Sur le Pembrokeshire Coast Path : Septième étape, de Marloes Sands à Broad Haven


Publiziert von stephen , 9. Juni 2013 um 17:45.

Region: Welt » United Kindom » Wales
Tour Datum:17 Mai 2013
Wandern Schwierigkeit: T1 - Wandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: GB 
Zeitbedarf: 6:00
Aufstieg: 225 m
Abstieg: 225 m
Strecke:Marloes Sands – Martin's Haven – St. Bride's Haven – Little Haven – Broad Haven
Kartennummer:OS 1:25,000 "South Pembrokeshire"

English version here

Cette septième étape, qui marque la mi-chemin de ma randonnée le long de la côte galloise, est ce qui ressemblera le plus à un jour de repos. Pour des raisons d'argent mais surtout de temps, je n'ai pas prévu de jour sans marche au cours de mes vacances, mais je sais que je malmène mes jambes depuis le début et que des étapes plus courtes comme celles d'aujourd'hui et demain sont importantes avant d'attaquer la partie nord du sentier, réputé plus difficile.  Aujourd'hui il n'y a ni grosses montées, ni passages à gué pour imposer un rythme de marche rapide. J'ai tout mon temps pour couvrir les 22 kilomètres jusqu'à Broad Haven (deuxième lieu de ce nom le long du sentier) ; je pourrai marcher lentement, me débarrasser des dernières petites douleurs à mon talon droit, profiter du beau temps. Je m'accorde une grasse matinée et ne descends déjeuner qu'à 8 heures 30. Il fait beau, le soleil brille dans un grand ciel bleu, la patronne du bed & breakfast a concocté une compilation de musique soul des années 70 pleine d'énergie comme musique de fond : tout va bien dans le monde.

Tout en mangeant mon petit déjeuner, je discute avec le jeune couple que j'ai vu en tenue de randonnée hier soir au pub d'à côté. Ils sont hollandais et font le même parcours que moi, dans la même direction : ce sont les premières autres personnes (et resteront les seules) que je verrai qui font exactement comme moi. Ils sont partis d'Amroth un jour avant moi mais ont découpé l'itinéraire en étapes un peu plus courtes, de sorte que je les aie rattrapés au bout d'une semaine de marche. Hier, ils me racontent, ils sont partis très tôt de Dale pour pouvoir aller visiter la réserve naturelle de l'île de Skomer, à quelques encablures de la côte. L'idée me paraît sympa : une petite promenade en bateau jusqu'à l'île et retour, irait très bien avec mon jour de semi-repos.  Je dis à la patronne que l'ambiance animée de Marloes m'a surpris et que, du temps de mon adolescence, c'était un village désert et loin de tout. Elle me dit que le changement est largement dû à la popularité des très nombreux documentaires sur la faune et la flore britanniques qui passent à la BBC. L'île de Skomer a figuré dans une série sur les oiseaux marins et depuis, des ornithologues amateurs et des randonneurs amateurs des oiseaux viennent en nombre. Le petit village endormi a su profiter de ce marché de niche, tout en restant parfaitement authentique. Il y a une lampe sur le rebord de la fenêtre à côté de ma table, accompagnée d'un nouvel exemple de cette pollution visuelle tellement britannique : ATTENTION, LA LAMPE EST CHAUDE m'informe un écriteau à côté de la lampe. Je me demande bien à qui cela pourrait être destiné…  ceux qui n'ont pas encore compris que les lampes sont chaudes sont probablement encore trop jeunes pour lire la mise en garde !

Je repars par le petit chemin à côté de la maison, prends la petite route puis le sentier qui descend jusqu'à la plage de Marloes. Lorsque je reprend enfin l'itinéraire à l'endroit où je l'ai quitté hier soir, il est déjà 9 heures 45. Il y a du monde sur le sentier ce matin, souvent accompagné de chiens, profitant du beau temps et du paysage magnifique des falaises. Un couple avec un retriever approchent, le chien bondit vers moi. "Lucy, on ne saute pas !" prévient la propriétaire du chien. Lucy s'en fiche complètement des ordres - renifler les amis potentiels est plus intéressant, ça se comprend - et me saute dessus, agitant la queue. Deux randonneurs "pros" arrivent en sens inverse à vive allure, sacs à dos énormes, en sueur, le visage bien concentré, ils n'ont pas tellement l'air de s'amuser. Peut-être qu'ils ne font cela que pour le défi physique, ou alors leurs petites amies les attendent pour déjeuner à Tenby… ils ne répondent pas à mon bonjour, je ne saurai donc pas pourquoi ils forcent le pas à ce point.

