Sur le Pembrokeshire Coast Path : Neuvième étape, de Solva à Whitesands Bay


Publiziert von stephen , 6. Juli 2013 um 16:44.

Region: Welt » United Kindom » Wales
Tour Datum:19 Mai 2013
Wandern Schwierigkeit: T2 - Bergwandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: GB 
Zeitbedarf: 6:15
Aufstieg: 450 m
Strecke:Solva – St. Non's Bay – Porth Clais – St. Justinian's – Whitesands Bay
Kartennummer:OS 1:25,000 "North Pembrokeshire"


English version here

Dans le bed & breakfast où je dors à Solva, selon la feuille d'informations que je trouve dans ma chambre, le petit déjeuner est servi "vers 8 heures ou 8 heures et demie". Cette attitude cool est admirable, visiblement ils n'ont pas trop souvent affaire à des gens qui exigent de savoir quand ils auront droit au premier café de la journée ! Je descends "vers huit heures et quart" et mange un excellent petit déjeuner, le meilleur Pembroke, servi par un patron qui prend le temps de faire la causette avec les clients. La plupart des autres tables sont occupées par des couples en tenue de randonnée : c'est dimanche, le soleil brille et je vais attaquer l'une des étapes les plus connues du sentier du littoral. Je verrai plus de randonneurs aujourd'hui que tous les autres jours mis ensemble. Je dis au revoir aux deux Hollandais, que je ne reverrai plus, car ils ont prévu un jour de repos ici. Nous nous souhaitons bonne chance pour la suite. Une semaine après mon retour en Suisse, je reçois une carte postale d'eux : ils ont terminé leur randonnée deux jours après moi. Je n'ai pas la moindre idée comment ils ont eu mon adresse, mais c'est une surprise sympa.  

L'étape du jour n'est pas spécialement longue, mais elle comprend énormément de montées et de descentes le long d'un littoral de plus en plus sauvage. Tant mieux, il fait beau, je le verrai sous un bon jour. A 9h 15, je suis prêt à partir. Solva est encore calme, les touristes du dimanche ne sont pas encore là et le parking est vide, me permettant de prendre quelques photos du port et du village sans qu'il y ait un mur de voitures entre deux. Je longe le quai jusqu'à un ancien abri de canot de sauvetage, au-dessus d'un port encore sans eau où voiliers et autres petites embarcations attendent la marée. Le sentier monte tout doucement par des sous-bois avant de retrouver les pâturages du haut des falaises. La marée commence tout juste à pénétrer dans l'estuaire ; le matin est incroyablement calme et la mer avance lentement, sans vagues et sans bruit. La mer est tellement calme que le reflet des cumulus sur l'eau est parfaite ; je ne pense pas avoir jamais vu la mer d'Irlande aussi calme.

La randonnée de la matinée traverse un terrain fait essentiellement de pâturages plats, ne descendant que rarement jusqu'au bord de la mer à Porth y Rhaw, Caer Bwdy et Cerfai, où des ruisseaux s'écoulent doucement le long de petits vallons vers des plages de sable. La plage de Cerfai est particulièrement jolie et doit certainement attirer les foules en été. Aujourd'hui elle est déserte, mis à part deux jeunes enfants qui pataugent dans la mer alors que leurs parents profitent d'un dimanche matin paresseux sur le sable. Depuis ces plages, des sentiers mènent en deux ou trois kilomètres à St. Davids, où je passerai la nuit… mais mon chemin est beaucoup plus long ! 

Il y a une route et un parking à Cerfai et à partir d'ici, je retrouve beaucoup plus de monde sur le sentier. En bas des falaises, il y a toute une gamme de curiosités géologiques : pinacles, rochers et arches naturelles de diverses formes et tailles. Au-dessus de l'anse sauvage de St. Nons Bay se trouvent un manoir et une chapelle. St. Nons est le lieu de naissance supposé de saint David, le saint national des Gallois, alors que Non n'est pas un refus français mais plutôt la mère dudit David. La chapelle est pourtant décevante : je m'attendais à un monument historique mais en réalité, elle a été construite en 1930 par le propriétaire du manoir.

