ViaJacobi : Etape 15, d’Amsoldingen à Riggisberg
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English version
J'ai déménagé pendant les vacances de Noël, ce qui a quelque peu limité les possibilités de randonnée. Mais le dernier jour de 2024, après deux jours passés à remplir des cartons en essayant de ne rien casser, à charger la voiture, à tout transporter d'un bout de la ville à l'autre et à empiler les cartons dans un coin du nouvel appartement, nous voilà de retour à Amsoldingen, où le brouillard est encore plus épais qu'il y a trois jours. Une fois de plus, les prévisions annonçaient du ciel bleu dès la fin de la matinée, une fois de plus, elles semblent s’être trompées.
Le brouillard gâche la première partie de cette étape de la ViaJacobi. En quittant Amsoldingen (643 m), nous devrions voir un lac : il est bien indiqué sur la carte, à une centaine de mètres du chemin sur la gauche, mais aujourd’hui, il est totalement invisible. Le bitume sous nos pieds n’aide pas non plus : en effet, les cinq premiers kilomètres de cette étape – presque une heure et demie de marche – se font sur des routes goudronnées, heureusement presque sans circulation. L’itinéraire traverse la périphérie d’une zone militaire, où fleurissent des panneaux d’avertissement qui, avec quelques arbres isolés, constituent les seuls éléments du décor qui ne soient pas rendus invisibles par le brouillard.
Nous traversons le village d’Uebschi (675 m) en constatant quand même qu’au fur et à mesure que nous gagnons de l’altitude, le brouillard semble devenir moins épais et le gris du ciel commence à prendre une teinte un peu plus bleutée derrière les arbres givrés. Mais le soleil n’arrive pas à percer et, après avoir atteint un point culminant à 713 mètres, le chemin redescend et nous replongeons dans un brouillard plus épais que jamais alors que nous nous approchons de Blumenstein. Juste avant d’atteindre le village, le sentier longe une petite rivière : ici, nous dérangeons un grand héron qui, d’un battement d’ailes paresseux, s’éloigne à travers les champs qui bordent le ruisseau.
Notre pique-nique aujourd’hui se compose des tout derniers restes des repas de Noël. Pour rendre le déjeuner un peu moins minimaliste, nous achetons un dessert à la boulangerie de Blumenstein (659 m). À l’autre bout de la rue principale, l’itinéraire balisé bifurque à droite vers le Fallbach, la petite rivière que nous avons déjà aperçue avant le village et dont nous suivons maintenant le cours vers le nord. Juste après la ferme d’Ochsenweid, le sentier traverse la rivière et pénètre dans une zone boisée, au bord de laquelle se trouve une aire de pique-nique avec deux ou trois bancs en bois. Nous nous arrêtons ici pour un déjeuner plutôt frisquet, en prenant toutefois soin de ne pas enlever nos gants pour manger – erreur commise lors de l’étape précédente, qui nous a valu des doigts gelés et douloureux !
Nous entrons en forêt et suivons un chemin qui longe le sommet d’une sorte de digue séparant le Fallbach de la rivière Gürbe : on pourrait presque s’imaginer sur la crête d’une vieille moraine. Les deux rivières se rejoignent quelques centaines de mètres plus au nord, à Langmoos (621 m) : nous traversons alors la Gürbe et suivons sa rive gauche sur un kilomètre et demi jusqu’au gros village sans caractère particulier de Wattenwil (595 m), à ne pas confondre avec Wattwil, que j’ai traversé lors d’une étape précédente de la ViaJacobi.