A 10 heures 45 j'arrive au minuscule port de Martin's Haven, d'où part le bateau qui va à l'île de Skomer. Il y a un bateau à 11 heures mais il est déjà complet, le suivant n'est qu'à midi. Tant pis, cela me retarderait trop ; je me contente d'une pause de 15 minutes, assis au bord de la petite plage de galets. Le petit bateau bleu arrive, embarque un nombre impressionnant de passagers et repart.

La prochaine section du sentier, qui suit le haut de la falaise jusqu'à St. Bride's Haven, est particulièrement belle. Les fleurs me paraissent particulièrement jolies aujourd'hui : non seulement les ajoncs jaunes omniprésents, mais aussi beaucoup d'autres fleurs roses et blanches dont j'ignore le nom. Les falaises elles-mêmes sont de couleur essentiellement ocre, ponctuée ici et là par des incursions de pierre noire comme à Black Rock, où une grande falaise noire s'élève comme une vague énorme au-dessus de la plage de Musselwick Sands, noyée par la marée. La suite de l'itinéraire s'étend maintenant devant moi, une ligne de falaises qui s'étend presque jusqu'à l'infini : voici le grand golfe de St. Bride's Bay 15 kilomètres à vol d'oiseau (mais trois fois plus pour le voyageur à pied) de Martin's Haven à l'île de Ramsey Island. Sur la carte, on dirait une grande baie peut-être un peu monotone ; en réalité, St. Bride's Bay est une succession de caps, d'anses et de vallons pris dans l'étendue du golfe principal. Il est vendredi matin, je n'atteindrai ce cap que je regarde tout là-bas que dimanche après-midi.

Comme hier, un grand nuage noir flotte, immobile, au-dessus des champs à l'intérieur des terres. Contrairement à hier, le soleil ne parvient pas tout à fait à l'éviter et, vers midi et demie, se cache derrière. L'air devient tout de suite plus frais et j'enfile ma polaire pour la première fois de la journée. Le sentier contourne un immense champ bordé d'un haut mur de pierre – plus haut que mois, ce mur doit faire plus de deux mètres. Il marque visiblement la limite d'une propriété importante et, en effet, par des ouvertures dans le mur, je vois les tourelles et fortifications d'un château. C'est un joli spécimen de l'époque victorienne, davantage faux château écossais que vraie ruine galloise !

St. Bride's Haven, où j'arrive vers 13 heures, est un autre petit bout des Côtes d'Armor échoué au Pays de Galles. Une petite anse caillouteuse, des rochers s'étendant vers la mer, trois ou quatre maisons blanches, une vieille église. Il y a plusieurs personnes sur la plage, cherchant un endroit pour manger à l'abri du vent devenu frais. Je m'installe sur la plage mais, au bout de cinq minutes, quelques gouttes de pluie m'obligent à chercher un endroit plus abrité pour manger. Au-dessus de la plage se trouve un ancien four à chaux comme il y en a un peu partout le long du sentier, il y a juste assez de place à l'intérieur pour qu'une personne puisse manger au sec. A vrai dire, il ne pleut pas tant que ça et, au cours de l'heure qui suit, je n'arrête pas d'enlever et de retirer ma veste imperméable pendant que le soleil et les averses se disputent la suite de la journée. Je jette un œil dans l'église du 13 ème siècle, puis continue vers le nord par des falaises plus basses que ce matin.

Si j'ai bien fait mes calculs, St. Bride's Haven marque la moitié de mon parcours. J'ai couvert 150 kilomètres en six jours et demi, il me reste autant à parcourir, que ce soit en matière de temps ou de distance. Sur la carte, juste au nord de St. Bride's, il y a même un endroit marqué "Halfway Rock", mais j'ignore si cette appellation a quelque chose à voir avec le sentier du littoral (qui n'existe que depuis 1970) ou si le nom est plus ancien et possède une autre signification. Aucun de mes deux topo-guides ne mentionne l'endroit.