Le prochain estuaire, Porth-clais est une sorte de mélange de Solva en miniature et de Stackpole Quay où je suis passé le deuxième jour de ma randonnée. Le sentier descend un flanc de colline coloré de toutes sortes de fleurs, puis continue par un escalier raide jusqu'à un quai en pierre qui traverse presque entièrement l'embouchure de  l'estuaire. Deux autres quais se trouvent plus en amont, mais sans être reliés au premier ; il faut remonter sur la falaise puis redescendre au niveau de la mer là où un pont permet de traverser la rivière. Une vieille dame, l'air plutôt fragile, indique le sentier d'où je suis venu et me demande s'il va à St. Davids ; je lui montre notre position sur la carte et lui indique une ou deux alternatives plus courtes. Il n'y a pas de village ici, juste une ou deux maisons et un arrêt de bus regroupés autour du pont. Le lieu est pourtant animé et, au vu de tout le barda empilé sur le quai et le nombre de canots pneumatiques, doit être une base pour des sports nautiques.

Je décide de continuer jusqu'à l'anse de Porthlysgi avant de déjeuner. Le sentier repart vers le sud et vers la mer, remontant lentement vers le haut des falaises à quelque trente mètres au-dessus de la mer. En bas, des voix remontent de la mer, où un groupe doit être en train de faire du coasteering, nouveau sport à la mode pour les amateurs de frissons en eau salée. Porthlysgi, malgré le fait qu'il soit impossible à prononcer, est un lieu fort sympathique pour ma pause de midi. La plage est plutôt isolée au fond de son vallon et a une ambiance assez sauvage. Il n'y a pas de sable exposé, mais sous l'eau limpide, je peux voir qu'il doit y avoir une belle plage à marée basse. Au large, plusieurs îlots et gros rochers ajoutent de l'intérêt à l'horizon. La base herbeuse et inclinée des falaises bordant la plage est un dossier parfait ; les galets sont un peu moins idéaux en tant que coussin, mais l'endroit est vraiment agréable pour casser la croûte face au soleil. Quelques randonneurs dérangent momentanément l'ambiance paisible en venant regarder la plage en passant ; puis la paix est perturbée un peu plus sérieusement par un couple qui arrive avec un petit roquet bruyant. La femme veut absolument que le chien, Alfie, aille dans l'eau pour qu'elle puisse prendre des photos de chien mouillé, mais Alfie ne veut pas, il préfère manger des galets. Ils finissent par repartir, mais tout de suite un autre couple arrive avec un chien plus gros cette fois-ci, bizarrement lui aussi nommé Alfie. Un troisième chien arrive et essaie (sans y parvenir) à forniquer avec Alfie No. 2. Il s'ensuit beaucoup d'aboiements et de reniflements de cul avant que tous les chiens repartent, me laissant seul pour profiter d'une petite sieste, la première depuis le troisième jour à Freshwater West.

Après Porthlysgi, le paysage commence à changer. Le terrain devient plus rugueux, les pâturages horizontaux faisant place à de nombreux montées et descentes. Vers l'intérieur des terres, l'ambiance change également : depuis Amroth, le paysage côté terre a presque toujours été un mélange bucolique de prés et de bosquets, plat ou légèrement vallonné. Maintenant, ce décor fait place à un paysage plus sauvage composé de bruyères et de landes, d'où émergent plusieurs collines coiffées de petits sommets rocheux. Entre les collines, des creux remplis de petits lace marécageux.  Pour la première fois, le sentier lui-même devient rocheux. Tous les livres le disent : la partie nord du sentier du littoral est plus sauvage et plus dure que le sud, ce paysage nouveau est le premier signe que j'arrive dans le nord.

J'arrive enfin à l'extrémité nord de la vaste St. Bride's Bay. Le sentier monte vers une selle entre le cap de Pen Pedol et les collines. Je me retourne pour regarder en arrière, pour avoir un dernier coup d'oeil sur la baie qui s'étend très loin vers le sud, jusqu'à l'île de Skomer à l'horizon. Il y a trois jours, depuis les falaises au-dessus de Martin's Haven, le point où je me trouve maintenant me paraissait ridiculement loin : vue d'ici, la distance parcourue en ces trois jours est tout aussi impressionnante.