Nous traversons Wattenwil d’est en ouest en suivant la route principale. À la sortie du village, nous prenons une petite route qui monte en pente très raide et où il faut faire attention : la neige a fondu puis regelé, et la route est verglacée par endroits. Nous avons maintenant la nette impression d’atteindre la limite supérieure du brouillard : le ciel devient plus bleu et, sur la crête qui se dessine juste au-dessus de nous, une rangée d’arbres est complètement dégagée. L’air se réchauffe aussi à mesure que les rayons du soleil commencent à faire leur travail. A la ferme de Dornere, à 760 mètres d’altitude, nous faisons une pause pour enlever une couche de vêtements et boire un peu d’eau. Encore 30 ou 40 mètres de dénivelé et nous serons définitivement sortis du brouillard… alors nous sommes déçus de voir que le balisage nous indique de tourner à droite, sur un chemin à flanc de colline qui ne monte pas plus haut.
Nous passons entre la maison d’habitation de la ferme et une grange… puis le miracle se produit. En quittant l’ombre de la ferme, sur notre droite, soudain il n’y a plus de brouillard et, à la place, nous nous trouvons devant un panorama à couper le souffle. Toute la chaîne des Alpes bernoises est apparue d’un seul coup, sommet enneigé après sommet enneigé, au-dessus de la mer de brouillard qui couvre la plaine. Au premier plan c’est le Stockhorn qui se dresse, sombre et vertical au-dessus de Thun : nous avons passé deux étapes à le côtoyer sans le voir jusqu’à maintenant. Plus loin se trouve la pyramide blanche du Niesen ; puis le trio Eiger-Mönch-Jungfrau, cimes enneigées au-dessus de faces nord plongées dans l’ombre ; et enfin la silhouette pointue du Schreckhorn. Juste en contrebas, une petite crête boisée sort à peine sa tête du brouillard, seules les branches les plus hautes des arbres émergent de la couche blanche. Ce serait une vue magnifique en toute circonstance, mais l’effet surprise de cette apparition soudaine la rend encore plus magique.
Nous suivons un sentier enneigé qui traverse à altitude plus ou moins constante jusqu’à une autre ferme à Stauffenbühl, où un groupe d’enfants joue dans la neige : l’un des garçons porte un gros rat brun et blanc, manifestement domestiqué, sur son épaule. Un petit raidillon nous fait monter jusqu’à 777 mètres, d’où il y a une jolie vue sur le Niesen, mis en valeur par un arbre isolé au premier plan. Au nord, le château de Burgistein trône sur une butte herbeuse dont les pentes orientées au sud sont dégagées de neige. L’itinéraire suit une petite route qui descend vers le village qui se trouve dans le vallon sous le château, avec toujours cette vue imprenable sur les Alpes bernoises. Dans un pré bordant la route, quelques alpagas (ou lamas, j’avoue ne pas trop savoir les distinguer) ne semblent pas vraiment à leur place, debout dans la neige avec l’Eiger en arrière-plan.
Nous quittons la route et prenons un chemin agricole qui remonte vers le château : le sentier passe devant l’entrée du domaine sans se rapprocher du château lui-même. Nous redescendons ensuite vers le hameau de Weier, où quelques maisons sont regroupées autour d’un petit lac, puis remontons à nouveau par un sentier boueux jusqu’à une crête herbeuse coiffée d’arbres, juste sous la courbe des 800 mètres, le point culminant de cette étape. Il reste encore deux kilomètres à marcher jusqu’à Riggisberg, sur un chemin où les sabots des chevaux et les chaussures des randonneurs ont transformé la neige en glace dure, rendant la progression lente et quelque peu compliquée. Nous atteignons Riggisberg (765 m) avec vingt minutes d’avance sur le départ du bus qui va à la gare de Toffen : très vite, la route plonge à nouveau sous la chape de brouillard, et sur le quai de la gare il fait sombre et très froid. Nous avons longtemps cru que nous allions passer toute la journée dans cette grisaille glaciale, mais le miracle s’est produit, et l’attente en valait largement la peine !
Juste après Riggisberg, la variante sud de la ViaJacobi que j’ai suivie depuis le lac des Quatre Cantons rejoint un itinéraire qui passe plus au nord, venant de Lucerne via Burgdorf et Berne. Il est donc temps de retourner à Lucerne pour faire les étapes de cette autre variante, avant de poursuivre depuis Riggisberg en direction de Fribourg, Lausanne et Genève.
