Du Léman à la Vanoise, sur l'itinéraire de la Grande Traversée des Alpes : deuxième partie


Publiziert von stephen , 8. August 2018 um 13:01.

Region: Welt » Frankreich » Haute-Savoie » Haut-Giffre
Tour Datum:25 Juli 2018
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Geo-Tags: CH-VS   F 

 Première partie

Jour 4 : Refuge de Chardonnière - col de la Golèse - Tête de Bostan - col de Bossetan - Pas au Taureau - lac de la Vogealle - refuge de la Vogealle. +1400 m, -800 m, T4

Cette étape dans le massif des Dents Blanches est probablement la plus difficile de la quinzaine du point de vue technique, avec le passage du Pas au Taureau à franchir. Notre guide est préoccupé : il y a deux semaines, un autre groupe de la même agence a dû faire demi-tour ici en raison de la quantité de neige résiduelle, avec en fin de compte une journée de 11 heures de marche. La météo caniculaire aura-t-elle suffisamment fait fondre la neige entre temps ?

Nous quittons le refuge et remontons assez doucement, d'abord en forêt puis par des pâturages, jusqu'au col puis au refuge de la Golèse (1671 m). La montée devient ensuite plus raide, le long de la large crête herbeuse qui mène à la Tête de Bostan (2406 m). Je suis surpris de voir que nous avons déjà accompli 1,000 mètres de dénivelée positive : cela a été beaucoup plus facile que la montée tropicale en forêt d'hier. A notre droite, le massif des Dents Blanches est un impressionnant enchaînement de tours, de pinacles et de falaises. Le temps est plus instable que les jours précédents : au nord, le ciel est chargé de cumulonimbus et quelques grondements lointains de tonnerre se font entendre. Mais nous aurons de la chance - comme tous les jours d'ailleurs - les orages tomberont ailleurs.

Depuis la Tête de Bostan, on a une vue dégagée sur le Pas au Taureau juste en face. Le guide est rassuré : il y a des névés sur les pierriers en bas, mais le passage clé est complètement libre de neige. Nous descendons par un sentier étroit et un peu exposé par endroits jusqu'au col de Bossetan (2290 m). Nous sommes à la frontière franco-suisse : d'ailleurs, il y a un panneau de balisage tout ce qu'il y a de plus suisse au col.

Maintenant vient la partie plus technique de la journée. Nous remontons par des pentes recouvertes d'éboulis, traversons deux névés dont un relativement raide, puis gravissons un sentier qui monte en lacets gravillonnés et glissants, où chaque pas en avant est suivi d'un demi-pas involontaire en arrière. Nous arrivons enfin à la base de la cheminée qui permet d'accéder au col. Presque verticale, cette cheminée est équipée d'un câble à main gauche et d'une corde à main droite. Les prises pour les mains et les pieds sont bonnes, ce n'est pas vraiment difficile et, puisqu'on monte face au rocher, on peut assez aisément oublier le vide en dessous. Au-dessus de la partie câblée, deux ou trois lacets suffisent pour m'amener au col (2555 m). Depuis le col, la vue est somptueuse : un grand cirque encore bien enneigé avec, dans son fond, le lac de la Vogealle. Nous descendons un peu par un sentier très raide et glissant, avant de trouver des replats herbeux où nous pouvons manger et faire la sieste sous le soleil redevenu chaud après les menaces d'orage de la matinée.

Les difficultés ne sont toutefois pas finies : le sentier qui descend jusqu'au lac est raide et, par endroits, longe le bord crevassé de grands névés sous lesquels on pourrait facilement glisser en cas d'un faux pas. Plus bas, où la pente est moins raide, nous pouvons marcher et glisser directement sur la neige, jusqu'à ce que nous arrivions enfin au bord du lac, dont la couleur varie du bleu au gris d'une minute à l'autre. Au-delà du lac, les falaises qui descendent du Pic de Tenneverge sont des murailles énormes.