Maintenant je me tourne vers le nord, où la vue est dominée par l'île de Ramsey, un kilomètre et demi au large des côtes, de l'autre côté d'une chenal où, même par ce jour de calme plat, la mer remue et rugit. Ramsey est sauvage, entièrement ceinturée de hautes falaises, presque montagneuse au sud, plus doux au nord. Au-dessus de falaises, de l'herbe, des murs de pierre et une seule maison. D'après ce que je vois sur ma carte, la côte ouest de l'île, face à la mer, est encore plus sauvage et les falaises encore plus hautes. La puissance du courant dans le chenal entre l'île et le continent est impressionnante.. il ne faudrait pas s'y aventurer dans un petit bateau, encore moins à la nage ! Face à l'île, le sentier suit les falaises vers le nord, souvent près du bord du gouffre. C'est le premier endroit que l'on pourrait qualifier d'un peu aérien ; il y en aura d'autres, notamment le dernier jour. Il n'y a pas de danger ici, mais quelqu'un qui souffre vraiment du vertige ne serait sans doute pas très à l'aise.

Entre ici et la baie de St. Justinians, la flore est particulièrement remarquable, probablement la meilleure section de tout le littoral en ce qui concerne la variété des fleurs et l'intensité des couleurs. Je n'y connais rien, hélas, je n'arrive pas à retenir le nom des plantes, mais cela ne m'empêche pas d'admirer la beauté du lieu. Un artiste a installé son chevalet au-dessus de la mer à St. Justinians, peignant l'île et la baie à l'huile. Sa toile est presque finie ; je m'arrête un peu pour le regarder. Il me raconte qu'il a commencé la veille, mais que la lumière lui a fait défaut en fin de journée. Aujourd'hui il devrait pouvoir terminer sans problème.
Il me reste une heure de marche facile jusqu'à Whitesands Bay. Le paysage devient à nouveau moins sauvage alors que je tourne le dos à Ramsey et me dirige vers l'est. Les sables de Whitesands apparaissent devant avec, derrière eux, la petite montagne rocheuse de Carn Llidi, avec ses 182 mètres le point le plus haut que j'aie vu depuis le début de la randonnée. Si la partie sud du sentier du littoral avait souvent un parfum de Bretagne, cet endroit pourrait très bien se trouver en Ecosse. La plage elle-même est superbe, même si son nom n'est pas tout à fait exact… le sable n'est pas plus blanc ici qu'aux autres plages que j'ai vues depuis neuf jours. Son nom gallois est d'ailleurs beaucoup plus pragmatique et moins imagé Traeth-mawr signifie tout simplement "grande plage".

En été, la plage de Whitesands est bondée, le lieu est très prisé des vacanciers. Mais aujourd'hui, un fin d'après-midi du mois de mai, elle est déserte, tout comme le grand parking qui s'y trouve. Il est quatre heures et demie, le café de la plage est en train de fermer pour la soirée. St. Davids, où je dors ce soir, est à quatre kilomètres ; je pourrais m'y rendre à pied en moins d'une heure, mais je suis conscient qu'il reste quelques longues étapes à faire et préfère attendre le bus de 17 heures. Le bus (qui n'est en fait qu'un minibus) arrive et, pour une livre, m'emmène en 10 minutes à St. Davids.

