Petite boucle en raquettes au-dessus de Melchsee-Frutt


Publiziert von stephen , 24. Februar 2014 um 22:15.

Region: Welt » Schweiz » Obwalden
Tour Datum:23 Februar 2014
Schneeshuhtouren Schwierigkeit: WT2 - Schneeschuhwanderung
Wegpunkte:
Geo-Tags: Östliche Melchtaler Alpen   CH-OW   Westliche Melchtaler Alpen 
Zeitbedarf: 4:15
Aufstieg: 610 m
Abstieg: 610 m
Strecke:Melchsee-Frutt – Bonistock – Tannalp – Gumm – Erzegg – Melchsee-Frutt
Zufahrt zum Ausgangspunkt:cff logo Melchsee-Frutt
Zufahrt zum Ankunftspunkt:cff logo Melchsee-Frutt

English version here

Cela fait un petit moment que je n'ai pas posté de rapport ici. Un déménagement et un hiver très pauvre en neige sont autant de raisons qui m'ont tenu à l'écart des activités de montagne depuis quelques semaines. Hormis une sortie sur le Rigi à la mi-janvier pendant laquelle les raquettes sont restées attachées au sac faute de neige, je n'ai pas été en montagne depuis novembre. Mais le déménagement est enfin terminé, les cartons sont tous déballés et, pour ce dernier week-end de février (eh oui, déjà…), Météosuisse annonce du soleil après une nuit où il a dû neiger en montagne.

Les prévisions se confirment. De  la fenêtre de mon salon je vois un Pilatus bien enneigé, de celle de la chambre d'amis, le Rigi a lui aussi pris des couleurs hivernales pendant la nuit. Le ciel est bien bleu… la journée a un gros potentiel. Hors de forme physique, je n'ai pas envie d'aller loin ni de tenter quelque chose de trop difficile ; quatre ou cinq cents mètres de dénivelée suffiront largement. J'opte pour Melchsee-Frutt, que je ne connais pas encore et qui semble offrir des possibilités de combiner plusieurs itinéraires balisés pour faire une boucle par les crêtes au-dessus du Melchsee et du Tannensee. Je me lève, fais des sandwiches avec du bon pain de la boulangerie du quartier et, à neuf heures, monte dans le train en direction de Sarnen.

Le car postal qui remonte le Melchtal de Sarnen à Stöckalp est bondé. Je prends mon sac à dos sur les genoux… et me rends immédiatement compte que le Schwyzer Bio-Bergkäse que j'ai mis dans l'un de mes sandwiches pue.  La moitié des passagers du bus doivent se demander d'où vient ce doux parfum de bouse de vache… je fais la seule chose possible : je lance un regard accusateur en direction de mes voisins. Dans la télécabine ce n'est pas mieux… en fait c'est bien pire, car la cabine s'arrête à mi-parcours et nous restons quatre ou cinq minutes suspendus au-dessus du vide, à balancer tout doucement, sans rien à faire si ce n'est se demander pourquoi ça empeste le fromage !

La petite station de ski de Melchsee-Frutt n'est pas bien jolie avec son grand "Lodge & Spa" en forme de blockhaus, mais le ciel est d'un bleu parfait et il y a de la neige fraîche en quantité suffisante. Je monte en direction du Bonistock, suivant un itinéraire raquettes balisé. Sur la piste de ski à ma gauche, la neige a l'air parfaite et les skieurs ont, eux, l'air ravis des conditions.  Mon itinéraire reste bien à droite de la piste, montant le long du bord de la falaise qui surplombe tout le côté nord du Melchsee. La neige est excellente, il y a juste assez de poudre fraîche pour que les conditions soient optimales, même si, sur les crêtes exposées au vent, on voit des touffes d'herbe par-ci par-là. Pour les derniers mètres avant le sommet du Bonistock (2168 mètres, point culminant de la randonnée), il faut remonter la piste de ski.

