Bisse du Ro

 Lundi matin à Crans. Le froid et la neige du week-end ont laissé place à un temps frais, mais qui va visiblement vers le mieux.

Depuis l’arrêt de bus au centre de la station, nous montons par la route jusqu’au départ du téléphérique, puis sur des sentiers passant entre les chalets de Plans-Mayens pour trouver le début du sentier du bisse.

Après un kilomètre de sentier facile en forêt, nous arrivons à un panneau de mise en garde, indiquant qu’il faut une heure de marche pour parcourir le bisse et que l’itinéraire est dangereux.  Presque tout de suite, les choses sérieuses commencent avec ce passage souvent photographié près d’un arbre suspendu au-dessus de l’abîme.  Le sentier passe sur des planches elles-mêmes suspendues au-dessus du vide, sous un grand surplomb. C’est impressionnant mais le garde-corps côté vide offre un sentiment de sécurité. En fait, le principal risque est de se cogner à la paroi avec sac à dos ou bâtons et de se déséquilibrer.

Après ce premier passage aérien l’itinéraire devient provisoirement plus facile, passant sous d’immenses parois rocheuses et quelques petites cascades qui offrent la douche gratuite et froide.

Nous arrivons alors aux deux passages les plus délicats. Tout d’abord, pour franchir un grand ravin latéral, une longue traversée dans du terrain schisteux. Ici, le sentier devient très étroit et il n’y a pas de protection côté vide, juste une corde côté montagne. Ce passage se termine par une courte traversée exposée sur une planche et une petite montée où il n’y a aucune main courante, faute de points d’ancrage j’imagine.

Un peu plus loin, le dernier passage difficile est une traversée sur une vire rocheuse sous un grand surplomb. La roche est humide et glissante, la sensation de vide est très marquée et là aussi, il y a juste une main courante côté montagne. Je ne tiens pas debout sous ce surplomb, je suis obligé de passer moitié accroupi, moitié à genoux.

Les difficultés sont alors terminées. Le sentier continue dans du terrain moins raide, à la base des falaises plutôt qu’en pleine paroi. Nous arrivons à une jonction de chemins (1662 m) sous l’Er de Chermignon ; il suffit alors d’une grosse heure de marche sur une piste carrossable au milieu des vaches pour atteindre le lac de Tseuzier (1778 m).

La bise souffle fort à Tseuzier. Le froid est glacial, les sommets autour sont saupoudrés de neige fraîche. Nous n’y traînons pas, mais redescendons jusqu’au replat de Vatseret (1702 m) pour casser la croûte à l’abri du vent.

Le retour à Crans est plus facile, mais pas aussi facile qu’on pourrait croire vu le balisage jaune – il y a quand même des passages escarpés où il faut fire attention.  Nous descendons pour franchir un gros torrent sur un pont au Pra du Taillour (1357 m), d’où part le sentier du Bisse de Lens (panneau vert fluorescent déconseillant ce sentier aux personnes sujettes au vertige). Pour notre part, nous prenons le sentier balisé jaune qui remonte un peu, puis se faufile dans un terrain un peu moins vertical, au-dessus du bisse de Lens et en-dessous de celui du Ro. On passe un petit tunnel creusé dans la roche, suivi d’une montée très raide et glissant pour franchir un ravin – ici, le sentier doit souvent être emporté. Enfin, nous descendons sous une immense falaise avant de retrouver une piste plus large qui nous ramène, en une demi-heure environ, aux grands chalets de Crans, avec leur décor luxueux mais parfois terriblement kitsch…