Drauradweg en mode vélo-camping familial (partie 2)

Pour Pâques, mini-randonneuse a reçu un magnifique vélo rose avec des pédales en remplacement de la draisienne dont j’avais déjà exploité au maximum la plage de sortie de la tige de selle. Devant la rapidité de sa prise en main de l’engin, soit en moins de deux semaines, et le fait qu’elle puisse m’accompagner dès début mai lors de mes sorties joggings (tout d’abord 5 km, puis 12 km), je commençais déjà à me dire nos prochaines vacances vélo-camping familiales allaient devenir un peu plus compliquées. Effectivement, dès les premières discussions il était évident pour elle qu’on allait emporter SON vélo. J’ai alors rapidement trouvé un follow-me d’occasion et me suis mis à la recherche d’un itinéraire présentant un profil essentiellement en descente pour à la fois soulager ma chérie d’amour qui allait devoir tracter la carriole et pallier aux besoins de sieste de notre fille et surtout pour permettre à cette dernière de pédaler de manière autonome dans les meilleures conditions.

C’est ainsi que s’est dégagé rapidement le Drauradweg, en particulier la section entre la source du fleuve à Toblach, dans la région de Trentin-Haut-Adige et Lavamünd en Carinthie, à la frontière de la Slovénie. Sur ce parcours le profil est en grande partie descendant, avec juste une étape « vallonnée » entre Völkermarkt et Lavamünd. Une fois en Slovénie l’itinéraire devient résolument plus sportif ;-).

Sur le plan pratique, nous avons divisé l’itinéraire en 10 étapes de 30 km en fonction du programme de nos après-midi. C’est dans cet esprit que nous avons pris notre départ 16 km en aval de Toblach, à Sillian en Autriche afin d’atteindre Lienz en moins de 30 km. Hébergement 50% en camping , 50% en dur afin de ménager le moral de ma chérie d’amour. Niveau bagages, à tout l’attirail habituel (carriole, matériel de camping, vêtements, ponchos, etc.) s’est ajouté le vélo de mini-randonneuse + le follow-me; aussi la logistique du retour s’en est retrouvée plus ardu. Avec l’arrivée des températures estivales (caniculaire ?) dès Villach on a vite renoncé à rejoindre la gare de Sankt Paul im Lavantal à partir de Lavamünd en vélo. Ce n’était que 12 km, mais la perspective d’arriver en nage à la gare et de voyager toute la journée dans notre transpiration nous a convaincu d’opter pour un transfert en taxi que nous a gentiment organisé notre hôtel à Lavamünd.

Suite de l'itinéraire:

J6 vendredi 18/06 : Villach (501m) - Velden am Wörthersee (460m) Via Tierpark Rosegg, 22km, +136m, 2h00

Départ matinal à 9h00 qui nous permet de faire un dernier tour dans Villach avant de partir pour le parc animalier de Rosegg. Les premiers kilomètres sont agréables, entre la Drau et quelques petits lacs tel le Silbersee. C’est vers Emmersdorf que la pente se redresse pour gravir la colline qui abrite le Schloss Rosegg, son jardin, son labyrinthe, et bien sur son parc animalier. C’est là que nous passons une grande partie de l’après-midi. On y trouve un mini zoo avec des chèvres naines, des hamsters, et autres lapins que les enfants peuvent nourrir et caresser, des enclos avec des cerfs, des lamas, des ânes. Une autre partie du parc est une immense zone dont l’accès se fait par un sas; les daims, cerfs, bouquetins et chèvres y vivent en semi-liberté au contact des visiteurs. Un petit parc animalier sans grande prétention mais qui permet une réelle proximité avec les animaux. Après la visite, nous rejoignons Velden am Wörthersee en moins de 20 minutes où nous logeons dans une pension en dehors de la ville dont la propriétaire - retraité - fait preuve d’une gentillesse confondante. Velden c’est un peu comme n’importe quelle Riviera doté d’un Casino, les bords du lac sont tout simplement hors de prix. Aussi avons opté pour une zone à l'écart du lac. Pour notre malheur, la ville accueillait le WE le « Sportwagenfestival » et son centre était rempli de Ferrari, Lamborghini, Maserati et autres Aston Martin qui faisait rugir leur moteurs. Bon il semble que la crise énergétique ne soit pas encore arrivée à son paroxysme.