Nous arrivons au refuge de la Vogealle, où une oie s'amuse à attaquer les pieds des randonneurs pendant qu'ils dégustent des bières en terrasse. Le refuge est bondé : il faut faire la queue pour se doucher et au réfectoire, c'est dans une ambiance bruyante que nous découvrons les diots, saucisses savoyardes qui reviennent encore et toujours au menu des hébergements du coin. Dans le dortoir, les échelles pour monter aux lits supérieurs sont très design mais peu adaptés aux pieds. Heureusement je dors bien et n'ai pas besoin de me lever pendant la nuit !
 

Jour 5 : Refuge de la Vogealle - le Bout du Monde - Cirque du Fer à Cheval - Sixt-Fer-à-Cheval - Salvagny. +100 m, -1200 m, T3

Après l'étape longue et technique de la veille, celle-ci est beaucoup plus facile. Nous quittons le refuge (1905 m) vers huit heures dans une fraîcheur agréable qui fait vite place à un soleil déjà fort qui ne cessera de nous griller tout au long de la journée. Nous passons au chalet-buvette de Boret (1388 m) puis, laissant de côté la descente la plus courte par le pas du Boret, que le guide considère comme trop dangereuse, nous continuons en descente plus douce vers le fond de la vallée, que nous atteignons au lieu-dit Le Bout du Monde (1222 m). Quelques courts passages glissants au-dessus de petites barres rocheuses nécessitent de la prudence (la cotation T3 vaut uniquement pour ces passages, autrement c'est un bon T2). Nous sommes tout au bout d'une vallée qui ne va nulle part : de tous les côtés, il y a des falaises, des cascades et encore des falaises. Un pont suspendu un peu trop mobile à mon goût constitue l'obstacle le plus sérieux de la journée.

Vient ensuite un replat interminable : des kilomètres et des kilomètres de plat sur une piste gravillonnée, sous un soleil agressif de plus en plus chaud. Le seul endroit à l'abri de ce cagnard est une immense grotte de neige qui s'est formée sous une vieille coulée d'avalanche. Nous croisons de plus en plus de monde, des gens venus en famille pour se balader dans cette vallée belle et sauvage.  Au cirque du Fer à Cheval, impressionnant par ses hautes falaises, une fontaine me permet de faire le plein d'eau : mes trois litres sont déjà épuisés. Ensuite il faut marcher et marcher encore, toujours à plat, jusqu'à ce qu'enfin les tendons au-dessus de mes chevilles commencent à crier que ça suffit. Nous arrivons au village de Sixt-Fer-à-Cheval, mais notre gîte se trouve deux kilomètres au-delà du village et une centaine de mètres plus haut : c'est la seule montée de la journée. Nous arrivons au gîte à 15 heures mais il n'ouvre qu'une heure plus tard : il n'y a rien d'autre à faire que d'attendre dans le jardin derrière le gîte, en combattant les taons et moustiques qui n'ont pas tardé à nous repérer. Une fois ouvert, le gîte s'avère confortable : il y a de la bière artisanale et on mange bien… c'est quasiment le seul soir de la quinzaine où on nous sert des légumes verts.

 
Jour 6 : Salvagny - collet d'Anterne - col d'Anterne - refuge de Moëde Anterne. +1300 m, -300 m, T2

Nous commençons la journée au pied de la cascade du Rouget (956 m), gagnant vite de l'altitude sur un chemin en forêt qui coupe et recoupe les lacets d'une petite route. Une bonne partie de la montée de cette étape se faite à l'ombre : heureusement, car il fait encore très chaud. Plus haut, à la belle cascade de la Sauffaz (1429 m), un arc-en-ciel s'est formé dans l'eau. La première montée se termine au collet d'Anterne (1796 m) où, pour la première fois, le massif du Mont Blanc apparaît brièvement, avant d'être recouvert par des cumulus.