Le Bonistock marque la fin de la partie "station de ski" de cette randonnée. Laissant derrière sa gare de téléphérique et son restaurant animé et bruyant, je poursuis vers le Tannenschild, une élégante petite pointe qui se dresse devant moi, ses pentes enneigées d'un blanc éclatant contre le bleu profond du ciel. L'itinéraire raquettes contourne cette pointe par sa face nord ombragée ; ici, la neige est profonde et poudreuse. La pente qu'il faut traversée est bien raide, le passage est quelque peu aérien mais la trace est bien faite. Une chute n'aurait pas de conséquences trop graves, hormis le fait qu'on ferait certainement une bonne glissade jusqu'à la piste noire en contrebas et qu'il faudrait ensuite tout remonter avant de recommencer.

Quittant l'ombre du Tannenschild, l'itinéraire retrouve le soleil et un terrain plus plat, avec le sommet blanc et arrondi du Hohmad qui se dresse devant. Le Tannensee apparaît en contrebas, étrange étendue plate au milieu d'un paysage de creux et de bosses. Je sais que je devrai bientôt quitter la crête pour descendre à droite vers Tannalp, mais le passage reste invisible jusqu'au tout dernier moment : la ligne des falaises semble être ininterrompue et la seule trace que je vois file tout droit vers le Hohmad.

Je descends vers la selle de Chringen, et voilà l'endroit où il faut quitter la crête, le seul endroit où la falaise s'interrompt sur quelques mètres de longueur. Je m'approche… cela a l'air bien raide, bien trop raide même.  Demi-tour ou pas, je n'arrive pas à décider. Le passage raide est très court, ce serait frustrant de ne pas y aller. Un couple me précède et je décide d'observer leur descente avant de prendre ma décision. L'homme passe le premier ; gardant ses raquettes il descend deux ou trois grandes marches en se mettant perpendiculaire à la pente, puis continue droit dans la pente ; apparemment ça tient bien. Sa compagne décide de déchausser, mais c'est une erreur : à la première grande marche sa chaussure dérape sur la neige durcie et elle part en glissade sur les fesses, s'arrêtent quelques mètres plus bas dans la neige profonde en riant. Cela me rassure : j'ai vu ce qui pourrait arriver de pire et tout le monde l'a trouvé rigolo, y compris la première concernée. Je garde mes raquettes, descends les deux premières marches en position à moitié assise, et passe finalement sans problème, les griffes de mes raquettes adhérant bien dans cette neige de qualité parfaite. Encore quelques mètres de descente et me revoilà en terrain plus normal, quoique encore bien pentu. Par mauvaises conditions avec de la neige dure ou gelée, ce petit passage serait vraiment délicat et mérite peut-être la cotation WT3.

Juste en dessous de ce petit passage scabreux, sous une falaise surplombante, un banc en pierre est installé face au soleil de midi. C'est l'un des plus beaux endroits pour casser la croûte que l'on pourrait imaginer, face aux Wendenstöcke, au Mähren et au Tällistock, vue par-dessus un premier plan de neige vierge. Je me couvre de crème solaire (mais, comme je pourrai le constater au lendemain matin, oublie le bout de mon nez) et m'installe pour manger mes sandwiches qui puent. Une randonneuse à skis remonte la pente vers moi, me salue et, voyant l'emplacement parfait et mon sandwich, dit quelque chose comme : "Mmm… Sunnebänkli und Käse". Ce qui résume parfaitement cette belle pause pique-nique.

Je poursuis ma descente vers les chalets de Tannalp. L'itinéraire me mène dans une petite vallée peu profonde (Schnuer sur la carte) ; ici, la neige est encore immaculée, il y a juste une trace de skis qui remonte vers l'est et la trace de raquettes que je suis. Encore quelques jours de beau temps et il y aura sans doute des traces dans tous les sens ici, mais pour l'instant c'est tout propre et très beau.