J7 Samedi 19/09 : Velden am Wörthersee (460m) - Rauchelesee (510m), 20km, +187, 2h15

En quittant Velden, nous croisons encore quelques bolides pétaradants, puis nous empruntons un réseau de routes secondaires et pistes cyclables. La première moitié de ce trajet est assez vallonnée, ce qui avec nos sacoches bien chargées et la carriole pour l’un, le follow-me pour l’autre transforme chaque montée en un petit challenge. Ensuite c’est une succession de lacs : Hafnersee, Keutschacher See et Rauschelesee sur les bords duquel se trouve notre camping. Mais avons de de nous y rendre, nous faisons un saut au Zauberwald. Il s’agit d’un complexe de loisir dédié aux enfants, avec à son entrée une immense aire de jeux et dans la forêt un parcours au milieu de magiciens, sorcières et fées. De petites maisonnettes sont consacrées aux contes de Grimm, Perrault et Andersen et s’animent dès que l’on s’approche. Le tout est complété par des univers thématiques comme le Moyen-Âge ou le Western. Comme la chaleur caniculaire avait rendu l’aire de jeu déserte, la fraîcheur de la forêt attirait tous les visiteurs. Une fois au camping, aucun de nous n’a résisté à aller se rafraîchir dans le lac. Plus tard, au moment de monter la tente,  un autre objet que nous pension avoir égaré refait surface de manière inattendu: en déroulant la tente je découvre avec surprise le porte-bébé de voyage que nous avions emporté en vue de la visite du parc animalier, finalement non n’en avions pas eu besoin l’enthousiasme de voir des animaux de si près ayant fait s’évanouir toute fatigue chez mini-randonneuse. Nous sympathisons également avec un jeune couple, après que mini-randonneuse et leur fils aient joué ensemble dans le lac, comme tous deux avaient le même âge, la communication s’est vite établie. Par contre bizarre qu’une des première question qui viennent lorsque nous disons que nous voyageons à vélo est de demander si nous avons des e-bike, comme si l’idée de faire du vélo-camping en famille ne pouvait pas se faire sans assistance électrique! Le soir repas au restau du camping de camping envahi pour l’occasion par tous les supporters allemand présent. Et pour cause Allemagne- Portugal au programme, au terme du repas c’était plié, victoire de l’Allemagne face au Portugal par 4 buts à 2.

J8 Dimanche 20/09: Rauchelesee (510m) - Gotschunen (607m), 22km, + 167m, 3h10

Ce matin les conversations entamées hier soir s’achève sur des adieux (ou au revoir?) et nous partons pour rejoindre le circuit officiel du Drauradweg. Nous venions à peine de faire quelque kilomètre que l’estomac de mini-randonneuse s’est mis à crier famine et nous avons profiter de la proximité de l’abbaye de Viktring pour faire une petite halte dans ses jardins. Plus tard, au niveau de Thal, nous constatons que la piste cyclable est en travaux et hésitons un instant entre partir sur la piste en chantier ou opter pour un détour via les villages alentours….Les nombreuses traces de vélos dans l’herbe en direction chantier nous convainquent de tenter notre chance via le chantier et bingo, environ 200 mètres plus loin, nous retrouvons le ruban d’asphalte de l’itinéraire qui longe une nationale jusqu’à Maria Rain avant d’entamer une descente raide sur un sentier forestier vers le fleuve. Au fil des épingle à cheveux, je me félicite de ne pas avoir voulu faire un saut à Klagenfurt depuis l’itinéraire officiel et avoir opté pour un petit détour par le Rauschelesee. Voir l’état de fatigue des rares personnes que nous croisons en sens inverse m’ôte tout envie d’essayer ce trajet avec notre chargement actuel. Ensuite, nous longeons à nouveau le fleuve pendant quelques kilomètres avant de rejoindre notre camping à Gotschunen, où nous faisons à nouveau un petit plouf dans le lac pour nous rafraîchir. Petite inquiétude au moment du coucher car mini-randonneuse se plaint de « bobo au ventre », notre petite pharmacie de voyage nous laissait deux options : ibuprofène (en sirop) ou paracétamol (en suppositoire). Nous optons pour la solution Ibuprophène dont l'administration est moins sujette à contraintes et allons nous coucher en imaginant comment réagir au réveil en fonction de la situation.

J9 Lundi 21/09: Gotschunen (607m) - Völkermarkt (462), 28km, + 238m, 3h10

Au réveil le ventre de mini-randonneuse ne donnait plus aucun signe de détresse, effet placebo du sirop, ou véritable action de l’ibuprophène? Honnêtement quelle importance puisqu’elle a retrouvée sa bonne humeur ! Départ plus tardif que d’habitude, demain c’est déjà la dernière journée, alors on traîne. Comme toujours, lorsque nous longeons le fleuve, nous bénéficions de généreuses portions d’ombre et de la fraîcheur de la Drau. Parcours sans grande difficulté, mais 10 km avant d’arriver à Völkermarkt se présente une série de côtes, à commencer par une pente de 500 mètre à 18% où nous mettons pied à terre pour pousser, viennent ensuite de (petites) montagnes russes jusqu’à Völkermarkt où nous faisons encore un ultime effort pour rejoindre la pension Erika où nous passons la nuit ce soir. Repas en ville avec comme toujours une ambiance Championnat d’Europe dans chaque restau.

