Sur le Pembrokeshire Coast Path : Dixième étape, de Whitesands Bay à Abercastle


Publiziert von stephen , 11. Juli 2013 um 21:49.

Region: Welt » United Kindom » Wales
Tour Datum:20 Mai 2013
Wandern Schwierigkeit: T2 - Bergwandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: GB 
Zeitbedarf: 6:15
Aufstieg: 550 m
Abstieg: 550 m
Strecke:Whitesands Bay – Abereiddy – Porthgain – Aber Draw - Abercastle
Kartennummer:OS 1:25,000 "North Pembrokeshire"

English version here

Je passe ce qui est certainement la nuit la moins confortable de ma randonnée dans le B&B à St. David's. Même si ma chambre est tout à fait correcte, le lit est minuscule, probablement le plus petit dans lequel j’aie jamais dormi en tant qu’adulte. Mes pieds dépassent au pied du lit, qui est trop étroit pour que je puisse me mettre en diagonal. C’est comme une nuit en cabane sans l’ambiance et sans les ronflements. Comme prévu vu l’absence de chauffage, mes vêtements n’ont pas séché. Mais ce problème disparaîtra bientôt : à partir de demain, j’aurai assez de vêtements de rechange pour ne plus avoir besoin de faire de lessive avant la fin de la randonnée.

Pour la première fois depuis Pembroke il y a cinq jours, j’ouvre les rideaux sur un ciel gris. Je suis déçu, car les prévisions météo annonçaient du soleil jusqu’à la fin de la semaine, mais il y a tellement de micro-climats dans le coin que rien n’est vraiment fiable. Il ne pleut pas, c’est déjà ça, mais le matin est sombre, brumeux et sans couleur. Dans la salle à manger vieillotte, il y a de la musique "d’ambiance", en l’occurrence un arrangement pour harpe d’un mouvement des Quatre saisons. Au début c’est assez plaisant… puis je me rends compte que ce mouvement a été programmé en boucle et qu’avant la fin du petit déjeuner, je vais l’entendre au moins dix fois !  Je ne veux plus entendre parler de Vivaldi, ni de harpe… La propriétaire et la jeune serveuse sont en train de parler de leçons de conduite ; la serveuse va apparemment passer son permis d’ici peu. Je me demande quel effet ça fait, après avoir appris à conduire dans une city de deux mille habitants, de se retrouver subitement autorisé à conduire sur autoroute et dans n’importe quel métropole. La serveuse me dit que pour l’apprentissage de la conduite en ville, on l’emmène à Carmarthen, bourg de quelque 20,000 habitants à une heure de route. La plus grosse difficulté ici, elle me dit, vient de l’étroitesse des routes, surtout en été lorsqu’elles sont surchargées de vacanciers.

Le premier bus pour Whitesands ne part qu’à 9h 25, ce qui me laisse le temps de déjeuner tranquillement et d’aller faire quelques courses au supermarché, car il me faut à manger pour ce midi et demain midi. Habitué aux ingrédients de pique-nique classiques en Suisse : viande séchée, fromage Appenzeller, salami, salades "mexicaines" de la Migros, j’ai un peu de mal à m’y retrouver dans les supermarchés gallois. Dans les magasins pourvus d’un rayon de charcuterie il y a toujours l’option pork pie, mais le petit supermarché de St. Davids n’est pas assez grand pour proposer des produits de ce style. Le bus arrive, tout aussi vide qu’hier soir, et me dépose dix minutes plus tard à un Whitesands Bay gris et désert.

Il fait frais, plutôt agréable pour marcher, mais la lumière fait que cette journée soit particulièrement mauvaise pour la photographie. A divers moments de la journée j’ai l’impression que le ciel va se dégager ; à d’autres moments je pense qu’il va pleuvoir. Ni l’un ni l’autre ne se passe, ça reste uniformément gris. Le sentier quitte rapidement la plage pour monter sur St. David's Head, un cap sauvage et rocheux où la route à suivre est souvent peu marqué, même si la direction à suivre ne fait aucun doute. C'est un paysage de lande sauvage, couverte de bruyère et de gros rochers ; le sentier se faufile entre eux, montant et descendant, tournant à droite et à gauche tout en progressant lentement vers le nord-est. Mon topo-guide m'informe qu'il y a un dolmen "immanquable" qui se voit clairement contre le ciel, mais je réussis à le manquer. Je continue en balcon au-dessus de pentes raides qui descendent vers la mer, sous le côté nord de Carn Llidi, puis descends abruptement dans un vallon suspendu où quelques chevaux sauvages broutent l'herbe, seul signe de vie que j'aie vu ce matin. Les falaises ne sont pas verticales, mais elles sont nettement plus hautes aujourd'hui que celles des jours précédents : je monte plusieurs fois à une altitude de quelque 60 mètres. Le sentier est rugueux et caillouteux, montant et descendant sans cesse.