La météo continue de se détériorer, de manière plus inquiétante désormais. Le grand nuage noir qui me tient compagnie depuis deux jours et m'arrose périodiquement depuis ce midi a enfin décidé de bouger et commence à lancer de longues tentacules vers la mer. Vers l'ouest et la mer, le ciel reste bleu. Au large, un grand rocher sort sa tête de la mer, faisant un peu monstre du Loch Ness. Le ciel s'assombrit rapidement et quelques grondements de tonnerre se font entendre, d'abord loin vers le nord mais se rapprochant petit à petit. Le contraste entre le bleu de la mer, le jaune des ajoncs et le noir du ciel est saisissant. Le sentier descend dans une petit vallée très encaissée, au fond de laquelle il y a une petite plage de galets, un ruisseau et encore un de ces fours à chaux. Je considère la possibilité de rester à l'abri ici, le temps de laisser passer l'orage, mais celui-ci n'avance que très lentement et passera peut-être plus au sud. Je pourrai toujours revenir ici si les conditions se dégradent trop.

Du côté nord du vallon, le sentier remonte sur des falaises beaucoup plus hautes et exposées aux éléments. Il ne pleut toujours pas mais le front orageux semble maintenant se rapprocher plus rapidement ; les coups de tonnerre sont plus proches et plus fréquents. Je décide de redescendre dans le vallon ; s'il y a un endroit où je ne veux vraiment pas être au milieu d'un orage, c'est sur une falaise où je suis l'objet le plus grand du secteur !  Je fais demi-tour, redescends au fond du vallon, mets mes affaires à l'intérieur du four à chaux en anticipant le déluge et m'installe pour attendre. Je pense être à une heure environ de ma destination et téléphone pour prévenir le bed & breakfast que je risque d'arriver tard ; je ne sais pas si je vais devoir attendre vingt minutes ou deux heures ici. En fait, je me suis trompé concernant ma situation géographique : je suis à Mill Haven, à deux bonnes heures encore de la fin de l'étape. J'y reste pendant près d'une heure ; l'orage passe au-dessus puis s'éloigne très, très lentement vers le sud. Il règne un calme étrange ; il n'y a ni vent, ni pluie. Au large, le ciel reste bleu.

A 15 heures 30, je décide de reprendre la route. Depuis dix minutes il n'y a plus eu de tonnerre, même si le ciel reste très sombre et qu'une seconde vague semble se préparer au nord-est. Cela devient un peu une course contre le mauvais temps, mon "jour de repos" n'est plus qu'un souvenir. J'avance à une allure de footing de vieillard, me recroquevillant instinctivement pour me donner une illusion de protection contre d'éventuels coups de foudre. Je me demande comment mon talon d'Achille encore un peu délicat réagira à ce pas de course, et dans quel état je serai demain matin. Convaincu qu'en haut de la prochaine montée je verrai Broad Haven juste devant, je suis consterné de voir que les falaises continuent avec de nouvelles montées et descentes à perte de vue. Au moins, la plupart du temps, le sentier reste à deux ou trois mètres en dessous du point le plus haut de la falaise, de sorte que les buissons qui séparent le sentier des prés à ma droite soient presque toujours plus hauts que moi. A chaque descente dans un creux ou un vallon, je respire et m'accorde un peu de répit. Mais chaque nouvelle montée m'angoisse, même si en réalité il n'y a plus eu de tonnerre depuis que je suis reparti. Je sens que je me mets dans le rouge et m'oblige à ralentir.

Enfin, après Borough Head, le sentier commence sa longue descente vers le bord de la mer. Les haies d'ajoncs deviennent plus hautes, le sentier plus encaissé et, enfin, le terrain découvert du haut des falaises fait place à une jolie forêt clairsemée. Beaucoup plus tard que je n'aurais pensé, il se met à pleuvoir, c'est la deuxième vague du front orageux qui arrive. Puis, venu de nulle part, un petit chien de berger arrive derrière moi, passe devant et m'attend. Il m'accompagne pendant une demi-heure, jusqu'à la plage de Little Haven. Mouillé, mal entretenu et sans collier, il baisse la tête et la queue chaque fois que je lui parle, comme s'il craint de se faire battre. Je me demande s'il s'agit d'un chien abandonné par ses propriétaires. Je traverse quelques prés, espérant qu'il n'y aura pas de vaches dedans maintenant que je suis accompagné, mais les prés sont vides et, bientôt, je descends au petit village de Little Haven.  C'est un joli endroit ; une plage étroite dans une vallée encaissée entre des falaises, avec un petit regroupement de maisons anciennes derrière la plage. Je repère un café et entre pour demander si jamais quelqu'un aurait signalé un chien perdu. La propriétaire pense qu'il s'agit probablement d'un chien de ferme mais ne le reconnaît pas ; elle me conseille "d'aller à la maison là-bas et demander à Viviane, c'est une femme à colleys, elle saura". Mais lorsque je ressors du café le chien a disparu ; la rencontre avec Viviane la femme à colleys n'aura pas lieu.

