Sur le Chemin panorama alpin : Vingt-septième étape, de Lausanne à St-Prex


Publiziert von stephen , 28. Februar 2017 um 20:28.

Region: Welt » Schweiz » Waadt
Tour Datum:25 Februar 2017
Wandern Schwierigkeit: T1 - Wandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: CH-VD 
Zeitbedarf: 4:30
Aufstieg: 45 m
Abstieg: 30 m
Strecke:Lausanne – Morges – St. Prex
Zufahrt zum Ausgangspunkt:cff logo Lausanne
Zufahrt zum Ankunftspunkt:cff logo St-Prex

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Cela faisait un moment que mon périple le long de l'itinéraire national No. 3 hibernait. L'hiver n'est pas idéal pour se balader sur les rives du Léman : soit il pleut, soit l'arc lémanique se trouve sous les stratus alors qu'il fait beau en montagne. Mais j'ai envie d'en finir avec cette longue randonnée, et ce dernier week-end de février me donne enfin l'occasion de m'y remettre. La semaine a vu des écarts de température spectaculaires : jeudi, le carnaval de Lucerne a débuté avec un record de 19 degrés puis, le lendemain, le mercure a chuté rapidement et il a neigé assez bas. Le week-end s'annonce plutôt ensoleillé, avec une hausse progressive de la température.

Il faut un peu plus de deux heures de train pour aller de Lucerne à Lausanne et je m'occupe en écoutant les conversations autour de moi. Une maman apprend l'alphabet à sa fille à l'aide d'un livre dans lequel chaque lettre est associé à un personnage : Monsieur A est acrobate, Madame B est boulangère et ainsi de suite. L'auteur fait preuve d'un certain humour, car Mademoiselle Q "a d'IMMENSES fesses…". Un couple accompagné de leur fille monte à Fribourg et s'installe juste en face de moi. Le père parle à sa fille en allemand, la mère dans une langue que je ne reconnais pas mais qui pourrait être du grec, vu le nombre de mots qui finissent en "…is". Entre eux, les parents discutent en anglais. L'enfant, qui ne doit pas avoir plus de cinq ans, maitrise les trois langues parfaitement.

A Lausanne, je descends jusqu'au bord du lac en métro et, à 11 heures 20, je reprends enfin le Chemin panorama là ou je l'ai laissé début octobre (eh oui, déjà !) L'eau du lac est d'un bleu profond, le ciel est très beau lui aussi. Il fait grand beau : seul une petite brise fraîche me fait cacher mes mains à l'intérieur des manches de ma polaire, le temps de m'échauffer. Au port d'Ouchy, un voilier a été sorti de l'eau, sa quille est en train de recevoir une couche de peinture brun orangé, en préparation pour la saison à venir. Un peu plus loin, trois bateaux à vapeur – le Savoie, l'Helvétie et La Suisse – attendent eux aussi tranquillement le printemps au fond d'un bassin colonisé par les canards. Quant à la piscine en plein air, c'est un cygne solitaire qui y a élu domicile et qui fait des ronds élégants et silencieux sur l'eau, là où  des enfants joueront bruyamment d'ici deux ou trois mois.

Cette étape se déroule pour la plupart sur revêtement dur : ce n'est pas surprenant, dans la mesure où il s'agit essentiellement d'une traversée de la banlieue ouest de Lausanne. Les beaux panoramas se trouvent exclusivement à ma gauche, vers le lac et les Alpes françaises sur l'autre rive : à droite, c'est un paysage plus urbain. Devant moi, vers l'ouest, le Léman semble s'en aller vers l'infini : son extrémité reste invisible et pourrait se trouver à des centaines de kilomètres de là où je suis. De nombreux joggeurs et promeneurs sont sortis profiter du soleil, et je suis frappé par le nombre de langues différentes que j'entends : le français est loin d'être la langue majoritaire dans cette région qui doit avoir l'un des taux d'immigration les plus élevés d'Europe. Ce melting-pot me plaît bien. De nombreux bars et restaurants jalonnent le bord du lac entre les ports d'Ouchy et de Vidy : certains sont encore fermés pour l'hiver, mais d'autres ont ouvert leurs portes et semblent attirer pas mal de monde. Sous les pins de la plage de Vidy, on essaie de créer une ambiance Côte d'Azur avec un "Bikini Beach, The Place 2B". En plus des pins méditerranéens il y a de nombreux saules pleureurs, dont les longues branches virent déjà au jaune-vert printanier. Au port de Vidy, des panneaux m'informent avec une logique admirable que seuls les ayants droit ont le droit d'accéder aux pontons.