Vers onze heures, en bas d'une descente raide et avant d'attaquer une montée encore plus raide, je me mets à l'abri du vent pour boire un coup. Un groupe de quatre marcheurs vient en sens inverse, les seuls que je verrai ce matin. C'est lundi matin, les promeneurs du dimanche sont retournés au bureau, laissant le sentier à ceux qui, comme moi, ont pris leurs vacances hors saison. Le sentier continue le long du flanc nord raide de Carn Penberry, montant ici jusqu'à 100 mètres au-dessus de la mer, le point le plus haut jusqu'à présent. Vers le nord, la vue jusqu'au cap de Strumble Head, que je passerai demain midi, est tout aussi impressionnante et intimidante que celle vers la grand étendue de St. Bride's Bay depuis Martin's Haven. En arriéré, vers le sud, les formes géométriques des champs et des murs de pierre sèche attirent l'œil vers Carn Llidi et son voisin Carn Perfedd.

Au-delà de Penberry, une descente particulièrement raide me fait redescendre jusqu'au bord de la mer à la petite anse rocheuse d'Aber-pwll. Ces descentes et montées ne sont jamais très longues mais, au cours de la journée, on accumule beaucoup de raidillons de 30 ou 40 mètres à la fois. Il est très difficile d'évaluer la dénivelée totale de manière précise ; même sur la carte, ces raidillons sont souvent trop courtes pour que je puisse les évaluer par rapport aux courbes de niveau. Ce qui est certain est que le parcours de ce matin est le plus dur physiquement depuis la péninsule au nord de Freshwater West, le troisième jour.  

Malgré le terrain plutôt difficile, j'avance bien ce matin. J'ai prévu de pique-niquer sur la plage à Abereiddy, à un peu plus de la mi-parcours, et j'y arrive effectivement vers une heure et demie. Petit à petit, le sentier devient plus facile et les falaises moins hautes. Abereiddy est très différente de toutes les autres plages que j'ai vues jusqu'à présent pour une très bonne raison : son sable est gris foncé, sans doute en raison des quantités importantes de charbon dans le sous-sol. Alors que la terre des champs est encore rougeâtre, les falaises bornant la plage au nord sont noires. Cela explique peut-être le nom de Whitesands Bay : pour le voyageur arrivant depuis le nord, le sable de Traeth-mawr serait effectivement perçu comme blanc par rapport à ces plages grisâtres plus au nord.

Mis à part la couleur du sable, Abereiddy n'a rien de très remarquable. La plage n'est ni vraiment isolé, ni vraiment développé pour le tourisme. Il n'y a ni village, ni même un pub, juste un parking au milieu duquel est garé une camionnette vendant des glaces et des frites (quelle jolie combinaison…) à des clients purement imaginaires. J'opte de ne pas me régaler d'une glace aux frites, préférant descendre sur le sable avec mon repas acheté à St. Davids : chips, sausage roll, une tomate et une pomme. Je ne sais pas pourquoi j'achète des tomates pour mes midis en randonnée : sans salade ni sauce en accompagnement, je n'y trouve aucun plaisir. 

Après Abereiddy, de manière inattendue, l'itinéraire devient beaucoup plus facile. Un sentier large remonte vers le haut des falaises, puis continue plus ou moins horizontalement vers Porthgain, le prochain village. Plus j'avance vers Porthgain, plus le passé industriel de la région devient visible ; les landes surplombant la mer sont parsemées de bâtiments en ruine, de fossés, de buttes et de restes de chemins pavés. Une "bitte" blanche perchée sur la falaise veille sur l'entrée du port de Porthgain ; au nord du chenal, sa sœur jumelle fait de même. Porthgain est un endroit étonnant ; pas joli, certes, mais très intéressant et sans doute fascinant pour quelqu'un qui s'y connaît un peu en histoire de la Révolution industrielle. Pendant quelques brèves années à la fin du 19ème siècle, Porthgain était un port important, par lequel passait toute l'ardoise et la brique de la région, destinées à l'exportation. Sa prospérité n'a pas duré : géographiquement isolé, non relié au réseau ferroviaire, Porthgain s'est trouvée dépassée par le progrès industriel et laissée à l'abandon. Quelques vieux bâtiments restent : une petite maison blanche là où le sentier descend sur le quai, et un grand bâtisse à côté du port, transformé de nos jours en restaurant spécialisé dans les produits de la mer. Seuls deux ou trois bateaux de pêche utilisent encore le port. Au-dessus du quai sud, tout le flanc de la colline est couvert des restes de vastes entrepôts où les briques et ardoises étaient stockées en attendant l'arrivée du bateau.