La notoriété de St Davids est due à son statut de plus petite ville du Pays de Galles (ou de Grande-Bretagne, je ne sais plus) qui ait le droit de s'appeler "city", ceci en raison de la grande cathédrale qui s'y trouve. Malgré ce grandiose statut administratif, St Davids n'est qu'un village, encore plus petit que je pensais. Le bus me dépose au "centre ville" devant l'"hôtel de ville" et je décide d'aller visiter la cathédrale tout de suite, avant qu'elle ferme pour la nuit, puis de boire une bière avant d'aller à la recherche de mon bed & breakfast. On ne voit pas la cathédrale depuis le centre du village, elle est cachée dans un petit vallon derrière une rangée de vieilles maisons et un pub. Pour y accéder il faut longer le pub, passer sous une arche en pierre et descendre un long escalier. C'est un édifice impressionnant, complètement disproportionné par rapport à la taille du village. A l'intérieur, où quelqu'un répète à l'orgue, il y a un beau plafond en bois foncé sculpté. Mais l'aspect le plus surprenant de la cathédrale est que son sol est très nettement en pente. Lorsqu'on remonte la nef depuis l'entrée vers l'autel… eh bien, on la remonte vraiment !  C'est la seule église que je connaisse qui soit construite de cette manière et je me demande bien pourquoi :  le sous-sol était-il trop dur pour être creusé ? Les ouvriers étaient-ils trop paresseux pour faire le boulot correctement ? L'évêque était-il radin au point de se faire construire une cathédrale au rabais ? Alors que je quitte la cathédrale et remonte vers le centre du village, les nombreuses cloches se mettent à sonner, leur musique remplissant l'air du début de soirée. C'est vraiment très beau.

Je retourne au Farmer's Arms, le pub que j'ai vu avant de visiter la cathédrale. Il y a quelques tables dehors, dans le jardin derrière la maison, et je m'y installe avec une pinte de Double Dragon. Le service au bar est particulièrement lente : la barmaid est toute seule et doit faire face à un grand groupe de grimpeurs en falaise assoiffés (enfin, je suppose que ce sont des grimpeurs vu que leur conversation tourne autour de baudriers, de mousquetons et de dévissage). Ils vident leur verre plus vite qu'elle n'arrive à leur resservir des bières. Je finis ma bière, vérifie l'horaire des bus pour demain matin et l'heure d'ouverture du supermarché, puis pars à la recherche de mon logement pour la nuit.

Mon B&B se trouve un peu en dehors du centre… mais tout est relatif ; à St. Davids, loin du centre signifie deux cents mètres environ ! L'endroit est bizarre : de toute évidence récemment rénové, la maison a été redécoré dans un style qui devait déjà être vieillot en 1970. Elle a toute l'ambiance des bed & breakfast de bord de mer des années soixante : papier peint dans les tons sombres, rideaux et moquette encore plus sombres, éclairage qui semble avoir été fait exprès pour empêcher les clients de lire et donc les obliger à se coucher de bonne heure. Ma chambre est minuscule mais parfaitement confortable et la propriétaire (qui va parfaitement avec le décor) est très sympa. J'exécute ma routine douche-lessive habituelle, sachant déjà que mes vêtements ne sécheront pas car il n'y a pas de chauffage et, même s'il a fait chaud cet après-midi, la nuit sera fraîche.

Ayant constaté que le Farmers Arms était un pub essentiellement fait pour les gros buveurs de bière, je décide d'essayer l'autre pub du village, The Bishops, pour le repas du soir. C'est un bon choix ; le pub est assez grand, animé sans être bondé, et la carte a l'air appétissante. Une jeune femme imposante et très tatouée me sert une pinte de Reverend James, puis une seconde pour accompagner une très bonne escalope de porc avec une sauce à la moutarde. Le soleil couchant entre par les fenêtres orientées à l'ouest ; l'éclairage à ma table est beaucoup meilleure que dans ma chambre, alors je décide de rester passer un bout de la soirée ici. Je commande une troisième bière, lis mes topo-guides, regarde la carte, écris mon journal. L'étape de demain sera plus longue et marquera mon entrée dans le dernier tiers de ma randonnée.

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Tourengänger: stephen
Communities: Randonneur


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Kommentare (2)


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silberhorn hat gesagt:
Gesendet am 6. Juli 2013 um 17:47
Manifiques Photo!

stephen hat gesagt:
Gesendet am 6. Juli 2013 um 18:37
Merci... aber das ist überhaupt dank der Landschaft, wenn die Fotos schön sind :-)


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