Sur le Pembrokeshire Coast Path : Sixième étape, de Sandy Haven à Marloes Sands


Publiziert von stephen , 8. Juni 2013 um 17:27.

Region: Welt » United Kindom » Wales
Tour Datum:16 Mai 2013
Wandern Schwierigkeit: T1 - Wandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: GB 
Zeitbedarf: 6:30
Aufstieg: 370 m
Abstieg: 350 m
Strecke:Sandy Haven - Dale - St. Ann's Head - Marloes
Kartennummer:OS 1:25,000 "South Pembrokeshire"

 English version here

Enfin, le sixième matin de ma randonnée de bord de mer, je vois du ciel bleu en ouvrant les rideaux. J'ouvre la fenêtre, l'air est frais mais avec une promesse de chaleur à venir, c'est une matinée magnifique. Je déjeune avec la randonneuse allemande arrivée à la ferme en même temps que moi hier soir. Après huit jours de marche elle souffre : elle a des ampoules et une tendinite. Elle me dit qu'elle a sous-estimé les deux ou trois premières étapes et depuis, elle court après la forme sans vraiment arriver à récupérer pleinement. Elle pense utiliser le bus pour raccourcir les prochaines étapes plus urbaines et peut-être moins intéressantes. Elle regrette d'avoir commencé au nord, car elle pense (et elle n'a pas vraiment tort) qu'elle a déjà fait la plus belle partie du sentier et que la fin pourrait être décevant. Peut-être, dit-elle en riant, que je devrais faire demi-tour et repartir vers le nord. Je lui réponds qu'elle peut m'accompagner sans problème, mais c'est vers le sud qu'elle part ; je ne saurai sans doute jamais si elle est arrivée jusqu'au bout.

Cette sixième étape est la première d'une série journées un peu plus courtes. Je ne suis pas pressé : a deux heures de marche d'ici il y a encore un de ces passages à gué qui dépendent de la marée, et je sais que je ne pourrai certainement pas passer avant midi et demie. Je décide de partir tard, puis de casser la croûte tôt ce midi au passage à gué en attendant la marée. Je redescends tranquillement jusqu'au bord de la mer à Sandy Haven. Les pierres sur lesquelles j'ai traversé la crique hier soir ont disparu, le minuscule ruisseau est devenu une grande étendue d'eau profonde, d'un bleu tout aussi profond. Je remonte par une forêt qui vibre du chant des oiseaux et du martèlement frénétique d'un pivert qui cherche à arriver jusqu'en Australie en passant par un tronc d'arbre. Ca fait du bien, après tout le goudron des derniers jours, de me retrouver sur un vrai sentier. Mon tendon d'Achille est toujours un peu douloureux et, hier soir, j'ai constaté une bonne enflure et une bosse dure à mi-hauteur. Mais le gel ibuprofène a fait du bien ; je continue à en mettre deux fois par jour pendant trois ou quatre jours et ne suis plus vraiment embêté par ce talon, même si aujourd'hui je marche plus lentement que d'habitude. Pour la première fois depuis le début de la randonnée il y a six jours, il fait assez doux pour que je puisse enlever ma polaire… provisoirement, car en sortant de la forêt le vent recommence à souffler et je la remets presque aussitôt. Le ciel est bleu, il y a juste un gros nuage là-bas vers le nord-est ; il y restera, immobile, toute la journée, pendant que le soleil lui tourne autour et réussit à l'éviter.

L'ambiance de la randonnée change aussi aujourd'hui. Pour la première fois depuis Amroth, je commence à voir d'autres personnes sur le sentier, pas seulement des promeneurs de chiens aussi mais des randonneurs à la journée. Les anses que je contourne sont remplies d'eau bleue, leurs plages englouties sous la marée haute. Sur la falaise juste avant Monk Haven, une tour ruinée imposante invite à faire une pause et prendre des photos. Hélas, c'est un peu trop parfait, mon topo-guide m'informe que cette belle ruine a été construite exprès comme ça, au 19ème siècle ! Le sentier descend dans la vallée verte et étroite de Monk Haven, où la plage de galets est bordée d'un mur étrange, haut de quelque trois mètres, dans lequel il y a juste une ouverture pour laisser passer l'eau du ruisseau qui s'écoule vers la mer.