Tannalp, au contraire, est animé en ce début d'après-midi ensoleillé. Plusieurs sentiers de randonnée hivernale convergent ici et la terrasse du restaurant est noire de monde. Il serait facile de couper court ici et de rentrer directement à Frutt en une quarantaine de minutes, mais mon œil a été attirée par la crête d'en face, blanche et arrondie, qui me permettrait de faire une boucle complète avant de rentrer. Cette crête est moins abrupte que celle bordant la vallée par le nord : ici pas de falaises, mais plutôt des bosses, des creux et des cratères qui descendent vers le plat du Tannensee, s'échouant sur les rives du lac comme d'immenses baleines blanches.

La montée vers la crête est plus ardue que j'aurais pensé. Il est une heure et demie, le soleil est devenu franchement chaud et je suis vite en sueur. Il n'y a pas vraiment de bonne trace à suivre ; la plupart des randonneurs sont venus dans l'autre direction, en descente donc, chacun faisant sa trace dans la pente assez soutenue et, par conséquent, je m'enfonce pas mal quelle que soit la trace que je choisis. Mais après être redescendu à 1974 mètres à Tannalp, je finis par arriver au sommet arrondi du Gumm, à une altitude de 2052 mètres. Il y a pas mal d'autres de randonneurs ici, en train de reprendre des forces tout en admirant la vue époustouflante. C'est beau dans toutes les directions : devant le Glogghüs, à gauche le Tällistock, loin devant les grands sommets de l'Oberland bernois et derrière, par-dessus une zone boisée, le joli Engstlensee où j'ai passé une nuit mouvementée en août 2010… que cela semble loin maintenant !

Repartant de Gumm, je continue un peu le long de la crête puis, juste avant d'atteindre l'arrivée du télésiège d'Erzegg, la quitte vers la droite, descendant dans la neige vierge poudreuse à travers des pentes pas assez raides pour être dangereuses mais suffisamment inclinées pour que la descente soit un grand plaisir. Je fais un grand arc vers l'est, puis descends par le fond d'un vallon qui finit par me ramener au bord du Melchsee et à la civilisation. Je partage les derniers quelques centaines de mètres de ma randonnée en boucle avec des skieurs de piste et de fond, des enfants assis sur des luges et des familles en promenade dominicale sur la neige. Je découvre que le blockhaus laid du "Lodge & Spa" possède une terrasse magnifique, d'autant plus que lorsqu'on y est assis, on peut regarder un paysage de toute beauté dans lequel on ne voit pas ledit  "Lodge & Spa" !  Je commande une petite bière et reçois une grande… le serveur est tout désolé, il est en panne de petits verres mais il ne me facturera que ce que j'ai commandé. Je ne vais pas m'en plaindre…  Les pistes de ski et le lac gelé sont en train de sombrer dans les ombres projetées par le Glogghüs, mais la terrasse reste en plein soleil.
A la table voisine, un couple discute avec un homme en costume qui semble être le patron de l'hôtel. Ils sont en train de parler de cette météo de rêve : "Cela fait trois mois qu'on attend un jour comme ça", dit le patron. 

Je redescends à Stöckalp en télécabine et monte dans le car postal. Le chauffeur est un petit homme d'une soixantaine d'années, jovial et bavard. Avant le départ du bus, constatant que son pare-brise est couvert de buée, il demande s'il n'y aurait pas une jolie demoiselle dans le bus qui pourrait lui prêter un sèche-cheveux pour enlever la buée. Puis, pendant toute la descente sur Sarnen, il commente le paysage, nous dit le nom des sommets, indique des points d'intérêt : un groupe de chamois là-haut sur le versant opposé, un vieil hôtel de style Art nouveau en contrebas. Sur le Pilatus qui apparaît en face, il indique un rocher qui est censé ressembler à un évêque et raconte toute une histoire là-dessus… malheureusement, ma maîtrise de l'Obwaldnerdüütsch est loin d'être suffisante pour me permettre de tout comprendre !  En arrivant à la gare de Sarnen, tous les passagers sont en train de sourire, de rire, de bavarder avec leurs voisins inconnus. Alors qu'il s'apprête à ouvrir la porte du printemps, l'hiver a servi une journée parfaite à tout le monde.

Tourengänger: stephen


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