Automne au Türlersee

English version

C’est le dernier jour d’octobre et, alors qu’il pleut sur la quasi-totalité du pays, la Suisse centrale a réussi à négocier un répit supplémentaire de 24 heures. Tellement il fait beau en cette fin de matinée que tous les parkings de Türlen affichent complet : c’est donc à l’église d’Aeugst am Albis (696 m,  une douzaine de places gratuites mais limitées à 6 heures de stationnement) que nous commençons cette courte randonnée en boucle. Depuis l’église, la vue s’étend au-delà des prairies vers une petite crête boisée, puis encore plus loin vers la plaine brumeuse et la silhouette facilement reconnaissable du Pilatus. 

Nous descendons par un sentier raide (nombreuses marches en rondins de bois) jusqu’à la rive occidentale du Türlersee (644 m). C’est un petit bijou de lac, love au fond d’une vallée idyllique entourée de collines qui brûlent de toutes les couleurs de l’automne sous le soleil radieux. Incroyable de penser que nous ne sommes qu’à onze kilomètres à vol d’oiseau du centre de Zürich ! Certes il y a pas mal de promeneurs, mais le lieu dégage un calme remarquable. Nous contournons le lac par son extrémité nord, passant devant des pontons réservés aux pêcheurs… même si ceux qui s’y trouvent ne semblent que réfléchir à l’éventualité de la pêche, tout en dégustant une bière et en admirant la vue. 

A l’autre bout du lac, nous suivons une piste jusqu’au hameau de Vollenweid, puis un sentier qui nous mène à travers champs jusqu’à la lisière d’un bois. Une petite descente sous les arbres débouche près d’une maison, au fond d’un petit vallon (606 m). En haut du versant opposé, nous nous arrêtons sur un banc au bord du chemin pour manger un casse-croûte léger : soupe aux légumes faite maison et torta da nusch d’Engadine, une découverte que nous avons faite pendant nos vacances d’été.

Le sentier continue son petit bonhomme de chemin tranquille entre champs et lisière de bois jusqu’à Rifferswil (570 m), où la rue du village est barrée par une policière. Une course cycliste ou pédestre doit être prévue, car nous verrons plusieurs de ces barrages au cours de l’après-midi, surveillés soit par des policiers, soit par des pompiers. Comme tous les villages du secteur, Rifferswil possède de nombreuses maisons à colombages très bien entretenues. Cela nous rappelle que Zürich est tout près : le village compte sans doute davantage de banquiers et de chirurgiens que de paysans. 

Nous quittons Rifferswil par une petite route, qui fait bientôt place à une piste agricole qui file vers le nord-ouest. Un joli panorama s’ouvre à gauche, avec le Zugersee scintillant au soleil, fermé au sud par le Rigi, vu ici d’un angle inhabituel. Plus loin, les sommets des Alpes de la Suisse centrale ont déjà reçu leur première neige de la saison, en avant-goût de l’hiver tout proche.

Au lieu-dit Paradis (607 m), nous prenons la direction de l’est pour la dernière demi-heure de notre balade. Un sentier empierré descend dans le fond du même vallon que tout à l’heure, devant un pré où une grosse vache brune me regarde fixement pendant que je l’immortalise sur la pellicule. Notre boucle se termine par la seule montée un peu soutenue de la journée, mais c’est tout relatif : 100 mètres de denivelée séparent le fond du vallon de notre point de départ devant l’église d’Aeugst. Il n’est que trois heures et demie de l’après-midi mais les ombres s’allongent déjà : nous avons changé d’heure la nuit dernière et le crépuscule arrivera tôt. Une toute petite randonnée, certes, mais absolument parfait pour un bel après-midi de fin d’automne.