Pointe Percée, arête du doigt

La Pointe Percée (2750m) est le point culminant du spectaculaire massif des Aravis en Haute-Savoie, un ensemble de sommets calcaires aux formes hardies qui constitue un terrain de jeu exceptionnel tant pour le ski de randonnée en hiver que pour l'escalade (et bien sûr la rando pédestre) en été. Le plus célèbre itinéraire direct pour ce sommet visible de presque partout est sans nul doute l'arête NE qui franchit un doigt rocheux visible loin à la ronde avant de gravir sur le fil un rasoir dominant le fameux trou ayant donné son nom au sommet.

L'accès usuel se fait depuis le Col des Annes (1730m, terminus de la route d'alpage ouverte venant du Grand Bornand) via le Rfuge de Gramusset (2160m, 1h30 de marche). Il faut ensuite 1 bonne heure d'approche jusqu'à l'attaque puis 4 à 6 heures pour gravir les 12 longueurs et enfin 1h30 pour redescendre au refuge par la voir normale du versant NW, abondamment balisée mais exigeant un pied sûr (T4+) voire même crampons & piolet s'il reste de la neige. Topo détaillé de la voie ici : la plupart des longueurs sont en 4 avec 2 longueurs en 5c+ puis 5b tout en haut, qu'on peut toutefois éviter par un échappatoire délité en III. La voie est équipée de spits parfois espacés.

C'était déjà la dernière journée de notre trop court séjour avec l'adorable Matthias, jeune guide des Contamines que j'hésite pourtant à recommander de peur qu'il ne soit plus disponible pour nous…Déjà 8 ans que je n'étais plus retourné à la Pointe Percée depuis l'épopée de la mythique Grande Arabesque que je serai bien incapable de répéter aujourd'hui…

Après le granit parfois teigneux du glacier d'Argentière, retour à notre caillou favori le calcaire. Rien à dire, à iso-cotations ça déroule quand même singulièrement mieux et nous réussirons même l'exploit de parcourir la voie en 3h30, donc sous l'horaire c2c (habituellement c'est plutôt le contraire !).

Malgré la canicule, le foehn violent nous a forcé à faire les 1ères longueurs avec toutes les couches de vêtements, un comble ces temps-ci. On s'attendait du coup à un passage épique du rasoir mais celui-ci était plutôt abrité et il nous a paru beaucoup moins scabreux que celui de l'arête sud du Génépi. On a trouvé la voie superbe dans ce niveau de difficulté, d'ailleurs Matthias ne s'en lasse pas non plus (c'était sa 4ème) avec une ambiance parfois dolomitique (bon, en miniature quand même, hein) et juste la bonne taille (12 longueurs) - sans stress de descente. Celle-ci est juste patinée à mort mais sans difficulté en l'absence de neige.

Le départ à l'aube, pour éviter de se faire mouiller une 3ème fois, n'était au final pas indispensable mais permet des photos superbes puisque l'arête prend le soleil dès son lever en cette saison.