Gjeravica, top of Kosovo

Le Gjeravica est le point cuminant du Kosovo, mais son accès le plus rapide se fait depuis les chalets de Doberdol en Albanie, étape sur le fameux trek des Peaks of the Balkans trail. Nous avons donc rajouté une journée de réserve dans ce bel alpage afin de gravir le sommet - en mode express vu la vitesse à laquelle les orages sont arrivés ! Notre récit du PoBt jusqu'à Doberdol se trouve ici

MétéoBlue (car oui, il y a du Wifi à Doberdol !) annonce un risque d'orage dès 13h, Vanja et moi quittons donc le guesthouse endormi sur les coups de 4:45 car il y a quand même pas loin de 20km à marcher. J'ose pas dire à jeun vu ce qu'on avait englouti la veille au soir...Juste à deux pour une fois - Agnès & Patricia nous rappellent gentiment que le programme vendu précisait "jour de repos" pour aujourd'hui, elles se contenteront donc d'une balade vers les lacs au dessus du village. Enfin a deux façon de parler : le chien du guesthouse fera l'ascension avec nous jusqu'au bout, visiblement pas pour la 1ère fois...mais hélas pour lui il n'appréciera guère nos reste de pique-nique (feta et oeufs durs pour changer).

2 mecs seuls c'est évidemment la garantie d'un rebond de testostérone, le rythme est donc vif tout du long et nous serons au sommet en 2h40 (4h15 selon le topo Rother - bien fait pour lui qui nous agaçait passablement avec ses horaires qu'on n'arrivait jamais à tenir !). Le chemin est assez simple, en gros à vue à gauche jusqu'au 1er col d'Ali Peja (paturage défoncé par d'innombrables tranchées bétaillères) puis à droite en suivant les balises : le sentier ondulant est alors très roulant jusqu'au merveilleux Liqen i zemërës (Lac du coeur), c'était un ancien chemin douanier à l'époque communiste et on sent que les troupes yougoslaves prenaient leur rôle de défense très à coeur...

Au dessus du lac le chemin franchit astucieusement un système de grandes barres rocheuses avec 2 ou 3 passages exigeant de bien regarder ses pieds sans qu'on puisse vraiment parler de terrain exposé. On parvient à un dernier col dominant d'autres lacs, le sommet est alors bien visible et s'atteint aisément par une longue traversée puis une crête se rétrécissant sur la fin sans jamais devenir aérienne. Bref rien de bien compliqué (le chemin est toujours bien visible) mais quand-même pas loin de 10km one-way.

Le Gjeravica domine tout son entourage avec une vue portant loin vers les plaines du Kosovo d'un coté et les petites Dolomites du Prokletje de l'autre. A 7h35 on est évidemment seuls, un coup d'oeil dans le livre de sommet permet de se rendre compte qu'il est gravi presque uniquement par des visiteurs étrangers...chose étonnante, le drapeau planté n'est pas celui du Kosovo mais de l'Albanie - bah tant que ce n'est pas celui des traitres serbo-slaves...

Les cumulus deviennent rapidement bien dodus, le retour se fait donc au pas de charge et nous somme à nouveau chez Bashkim dès 10h30 (!). Sitôt prononcé le mot magique "kemi shumë uri" (nous avons très faim - mes rudiments d'albanais ne m'auront jamais autant servi) que sa femme débarque avec un énorme plateau de victuailles de toutes sortes. Rien de bien raffiné (beignets froids, feta, pain blanc, oeufs durs...) mais une fois de plus quand on a faim tout prend la saveur d'un restaurant étoilé. Bashkim saute sur l'occasion d'être tombé enfin sur un touriste albanophone (sic) et tient ensuite à me faire visiter toute la résidence avec force explications incompréhensibles...Tout autant que celles du petit neveu de 7 ans qui tente désespérément de prononcer Bertrand…avant de me bombarder de questions dans son dialecte rendu encore moins intelligible par toutes ses dents manquantes ! Doberdol est depuis un an accessible par une piste depuis Cerem ou Valbona mais le coin reste quand même bien perdu et n'est habité que 4 mois par an.

Nous sommes réveillés dans notre sieste par un gros orage sur les coups de 13:15, c'est agréable d'entendre tambouriner la pluie quand on est sous la couette mais on se fait un peu de souci pour les filles pas encore rentrées de leur balade...elles s'entasseront en catastrophe dans la  petite cabane-toilette des chalets supérieurs avant de rentrer, un peu mouillées quand-même, sur les coups de 16h. Voilà ce que c'est de se lever tard. La soirée sera bien plus tranquille, nous sommes juste en compagnie d'un autre jeune couple belge francophone avec qui nous échangeons sur le sort difficile des minorités linguistiques…Visiblement les Wallons ne sont pas plus à l'aise en flamand que les Welsches en schwyzertütsch !

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