Feschilju : Stieralpji - Mauerhorn #bisse

Randonnée à l'extrémité supérieure du vallon de Feschilju, dans la région de Loèche afin d'examiner une "anomalie" représentée sur la CNS sous la forme d'un sentier horizontal partant de nulle part et allant à... nulle part, tel qu'on le voit encore sur l'édition de 1991 (zone du haut surlignée en jaune) :




Une image aérienne de 1961 pourrait évoquer un "bisse" qui contournerait le creux où repose le lac du "Schwarze See" et qui continuerait en direction des pâturages de Stieralpji ou Resti :



C'est donc cette hypothèse que je vais tenter de vérifier et, tant qu'à faire, en profiter pour faire un petit détour par le Mauerhorn.

J'abandonne mon véhicule au parking vide (et gratuit) de Chermignon (Tschärmilonga) et utilise quelques raccourcis à travers pâturages pour gagner le petit sommet de Obere Guggerhubel, coiffé d'une petite croix, qui offre un beau panorama sur le Valais en dépit d'une météo très nuageuse.

Pas loin de là, un modeste sentier balisé avec quelques cairns permet de traverser les flancs E du Horlini et de rejoindre le col de Schnydi (2397m). Puis j'atteins en légère descente le Wysse See au niveau très bas, malgré son nouveau barrage. Je continue en direction du Restipass, en traversant les pâturages de Dorbeggen et Resti, où l'on trouve quelques ruines d'alpages et de clôtures en pierres.

Vers 2490m, je tombe avec surprise sur les restes discrets, mais évidents si on y prend garde, d'un bisse, qui semble se jeter dans le torrent de Feschilju. Je remonte son cours asséché qui me conduit au pied d'une ravine provenant du pâturage supérieur de Stieralpji. Je peux rejoindre le haut de la ravine en utilisant un humble sentier dont le départ se trouve vers 2562m. Il est possible que les troupeaux passaient jadis par cette voie pour transiter de Stieralpji à Restialp, via le Restipass... La sente est étroite mais est encore bien visible, son départ supérieur est signalé par un cairn. De là, en quelques mètres, je me retrouve au sommet de la ravine et peut poursuivre ma remontée du bisse.

Celui-ci est canalisé par endroit, mais profite également des différentes brèches naturelles qui lézardent les quelques falaises me barrant, sans trop de difficulté, la route. Plus haut, il suit une courbe horizontale, mise en évidence par de nombreux murets de soutènement. Il disparaît pendant quelques mètres, à un endroit qui devait être équipé, par le passé, d'un ouvrage relativement important, probablement un mur en pierres sèches, dont il ne reste que peu de choses...

Puis, surprise, il se sépare en deux bras rigoureusement parallèles, séparés de trois ou quatre mètres. Il est probable que le bras supérieur soit le plus ancien, car plus étroit et plus endommagé. Je m'engage sur le bras inférieur qui longe le haut de la rive N du Schwarze See et m'amène à la prise d'eau, enfouie sous un amoncellement de roches. C'est ici que devaient se déverser les eaux de fonte des maigres glaciers qui recouvraient, le siècle précédent, les pentes rocailleuses déboulant du Galmpass ou de l'arrête N du Klein Torrenthorn.

Voilà, le mystère du "sentier qui menait nulle part" est donc résolu: il s'agissait bien d'un vénérable bisse.

Je reviens donc en arrière en longeant le bras supérieur, en moins bon état, et attaque vaillamment la montée au Galmpass, en suivant quelques cairns. Il y a, çà et là, de récents névés mais rien de bien insurmontable. Du Galmpass, je rejoins rapidement le sommet du Mauerhorn où est installée une croix, équipée d'un épais livre de passage, bien rempli. Un choucas solitaire tourne gracieusement au dessus de ma tête.

Après une brève pause, il ne me reste plus qu'à redescendre en reprenant le même chemin. Près du Schwarze See, je pars à l'ouest, cette fois, pour traverser les vastes et désertés pâturages de Stieralpji. Avant d'arriver au Wysse See, le sentier, toujours cairné, passe désormais plus haut afin d'éviter les raides pentes gazonnées, une amélioration fort utile !

Du Wysse See au col de Schydi, puis c'est la longue descente sur Tschärmilonga, dans les herbes humides, et évidemment glissantes, des prairies à vaches. A noter, un léger souci d'orientation en dessous de l'Alte Sennhütte (P.2209) où le sentier ne correspond pas, ou plus, avec la CNS... des choses qui arrivent.

Une bien belle journée ce fut !