Monte Leone (presque...) : par le Breithornpass

Décidément le Leone ne veut pas de nous - je devais en être à ma 3ème tentative et Hugo à sa 5ème...en général c'est 1/2 tour au Breithorn sous les rafales habituelles de la région du Simplon, ce coup-ci on a poussé jusqu'au pied de l'arête après avoir laissé Arnaud au col, un peu crevé ce jour-là (mais lui avait déjà coché le sommet !). Retracer la traversée plus ondulante que prévu sous une chaleur bestiale a encore pris 1h de plus, Agnès déclare donc forfait au pied de l'arête...mais sa sieste sera de courte durée, Hugo et moi revenons 10mn plus tard dépités par des conditions plus délicates que prévu.

Mon leader était prêt à insister si je l'avais souhaité mais c'était l'assurance d'y passer beaucoup de temps, de skier de la neige merdique dans les nuages qui arrivaient, de rater le dernier car et de devoir redormir à l'Hospice, etc...Bref on signe le but, ça permettait au moins de se faire un bon picnic - et plein de photos dans l'ambiance magique et complètement solitaire de ce vaste plateau dominant la mer de nuages du versant piémontais. Pas trop de regrets, même sans le sommet on est arrivés tous les 3 bien sonnés physiquement en bas après une interminable retraversée du plateau et une descente finale dans une neige assez physique. Bon le Leone en AR à la journée de Berne en TC c'est peut-être un peu ambitieux pour des quasi sexa comme Agnès et moi...Je reviendrai peut-être avec Hugo en mode alpi-trail estival, si on trouve le courage d'affronter les hectares de champs de cailloux laissés par le recul glaciaire. Le lendemain j'ai été le seul à céder à l'appel du soleil pour faire un peu de vélo en Emmental - rien à faire, les cuisses hurlaient dès que la pente dépassait les 9%...on est allés refaire les réserves le soir même chez Arnaud devant une raclette XXL (très) bien arrosée.

Conditions du jour : à la montée on chausse encore devant l'Hospice mais il n'y a quand même pas épais < 2200m avec déjà un court déchaussage. Le passage délicat sous le Hübschhorn était en excellentes conditions avec une bonne trace en neige meuble permettant de passer à skis sans couteaux (et sans trembler - même Agnès n'a pas crié !). Plus haut et jusqu'aux abord du Hohmatupass l'enneigement toujours un peu faiblard laisse sortir pas mal de cailloux parfois juste planqués par les 15-20cm de fraiche de la veille. Au delà de 2800m c'est enfin conforme à l'habitude jusqu'au Col du Breithorn, bien tracé de même que le sommet (environ 50 personnes ce jour là) - par contre au delà vers le Leone c'était le néant : plus une trace même ancienne, on a retracé tout le plateau jusqu'au pied de l'arête, 2.3km / 1h (dans chaque sens...) avec un relief plus prononcé - et donc plus de dénivelé - que sur la carte suite à l'affaissement du glacier. On a préféré s'encorder même s'il y a visiblement très peu de crevasses.

Déjà un peu sonnés, on a ensuite tenté de remonter en crampons les 60m de mixte jusqu'à l'arête avant de renoncer au vu des conditions défavorables : 15cm de neige fondante posée sur des rochers qui devaient être presque secs avant les récentes chutes de neige. Hugo a commencé à nettoyer chaque bout de caillou pour trouver des appuis pour les crampons, j'ai rapidement proposé de capituler - c'était sans doute faisable avec lui en leader mais ça aurait pris des plombes alors qu'il était déjà 13h45, que la neige pourrissait gentiment et que le mauvais temps annoncé arrivait depuis l'ouest. Visiblement avec le recul du glacier la partie mixte jusqu'à l'arête s'allonge d'année en année et elle est plus délicate que l'arête elle-même qui semble facile. Les bonnes conditions consistent sans doute soit à avoir du rocher tout sec (branlant mais simple), soit à avoir le tout bien garni de neige transformée pour zigzaguer entre les rochers en crampons : là c'était ni l'un ni l'autre...

Pour ce qui est du ski (descente à 15h30 depuis le Breithornpass), malgré l'heure tardive, c'était vraiment sympa jusqu'au Hohmattupass (3350m - 2800m), 20cm de fraiche certes un peu alourdie mais sur un fond resté ferme. Bon c'est clair que pour se faire plaisir il aurait fallu descendre avec les 1ers sur les coups de midi...Entre le Hohmattu et le passage sous le Hübschhorn (2800-2400m) ski franchement pénible, neige lourde avec carton de regel par endroits sur fond ayant ramolli, trafolé +++. Par contre skier dans les traces permettait d'éviter les rochers planqués (rarement vu ce coin aussi mal enneigé). Les 400m inférieurs étaient en neige collante mais sur fond dur, donc à nouveau plus facile - en ayant les jambes pour ce qui n'était plus trop notre cas ! Nivo : risque 3 annoncé mais seulement > 2800m (les rares pentes raides sont en dessous), pas perçu de signaux alarmants.

Météo : grand beau le matin se voilant à partir de midi avec les hauts sommets de plus en plus pris depuis l'ouest l'après-midi. Mais le soleil perçait toujours jusqu'à 17h et la visibilité est restée excellente - donc au final plutôt mieux que prévu. 0° à 2800m, comme dab au Simplon ça caillait en quittant le col en plein vent alors que c'était le calme plat (et le four solaire) en haut.

Accès : train de 6h07 à Berne --> Brig --> Simplon 7h50. Encore mal réveillé j'ai trouvé le moyen d'oublier dans le train ma pochette avec portefeuille, portable & tutti quanti. Moment de terreur en réalisant tout ça en montant dans le car postal à Brig...pendant que les autres négocient avec le chauffeur quelques minutes de retard pour m'attendre (bon on était les seuls passagers...), je pique un sprint éperdu (en chaussures de ski) jusqu'au train qui était encore à quai avant de resprinter retrouver mes camarades ! Le soir car de 18h21 au Simplon --> Brig --> Berne 20h26.

Restauration : attendu le car au chaud à l'Hospice du Simplon devant quelques litres de Coca/Rivella/bière - au milieu d'une foule de skieurs italiens en villégiature pour le WE.

Horaire : départ 8h, Breithornpass 12h15/12h30, pied de l'arête 13h30/14h15, retour au col 15h15/15h30, Hospice 17h.

Participants : ArnaudN, Hugo, Agnès & moi