais déjà les étapes entre Giswil et Altdorf et n'ai pas spécialement envie de les refaire car, même si les vues sur le lac des Quatre Cantons sont belles, on marche souvent à proximité de l'autoroute. Je décide donc d'abandonner provisoirement l'itinéraire national No. 2 et de rester plus au sud, passant au milieu des montagnes au lieu de les contourner. De Giswil, je rejoindrai la vallée de la Reuss en passant par Melchsee-Frutt et Engelberg. Je serai en partie en terrain connu, mais au moins j'éviterai l'autoroute.

Il fait beau en ce dimanche de la mi-septembre, mais la fraîcheur de l'air matinal et les feuilles qui se détachent doucement des arbres de la Zentralstrasse alors que je me dirige vers à la gare ne laissent pas de doute : l'été va bientôt céder sa place à l'automne. Depuis le train qui longe le lac de Sarnen, cette impression se renforce : des nappes de brume très automnales flottent au-dessus de l'eau et le long des collines qui surplombent la rive opposée.

Je quitte Giswil (484 m) à 9 heures 45, tout d'abord le long de la route cantonale, puis sur un sentier raide qui remonte en lacets serrés au-dessus de celle-ci, avant de plonger dans la vallée sauvage et isolée du Klein Melchtal. Cette vallée encaissée n'a ni route, ni village, juste quelques bâtiments agricoles et un torrent bouillonnant, la Kleine Melchaa. Le sentier se transforme en piste qui entre dans une gorge profonde, tout d'abord en surplomb au-dessus du torrent, puis juste à côté de celui-ci. Dans cette vallée boisée règne une ambiance que je qualifierais de troublante : je suis absolument seul sur le chemin et je ne peux pas m'empêcher, toutes les deux ou trois minutes, de lancer un regard en arrière par-dessus mon épaule, au cas où… La piste franchit le torrent à plusieurs reprises sur de petits ponts en béton, parfois à la base de parois rocheuses d'une hauteur impressionnante, où de petites cascades m'offrent une douche gratuite lorsque je passe à proximité. Sur le faux-plat montant de la piste, je gagne de l'altitude presque sans m'en rendre compte : au point où je quitte enfin la gorge par son versant est, j'ai presque atteint la barre des mille mètres.

Je remonte par un sentier raide, dans une forêt dont certains arbres commencent à revêtir leurs habits orange d'automne. Le sentier traverse une route d'alpage à 1137 mètres, puis devient indistinct et difficile à suivre alors qu'il continue de monter droit dans la pente raide. Le son des cloches de vaches invisibles annonce la fin de la forêt et, en effet, quelques minutes plus tard, je quitte le couvert des arbres pour l'alpage de Schwand (1309 m), avec sa vieille grange blottie sous un arbre qui doit être bien plus vieux encore.  

Un peu plus haut, le sentier rejoint une petite route goudronnée, que je dois maintenant suivre jusqu'au hameau alpestre d'Älggi. Une jeune femme sur un VTT me dépasse, avançant lentement dans la pente raide. En deux heures de montée depuis Giswil, elle est la seule autre personne que j'ai vue. Vingt minutes plus tard, elle est encore visible devant moi, avançant à peine plus vite à vélo que moi à pied.

Vers 12 heures 45, j'atteins Älggi (1647 m), où quelques chalets sont éparpillés sur un grand plateau d'alpage, avec une chapelle et un restaurant. Ce plateau marécageux surprend après le Klein Melchtal sombre aux pentes densément boisées que je viens de quitter. A son extrémité sud, l'alpage est fermé par une bande rocheuse surmontée de conifères. Selon la carte, Älggi est le centre géographique de la Suisse (même si ce n'est pas le seul endroit du pays qui revendique cet honneur). Jusqu'à maintenant je n'ai vu personne mise à part la jeune femme à VTT, mais ici il y a du monde : randonneurs, cyclistes ou encore familles montées en voiture pour manger au centre du monde civilisé. Je m'assois sur un banc devant un bâtiment agricole pour manger mes sandwiches, étonné d'être aussi fatigué… puis je regarde la carte et me rends compte que je viens de monter 1200 mètres en trois heures, pauses comprises… mon point de départ à Giswil était en fait 200 mètres plus bas que je pensais !

