Bavella - Punta di l'Agellu / Acellù : Arête de Zonza

2ème voie avec Manu au lendemain de la Punta Caletta. La météo est annoncée un bon cran meilleure (sic !), on remonte donc les ambitions d'un cran en attaquant cette grande classique de Bavella. Un départ au tout petit jour nous permettra de jolies photos dans l'approche - pour le reste on se sentira bien vite plus proche de la Scandinavie que de la Corse des dépliants touristiques ensoleillés !

Malgré les conditions un peu austères, nous avons beaucoup aimé ce superbe itinéraire louvoyant à travers un large pilier parfois imposant. Étonnant granit de Bavella, à la fois d'une solidité à toute épreuve et en même temps criblé de trous et de formes bizarres - on a parfois l'impression d'escalader une oeuvre de Gaudi ! De fait aucun passage n'est d'ailleurs très aérien - ce qu'on peut trouver appréciable ou dommage selon la sensibilité de chacun...La dernière longueur en 5c sur cannelures est de toute beauté, pour le panorama on reviendra l'admirer depuis l'arête voisine de Quenza puisque Manu nous en juge digne...

On a repris la route pour Corte l'après-midi afin de boucler les 3 jours par la mythique Candella di Luro en Restonica.

Itinéraire & conditions : topo détaillé ici. Rocher un chouia gras avec l'humidité ambiante. L'attaque se trouve assez facilement muni des topos c2c et Omega Roc. Les grandes lignes de la voie aussi, par contre dans le détail c'est quand-même plus si simple, on n'était pas fâchés d'avoir Manu devant - même s'il n'avait plus gravi la voie depuis 10 ans ! A quelques mètres à droite ou à gauche le passage le plus simple n'est pas toujours évident.

Et ne pas trop compter sur les spits, on a dû en croiser 4 en 11 longueurs (+ 2 pitons et une poignée de lunules) ! Même la plupart des relais sont à équiper. Pour une méga classique je voyais ça plus aseptisé...par contre les cotations ne sont pas trop méchantes et les difficultés jamais bien continues.

Au final le passage le plus délicat pour nous en second a été la traversée en 4b vers la gauche 3 longueurs sous le sommet : le pas clé en adhérence est difficile à protéger, et il y a juste un surplomb tafoniesque quelques mètres plus bas près à engloutir un grimpeur maladroit. Comme nous, il vaut d'ailleurs vraiment mieux la scinder en deux pour éviter le tirage et voir ses coéquipiers.

Le rappel en fil d'araignée laisse des souvenirs, mais moins que le couloir de descente ! Le passage délicat à désescalader devient franchement scabreux si c'est humide - et l'ancrage de rappel sur un vieux piton rouillé est vraiment douteux, c'est la 1ère fois qu'on a vu Manu hésiter...bref ça peut valoir le coup de contre-assurer par une sangle autour d'un petit bloc coincé 2 mètres à droite dudit piton. Fréquentation : seuls dans la voie ce matin là, mais on a entendu des voix dans le brouillard en descendant...

Météo : grand beau la matin mais avec soleil rouge (du matin = chagrin)...le brouillard est vite monté. En plus la 1ère moitié de la voie se déroule plutôt à gauche = W du fil et le soleil met du temps à arriver. Bref on a fait l'essentiel de la voie dans un brouillard frisquet : 12° max avec un peu de vent, septembre 2024 en Corse ressemblait souvent à la Suisse, on n'était guère dépaysés ! Pluie dès 14h30, juste de retour, heureusement que Manu a grimpé une nouvelle fois comme un avion.

Accès : si la route du col de Bavella est déserte à l'heure des montagnards, elle est infestée de camping-cars et de hordes de motards hurlants dès 10h du matin...et les parkings du col se remplissent rapidement.

Hébergement : on a dormi à l'Auberge de Bavella juste sous le col, 60€ pp la 1/2 pension pour une chambre de 3 avec salle de bain (mais il faut amener sa literie). Petit-dèj dès 6h du matin.

Horaire : départ 6h45, attaque 8h, sommet 12h20/13h, retour 14h40.

Participants : Manu (guide), Agnès & moi