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J'ai déménagé pendant les vacances de Noël, ce qui a quelque peu limité les possibilités de randonnée. Mais le dernier jour de 2024, après deux jours passés à remplir des cartons en essayant de ne rien casser, à charger la voiture, à tout transporter d'un bout de la ville à l'autre et à empiler les cartons dans un coin du nouvel appartement, nous voilà de retour à Amsoldingen, où le brouillard est encore plus épais qu'il y a trois jours. Une fois de plus, les prévisions annonçaient du ciel bleu dès la fin de la matinée, une fois de plus, elles semblent s’être trompées.
Le brouillard gâche la première partie de cette étape de la ViaJacobi. En quittant Amsoldingen (643 m), nous devrions voir un lac : il est bien indiqué sur la carte, à une centaine de mètres du chemin sur la gauche, mais aujourd’hui, il est totalement invisible. Le bitume sous nos pieds n’aide pas non plus : en effet, les cinq premiers kilomètres de cette étape – presque une heure et demie de marche – se font sur des routes goudronnées, heureusement presque sans circulation. L’itinéraire traverse la périphérie d’une zone militaire, où fleurissent des panneaux d’avertissement qui, avec quelques arbres isolés, constituent les seuls éléments du décor qui ne soient pas rendus invisibles par le brouillard.
Nous traversons le village d’Uebschi (675 m) en constatant quand même qu’au fur et à mesure que nous gagnons de l’altitude, le brouillard semble devenir moins épais et le gris du ciel commence à prendre une teinte un peu plus bleutée derrière les arbres givrés. Mais le soleil n’arrive pas à percer et, après avoir atteint un point culminant à 713 mètres, le chemin redescend et nous replongeons dans un brouillard plus épais que jamais alors que nous nous approchons de Blumenstein. Juste avant d’atteindre le village, le sentier longe une petite rivière : ici, nous dérangeons un grand héron qui, d’un battement d’ailes paresseux, s’éloigne à travers les champs qui bordent le ruisseau.
Notre pique-nique aujourd’hui se compose des tout derniers restes des repas de Noël. Pour rendre le déjeuner un peu moins minimaliste, nous achetons un dessert à la boulangerie de Blumenstein (659 m). À l’autre bout de la rue principale, l’itinéraire balisé bifurque à droite vers le Fallbach, la petite rivière que nous avons déjà aperçue avant le village et dont nous suivons maintenant le cours vers le nord. Juste après la ferme d’Ochsenweid, le sentier traverse la rivière et pénètre dans une zone boisée, au bord de laquelle se trouve une aire de pique-nique avec deux ou trois bancs en bois. Nous nous arrêtons ici pour un déjeuner plutôt frisquet, en prenant toutefois soin de ne pas enlever nos gants pour manger – erreur commise lors de l’étape précédente, qui nous a valu des doigts gelés et douloureux !
Nous entrons en forêt et suivons un chemin qui longe le sommet d’une sorte de digue séparant le Fallbach de la rivière Gürbe : on pourrait presque s’imaginer sur la crête d’une vieille moraine. Les deux rivières se rejoignent quelques centaines de mètres plus au nord, à Langmoos (621 m) : nous traversons alors la Gürbe et suivons sa rive gauche sur un kilomètre et demi jusqu’au gros village sans caractère particulier de Wattenwil (595 m), à ne pas confondre avec Wattwil, que j’ai traversé lors d’une étape précédente de la ViaJacobi.
Nous traversons Wattenwil d’est en ouest en suivant la route principale. À la sortie du village, nous prenons une petite route qui monte en pente très raide et où il faut faire attention : la neige a fondu puis regelé, et la route est verglacée par endroits. Nous avons maintenant la nette impression d’atteindre la limite supérieure du brouillard : le ciel devient plus bleu et, sur la crête qui se dessine juste au-dessus de nous, une rangée d’arbres est complètement dégagée. L’air se réchauffe aussi à mesure que les rayons du soleil commencent à faire leur travail. A la ferme de Dornere, à 760 mètres d’altitude, nous faisons une pause pour enlever une couche de vêtements et boire un peu d’eau. Encore 30 ou 40 mètres de dénivelé et nous serons définitivement sortis du brouillard… alors nous sommes déçus de voir que le balisage nous indique de tourner à droite, sur un chemin à flanc de colline qui ne monte pas plus haut.
