Trotzigplangenstock, grimpe en famille

Suite des grandes voies en famille après la Dent de Ruth 2 semaines plus tôt. Arnaud - lapinou sortait d'une semaine de camp d'escalade à la Wiwannihütte, il a du coup avalé les 12 longueurs en chaussures de trek sans râler, avec juste une paire de séquences de courte-échelle sur les épaules de maman quand la prise suivante était un peu haute…Avec le départ de Berne à 5h et la course à la journée depuis le parking, chapeau à notre petit bonhomme à la veille de son 13ème anniversaire. Il est - comme à chaque fois - convaincu d'être le seul gamin de son âge à avoir fait ça depuis le bas à la journée, je n'ai pas voulu le décevoir…

Papa est par contre toujours aussi peureux et aurait bien vu quelques spits de plus dans les coins faciles, ou j'ai évidemment trouvé le moyen de me gourrer à peu près à chaque fois (attention dans L5/4b : un piton invite à traverser à G mais le passage qui suit est délicat et mal protégé, j'étais content d'avoir un friend…) de manière générale, il faut presque toujours rester pile sur le fil. La descente dans la brèche (L8) est plus impressionnante que difficile, il y a des bonnes marches tout du long.

Dimanche matin, nous sommes allés parcourir les 5 voies faciles (3c / 4c, 10m, super équipé) du nouveau secteur Asterix juste au dessus du 1er petit lac à 15mn du refuge (un autre nouveau secteur facile, "Bob the sponge", vient également d'être équipé au bord de l'eau - merci Kari !) dans le brouillard et la bruine avant de battre en retraite sous les 1ères averses. On reviendra pour le Kanzelgrat et l'arête S du Grassen ! La Sustlihütte est vraiment le paradis de l'escalade familiale.

Météo : grand beau doux, cumulus dès 11h mais jamais trop méchants, le ciel s'est assombri vers 17h avec qques gouttes mais la grosse pluie n'est arrivée qu'à 20h. Vent nul. On est restés dormir dans l'idée de grimper au Chanzelgrat le dimanche matin : réveil comme prévu sous un temps typique de Suisse Centrale, brouillard et petite bruine, on a quand même réussi à voler quelques petites voies au secteur Seeli avant de redescendre sous la pluie au parking, puis de rentrer à Berne sous un véritable déluge.

Conditions du jour  : le névé d'attaque, certes peu raide, est en béton armé le matin, mais il peut se contourner par les blocs à droite, on peut donc se passer de piolet/crampons. Bonnes conditions pour glisser l'après-midi par contre. La voie est bien équipée pour une arête en montagne, mais ne pas s'attendre quand même à un équipement de falaise-école : 4 à 5 spits en moyenne par longueur de 30 à 40m, très judicieusement placés cela dit.

Le rocher est comme dit partout de toute beauté et se prête plutôt bien à grimper en grosses. Bon j'ai quand même sorti les chaussons pour accélérer la manoeuvre sur les 2 dernières longueurs en 4b de la dernière tour, en fait plus impressionnantes du bas que difficiles. La descente en terrain à chamois est exemplairement balisée et se parcourt sereinement, seul le dernier relais de rappel est un peu caché à gauche (ne pas se laisser attirer par de vieux ancrages dans le couloir de droite !).

Au voisinage le glacier menant à l'arête S du Grassen passe encore ric et rac. la descente de la VN est en partie en glace mais elle n'est pas raide.

Question fréquentation, en attaquant tard on a au final jamais été génés : 2 cordées étaient déjà loin au dessus, 1 cordée juste devant nous mais à notre rythme, 2 cordées fribourgeoises en mode commando nous ont ensuite dépassé en corde tendue avant de continuer sur le Wichelstock…

Refuge de Sustli : confort et gastronomie irréprochables, la gardienne est un peu militaire mais le guide/gardien Kari est très sympa et donne d'excellents conseils. Seulement aux 2/3 plein en ce samedi soir, la météo du dimanche y était surement pour quelque chose. Bémol presque habituel dans les refuges suisse-allemands : pas d'eau potable (un comble dans une des régions les plus arrosées des Alpes !), celle du robinet étant donnée impropre à la consommation pour cause de moutons pâturant aux alentours. Nous avons comme d'habitude passé outre, à force toute la famille doit être immunisée…

Conclusion : contrairement aux idées reçues, les Alpes suisses sont bien plus polluées que les Alpes françaises puisqu'on n'y trouve presque jamais d'eau potable alors que des carafes d'eau sont servies à table dans l'immense majorité des refuges du CAF…

Horaire : départ Berne 5h (ouille !), parking 7h, cabane 8h/8h15, attaque 10h, sommet 13h45/14h15, retour à l'attaque 15h30, cabane 16h45.

Participants : Agnès, Arnaud (12 ans & 361 jours...) et moi