Comme dans le train, je m'amuse à écouter les bribes de conversation et à observer les passants. Deux jeunes femmes me dépassent, en faisant leur footing. Au moment où elles arrivent à ma hauteur, l'une d'elles dit à sa copine : "… et puis je lui ai fait un câlin, spontanément. Fallait voir son visage !" Dix minutes plus tard, la distributrice de câlins spontanés me dépasse à nouveau. Elle porte une chaussette bleue et une grise : peut-être qu'elle s'est aussi habillée spontanément ! Un petit garçon qui fait du roller avec sa mère tombe juste devant moi, dévalant la petite pente de terre qui borde la plage.  Sa maman lui explique comment se relever et remonter la pente : "Monte en escalier, Louis, comme au ski." Où dans le monde, si ce n'est en Suisse, utiliserait-on une référence au ski pour expliquer à un enfant de quatre ans comment se relever ? Plus loin, deux jeunes hommes courent vers moi. Le plus jeune des deux n'arrive pas à suivre le rythme imposé par son compagnon plus âgé et plus en forme. Celui-ci finit par perdre patience, lance un : "T'es qu'un emmerdeur" dépité au plus jeune, puis pique un petit sprint pour s'en défaire. Vers son extrémité occidentale, la plage de Vidy est bordée d'arbres plus denses et les bruits de la ville se taisent. Sous les pins, un tout petit garçon sur un vélo en bois renverse très délibérément sa grande sœur qui, elle, est sur un vrai vélo de grande fille. Il a l'air très satisfait de son exploit… jusqu'é ce qu'il se fasse remonter les bretelles par son papa, qui a tout vu.

Un petit pont me fait franchir la Chamberonne, petit ruisseau tranquille, puis je passe devant un club de tennis où les filets ont déjà été installés et où on s'entraîne vigoureusement. J'ai de la peine à croire que le mois de février n'est pas encore terminé ! Maintenant, le sentier quitte provisoirement la rive du lac ; la faute à un quartier de villas dont les jardins descendent jusqu'au bord de l'eau. Je ne sais pas si je dois être fâché par cette occupation privée du rivage, ou simplement dépité parce que je n'ai pas suffisamment de millions (et il doit en falloir un certain nombre) pour faire partie du club. Cela sent un peu les vacances dans ce quartier des Pierrettes : des habitants profitent du soleil sur leurs balcons abrités du vent, alors que de nombreux promeneurs et joggeurs se croisent dans la rue.

A St-Sulpice, le sentier contourne une vieille église, puis revient enfin au bord de l'eau. Il est presque une heure, j'ai faim et voilà un banc parfaitement situé sur une petite plage : exactement l'endroit qu'il me fallait pour faire ma pause déjeuner.  J'y passe une demi-heure fort agréable sous le soleil devenu agréablement chaud, écoutant le bruit des vagues et me gavant de la vue splendide vers les Alpes françaises en face, dominées par la Dent d'Oche bien enneigée. Une fois n'est pas coutume, j'ai acheté de la soupe au lieu de la faire moi-même : cette soupe au fenouil et aux tomates est fort bonne, sauf que le goût de la tomate a totalement pris le dessus sur celui du fenouil. Bizarrement, Swisscom m'envoie un SMS me souhaitant la bienvenue en France. Je ne sais pas exactement combien de kilomètres de largeur fait le lac ici – sept ou huit sans doute – mais je suis étonné que le réseau français soit plus fort que le suisse. Alors que je me remets en route après ma pause, deux grands cygnes volent au-dessus de ma tête, assez haut dans le ciel : ce n'est pas quelque chose que l'on voit tous les jours.

