Monte Disgrazia (3678m)
|
||||||||||||||||||||
![]() |
![]() |
Il s'agit d'une belle course d'arête sur un beau sommet emblématique des Alpes Lombardes. Le Monte Disgrazia est détaché de la chaine principale et sa forme marquante est donc visible de partout dans la région. La combinaison difficultés modérées / rocher excellent (le granit légendaire de la Bregaglia...) en fait un objectif tout à fait recommandable malgré son nom un peu sinistre, la fréquentation reste raisonnable même en plein été si on évite les WE.
"Disgrazia by fair means" : départ à vélo depuis le fond du Val Masino. Pour une fois pas seulement par pure idéologie (bien que la remontée du Vallon de Preda Rossa soit de toute beauté) : le tronçon de 2.5k piste ayant remplacé l'ancienne route éboulée est chaotique à souhait, mieux vaut à mon sens y pousser un VTT qu'y défoncer ses suspensions. Lampe frontale indispensable pour franchir le tunnel !
Nous avions commencé la journée par une jolie promenade dans le légendaire Val di Mello, le Yosemite local, pour laisser le temps à notre tente de sécher après un orage violentissime vers 4h du matin au camping de Filorera.
Montée sans histoire au sommet, juste quelques chaleurs dans le couloir d'accès de droite qui à l'air tracé de loin mais n'est plus du tout en conditions (glace sous jacente + passages sur terre et rochers pourris). Dans un passage facile de la descente (c'est toujours là que ça arrive...), une seconde d'inattention sur une vire, un pied qui zippe et je bascule dans le vide...j'ai juste le temps de penser que le sol a l'air bien loin, que je vais me fracasser, que la saison va se finir au mieux dans l'hélico...avant d'atterrir "sur la tranche" 3-4m plus bas dans un gros bruit mou. J'ai mal partout et je suis terrorisé, mais miraculeusement pas plus de dégats qu'une série de gros hématomes sur la fesse (bien rebondie heureusement, ça sert de ne pas avoir un profil de grimpeur parfois...) et la cuisse et quelques plaies sans conséquences.
Le temps de me mettre la tête en bas 5 minutes pour éviter le malaise et nous reprenons la descente les jambes flageollantes avec une énorme peur rétrospective. On a beau savoir que ce genre de bêtises arrive toujours dans les descentes et en terrain facile, et tenter de rester concentré en conséquence, ben c'est quand même vite arrivé.
L'histoire ne s'arrête pas là : de retour à la voiture après la redescente en vélo / marteau-piqueur sur la piste, cap sur le lac de Come en fin d'après-midi, nouveau départ à vélo à Dervio (205m) pour monter dormir au Rifugio Roccoli (1475m) en vue de gravir le Monte Legnone le lendemain. Au bout de 20km de route bucolique mais surchauffée et raidissime sur la fin, nous arrivons vers 20h aussi démolis physiquement l'un que l'autre. La gardienne refusait presque de croire que nous avions pu enchainer le Disgrazia et cets 1300m de montée, épouvantail des cyclotouristes de la région, dans la même journée. Elle était convaincue qu'Agnès demanderait le divorce le soir même...compulsif voire pathologique je sais, mais j'avais vraiment besoin de me rassurer sur mon état physique en vue de la traversée Lenspitze-Nadelhorn prévue 2 jours plus tard.
Participants : Agnès et moi. Un autre groupe de 5 Allemands très lents, n'ayant apparemment pas pu atteindre le sommet.
Hébergements : Camping du Sasso Remenno à Filorera (le RV des grimpeurs) : cadre magnifique et confort nickel, avec restaurant et P-dès dès 7h du matin. Rifugio Ponti : accueil adorable du vieux couple de gardiens.
Météo et conditions : Grand beau chaud les 2 jours. Glacier en neige, sur laquelle on prend pied vers 2900m. Arête sèche à l'exception d'un passage obligeant à remettre les crampons vers 3550m. Couloir d'accès en mauvaises conditions, préférer l'arête intégrale.
Itinéraire détaillé
J1 : Montée au Refuge Ponti. Départ du Val Masino (accès via Milan - Lecco ou Coire - Splügen - Valtellina), une petite route s'engage dans le Vallon de Preda Rossa à la hauteur de Filorera (841m). Goudronnée jusqu'à 1150m, puis 2.5km de piste défoncée (4*4 ou ne pas craindre de démolir ses suspensions) avant de retrouver le goudron vers 1370m jusqu'au terminus à 1955m. Le mieux est donc de partir en VTT de Filorera ou du Pt 1155m. TP seulement jusqu'à Filorera. Gagner ensuite le Rifugio Ponti (2559m) par un sentier pas très agréable mais bien balisé et dans un cadre superbe.
J2 : Suivre le balisage pour prendre pied sur le fil de la moraine, bien visible du refuge. Le remonter, quelques cairns, et prendre pied sur le glacier vers 3000m. Remonter ce glacier débonnaire (maxi 30-35°, quasiment pas de crevasses) jusqu'au voisinage de la Sella di Pioda (3387m). De là :
- soit remonter l'arête dès le col lui même
- soit (en début de saison, s'il est bien rempli) utiliser un couloir de neige / mixte bien visible à D qui débouche sur l'arête un peu plus haut en évitant le 1er ressaut un peu délité.
Dans les 2 cas ne reste qu'à suivre l'arête en excellent rocher jusqu'au sommet, sans quitter le fil. Dans les partis larges et couchées, elle garde longtemps la neige et la glace, ce qui oblige parfois à remettre les crampons et/ou à contourner par la D dans du rocher un peu plus grimpant mais jamais plus difficile que du III et toujours superbe. Nombreuses traces de crampons aident à se repérer. Le passage le plus "technique" dit du Cavallo di Bronzo est tout à la fin, entre antécime et sommet, un tout petit III un chouia aérien mais bien priseux.
Descente idem.

Kommentare (4)