Un petit tour dans le brouillard au-dessus d’Escholzmatt


Publiziert von stephen , 9. Oktober 2017 um 20:03.

Region: Welt » Schweiz » Luzern
Tour Datum: 1 Oktober 2017
Wandern Schwierigkeit: T1 - Wandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: CH-BE   CH-LU   Napf 
Zeitbedarf: 3:00
Aufstieg: 440 m
Abstieg: 440 m
Strecke:Escholzmatt - Bock - Turner - St. Anna - Escholzmatt
Zufahrt zum Ausgangspunkt:cff logo Escholzmatt
Zufahrt zum Ankunftspunkt:cff logo Escholzmatt

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La météo m’a moins souri ce premier jour d’octobre qu’il y a semaine. Les prévisions étaient pourtant identiques : pluie dans la nuit du samedi au dimanche, nuages résiduels en début de matinée, faisant rapidement place au soleil. Je prévois donc le même plan : je me lèverai à 8 heures 30 et prendrai le train vers dix heures, comme ça les nuages auront eu le temps de s'évacuer. En fait je me réveille de bonne heure et suis donc prêt à partir une heure plus tôt que prévu : vu l’évolution prévue du temps, il aurait sans doute été plus judicieux de profiter un peu plus longtemps de la couette… Depuis le train qui m’emmène vers Escholzmatt, il est difficile de dire si la grisaille va se lever ou pas : il y a certes du ciel bleu par endroits, mais une bande épaisse de brouillard s'accroche un peu au-dessus de 1,000 mètres ; c’est justement l’altitude à laquelle se déroule cette randonnée. 

La rue principale d’Escholzmatt possède quelques belles maisons anciennes, dont  les deux les plus impressionnantes sont des hôtels-restaurants. L’hôtel Löwen est particulièrement imposant avec sa toiture en surplomb, sous laquelle se trouve une enseigne ancienne en forme de lion rouge. Je quitte le village par une ruelle étroite qui se transforme rapidement en petite route de campagne, puis en sentier boueux qui remonte doucement un vallon encaissé, le long d’un ruisseau. Trois vaches parfaitement alignées m’observent avec beaucoup d’attention pendant que je traverse leur pâturage, mais restent immobiles.

Je l’ai certainement déjà écrit plus d’une fois sur ce site : j’adore le mois d’octobre. Par de bonnes conditions, la lumière et les couleurs sont tout simplement imbattables. Même aujourd’hui, les feuilles jaunes des arbres caducs sont magnifiques, jaillissant contre le vert sombre des conifères qui constituent l’arrière-plan. Alors que je m’approche du chalet de Lochweidli perdu au fond de son vallon, un chien invisible se met à aboyer frénétiquement et je me demande à quelle sauce je vais être mangé. Mais le sentier fait un crochet à droite avant d’atteindre la maison et, dès que je lui ai tourné le dos, le molosse se tait. Je remonte par un sentier assez raide vers une crête boisée qui me conduit vers le nord, au-dessus du vallon que je viens de remonter. La crête est typique de cette région du Napf : large pour la plupart, elle rétrécit de temps en temps pour ne devenir qu’une mince bande de terre et de rocher entre des pentes raides qui plongent vers vallées profondes de part et d’autre.

J’espérais pouvoir dépasser la limite supérieure de la nappe de brouillard mais, en l’absence de vent pour dissiper ce dernier, je ne peux que me rendre à l’évidence : je vais être en plein dedans. Je continue de monter par une alternance de forêts de de pâturages jusqu’aux chalets de Bock (1228 m), point culminant de la randonnée où la visibilité n’est que de quelques mètres. Je poursuis mon chemin en descente légère pendant dix minutes jusqu’à une bifurcation de plusieurs sentiers juste sous la petite bosse du Turner (1215 m). Je dois prendre une décision ici : j’avais prévu une randonnée assez longue, continuant vers le nord-est par une série de cr'etes et de petits sommets avant de redescendre vers Schüpfheim. Cela me semble cependant un peu inutile dans les conditions du jour : autant revenir une autre fois quand  il y aura quelque chose à voir. Il existe plusieurs alternatives plus courtes depuis ce carrefour de chemins : j’opte pour celui (balisé Pnoramaweg, non sans optimisme) qui me ramènera à mon point de départ par un itinéraire différent.

Je remonte en quelques minutes au Turner, où il y a un banc adossé à un grand arbre solitaire qui se défait doucement de ses feuilles. Il est seulement onze heures et quart mais je décide de faire ma pause déjeuner ici : peut-être que le brouillard se lèvera miraculeusement pendant que je mange et que je pourrai revenir à mon plan d’origine. Le miracle n’a malheureusement pas lieu, malgré un petit vent qui se lève et qui améliore très provisoirement la visibilité.