Je longe des haies bordant des prés verts, puis descends vers la mer pour continuer le long des galets jusqu'au passage à gué au lieu-dit The Gann. J'y arrive vers 11 heures 45, c'est ici que je dois attendre que la mer descende avant de pouvoir traverser. Il y a bien entendu une variante "marée haute", mais elle implique une heure de détour : autant m'allonger dans l'herbe et attendre ici, car je ne pense pas devoir attendre une heure. Même si la mer ne descend que depuis 45 minutes, les pierres plates du passage sont clairement visible, pas très loin sous la surface de l'eau : en acceptant de me mouiller jusqu'aux genoux, je pourrais sans doute passer déjà.

Je m'assois dans l'herbe, mange les restes d'hier même s'il est à vrai dire un peu tôt pour déjeuner, regarde les nuages et le vent dans l'herbe... Un groupe de cinq ou six personnes avec des chiens arrive sur l'autre rive, l'une d'elles avance pour tâter le terrain, puis fait demi-tour : les deux premières pierres sont dégagées, mais la troisième se trouve encore sous 15 centimètres d'eau et elle n'a que des baskets aux pieds. Une à une les pierres pointent leur nez au-dessus de l'eau et, vers midi et quart, je juge que je pourrai passer sans trop risquer de prendre un bain improvisé. Les gens de l'autre rive approuvent, je les vois clairement se dire "Laissons celui-là se planter avant qu'on la tente". Il faut dire qu'avec mes chaussures de montagne, je suis un peu mieux équipé qu'eux ! Je passe sans problème : les pierres sont très glissantes mais par rapport à la plupart des traversées de torrents dans les Alpes c'est un jeu d'enfant.  Arrivé sain et sauf en face, je continue le long d'une digue naturelle, la mer à gauche, un lagon à droite… d'eau douce ou salée.

J'arrive à Dale, joli petit village avec des maisons aux couleurs vives, un petit port, un pub. En été, Dale est un centre de voile très connu dans la région, aujourd'hui c'est calme. Il y a une exposition d'artisanat local à la salle communale et j'en fais le tour, cherchant un souvenir authentique à ramener. Un potier a de très belles tasses à café marron foncé, mais il ne lui en reste que deux et finalement , je pars les mains vides. Un kilomètre de petite route forestière un peu monotone me ramène vers les falaises de Dale Point : la suite est plutôt physique. Entre Dale Point et le grand cap de St. Ann's Head, le sentier n'en finit pas de redescendre frôler la mer, puis de remonter vers le haut des falaises trente mètres au-dessus. Il y a une ambiance presque tropicale à Watwick Bay, où le sable est très blanc et la mer translucide et bleu turquoise. Au-delà, de nouveau en haut de la falaise, je vois passer le car-ferry qui quitte Pembroke Dock et se dirige vers l'Irlande ; les annonces du capitaine à l'attention de passagers sont clairement audibles, portées par le vent depuis le large.

A St. Ann's Head, j'arrive enfin au bout de l'estuaire de Milford Haven et me retrouve face au grand large. J'ai mis trois jours et demi pour le contourner, alors qu'à vol d'oiseau, je ne suis qu'à trois kilomètres de West Angle Bay où j'ai terminé ma troisième étape il y a trois jours – la baie est clairement visible juste en face. St. Ann's Head a l'allure d'un de ces endroits où la tempête souffle 365 jours sur 265, mais aujourd'hui l'air est parfaitement calme. Je remonte le dernier pré vers le phare : un grand troupeau de vaches brunes s'y trouve, toutes allongées sur l'herbe. L'une d'elles se lève lorsque je passe (à une cinquantaine de mètres quand même), puis une deuxième… et tout d'un coup, toutes les vaches se lèvent à l'unisson et se mettent à courir, heureusement pas vers moi ! Il y a pas mal de constructions au-dessus du cap : non seulement le phare et ses bâtiments annexes, désormais transformées en maisons de vacances, mais aussi un mini-village de maisons de garde-côte, bien alignées et toutes identiques.

La suite de l'étape est plus facile, avec moins de montées et descentes. La lande en haut de ces falaises est plutôt plate, des chevaux et des moutons y paissent tranquillement. Je fais une pause sur la falaise au-dessus de Westdale Bay où, là-bas sur la plage, deux adolescents apprennent les bases du surf dans des vaguelettes miniatures. Une vallée relie Westdale à Dale et m'offre une toute dernière vue le long de l'estuaire avec les tours et flammes de la raffinerie, loin derrière maintenant.