J10 Mardi 22/09: Völkermarkt (462m) - Lavamünd (348m), 38km, +327m, 3h45

Grâce à la gentillesse de notre hôtesse qui nous a préparé un petit déjeuner pour 7h00, nous décollons ce matin à 8h15 dans le but de faire un max de kilomètre avant l’arrivée de la chaleur. La sortie de Völkermarkt nous offre déjà un aperçu de ce que vont être les 20 prochains kilomètres: une succession de montée et de descente. Aujourd’hui l’itinéraire quitte les bords du fleuve pour explorer une campagne boisée et forcément vallonnée. Dès 9h00 il fait déjà chaud et nous profitons des points de ravitaillement en eau présent tout au long de l’itinéraire pour remplir nos gourdes à chaque occasion. Après Sankt Nikolai, nous rejoignons la rive droite du fleuve en empruntant tout d’abord la Jauntal Brücke longue de 429m et haute de 96m. C’est le plus haut pont ferroviaire d’Autriche, un passage pour les vélos sur un chemin de caillebotis métallique est aménagé sous son parapet, on n’a pas eu la chance d’avoir un passage de train sur le pond pendant que nous traversions, mais l’expérience doit être particulière. Ensuite vient le pont suspendu de Santa Luzia superbe ouvrage en bois réserver exclusivement aux piétons et aux cycliste, dire que ces deux ponts on fait pousser un grand ouf de soulagement à ma chérie d’amour est peu dire, elle qui hier soir envisageait le pire en voyant les deux profondes gorges que comportait le profil de l’itinéraire ;-). Après il suffit de se laisser aller tranquillement jusqu’à Lavamünd, la pente faisant le reste, éventuellement un ou deux coup de pédales de temps en temps pour entretenir la vitesse, un final comme je n’en ai encore jamais vu. Nous pique-niquons longuement près du camping avant de rejoindre notre hôtel.

J11 Mercredi 23/09 (retour à Sillian): Sankt Paul in Lavantal - Sillian (via Klagenfurt et Lienz), départ 9h53, arrivée 15h27

Avec la canicule qui s’était installée depuis quelques jours, nous n’avions plus aucune envie de remettre nos cuissards, aussi lorsque j’ai demandé à la patronne de l’hôtel s’il existait un service de navette pour se rendre à St Paul transportant les vélos, elle s’est immédiatement attelée à l'organisation ce transfert pour nous. Le lendemain matin le véhicule était là et nous a déposé 30 minutes plus tard à notre gare de départ, suffisamment tôt pour que nous puissions encore profiter du bus de test gratuit que le Land avait installé à côté de la gare. Aucun soucis notable pour charger les vélos et la carriole contenant toutes nos sacoches, en Autriche les trains régionaux modernes disposent de plateformes pour ainsi dire au même niveau que le quai. A Klagenfurt nous avions une première correspondance 6 minutes après notre arrivée, ce qui avec un changement de quai et l’équipement qui est le nôtre est plus qu’une gageure, aussi j’avais sagement décidé de prendre le train suivant, une heure plus tard. Mais alors que j’étais dans l’ascenseur m’amenant au quai de départ, j’entendis une voix annonçant un retard de 10 minutes pour le train de Lienz. Le temps de prendre de quoi se restaurer à la buvette de la gare et nous voilà tous dans le train pour Lienz grâce à l’assistance de deux autres jeunes voyageurs. A Lienz en revanche, nous avons échappé de peu à la Bérézina. En arrivant à la gare, nous constatons que l’ensemble du bâtiment n’est qu’un immense chantier et bien sûr que tous les ascenseurs sont à l’arrêt. Je commence par descendre les vélos par les marches, puis me rend compte que nous sommes arrivés au mauvais quai, en fait celui qui aurait dû être notre quai de départ pour Sillian, bref je remonte un vélo et nous entendons finalement que le train pour Sillian partira exceptionnellement du quai 4……alors que nous étions au 2 et qu’il nous restait 5 minutes. Donc transbahutage au pas de course de tous le matos sur le quai 2 (par chance mini-randonneuse passait toutes les correspondances sur le dos de maman, dans le porte-bébé, au moins une chose qu’on n’oubliera pas). En haut des marches nous voyons le chef de train qui nous fait de grand signe en tête de train et nous invite à le rejoindre. Nous entamons donc un sprint sur 200m et arrivons exténués devant la porte du wagon, qui malheur est encore un ancien modèle des année 80, avec une porte étroite et 3 marches! Mais maintenant qu’on est là on va pas renoncer, alors on charge vélos et carriole avec son aide. Bien entendu on n’échappe pas à au petit reproche d’avoir fait partir son train avec du retard, mais ensuite tout se passe très bien et devant nos interrogations sur la manière de décharger nos affaires à Sillian, il déclara joyeusement qu’il trouvera bien un moyen de nous flanquer dehors.

Participants: Murielle, mini-randonneuse et moi