Après St-Sulpice, le sentier devient plus étroit et moins fréquenté, et les plages sont plus sauvages : la ville s'éloigne. Au bout d'une longue plage de galets bruns, un petit promontoire est agrémenté d'un arbre solitaire qui a été tordu par le vent, ses branches s'étirant vers le ciel bleu. Je franchis la Venoge, ruisseau plus grand que le précédent où de nombreux bateaux sont amarrés. Mon itinéraire se dirige alors vers le nord-ouest, vers la ville de Morges au centre d'une large anse. A la plage de Préverenges, le forsythia est en fleurs et la terrasse de l'Hôtel de la Plage a été investie par de nombreux promeneurs. En effet, l'après-midi est devenu suffisamment doux pour qu'on puisse boire un verre dehors, avec juste une polaire ou un pull léger.

A l'entrée de Morges, la promenade du lac est en travaux et je passe un quart d'heure à contourner ce chantier linéaire. Au-delà de la zone de travaux, le bord du lac est noir de monde : toute la population du canton de Vaud semble s'y être réunie. Deux tours carrées gardent l'entrée du port : sur l'une flotte le drapeau suisse alors que sur l'autre, c'est le drapeau rayé rouge et blanc de la ville qui se fait caresser par la brise. Les deux tours encadrent parfaitement la Dent d'Oche sur la rive opposée. Il y a un Hôtel du Mont Blanc ici et, comme par miracle, la montagne en question apparaît soudainement, dans la brume au fond d'une longue vallée. Une famille vient en sens opposé, discutant bruyamment. Alors qu'ils me croisent, le garçon adolescent de la familles dit, d'un air ébahi : "Alors comme ça, y en a qui se lavent ?"

Quittant Morges, je poursuis mon chemin le long du rivage sur un chemin de terre : c'est la première fois depuis le début de l'étape que j'ai autre chose que du goudron ou du gravier sous les pieds. Le paysage change radicalement aussi : maintenant, le sentier quitte le bord du lac et se faufile dans la vallée du Boiron. Le balisage indique que je suis le Sentier de la Truite et des panneaux éducatifs me renseigne sur les différentes espèces de poisson que l'on peut trouver dans le lac et dans le ruisseau. J'apprends que le Léman comporte plus de 30 espèces de poissons, cassés dans trois groupes: les "nobles", les "blancs" et "les autres". Dans cette dernière catégorie se trouvent le brochet et le poisson-chat qui, il faut l'avouer, n'ont pas l'air spécialement nobles.

Je suis le ruisseau vers l'amont dans une vallée qui devient de plus en plus encaissée. Au bord d'une clairière se trouvent quelques ruches : un panneau essaie de faire peur aux promeneurs avec une image d'abeille (qui ressemble plutôt à une guêpe) armée d'une épée et d'un dard aussi immense que les fesses de Mademoiselle Q. Un tunnel me fait passer sous le chemin de fer Lausanne-Genève puis, un peu plus loin, c'est sur un haut viaduc que l'autoroute franchit la vallée boisée. Mise à part ces voies de communication, rien n'indique que je me trouve à proximité immédiate d'une des zones les plus urbanisées du pays.  Le sentier finit par quitter le vallon : ces quelques mètres escarpés constituent l'unique dénivelée de cette étape presque entièrement plate.  

Peu de temps après avoir quitté la vallée du Boiron, j'atteins les premières maisons de St-Prex, la destination finale de la randonnée. St-Prex comporte un centre médiéval au bord du lac, que je verrai au début de la prochaine étape : aujourd'hui, je ne vois que la zone d'industrie légère qui borde le village sur son côté nord. Juste avant la gare, où j'arrive trois minutes avant le départ du train, je dois contourner un grand entrepôt où des milliers de bouteilles sont stockés sur des palettes en bois. Au début je pense que c'est une entreprise viticole à l'échelle industrielle, puis je vois qu'il y a un musée de la verrerie juste en face : en faite, c'est une fabrique de bouteilles. C'est un petit avant-goût de la prochaine étape, qui me fera traverser le vignoble de la Côte. 

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Tourengänger: stephen
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