Du Léman à la Vanoise, sur l'itinéraire de la Grande Traversée des Alpes : quatrième partie


Publiziert von stephen , 9. August 2018 um 15:37.

Region: Welt » Frankreich » Vanoise
Tour Datum: 1 August 2018
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Geo-Tags: F 

Troisième partie

Jour 11 : Refuge du Rosuel - lac du Grattaleu - col de la Tourne - Tignes. +1100 m, -600 m, T2

Il nous reste quatre jours de marche pour traverser le massif de la Vanoise jusqu'à la vallée de la Maurienne : quatre étapes qui sont toutes belles. Nous quittons vite le refuge du Rosuel (1555 m), où la dame qui sert le café au petit déjeuner a complètement oublié le sens du mot accueil. Dommage, car le refuge lui-même est beau et confortable.

La longue montée au col de la Tourne commence tout de suite : pas de marche d'approche pour se dégourdir les jambes aujourd'hui. La partie la plus raide vient au début, avec 500 mètres de montée face à de grandes cascades de l'autre côté de la vallée. Aux chalets de la Plagne (2091 m), la vallée s'élargit et la pente devient moins raide : la suite de la montée se fera par une série de replats et de courts raidillons. Nous passons au-dessus du lac de la Plagne, blotti sous le sommet pyramidal du Mont Blanc de Peisey, puis gagnons un vaste replat où de nombreuses vaches broutent l'herbe encore jeune : cela ne fait pas si longtemps que la neige s'est retirée. Le guide dit aux plus rapides qu'ils peuvent partir devant s'ils veulent, mais qu'ils nous attendent au lac qui est "juste au-dessus".  Un raidillon, un replat : pas de lac. Nouveau raidillon… cette fois-ci ça doit être bon, le lac se cache sûrement juste derrière : raté une fois de plus, c'est une cuvette dépourvue de lac qui s'y trouve. Ce n'est qu'en haut du troisième raidillon que le joli lac du Grattaleu (2520 m) apparaît, flanquée de névés et entouré de sommets. C'est l'endroit idéal pour faire la pause du midi, pendant que de gros nuages commencent à bourgeonner vers le nord et l'ouest, signe précurseur des orages annoncés.

Nous devions passer le col du Palet, mais le guide opte pour la variante par le col de la Tourne, d'altitude égale mais plus sauvage. Qu'on passe par l'un ou l'autre, on va de toute manière tomber sur le domaine skiable de Tignes de l'autre côté, il n'y aucun moyen de l'éviter. Nous traversons un énorme pierrier et nous engageons dans le vallon qui monte au col, très gris et minéral. L'orage gronde derrière nous et sur notre droite, mais le ciel reste miraculeusement bleu au-dessus de nos têtes, nous permettons d'atteindre le col (2656 m) sans problème.  Derrière, nous arrivons effectivement bien vite au milieu des télésièges, même si le guide nous fait faire du hors-sentier pour éviter le pire, descendant jusqu'au lac du Chardonnet par un vallon latéral. Nous arrivons au bord du dernier replat avant la vallée… et voilà Tignes dans toute sa splendeur estivale. J'ai déjà râlé sur ce site contre la laideur des stations de ski en été, mais Tignes doit remporter la palme de la mochitude !

Nous arrivons au quartier du Val Claret au milieu du vacarme et de l'odeur des engins de chantier qui refont la route. A côté des voitures garées et des pots d'échappement qui crachent, des jeunes participent à un tournoi de foot sur un terrain artificiel… sans doute ont-ils quitté leurs cités de banlieue pour une semaine d'air pur de la montagne, c'est un peu raté ! Nous passons la nuit au centre UCPA du Val Claret, sorte d'immense auberge de jeunesse très industrielle. Pas d'accès aux chambres avant 17 heures, interdiction pour le guide d'utiliser la cuisine pour préparer la salade du lendemain.  Il se met à pleuvoir, nous errons dans les rues désertes devant les magasins fermés, cherchant un endroit pour boire un verre. Heureusement que les chambres elles-mêmes sont bien, car ce petit passage par Tignes sous l'orage a mis un coup au moral de tout le monde.
 