Je suis à Little Haven mais mon bed & breakfast se trouve à Broad Haven, le prochain village. A marée basse, on peut passer de l'un à l'autre par la plage, mais je suis soit un peu trop tôt, soit un peu trop tard, et le passage qui permet de contourner les rochers entre les deux villages est sous l'eau. Je remonte par l'unique rue de Little Haven, où la moitié des maisons semblent être des pubs, remonte par la route sur la colline, puis redescends de l'autre côté jusqu'à Broad Haven.

Broad Haven manque un peu de charme. La vaste plage est assez atypique de la région, dans la mesure où elle n'est bordée ni de falaises, ni de dunes, mais d'une simple digue sur laquelle il y a une route bordé que deux ou trois hôtels, d'une supérette et d'un pub. A part cela, il n'y a pas grand-chose. La plage elle-même est magnifique avec, à son extrémité nord, un gros rocher en forme de lion couché… qui, histoire de tromper tout le monde, s'appelle Stag Rock (le Rocher au cerf) sur la carte. Peut-être que le lion s'apprête à bondir sur un cerf ?

Le B&B où j'ai réservé se trouve sur le front de mer et fait aussi café (où, comme semblent s'appeler tous les cafés gallois, "bistro"). La grande salle à manger est déserte ; je suis accueilli sans sourire par une jeune femme qui semble être davantage habillée pour aller en boîte que pour travailler dans un "bistro" de bord de mer. Elle ne sait visiblement pas quoi faire quand je lui dis que j'ai réservé une chambre et part chercher du secours en cuisine. Elle revient avec une clé, remonte bruyamment l'escalier sur de grosses chaussures et me fait entrer dans la plus petite chambre d'hôtel que j'ai jamais vue. Il y a un lit simple, une petite table avec une bouilloire dessus et c'est tout… il n'y aurait pas de place pour plus. Si je mets mon sac à dos par terre au bout du lit, je ne peux plus ouvrir la porte de la chambre. Si je le pose à côté du lit, c'est la porte de la salle de bain qui devient inaccessible. Il n'y a ni gel douche, ni shampooing dans la salle de bain, c'est le seul des 12 hébergements de ma randonnée où ces choses de base manquent. Seulement un mince filet d'eau vient de la pomme de douche, mais elle est chaude et bientôt je suis propre et sec, et mes vêtements humides ont plus ou moins trouvé place.

Comme tous les soirs, je vais manger au pub du village. Celui-ci, le Buccaneer Inn, est bruyant et bondé, c'est visiblement un lieu de rencontre des villageois plus qu'un bistrot pour touristes. Je réussis à trouver une table, commande une pinte Reverend James et du scampi and chips, regarde mes cartes et mes topo-guides. Les deux Hollandais que j'ai vus ce matin entrent et viennent partager ma table ; nous échangeons nos expériences et comparons nos cartes et topos respectifs. Le pub est équipé d'une juke-box numérique – chose que je ne connaissais pas encore, mais qui me semble être une excellente idée. Malheureusement, la qualité d'un juke-box dépend aussi des goûts de la clientèle, et ici on est plutôt country & western. Thin Lizzy a aussi la cote, ainsi que Smokie ("Vous inquiétez pas", me dit le barman quand il vient débarrasser la table au milieu de Living Next Door to Alice, "c'est la version sans gros mots !) Je repars du pub en essayant vainement de sortir Whiskey In The Jar de ma tête, après l'avoir entendu trois fois en une heure.

L'orage est parti loin au sud, laissant derrière une belle lumière de fin de soirée. La mer est basse et le soleil se couche, rouge et fantastique, au-dessus des collines et caps vers lesquels je marcherai demain. De retour dans ma petite chambre, ça frappe à la porte. Une femme – pas celle de tout à l'heure, une autre – entre dans la chambre, pose un plateau sur ma table de nuit et me souhaite bonne nuit. Le digestif qu'elle m'a apporté est pour le moins inhabituelle : un verre de lait, deux petits muffins et une grappe de raisin. Décidément, Broad Haven est un endroit singulier...

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Tourengänger: stephen
Communities: Randonneur


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