J'ai plusieurs options pour la suite. Les panneaux jaunes indiquent deux heures et demie pour Stöckalp, trois heures jusqu'à Melchtal et autant pour Melchsee-Frutt. Les trois destinations offrent la possibilité de continuer jusqu'à Engelberg lors de la prochaine étape. J'opte finalement pour Melchsee-Frutt, un peu au hasard, peut-être attiré par le Seefeldsee sur la carte. Je ne connais pas l'itinéraire et n'ai aucune idée de sa difficulté. Je vais bientôt le savoir…

Avec mes sandwiches et ma banane engloutis, je me remets en marche. Le début est raide : il faut escalader la petite barre rocheuse qui borde l'alpage du côté sud. Le sentier est étroit et rocheux, le rocher est gras et humide. Il y a des chaînes, et une petite échelle à un endroit (T3). Cette courte section raide - petit avant-goût de ce qui viendra plus tard - peut être évitée en suivant la piste qui contourne la barre rocheuse par le nord ; les deux itinéraires se rejoignent un peu plus haut. Au-dessus de la barre rocheuse, je poursuis mon chemin par des pâturages parsemés de gros blocs, avant de retrouver la piste qui remonte en quelques lacets jusqu'au haut plateau de Sachsler Seefeld (1821 m). Il y a deux lacs ici : les plus grand est d'un vert-gris foncé, devant un arrière-plan composé de montagnes grises et déchiquetées. Le soleil a disparu, faisant place à des nuages bas qui accentuent le caractère inhospitalier de ce paysage. Le deuxième lac, plus petit, ne deviendra visible qu'un peu plus loin. 

Le sentier contourne le grand lac par l'ouest, gagnant de la hauteur doucement dans un premier temps, puis plus rapidement. Une longue traversée ascendant dans des pierriers avec, en ligne de mire, un col évident entre deux sommets gris. Est-ce déjà le col d'Abgschütz, point culminant de la randonnée avec son altitude très uniforme de 2222 mètres ? Quelque chose cloche quand même : je ne suis pas encore monté de 400 mètres depuis le lac et, en plus, je suis déjà passé par Abgschütz et le col n'avait pas cette physionomie-là. En effet : en arrivant au col, au lieu de surplomber Melchsee-Frutt, c'est une vue plongeante dans une vallée déserte qui m'attend. Le vrai col est encore plus loin.

Je fais une pause pour boire à ce col inattendu (Chringengrätli, 2049 m), puis continue dans le versant sud sur un sentier étroit qui descend de quelque 80 mètres, sous des falaises de plus en plus imposantes à gauche. Même si le sentier est bon, la sensation est de plus en plus aérienne : à droite, ça descend bien.  J'arrive à une bifurcation de sentiers où, de manière complètement inattendue, un panneau m'indique de tourner à gauche, apparemment dans la direction d'où je viens. Je remonte vers la base des falaises, qui me paraissent infranchissables… le doute commence à s'installer. L'après-midi est devenu gris et humide, je suis seul sur cette montagne ; c'est un peu intimidant et je n'ai pas vraiment envie d'y aller. Mais l'envie de faire demi-tour et de redescendre par le même chemin n'est pas très forte non plus, et je décide quand même de continuer.

En montagne, je suis plutôt timide devant les passages difficiles. J'ai une règle d'or, surtout quand je suis seul : ne jamais monter quelque chose que je ne serais pas capable de redescendre. Aujourd'hui je crois que je n'ai pas respecté la règle, mais quand je m'en suis rendu compte il était déjà trop tard. Par je ne sais quel artifice, le sentier balisé se faufile un passage à travers les barres rocheuses. A chaque fois que la sortie paraît impossible, un virage à droite ou à gauche débouche sur une vire qui permet d'avancer encore. Pendant un quart d'heure c'est quand même assez exposé, avec du vide à la fois derrière et à droite. Des chaînes permettent aux mains de s'accrocher et quelques échelons métalliques viennent au secours des pieds, mais le rocher est humide et glissant. Vient le moment où je suis certain que je ne pourrai plus ni avancer ni reculer, mais en me mettant à genoux sur le rocher j'arrive à surmonter cette dernière difficulté et de retrouver un terrain un peu plus sécurisant. Cela reste exposé, mais au moins il y a un sentier qui remonte en lacets dans la pente herbeuse au-dessus de la falaise. A présent, je suis juste au-dessus du col que j'ai quitté il y a une demi-heure : jamais je n'aurais imaginé que le chemin passerait par ici. Ce passage est balisé rouge et blanc… mériterait-il le bleu-blanc ? Peut-être… en tout cas, c'est à la limite et je ne voudrais pas m'y engager dans le sens de la descente. Rétrospectivement, même à la montée, je n'aurais pas dû.

