Sur le Pembrokeshire Coast Path : Cinquième étape, de Pembroke à Sandy Haven


Publiziert von stephen , 4. Juni 2013 um 21:57.

Region: Welt » United Kindom » Wales
Tour Datum:14 Mai 2013
Wandern Schwierigkeit: T1 - Wandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: GB 
Aufstieg: 275 m
Abstieg: 270 m
Strecke:Pembroke – Pembroke Dock – Neyland – Milford Haven – Sandy Haven
Kartennummer:OS 1:25,000 "South Pembrokeshire"

 English version here

Toute la nuit, le vente couine et hurle autour du bed and breakfast où je dors, dans la rue principale de Pembroke. J'ouvre les rideaux sur un matin toujours gris, mais sec. Les trottoirs ont complètement séché, le déluge de la veille est parti embêter les Anglais plus à l'est. Mis à part quelques averses et un orage, je ne verrai plus la pluie jusqu'à la fin de ma randonnée autour du littoral de ce coin du Pays de Galles. Le chauffage central s'est éteint pendant la nuit, mais mes assemblages savants de tas de vêtements sur les radiateurs ont bien fonctionné et tout est sec.

L'étape du jour est assez longue (27 kilomètres), mais s'annonce sans difficultés. Ce sera un peu le pendant de l'étape d'hier : un début très urbanisé puis, progressivement, un retour vers la campagne et la mer, au fur et à mesure que je progresse vers l'ouest, le long de la rive nord de l'estuaire. Ce soir je dormirai à la ferme, au milieu de nulle part. La seul contrainte de cette cinquième journée est un passage à gué juste avant l'arrivée : le passage n'est possible que pendant deux heures avant et après la marée basse, si je loupe cette fenêtre, ce sera un détour de sept kilomètres sur route que je veux éviter à tout prix ! J'aimerais partir tôt mais, comme dans tous les pubs et B&B dans lesquels j'ai dormi, il est impossible d'avoir un petit déjeuner avant huit heures.

Je descends le grand escalier jusqu'au rez-de-chaussée, puis l'escalier de service (eh oui, cette maison possède deux escaliers) jusqu'à la cuisine où le petit déjeuner est servi. C'est une longue pièce avec un sol en pierre, une immense table en chêne au milieu, une cuisinière à bois contre un mur. Je fais la connaissance de la patronne (la femme qui m'a accueilli hier soir, que j'ai prise pour la propriétaire, est en fait sa fille). Elle me demande ce que je voudrais manger, puis prépare un délicieux plat de bacon, saucisses, champignons, œufs et pain frit sur la cuisinière devant moi, tout en me faisant la conversation. Elle me raconte que l'office de tourisme régional va lui enlever une étoile parce qu'il n'y a pas de salle à manger séparée et que tous les clients doivent manger à la même table. Personnellement je trouve ça bien plus convivial, mais la conservation de sa quatrième étoile passera par l'achat de tables individuels chez Ikea, de sorte que les gens ne soient pas obligés de communiquer entre eux… Si son interprétation du bacon and eggs est superbe, quoi dire de la marmelade faite maison…  Je reste bien plus longtemps que prévu à boire du café et à discuter, et serais volontiers resté toute la matinée, mais il faut quand même avancer.

A 9 heures 30 je suis prêt. Il fait froid, il y a du vent, le programme plus ou moins habituel. Mon tendon d'Achille droit me fait mal ; je cherche une pharmacie mais elle est fermée. Je passe à la Coop, m'achète un sandwich au poulet pour ce midi (l'emballage est marqué "The Co-operative Chicken Sandwich" et je suis bien content de savoir que le poulet était d'accord), fais rire la caissière quand elle voit que j'ai emballé mon portefeuille dans un sac de congélation pour qu'il ne reprenne pas l'eau comme hier. Je remonte Main Street jusqu'au château, descends rejoindre le sentier du littoral au bord de la rivière, traverse le pont et quitte bientôt la petite ville par un sentier en lisière de forêt, au-dessus de la rive. Quelques giboulées m'arrosent vaguement, mais je n'ai pas besoin d'enfiler mes vêtements imperméables désormais secs. Le sentier remonte doucement pour traverser des pâturages où des vaches paissent. Autour des barrières entre les prés, la terre a été profondément labourée par le bétail ; au bout de dix minutes je sais déjà qu'il y aura obligatoirement une séance de lavage de pantalon ce soir !

Au bout d'une demi-heure j'arrive à Pembroke Dock, ville complètement distincte de Pembroke. J'ai une mauvaise première impression. Je remonte une rue bordée de petites maisons mal entretenues ; devant l'une d'elles, un grand drapeau britannique a été peint sur le mur. Derrière la fenêtre de la maison voisine, un petit groupe de fouines en peluche (tout droit sorties d'une pub de TV anglaise) habillées en Père Noël, ceci en plein mois de mai. Je passe près d'une zone boisée dans laquelle toutes les déchets du quartier ont été balancés : canettes de bière, sacs et bouteilles en plastique. Ces patriotes qui peignent des drapeaux sur le mur de leur maison feraient mieux de s'occuper de la propreté de leur quartier au lieu de vanter leur appartenance nationale…. Je passe devant des maisons dont l'état de délabrement me donne des frissons. Le balisage me fait prendre une rue qui, à première vue, s'appelle Presley View. Je me demande si je vais être confronté à une immense statue d'Elvis, mais j'ai mal lu : la rue s'appelle Presely View, référence aux montagnes Presely qui se trouvent au nord d'ici, mais qu'on ne voit pas ce matin.