Jour 12 : Tignes - col de la Leisse - refuge de la Leisse - pont de Croé Vie - refuge du col de la Vanoise. +1100 m, -700 m, T2

Les jeunes joueurs du tournoi de foot de la veille logent à l'UCPA, tout comme nous. Certains ont le visage incroyablement dur : un petit trapu qui ne doit pas avoir plus de 14 ans me dévisage d'un air de dire : "Vas-y, regarde-moi dans les yeux, je n'attends que ça pour te péter la gueule." Un futur star du ballon rond, peut-être ?
Nous quittons le Val Claret (2105 m) par un agréable sentier au fond du vallon des Pâquis qui arrive à me faire oublier le télésiège juste au-dessus.  Assez rapidement, nous laissons les infrastructures de sports d'hiver derrière nous : seuls les téléskis sur le glacier de la Grande Motte restent visibles une bonne partie de la matinée. Au col de la Leisse (2761 m), le paysage qui s'ouvre devant nous est très sauvage et d'une grande beauté, avec la Grande Casse (3855 m) au premier plan et les sommets glaciaires de la Vanoise derrière. Nous descendons vers le lac des Nettes et nous engageons dans la longue et belle vallée de la Leisse. Après le refuge de la Leisse (2487 m), le sentier descend au niveau du torrent, le franchit sur une passerelle puis le suit sur sa rive gauche. Il y a encore beaucoup de neige dans le fond du vallon : nous devons traverser plusieurs grands névés plats, et le torrent lui-même coule sous la neige à certains endroits.

Au pont en pierre de Croé Vie (2099 m), nous quittons la vallée de la Leisse pour la dernière montée de la journée, jusqu'au col de la Vanoise. Une fois de plus, le guide nous emmène hors sentier, ce qui nous permet d'observer un troupeau de bouquetins de tout près. La vallée qui monte jusqu'au col est magnifique. A droite, d'immenses pentes d'éboulis descendent des parois de la Grande Casse. A gauche, ce sont d'innombrables torrents qui dévalent les pentes, se divisant en deltas chaotiques en arrivant sur le replat du fond de la vallée. Deux lacs bleus complètent ce paysage qui compte parmi les plus beaux de la quinzaine.

Je m'attendais à ce que le refuge du col de la Vanoise (2518 m) soit spartiate, mais c'est une grande structure moderne et plutôt luxueuse pour un hébergement à cette altitude. Contrairement à certains autres endroits, le personnel ici est adorable : accueillant, souriant ; même face à une pompe à bière pression qui ne veut délivrer que de la mousse (entre parenthèses, la bière ambrée bio de la brasserie des Sources de la Vanoise est la meilleure de la quinzaine). L'une des serveuses fait l'objet de beaucoup d'attention de la part d'un jeune membre du personnel qui a tout compris du sens du mot "frime" : il traverse et retraverse la salle, exhibant à chaque fois un accessoire de haute montagne diffèrent dont on n'a pas vraiment besoin dans la salle à manger d'un refuge : crampons, mousquetons, polaire indiquant qu'il a fait la course de ski-alpinisme de la Pierra Menta. Sa technique de drague remporte d'ailleurs un franc succès.  Après le souper, un joli coucher de soleil illumine les pierriers tandis qu'à l'ouest, la silhouette des montagnes me fait presque croire que nous sommes arrivés dans les Dolomites.

 
Jour 13 : Refuge du col de la Vanoise - col du Grand Marchet - col du Petit Marchet - refuge de la Valette - refuge du Repoju. +1100 m, -1800 m, T4

Cette étape est la plus technique de la deuxième semaine. Nous commençons par une bonne descente, traversant le fond asséché du lac des Assiettes (2469 m), puis plongeant par un sentier raide et tortueux jusqu'à une bifurcation à 1898 mètres. C'est ici que nous quittons le sentier qui descend à Pralognan pour entamer la montée, très raide par endroits, au col du Grand Marchet. Le chemin s'engouffre dans le ravin encaissé creusé par le torrent du Dard, entre les sommets de la Petite Aiguille de l'Arcelin et du Grand Marchet. Dans la partie inférieure de la montée, il faut surmonter plusieurs barres rocheuses à l'aide de chaînes (parcours pas vraiment difficile mais exposé). Après avoir franchi le torrent, la pente devient provisoirement moins raide et la vallée s'élargit en cirque, nous permettant de faire une pause. La vue vers le bas est fort impressionnante : sommes-nous vraiment venus de là-bas ?  Après la pause, le terrain devient de plus en plus raide et, en même temps, de plus en plus meuble. J'ai envie de faire usage de mes mains plutôt que des bâtons, mais il n'y a pas grand-chose de solide à quoi m'accrocher. Après quelques glissades et crapahutages, le col (2490 m) est enfin atteint. Devant nous se trouve le cirque du Grand Marchet avec ses trois grandes cascades qui descendent depuis les glaciers de la Vanoise, invisibles au-dessus.