Et puis vient La Plus Belle Plage du Pays de Galles, 26ème épisode… sauf que cette fois-ci, à mon humble avis, c'est vrai. Marloes Sands est différente de ces autres plages magnifiques que j'ai vues à Barafundle, Broad Haven et Freshwater West. A la place des dunes, Marloes a des falaises, des rochers aux formes tortueuses et, à marée basse, une longue plage de sable jaune immaculée, divisée en plusieurs parties par des rochers et des promontoires. A marée haute, il n'y a rien, la plage est entièrement recouverte par l'eau. Il y a en plus deux îles juste au large : Skokholm et Gateholm (ce dernier ne devient vraiment une île qu'à marée haute, le reste du temps elle est atteignable à pied). C'est, sans l'ombre d'un doute et aidé par des souvenirs d'enfance, ma plage préférée. Pendant nos deux semaines de vacances d'été familiales, nous venions toujours passer une journée à Marloes, en choisissant bien entendu un jour où la mer était basse à la mi-journée. C'était plutôt loin de Tenby, il fallait une bonne heure de voiture sur des routes qui devenaient de plus en plus étroites à mesure que nous nous approchions du but. Inévitablement, à l'endroit le plus étroit, nous croisions un troupeau de vaches, ce que faisait bougonner mon père qui craignait pour la peinture de sa voiture.

Le sentier du littoral reste en haut de la falaise à Marloes, mais je ne peux pas résister à la tentation de descendre sur le sable. La mer est basse, le sable est magnifique et le grand nuage noir de ce matin est toujours là, ajoutant de l'intérêt aux photos que je prends.

Maintenant je dois quitter le sentier pour rejoindre le village de Marloes, à une demi-heure de marche de la plage  c'est ici que je passerai la nuit. Un sentier remonte le vallon qui débouche sur la plage au point le plus bas des falaises, passant devant une maison blanche isolée avant d'arriver à un parking à un kilomètre de la plage – on ne peut pas se rapprocher plus en voiture et, lorsque j'étais enfant, ce kilomètre paraissait toujours être une distance énorme. Je continue le long de la minuscule route (sans rencontrer de troupeau), puis prends un sentier qui passe entre deux champs pour arriver juste à côté du bede & breakfast Cloc House.
Tout change à Marloes, c'est comme si j'avais brusquement changé de saison. Jusqu'à présent, j'ai passé mes soirées dans des endroits vides ou presque. Marloes n'est qu'un village minuscule, mais il y a du monde. Le B&B affiche complet, il y a des signes de vie venant des autres chambres : une douche qui coule, des enfants qui jouent, des gens qui passent dans le couloir en discutant. Ma petite chambre bleu pâle est petite mais confortable et sympa, la douche est bien chaude et il y a de nombreux endroits pour sécher le linge. Il y a cette même ambiance animée au Lobs ter Pot, le bistrot du village qui se trouve à quelques mètres du B&B. Le pub est bien rempli non seulement de vacanciers, mais aussi de gens du coin, ça fait du bien. Il y a une salle de restaurant mais je préfère rester dans le bar, où je mange un très bon curry de bœuf arrosé de quelques pintes de Révérend James, la meilleure des bières parmi celles que l'on trouve dans tous les pubs d'ici. Le décor est aussi chaleureuse que l'ambiance avec de grandes tables carrées en bois massif. Je partage une table avec un couple du nord de l'Angleterre, la soixantaine, venu dans la région pour quelques jours de vacances : randos à la journée et observation des oiseaux marins.  Quand ils entendent que j'habite en Suisse, ils me racontent qu'aujourd'hui sur le sentier, ils ont croisé deux Américains installés en Suisse qui font eux aussi le parcours complet d'Amroth à  St. Dogmaels. Je me demande si je les ai doublés, ou vice versa, et si je les rencontrerai. Un couple plus jeune en tenue de randonnée entre un peu plus tard et s'installe à une table près du mien ; ils sont au même B&B que moi, nous aurons l'occasion de discuter au petit déjeuner demain matin. Après trois bières, c'est dans un état tout à fait chaud et agréable que je ressors du pub pour regagner ma chambre.
 
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Tourengänger: stephen
Communities: Randonneur


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