Simplon : Schtaaflära

Nouvelle exploration de la zone se trouvant à l'ouest d'Egga, dans la vallée du Simplon, à la recherche d'anciens alpages, ceux de la région de Schtaaflära, tels que décrits dans le livre "Orts- und Flurnamen Simplon Süd" d'Erich Jordan :

"Grossräumiges, sanft ansteigendes Alpenplateau mit mehreren kleineren Stafeln. Auf dem Hauptstafel befindet sich ein kleiner Tümpel, genannt ds Seewji."

("Plateau alpin spacieux et en pente douce avec plusieurs petits alpages. Sur le plateau principal, il y a un petit étang appelé ds Seewji.")


CNS de 1972

J'abandonne mon véhicule près du pont historique au sud du hameau de Maschihüs. Le brouillard plane à une centaine de mètres au-dessus mais il se dissipera heureusement en fin de journée.

Je m'engage sur le sentier qui mène à Rafji que je quitte vers 1690m à Drischtulúawand, endroit où se situe un grand rocher qui était encore répertorié par erreur en tant que bâtiment sur la CNS de 1999. Une ruine se trouve néanmoins à quelques mètres plus loin. Je traverse la forêt, bien entretenue, les branches d'arbres sont soigneusement entassées, pour arriver à la triste ruine de Dristul (Drischtul), que l'on peut voir sur cette photographie de 1929. 

Il faut maintenant chercher un peu le départ du vieux sentier qui part au-dessus des ruines, en direction de Stelli. Il est encore assez bien visible et rejoint le sentier de Stelli vers 1810m. De là, je redescends jusqu'à l'entrée de la Furiwaald, vers 1740m. Mon but serait de trouver l'ancien sentier à vaches (Schtaafulwägji) qui montait à Heiminubalma. On le devine encore sur cette photographie de 1929. Hélas, bien qu'on puisse imaginer çà et là quelques traces, on se retrouve très vite face à une jungle de rhododendrons. Vouloir persévérer risque de me demander la journée entière et je préfère faire demi-tour.

Je remonte donc le chemin jusqu'à Stelli, bel alpage rénové qui a été réquisitionné par l'armée lors de la seconde guerre. Au NW, un escalier en pierres indique le départ du sentier pour la région de Schtaaflära, un losange jaune délavé, peint sur la falaise, témoigne d'un temps révolu. Il faut ensuite conserver le cap en direction du sud, en suivant le tracé de l'ancien bisse de Stelli, remplacé par un tuyau flexible, avec les inévitables disgressions dans les rhododendrons quand on hésite entre deux voies possibles. Mais dans l'ensemble, avec l'aide de quelques traces de balisage rouges, on arrive aux ruines de l'alpage de Schtaaflära (Stafelblatte sur CNS).

L'endroit est particulier, apaisant, et bénéficie d'une superbe vue sur la vallée du Simplon et les sommets du Hübschhorn et du Breithorn. L'alpage était composé de quatre bâtiments presque identiques, alignés sous la protection d'une barre rocheuse. Une bifurcation du bisse de Stelli alimentait le bétail et les hommes en eau. Les chamois semblent être désormais les derniers habitants de ce lieu.

La partie la plus délicate du parcours arrive puisqu'il faut traverser le torrent du Mäsloibgrabu qui est aujourd'hui à sec. Une partie du terrain s'est éboulée et il faut faire preuve de prudence afin de rejoindre le lit du ravin. Un gué en pierres plates a été aménagé. De là, il faut remonter le torrent de quelques mètres puis rejoindre le sommet de la rive sud où a été édifié un mur de soutènement qui est toujours présent, probablement pour faciliter le passage des troupeaux. Encore quelques mètres dans les gazons raides et l'on est tiré d'affaire.

Le Blaauws Wägji, sentier escarpé et dangereux, redescend en direction d'Egga et je ne le tenterai pas cette fois, et en tout cas pas dans ce sens. Je bifurque donc à l'ouest, traverse le pâturage de Wässärbodu, de nouveau le Mäsloibgrabu vers 2216m et arrive près du P.2234, là où se jette le bisse de Stelli dans le vide. Bisse que je remonte jusqu'à sa prise d'eau, puis le torrent à sec du Mäsloibgrabu et atteint le sentier officiel du Wyssbodehorn.

Il ne me reste plus qu'à redescendre à Egga en passant par la crête du Galorand et l'alpage de Rossbodestaful.

Une bien belle journée ce fut !