Nous passons entre la maison d’habitation de la ferme et une grange… puis le miracle se produit. En quittant l’ombre de la ferme, sur notre droite, soudain il n’y a plus de brouillard et, à la place, nous nous trouvons devant un panorama à couper le souffle. Toute la chaîne des Alpes bernoises est apparue d’un seul coup, sommet enneigé après sommet enneigé, au-dessus de la mer de brouillard qui couvre la plaine. Au premier plan c’est le Stockhorn qui se dresse, sombre et vertical au-dessus de Thun : nous avons passé deux étapes à le côtoyer sans le voir jusqu’à maintenant. Plus loin se trouve la pyramide blanche du Niesen ; puis le trio Eiger-Mönch-Jungfrau, cimes enneigées au-dessus de faces nord plongées dans l’ombre ; et enfin la silhouette pointue du Schreckhorn. Juste en contrebas, une petite crête boisée sort à peine sa tête du brouillard, seules les branches les plus hautes des arbres émergent de la couche blanche. Ce serait une vue magnifique en toute circonstance, mais l’effet surprise de cette apparition soudaine la rend encore plus magique.
Nous suivons un sentier enneigé qui traverse à altitude plus ou moins constante jusqu’à une autre ferme à Stauffenbühl, où un groupe d’enfants joue dans la neige : l’un des garçons porte un gros rat brun et blanc, manifestement domestiqué, sur son épaule. Un petit raidillon nous fait monter jusqu’à 777 mètres, d’où il y a une jolie vue sur le Niesen, mis en valeur par un arbre isolé au premier plan. Au nord, le château de Burgistein trône sur une butte herbeuse dont les pentes orientées au sud sont dégagées de neige. L’itinéraire suit une petite route qui descend vers le village qui se trouve dans le vallon sous le château, avec toujours cette vue imprenable sur les Alpes bernoises. Dans un pré bordant la route, quelques alpagas (ou lamas, j’avoue ne pas trop savoir les distinguer) ne semblent pas vraiment à leur place, debout dans la neige avec l’Eiger en arrière-plan.
Nous quittons la route et prenons un chemin agricole qui remonte vers le château : le sentier passe devant l’entrée du domaine sans se rapprocher du château lui-même. Nous redescendons ensuite vers le hameau de Weier, où quelques maisons sont regroupées autour d’un petit lac, puis remontons à nouveau par un sentier boueux jusqu’à une crête herbeuse coiffée d’arbres, juste sous la courbe des 800 mètres, le point culminant de cette étape. Il reste encore deux kilomètres à marcher jusqu’à Riggisberg, sur un chemin où les sabots des chevaux et les chaussures des randonneurs ont transformé la neige en glace dure, rendant la progression lente et quelque peu compliquée. Nous atteignons Riggisberg (765 m) avec vingt minutes d’avance sur le départ du bus qui va à la gare de Toffen : très vite, la route plonge à nouveau sous la chape de brouillard, et sur le quai de la gare il fait sombre et très froid. Nous avons longtemps cru que nous allions passer toute la journée dans cette grisaille glaciale, mais le miracle s’est produit, et l’attente en valait largement la peine !
Juste après Riggisberg, la variante sud de la ViaJacobi que j’ai suivie depuis le lac des Quatre Cantons rejoint un itinéraire qui passe plus au nord, venant de Lucerne via Burgdorf et Berne. Il est donc temps de retourner à Lucerne pour faire les étapes de cette autre variante, avant de poursuivre depuis Riggisberg en direction de Fribourg, Lausanne et Genève.
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stephen

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