Après cette incursion industrielle, la dernière heure et demie de l'étape est à nouveau plus sauvage et plus physique. Je rattrape un jeune couple qui marche lentement, la très jolie femme photographiant la flore des falaises. Nous nous dépassons plusieurs fois au cours d'une demi-heure, tenons des barrières ouvertes les uns pour les autres, discutons un peu. Ils sont en vacances dans la région et font "juste des balades", ils me disent. Je les reverrai demain. Le sentier redescend à la mer à Aber Draw, où il y a deux ou trois maisons et où je fais une petite pause sur un banc bien placé. En haut de la prochaine montée, un panneau indique un kilomètre jusqu'à l'auberge de jeunesse de Trefin. Deux minutes plus tard, une famille venant en sens inverse me demande s'ils sont loin de l'auberge de jeunesse de Trefin…  me donnant l'occasion de passer pour un autochtone en leur indiquant non seulement le chemin, mais aussi la distance exacte.

Je m'approche d'Abercastle, ma destination du jour. Le petit village se trouve blotti au fond d'une crique, un peu comme à Solva mais aussi très différent : alors que la vallée de Solva était boisée, les environs d'Abercastle sont plus sauvages, l'herbe a remplacé les arbres. L'estuaire de Solva était rempli de petits bateaux ; celui d'Abercastle est vide, mis à part un unique bateau de pêche. Et, alors que Solva était touristique et animé, Abercastle ne compte que quelques cottages ; pas de magasin ni de pub. L'entrée de l'estuaire est protégée par Ynys y Castell, une île en forme de gros bloc à quelques mètres de la terre et presque reliée à celle-ci.

Le bed & breakfast où j'ai réservé pour la nuit est une ferme un peu en dehors et au-dessus du village, à dix minutes de marche de la mer. La cour de ferme est déserte et ne paie pas de mine ; les propriétaires ont laissé un mot m'expliquant comment trouver ma chambre mais je ne le vois pas (il était pourtant bien en vue). Mais au bout de dix minutes, ma présence éveille la curiosité de deux chiens qui arrivent en courant et en aboyant, remuant la queue, pas méchants du tout. Ils sont suivis par la propriétaire des lieux, qui faisaient des travaux au jardin.

Jusqu'à présent j'avais considéré la maison où j'ai dormi à Pembroke comme le nec plus ultra de l'expérienceB&B, mais je dois admettre que la ferme de Garn Isaf à Abercastle lui oppose une rude concurrence. Aménagée au premier étage d'une ancienne étable ou écurie, ma chambre est de loin la plus luxueuse du tour. Un lit immense, une douche reliée au chauffage central plutôt qu'un misérable power shower, des œuvres d'art originales aux murs, le confort est exceptionnel. La propriétaire me demande de ne pas faire sécher de lessive dans la chambre ; cela me pose un problème, car j'ai encore mes affaires d'hier à finir de sécher en plus de celles d'aujourd'hui, mais elle me dit que je peux tout lui donner, elle les étendra dehors jusqu'à ce qu'il fasse nuit, puis les ramènera à l'intérieur. Je prends une douche longue et luxueuse, fais ma dernière lessive du tour – avec un petit pincement au cœur, c'est le premier rappel de la fin qui s'approche – puis descends pour attendre ma sœur et son ami, qui ont prévu de venir m'amener dîner à Porthgain, vu qu'il n'y a pas de pub à Abercastle même.

Au rez-de-chaussée se trouve un salon confortable avec de grandes baies vitrées et une bibliothèque très bien fournie en livres sur la géographie, la faune et la flore locales. Je fais brièvement la conversation avec un couple arrivé en même temps que moi ; nous ferons mieux connaissance demain au petit déjeuner. Ma sœur est coincée au bureau plus longtemps que prévu, mais ils finissent par arriver à sept heures et demie. Nous allons à Porthgain dans un brouillard épais. Cela fait un peu bizarre de retourner en voiture à un endroit que j'ai traversé à pied il y a six heures, mais Porthgain a un restaurant réputé et aussi un bon pub. Même un lundi soir en mai, le restaurant est complet, mais nous trouvons une table au Sloop Inn sans problème. Je m'attendais à manger beaucoup de fish and chips au cours de ma randonnée maritime, mais jusqu'à présent n'en ai pas eu. Je veux absolument en manger au moins une fois, et j'ai choisi le bon endroit : très fin malgré ses proportions monumentales, je ne pense pas avoir jamais mangé un meilleur morceau de cabillaud frit.  
Demain, c'est l'étape la plus longue, et de loin.  Je n'ai plus eu de problème avec mon talon d'Achille et suis plutôt optimiste, mais je sais également que j'ai une étape de neuf heures devant moi et que ça va mettre mon corps à rude épreuve. J'espère juste qu'il ne pleuvra pas…

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Tourengänger: stephen
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