La descente du côté sud du col est raide mais moins scabreuse que la montée. Vers 2300 m, nous quittons l'itinéraire balisé pour suivre des traces de sentier (non marqué sur la carte IGN) en direction du col du Petit Marchet (2543 m, également sans nom sur la carte). Nous passons à la base des trois cascades que nous avons vues depuis le col, ce qui nécessite plusieurs traversées de torrents assez délicates. Il faut alors grimper à nouveau, franchir quelques petits ressauts rocheux (sans câbles cette fois-ci), avant d'arriver enfin aux derniers mètres faciles et herbeux jusqu'au col du Petit Marchet. Nous cassons la croûte ici, face à un nouveau cirque et à de nouvelles cascades.

La suite est nettement plus facile. Nous quittons le cirque du Petit Marchet par une étroite brèche entre des rochers et rejoignons le chemin principal qui évite tout ce secteur en le contournant par l'ouest. Nous remontons lentement jusqu'au refuge de la Valette (2554 m), où commence la longue descente de 800 mètres jusqu'au fond de la vallée, où se trouve notre dernier hébergement. Cette descente est plutôt facile, la pente n'est jamais trop sévère et il n'y aura pas de conséquences néfastes pour les muscles des cuisses le lendemain. Nous dormons au refuge du Repoju (1718 m), installé dans une jolie bâtisse de pierre au milieu d'un petit hameau d'alpage. Nous avons juste le temps de nous désaltérer en terrasse (pas de bière locale ici, il faut faire avec la Leffe) avant que le traditionnel orage du soir éclate. Nous avons quand même eu de la chance : à aucun moment de ces 14 jours de randonnée avons-nous dû marcher sous la pluie. Le dernier souper de notre randonnée fera honneur aux diots, une fois de plus.
 

Jour 14 : Refuge du Repoju - col de Chavière - parking de l'Orgère. +1150 m, -1000 m, T3

La dernière étape est moins dramatique que les deux précédentes, mais néanmoins agréable. Nous nous levons à 5 heures 30 et sommes prêts à partir vers six heures et demie : certains ont des trains à prendre cet après-midi, ce qui explique ce départ le plus matinal de la quinzaine. Il fait encore nuit quand nous nous levons, et le jour se lève seulement au moment de notre départ.

La montée au col de Chavière se fait tout en douceur pour la plupart, tout d'abord sur une piste qui s'élève petit à petit au-dessus du fond de la vallée. Le meilleur de la vue se trouve derrière nous, où la lumière du soleil levant éclair des pans de montagne les uns après les autres. Après le refuge de Péclet-Polset, la piste fait enfin place à un sentier étroit qui serpente joliment autour d'un petit lac, avant de se perdre au milieu d'un vaste replat caillouteux vers 2650 m, où des centaines de cairns de toutes tailles et formes ont été construits. Le col n'est plus très loin, mais la montée finale est à prendre au sérieux. Il faut d'abord franchir quelques paliers rocheux (sans sentier, par temps de brouillard ce passage serait problématique) puis, pour terminer, faire une traversée ascendante extrêmement raide dans des pentes schisteuses où rien ne tient en place (cotation T3 pour ce passage, sinon T2). Enfin nous atteignons le col de Chavière (2796 m), dernier col et point le plus élevé de notre randonnée de 14 jours. Si je me trompe pas, c'est également le point culminant de toute la Grande Traversée des Alpes… mais pour confirmer cela, il faudra revenir l'année prochaine faire la partie sud !

Nous descendons jusqu'au lac de la Partie (2456 m) pour notre dernière pause midi. Nous trempons nos pieds dans l'eau bien froide : certains y vont jusqu'en haut des jambes, une personne s'y baigne même pour de vrai. Une bonne sieste ensuite, puis il faut repartir une dernière fois pour la descente jusqu'au refuge de l'Orgère (1889 m), où nous quittons le parc national de la Vanoise. La randonnée se termine ici, il ne nous reste plus qu'à descendre en taxi jusqu'à Modane. La canicule règne depuis quinze jours et dans la vallée, c'est une vraie fournaise… je pense que nous étions au bon endroit en passant ces deux semaines en montagne !

De la Maurienne à la Méditerrannée : la partie sud de la GTA

Tourengänger: stephen
Communities: Randonneur


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