La combinaison de l'effort physique et de la peur a fait emballer mon rythme cardiaque ; je m'arrête donc pour laisser mon corps et ma tête retrouver un peu de sérénité. Deux randonneurs arrivent en sens inverse : ils ont l'air de savoir ce qu'ils font. Je leur demande s'il y a encore des passages délicats au-dessus et reçois une réponse qui me rassure : le sentier longe la falaise mais il n'y a plus de difficultés et plus de passages câblés. L'un des deux enfonce ses mains dans les poches et me dit : "Je suis descendu comme ça". Je suis donc surpris lorsque, dix minutes plus tard, je retombe sur un passage quasi vertical sécurisé par des chaînes. Ce passage est plus court que le précédent et la sensation de vide est moindre. Mais quand même : pourquoi m'ont-ils dit qu'il n'y avait plus de chaînes alors qu'ils ont dû passer par ici il y a moins de 10 minutes !  Mensonge, moquerie, je n'en sais rien. Peut-être qu'avec les mains dans les poches, ils n'ont tout simplement pas vu les chaînes…

Au-dessus de ce second passage câblé, les difficultés sont vraiment terminées. Les barres rocheuses font place à un pâturage presque plat, avec une vue plongeante sur le Sachsler Seefeld et son lac. Au loin, vers le sud-ouest, on voit scintiller le lac de Brienz. Trois membres d'une famille sont en train d'admirer la vue : il y a manifestement le grand-père, la maman et le fils âgé de 8 ou 9 ans. Une nouvelle fois, je demande s'il y a encore des passages délicats et cette fois-ci, ma question donne lieu à des regards d'incompréhension… en effet, je ne le sais pas encore, mais le col d'Abgschütz n'est qu'à 50 mètres, et ces 50 mètres sont aussi difficiles à traverser qu'un fairway de golf ! D'ici à Melchsee-Frutt je connais le chemin et je sais qu'il est facile, je peux respirer.
Sans doute en raison d'une baisse de tension et de concentration, je passe devant le début du sentier qui descend du côté est du col et pars dans une direction complètement fausse. Je ne m'en rends compte que trente mètres plus bas, étonné par l'absence de sentier. Le grand-père a vu mon erreur et me fait des grands signes de la main. Je remonte, remercie la famille qui doit penser que je suis un amateur de tout premier ordre et descends vers le Blausee et le Melchsee.

Même s'il ne comporte pas de difficultés techniques, ce sentier est assez raide et comporte quelques pièges : sous mes pieds, la terre durcie par la sécheresse a récemment reçu une averse de pluie qui l'a rendu extrêmement glissant. Vers l'est d'ailleurs, il pleut et les nuages sont descendus jusqu'au niveau des lacs. Cela a quand même l'avantage de cacher les immeubles laids de la station de Melchsee-Frutt. Quelques gouttes de pluie m'incitent à sortir ma veste et le couvre-sac, mais la pluie ne commence jamais pour de vrai. Je dépasse à nouveau les trois membres de la famille, qui se sont arrêtés pour regarder quelque chose… et tout de suite après, pour la deuxième fois en une demi-heure, je loupe une bifurcation et prends la direction de Stöckalp au lieu de celle du Melchsee. Une nouvelle fois, je remonte vers eux, embarrassée. Ils ne disent rien mais je vois clairement le mot "amateur" qui se forme dans leur pensée. Le garçon me regard d'un air particulièrement dédaigneux. Peu après, j'arrive en bas de la descente, au bord du petit Blausee (1916 m), blotti sous les falaises noires du Glogghüs et du Hochstollen. Sous le ciel devenu menaçant, le lac ne porte pas très confortablement son nom aujourd'hui.

Il ne me reste plus qu'un quart d'heure de plat pour atteindre la gare de télécabine de Melchsee-Frutt (1923 m), où se termine cette randonnée plus mouvementée que prévu. Je descends en cabine jusqu'à Stöckalp, où j'arrive trois minutes trop tard pour le car postal de 16 heures 39. Cinquante-sept minutes d'attente donc. Mais nous sommes en Suisse : là où il y a une télécabine, il y a aussi un restaurant, une terrasse et de la bière fraîche…
 
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Tourengänger: stephen
Communities: Randonneur


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