Tête du sanglier, face ENE : Voie des Jardins d'Amandine.

Perdue aux confins des Alpes de Haute-Provence au voisinage de la frontière italienne, la Haute-Ubaye recèle des paysages magiques, des sommets solitaires d'allure respectable (jusqu'à 3300m) et aussi de splendides parois de quartzite où ont été tracés quelques itinéraires d'escalade alpine de toute beauté. Les 2 plus emblématiques sont sans doute la face sud de l'Aiguille Pierre-André et la face ENE de la Tête du sanglier :  nous profiterons de ce court séjour avec mon guide Matthias pour les gravir toutes les 2 sous l'insolent soleil des Alpes du Sud. Le village de Maljasset (1910m), camp de base usuel dans la région, doit être un des derniers lieux habités à l'année de France (et accessible par une route goudronnée) ou on ne trouve pas le moindre réseau de téléphonie mobile. La Digital Detox est à la mode, et ici c'est gratuit !

1ère grande voie (12 longueurs) en Haute-Ubaye après un crochet la veille sur le court mais teigneux Monolithe de Sardières. Agnès & moi avions été émerveillés par la beauté des lieux il y a 7 ans en randonnant autour de la Font-sancte, mais je n'avais jamais gouté à la quartzite locale. Autant dire que Matthias et moi avons été enthousiasmés, ça rachète bien les X heures de route pour venir jusqu'ici depuis Berne...L'approche est simple (on voit bien la voie de la route) et rapide, la voie très chouette tout au long de ses 12 longueurs avec souvent une belle ambiance aérienne (la paroi est quand-même bien redressée), et la descente à pied par les Houerts magnifique.

Topo détaillé ici

Itinéraire & conditions : le sentier d'accès est bien visible une fois trouvé le début (quelques mètres en aval du torrent), et bien cairné dans la pierraille. La traversée originale était mouillée après la pluie de la veille (mais elle ne semble plus guère pratiquée), l'attaque directe, qui se trouve facilement, était par contre sèche - sa principale difficulté est en effet de voir les plaquettes. Equipement très espacé sauf dans les longueurs en 6a, bonne marge requise pour le leader (d'autant qu'on ne peut rien rajouter)...Cotations pas trop méchantes dans le 5 (il n'y a souvent que quelques pas de ce niveau dans les longueurs), par contre on a trouvé que la grande longueur en 6a (L4) était loin d'être donnée. Rocher solide tout du long, même dans le 2ème ressaut que j'ai presque préféré car plus facile et plus priseux !

Le seul petit bémol (par exemple par rapport au caviar de l'Aiguille Pierre-André que nous gravirons le lendemain) est que la quartzite de cette Tête du sanglier n'a pas un grip extraordinaire - mais vu la profusion des prises crochetantes on ne va pas faire les difficiles...

Pour la descente, passer impérativement par le sommet (Pt 2629m) et le Vallon des Houerts : il suffit de monter 20mn sans se laisser tenter par une 1ère sente à G plongeant dans un couloir très escarpé, en louvoyant à travers quelques dalles couchées jusqu'à apercevoir nettement les belles pelouses descendant en pente douce vers la cabane des Houerts.

Fréquentation : un (adorable) couple italien de Cuneo devant nous, sinon personne. Même le Vallon des Houerts était désert à l'heure où on est redescendus. Bref la Haute-Ubaye, même par un beau dimanche d'août, reste encore relativement préservée. En tous cas pour peu de marcher un peu (Maljasset était quand même bien fréquenté ce jour-là). Bref les amateurs de tranquillité seront comblés : un itinéraire pareil au voisinage d'une grande ville du nord des Alpes serait sans doute pris d'assaut chaque WE, là on y était presque seuls, idem le lendemain à la Pierre-André.

Météo : Grand beau doux (0° à 3500m), vent d'W sensible au sommet mais la face ENE ou se déroule la voie était parfaitement protégée.

Accès : voiture hélas obligatoire dans le région. On avait dormi à Vars Ste Marie en venant du nord, de là 45mn de voiture jusqu'au départ. A la descente, une fois sorti du vallon des Houerts, il reste 2km / + 140m de marche sur la route pour revenir à la voiture (pt 1860m) mais le coin est joli et on peut parfois faire du stop.

Hébergement : dormi le soir au sympathique Gite de la Cure à Maljasset (50 € en 1/2 pension), récemment rénové. Dommage que la gérante soit une stressée du Covid : faute de pass sanitaire, nous n'aurons même pas le droit de nous asseoir sur la terrasse le lendemain (lundi 9/8, 1er jour d'application) alors qu'on avait quand-même dormi au gite la veille...

Horaire : départ 8h30, attaque 9h15/9h30, sommet de la voie 12h712h30, retour parking 16h00.

Participants : Matthias & moi