Monte Cinto : version hivernale by fair means, bike&hike depuis Corte

Difficile de passer une semaine en Corse sans s'attaquer à son point culminant...Après la merveilleuse boucle à skis sur la Maniccia la veille avec Renaud et Mangeurdefigatellu de camptocamp.org, changement de décor pour attaquer le toit de l'ile par son versant ensoleillé, ce coup-ci seuls. Pas trop envie de porter les skis des heures dans la garrigue, on passe donc en mode vélo-rando avec un départ "by fair means" de Corte le porte-bagage bien lesté (crampons - piolet - duvets - réchaud - ravito & co) au vu des incertitudes tant sur ce qu'on trouvera au refuge de l'Erco que sur les conditions de la montagne en altitude.

L'approche à vélo est déjà un véritable enchantement, en tous cas pour des novices de la montagne corse...le petit bout du monde de Lozzi est radicalement déserté en cette saison (nous avons même dû renoncer à notre sacro-saint café), ne parlons pas de la suite...le sentier vers l'Erco, qui coupe les lacets de la piste au milieu de la garrigue, n'est pas toujours bien défini à cause des nombreuses traces d'animaux (mieux vaut rester sur la piste au delà de 1500m). Au bout de la piste, on tombe sur une buvette saccagée (cf image) vers 1600m, peut-être une guerre de clans locaux...ensuite le tracé devient plus évident.

Nuit fraiche (6° dans le refuge) et étoilée avec une magnifique pleine lune illuminant ce cadre grandiose, le soleil tape très vite l'itinéraire de montée qui est abondamment cairné dès le départ. Aucun souci jusqu'à 2400m, mais au delà l'ambiance change du tout au tout : sente et cairns sont sous la neige et il faut cheminer en crampons sur des pentes assez raides en neige dure le matin, souvent en traversée au dessus de petites barres qui étaient parfois couvertes de verglas pour rajouter un peu d'atmosphère. Ayant perdu un piolet sur le trajet à vélo (si quelqu'un le trouve...), on ne faisait pas trop les malins en l'absence complète de trace (le sommet n'a pas dû être gravi depuis un certain temps par ce coté là). Nous avons du coup renoncé au projet initial de traverser sur la Pointe des Eboulis pour revenir par le Lac du Cinto, ladite traversée n'ayant pas l'air si commode en mode hiver, en tous cas sans traces et sans connaitre. Coup d'oeil fabuleux sur la Paglia Orba d'un coté(où Mangeurdefigatellu à promis de nous amener par la voie Finch si on revenait le voir en été et si on était sages), le Golfe et la citadelle de Calvi de l'autre, sans parler de tout le reste.

Descente un peu plus commode avec la neige ramollie, encore 1h de sieste pour profiter jusqu'au dernier moment de la solitude de l'Erco. Puis retour à pied aux vélos au dessus de Lozzi et enfin - cerise sur le gâteau - 18km de descente en pente douce jusqu'à Ponte di Castirla, avant une soirée baffratoire dans le Vieux Corte. Si le paradis existe, il ne doit pas habiter loin de là. Ou alors peut-être en Castaniccia, le massif méconnu au sud de Bastia avec ses forêts de châtaigniers, ses routes d'un autre âge et ses 110 villages perdus que nous irons découvrir à vélo les 2 jours suivants...

Remarque sur l'accès : A vélo, la route de Corte à Lozzi via le Col de Castirla et le Niolu est de toute beauté, en particulier les gorges de la Scala di Santa Regina en aval de Calacuccia. On peut encore monter un peu sur le début de la piste après les camping, mais nous avons préféré laisser les vélos vers 1140m, ladite piste n'étant plus vraiment carrossable au delà.

Note sur le refuge : Refuge de l'Erco ouvert mais en voie de dégradation rapide, ce qui fait un peu mal au coeur quand on voit la majesté du site. On y trouve des matelas et des couvertures (secs lors de notre passage, mais qui ne le resteront pas forcément : la porte ne ferme plus et le toit n'est plus étanche partout), des bruleurs mais plus de gaz, du bois mais un poêle qui ne fonctionne plus, un peu de vaisselle et qques casseroles, pas grand chose de plus. Nous avons fait du feu dehors pour cuisiner et nous réchauffer.

Météo : Grand beau frais et sans vent les 2 jours.

Conditions : Tout sec jusqu'à 2350, névés peu gênants jusqu'à 2450m, la fin est d'un seul coup bien plus alpine (cf images) avec pentes assez raide de neige quasi continue et quelques traversées exposées au dessus de rochers verglacés le matin.

Participants : Agnès et moi. Seuls tout du long, juste croisé un couple d'Autrichiens qui avaient fait 1/2 tour dans les passages exposées sous le sommet.