Sur le front de mer (ou plutôt d'estuaire), un homme me demande de le prendre en photo, "mais essayez de ne pas montrer mon gros ventre, c'est pour une femme en Grèce." Nous débattons les mérites comparés de la météo à Pembroke Dock et en Grèce : paraît qu'il pleut là-bas aussi en ce moment. Je passe devant un centre commercial mais il n'y a pas de pharmacie, je devrai attendre la prochaine "grande" ville, Milford Haven. Bien que mon tendon me fasse mal et me ralentit, cela ne semble pas pire qu'hier.

Autrefois, il fallait prendre un bac pour traverser l'estuaire ici, jusqu'à Neyland où le sentier reprend sur la rive nord. Maintenant il y a un pont, un grand pont routier long et très haut au-dessus de l'eau grise et des maisons qui la bordent. Il faut une demi-heure pour passer le pont et ses rampes d'accès de part et d'autre de l'estuaire, avant de me retrouver enfin (du moins provisoirement) sur un sentier au lieu d'une route. Le pire est derrière moi, à partir d'ici le paysage deviendra progressivement plus sympathique, la météo aussi d'ailleurs. Je m'arrête en forêt peu avant Neyland pour manger une barre au chocolat et reposer mon talon pendant un quart d'heure.  Mon topo-guide n'a rien de bien à dire au sujet de Neyland, décrivant la petite ville comme laide et sans intérêt. Personnellement, je l'aime bien. La rue qui me mène en ville est bordée de petites maisons toutes pareilles mais bien entretenues et peintes de plein de couleurs pastel différentes. Le front de mer est sympa, même si la vue est quelque peu gâchée par le port de Pembroke Dock juste en face. Dans le jardin d'une maison mauve pastel, un vieux wagon de marchandises ferroviaire a été recyclé en cabane de jardin, peint de la même couleur pastel que la maison. Je continue le long du bord de l'eau, passant une anse bizarrement appelée Church Lake, alors qu'il n'y a aucune trace d'église et un estuaire à la place du lac.  Un peu plus loin, à Llanstadwell, il y a une vieille église, fort jolie d'ailleurs, à l'intérieur de laquelle une dame âgée est en train d'arranger de gros bouquets de fleurs autour de l'autel. Le prochain village, Hazelbeach, n'a rien que l'on pourrait vraiment appeler une plage et n'il y a aucune trace de noisettes ; par contre, il y a de jolis cottages de pêcheurs le long de la route étroite qui borde la mer. Devant chaque maison, il y a un petit carré de pelouse et, à côté de la porte d'entrée, un banc où j'imagine les habitants de la maison (des pêcheurs retraités, bien entendu, même si de nos jours ce sont probablement des résidences secondaires) assis en train de prendre le thé et de regarder le soleil se coucher sur l'estuaire. Il est midi et demi, je m'arrête au petit port et me pose sur un banc pour manger mon sandwich au poulet coopératif. Le ciel se dégage progressivement vers l'ouest et le soleil finit par percer.

Il y a encore une grande raffinerie sur la colline derrière Hazelbeach, mais elle reste très largement cachée depuis le sentier. Seules les barbelés bordant le chemin et deux endroits où celui-ci passe dans des galeries par-dessus des pipelines trahissent la présence de l'industrie. En sortant de la seconde galerie, la vue s'élargit enfin et voilà, devant moi, l'estuaire bordé de champs verts, s'étendant vers le large. Sur la rive sud, les cinq cheminées de la centrale de Pembroke rappellent l'étape pluvieuse d'hier. Petit à petit, la verdure reprend le dessus, le sentier est de nouveau bordé d'ajoncs, les berges commencent à s'élever vers les falaise que je vois devant, encore loin mais se rapprochant maintenant. Des chiens aboient quelque part devant, un aboiement agressif et continu. J'espère que le sentier ne passera pas trop près : faux espoir, car en arrivant au-dessus d'une vallée peu profonde, je vois très bien le tracé qui se dirige droit vers la ferme d'où vient le bruit. Je passe pile devant l'entrée de la cour où deux chiens s'agitent sans cesse. Heureusement, la barrière est haute et bien fermée et les chiens ne peuvent que me grogner dessus en essayant d'enfoncer leur museau par dessous la clôture en bois. Je traverse une route principale et descends vers une rivière dont je suis le lit jusqu'à Blackbridge. A marée haute, ce passage pourrait être problématique, la seule alternative étant la grande route.

