Le Cheibehorn par le Chirelgrat

Une petite hésitation quand même pour la difficulté de la rando. L'arête (Chirelgrat) en elle-même n'est pas si difficile que ça, probablement du T4, voire T4+, même si par endroit elle est très aérienne et l'on sent bien le vide des deux côtés. Par contre, les accès à l'arête sont plutôt difficiles (en tous cas les variantes choisies) avec à la montée une traversée à flanc de coteau, entre barres de rochers et rhododendrons, et pour la descente, un "droit en bas", au seul endroit possible, probablement du T5-. Et bien entendu, le tout était complétement gelé...

La voiture est parquée bien sagement à la fin de la route goudronnée juste au-dessus de Ramse, vers 1460m. Depuis là, on suit la route gravillonnée en passant par Abendmatte jusqu'au Bütschi à 1938m. Ouf, déjà 500m de faits! On profite ici de régler une dernière fois l'altimètre.
Depuis Bütschi, on voit parfaitement une sente qui court juste sous les rochers vers la courbe de 2000m. On remonte donc le pâturage en direction du pt 2165, puis arrivé à 2000m, on repart l'altimètre en main vers le nord-est en contournant les rochers par le bas; il y a surtout un rocher où je conseille de désescalader sur une quinzaine de mètres, de contourner le rocher, puis de remonter "droit en haut" une ravine pour retrouver la courbe du 2000m. (cela nous a semblé plus sûr que de passer par-dessus un rocher). Ensuite, il suffit de traverser jusqu'à l'arête en conservant bien l'altitude.
Maintenant, il reste à suivre le fil de l'arête jusqu'au point sommital du Cheibehorn en prenant garde aux grosses plaques rocheuses, peu stables, que l'on trouve juste sous le sommet.

Pour la descente, on a choisi la même arête que l'on suit jusqu'à son point le plus bas (vers pt 2174). Puis l'on est descendu plein ouest, c'est-à-dire vraiment droit en bas, dans la seul ravine praticable: sur la gauche, il y a des plaques rocheuses; sur la droite, 3 petits sapins; au départ, un soupçon de sente. Le terrain est bon malgré le sol complétement gelé. Dans la partie basse, le terrain devient plus raide et plus caillouteux. Finalement l'on se retrouve dans un pierrier.
Depuis là, on coupe jusqu'aux petits lacs vers le pt 2012. A Bütschi, on retrouve la route que l'on empreinte jusqu'à la voiture.

Temps: 4h20 pour la montée, 2h pour la descente. Pauses comprises, sauf celle du sommet.

Merci à Andy pour avoir partagé cette superbe journée!


Pour couper court aux éventuels messages privés que je reçois régulièrement suite aux randos abruptes que je fais, j'aimerai publier ici ce que le CAS écrit au sujet des T5 et T6:
"L'hypothèse que la randonnée s'arrête là où l'échelle pour la haute montagne commence, est un grave malentendu, toujours et encore source de situations délicates. En réalité, une randonnée alpine en haut de l'échelle de difficulté (T5, T6) est en règle générale nettement plus exigeante que, par exemple, une course de haute montagne cotée F. Une différence décisive par rapport à une course facile de haute montagne est le fait que, dans un itinéraire T5 ou T6 (anciennement RE), on ne puisse que rarement ou pas du tout assurer avec une corde ou avec d'autres moyens, donc le terrain en question doit être absolument maîtrisé, ce qui exige un haut niveau technique tout comme aussi psychique. Les pentes herbeuses extrêmement raides, le terrain mêlé de rochers peu solides et sans trace ou les passages très exposés sur des arêtes en sont des exemples typiques. En raison des caractéristiques très différentes d'une course de haute montagne et d'une "randonnée extrême" typiques, la comparaison est très malaisée, mais on peut partir sur la base qu'un itinéraire T6 pose des exigences comparables à une course en haute montagne dans le domaine de PD à AD-!"