Pendant une heure environ, l’itinéraire suit une petite route d’alpage entre des pâturages humides. De temps en temps un sentier se détache de la route, prenant un raccourci à travers champs. Des cloches de vaches invisibles sonnent mystérieusement à travers la brume et j’espère que le chemin restera à l’écart de celles-ci : surprendre un troupeau de vaches en arrivant subitement en son milieu dans le brouillard n’est pas forcément une bonne idée. Mais l’inévitable se produit : alors que je me prépare à passer d’un pré au suivant, quatre bovins surgissent du brouillard, courant vers moi et meuglant d’une manière qui ne suggère pas qu’ils veulent être amis avec moi sur Facebook. Pas tout à fait de taille adulte mais nettement trop grands pour qu’on puisse parler de veaux, je suis très content qu’il y ait une solide clôture en bois entre nous ; clôture derrière laquelle les bêtes s’arrêtent pour me confronter. Je m’approche, leur parle doucement, tend ma main : elles se calment mais je ne vais pas prendre le risque de les énerver à nouveau en traversant leur enclos. Je passe sous une clôture électrique pour atteindre le pâturage qui avoisine le leur, puis continue lentement mon chemin. Les animaux me suivent de près de l’autre côté de la clôture, ne me laissant tranquille que lorsque j’ai dépassé la limite de leur territoire.

Malgré le brouillard qui a mis fin à tout espoir de panorama, de nombreux petits détails maintiennent l’intérêt de la balade et l’empêchent de devenir monotone. La route sur laquelle je marche est toute petite, à peine plus large qu’une voiture, et pourtant je me trouve subitement face à tout un flot de véhicules qui remontent depuis la vallée. Je dois m’écarter au moins quinze fois pour les laisser passer : ce sont presque sans exception de grosses 4x4 et, aussi  presque sans exception, elles sont toutes occupées par des couples face auxquels je fais figure de petit jeune. Mais où vont tous ces septuagénaires sur cette route d'alpage qui ne mène nulle part ? Un grand rencontre familial digne d'un roman d'Emile Zola dans un chalet perdu ou, peut-être plus plausiblement, un tournoi de jass du dimanche après-midi ?

La route commence à perdre de l’altitude, serpentant par virages et lacets jusqu’au chalet d’Oberbödeli (1155 m). Comme de coutume en Suisse alémanique, les murs du chalet sont décorés da grandes effigies colorées en bois, à l’honneur des derniers-nés de la maison. La famille d’Oberbödeli semble avoir opté pour un thème biblique, avec un Noah et un Joshua Simon. Cette belle cohérence ne s’étend pas jusqu’à la dernière venue de sexe féminin, qui porte les prénoms aux consonances plutôt italiennes d’Elena Sophia.

J’ai atteint la limite inférieure du brouillard maintenant et, même si le ciel reste gris, la visibilité commence enfin à s’améliorer. Un peu au-delà de Bödeli, où une route encore plus petite part vers la droite, un panneau en bois a été attaché à un poteau électrique. Le panneau m’informe, de manière plutôt directe, que "Sexy Esthi, 18, cherche l'amour". L’amour en question est représenté sur le panneau par un cœur rouge et le dessin de ce qui semble être un grand gaillard paysan muni d’une fourche. Je décline l’opportunité (de toute façon je n’ai pas pris ma fourche aujourd’hui), et aucun des papys en Subaru n’est allé dans cette direction non plus : il se peut donc qu’Esthi attende encore.  Plus loin encore à Obermatt, un homme se tient debout en haut d’un talus, appelant et sifflant un chien qui ne vient pas, pendant que deux chats noirs l’observent d’un air de dire : mais qu’est-ce qu’ils sont bêtes, ces humains.

Le point fort de cette petite randonnée vient juste avant la fin. Quittant enfin la route d’alpage, un sentier herbeux remonte vers la chapelle de Ste. Anna, sur une petite colline. Juste sous la colline se trouve une vallée très verte au milieu de laquelle, sur un tertre herbeux, se tient un arbre majestueux, tout seul. Le feuillage de l’arbre est un mélange de verts et de jaunes alors qu’à sa base, le sol est tapissé de feuilles tombées jaunes et orange. Sur un fond de conifères sombres et de pâturages verts, c’est l’automne exactement tel qu’on l’imagine. Je m’assois sur un banc devant la chapelle et passe 45 minutes heureuses et paisibles à dessiner la vue, chose que je n’ai plus faite depuis un certain temps. Alors que je termine mon croquis, les premiers rayons de soleil de la journée éclairent le flanc de la montagne au-dessus de moi.

Il est deux heures de l’après-midi et trop tard pour que je modifie encore mes projets.  Ce n’est pas grave : cet interlude dessin a achevé de me mettre de bonne humeur et a définitivement sauvé la journée.  Il me suffit de vingt minutes pour descendre à la gare d’Escholzmatt par un sentier raide et souvent très glissant qui passe par bois et clairières. Malgré la météo et malgré l’itinéraire quelque peu raccourci, je suis plutôt satisfait de cette balade automnale.

Tourengänger: stephen
Communities: Randonneur


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