Blackbridge est a porte d'entrée de Milford Haven, la principale ville de l'estuaire, de taille assez conséquente. Le sentier du littoral longe la mer, mais il faut absolument que je trouve une pharmacie, alors je bifurque à droite pour trouver la rue commerçante principale. Mais malgré la taille de Milford, sa "High Street" ne possède aucun magasin utile.. il n'y a qu'agences immobilières, marchands de chaussures discount, magasins d'alimentation pour animaux et boutiques vides. C'est un bel exemple du fléau moderne de la rue principale déserté par ses commerces traditionnels. Des villes que j'ai vues dans le Pembrokeshire, seule la très traditionnelle Tenby a conservé un centre ville où l'on peut trouver bouchers, épiciers, droguistes et grands magasins ("grand" étant quand même tout, tout relatif dans cette région rurale !) Une passante à qui je pose la question me dit que la seule pharmacie se trouve dans un centre commercial à l'extérieur de la ville, près de la gare et de la marina… les magasins qui restent dans le centre doivent être ceux qui n'ont pas eu les moyens de s'exiler. Heureusement, en quittant Milford, le sentier passe juste devant ce centre commercial et un quart d'heure plus tard, je suis assis au bord du parking d'un supermarché, en train de masser un talon bien enflé au gel à l'ibuprofène.

Grâce à mon allure plus lente que d'habitude et à mes détours à la quête de drogue, j'ai pris du retard. Il va falloir que je fasse attention de ne pas louper mon créneau pour le passage à gué de Sandy Haven. Je sais que la marée basse est à 15 heures quelque chose, mais je ne me souviens pas si le "quelque chose" est plutôt un 01 ou un 59... Je force donc un peu le pas, car je n'ai vraiment, mais vraiment pas envie de faire les sept kilomètres de détour. Je traverse la banlieue résidentielle de Hakin puis quitte enfin la zone urbanisée pour de bon. La baie de Sandy Haven apparaît devant, apparemment près mais en réalité encore loin. La côte, qui est revenue une vraie côte plutôt qu'un bord de rivière, est pleine d'anses et de ravins cachés, que le sentier doit contourner. Mais après deux jours de ville et de plat, je suis ravi de retrouver ces sentiers de terre battue et ces vallonnements du terraina, c'est presque comme un retour à la maison.

Sandy Haven est un endroit aussi idyllique que joli. Une belle plage de sable jaune bordée de falaises basses est interrompue à son extrémité ouest par une crique sablonneuse, par laquelle un ruisseau s'écoule lentement vers la mer. A marée basse, on peut traverser le mince filet d'eau sans même se mouiller le orteils mais, quand la mer monte, le passage se trouve sous deux mètres d'eau. Je n'avais pas à me faire de souci ; la mer est encore loin, le passage ne sera pas recouvert avant une bonne heure. Je traverse le sable sculpté du lit de la crique, passe le ruisseau sur de grandes pierres plates et remonte en face, où se trouvent les deux ou trois maisons de ce qui n'est qu'un hameau.

Il ne me reste que quelques centaines de mètres pour arriver à la Skerryback Farm, où je vais passer la nuit. L'endroit est superbe : une vieille maison de ferme bien typique de la région, avec un chien de berger dans la cour et des chevaux dans le pré d'à côté. J'arrive en même temps qu'une jolie jeune Allemande qui a également réservé une chambre. Elle fait le même itinéraire que moi mais en sens inverse, du nord au sud, et a déjà fait les deux tiers du parcours. Elle est la première personne que j'ai rencontré qui fait le sentier du littoral en entier, et je suis bien content de pouvoir discuter. Le propriétaire des lieux nous sert le thé dans le salon et nous échangeons quelques histoires de talons d'Achille et de toilettes publiques (je lui conseille celles de Freshwater East, bien chauffées ; pour sa part, elle a été sauvée d'une mort aussi certaine qu'humide par celles de Newport). Je lave mon pantalon boueux, l'étend sur le radiateur de la chambre, essaie de prendre une douche… mais chaque fois que je la mets en route, le disjoncteur principal de la maison saute. Après trois tentatives, la propriétaire prend pitié et me laisse utiliser sa douche privée, reliée au chauffage central et non pas au courant électrique.

Il n'y a aucun endroit pour souper à Sandy Haven, mais Anthony le propriétaire propose de me conduire jusqu'à St. Ishmael's, à deux kilomètres, où il y a un pub. Il suffit ensuite que je l'appelle quand j'aurai fini de manger et il viendra me chercher, ce qui est bien sympa. Il me montre les chevaux dans le pré et me raconte que ce sont des chevaux de course : l'un d'eux a couru dans le célèbre Grand National il y a deux semaines, ils sont venus dans le Pays de Galles pour se reposer avant la prochaine course. Il n'y a pas que les familles humaines qui viennent en vacances dans le Pembrokeshire ! Le pub, très typique, est joli mais désespérément vide, comme presque tous les autres jusqu'à présent, et je n'y reste que le temps qu'il me faut pour manger. Anthony me ramène à la ferme et je me couche tôt. L'air du  soir est frisquet mais le ciel est bleu, ça promet de belles choses pour demain.
 
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Tourengänger: stephen
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