Nous traversons alors un grand et beau replat herbeux, dominé par le Mont Buet à gauche et la chaîne des Fiz à droite et devant.  Nous remplissons nos gourdes au refuge Alfred Wills (1810 m), puis le guide nous emmène hors sentier, nous faisant monter au lac d'Anterne par une grande zone de lapiaz. Dans ce paysage chaotique nous montons, descendons, tournons autour de trous, de crevasses et de bosses, avant d'émerger miraculeusement à l'extrémité est du lac (2061 m), où nous pique-niquons. Après manger, une grosse demi-heure suffit pour atteindre le col d'Anterne (2257 m) avec sa vue merveilleuse sur tout le massif du Mont Blanc, qui s'est nettement rapproché maintenant. La descente au refuge de Moëde Anterne (2002 m) est raide mais courte et, vers 16 heures, nous sommes en train de déguster des pintes de bière du Mont Blanc tout en admirant la vue. Une fois de plus, l'hébergement est confortable et la douche est chaude. Au souper, il y a le choix entre diots, spaghettis ou fondue… ceux qui ont pris la fondue regrettent vite leur choix : elle est tellement liquide qu'il faudrait presque une paille pour la manger ! Les pâtes sont correctes mais, après quelques soupers de très bonne qualité, cette nourriture de refuge "de base" ne laissera pas un grand souvenir. Après, certains sortent pour voir l'éclipse annoncée : pour ma part, je me couche et m'endors rapidement.
 

Jour 7 : Refuge de Moëde Anterne - pont d'Arlevé - col du Brévent - Planpraz. +700 m, -700 m, T2

La première semaine de nos vacances savoyardes se termine par une courte étape qui nous mène jusqu'à la vallée de Chamonix. Le bulletin météo n'annonce "rien de bon" selon le personnel du refuge et, en effet, c'est la matinée la plus nuageuse depuis le début. Il y a encore du ciel bleu mais aussi des averses qui tombent pendant que nous déjeunons : ce sera l'un de ses jours où on ne sait pas s'il faut s'équiper contre la pluie ou se déshabiller en raison de la chaleur. Tout le monde met le protège-sac, certains revêtent la veste Goretex… Isabelle va jusqu'à enfiler son pantalon imperméable, ce qui suffira pour que la pluie évite de nous tomber dessus jusqu'à la fin de l'étape !

Nous descendons par les chalets de Moëde jusqu'au pont d'Arlevé (1592 m), au fond de la vallée très encaissée de la Diosaz. De l'autre côté du torrent, nous quittons le massif des Fiz pour celui des Aiguilles Rouges. Une longue traversée ascendante pas trop raide remonte sous les falaises du Brévent. Les nuages deviennent de plus en plus noirs et de plus en plus bas, les sommets des Fiz se cachent les uns après les autres… mais le massif fait encore barrière et la pluie ne tombe pas. Juste avant le col du Brévent, il faut traverser un névé bien raide : je trouve ces quelques pas en dévers sur la neige bien plus compliqués que le Pas au Taureau ! Peu après, nous arrivons au col (2368 m), avec sa vue panoramique sur le Mont Blanc… mais pas aujourd'hui, hélas : les nuages ont englouti les sommets, il n'y a rien à voir. Nous descendons rapidement à Planpraz, où nous mangeons la salade que le guide a préparée avant de terminer la descente en télécabine. Au moment même où nous finissons de marcher, il se met enfin à pleuvoir.

A Chamonix, nous disons au revoir à deux membres du groupe qui se sont inscrits pour une semaine de marche seulement. Demain, ils seront remplacés par trois nouveaux. Le temps de faire une grosse série de lessives dans notre chambre d'hôtel aux Houches, le soleil et la chaleur sont de retour. Nous prenons le bus pour Chamonix, achetons quelques articles de sport dont nous n'avons pas vraiment besoin, prenons l'apéro en terrasse, mangeons une pizza en terrasse également… cette coupure en milieu de randonnée est un peu bizarre, mais il y a pire comme endroit que Chamonix !

Troisième partie

Tourengänger: stephen
Communities: Randonneur


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Kommentare (1)


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mb4 hat gesagt: Artiste
Gesendet am 8. August 2018 um 23:17
Impressionante dessin.


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