Sur le Pembrokeshire Coast Path : Troisième étape, de Bosherston à West Angle Bay


Publiziert von stephen , 1. Juni 2013 um 21:01.

Region: Welt » United Kindom » Wales
Tour Datum:13 Mai 2013
Wandern Schwierigkeit: T1 - Wandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: GB 
Zeitbedarf: 7:15
Aufstieg: 300 m
Abstieg: 300 m
Strecke:Bosherston – St. Govan's Head - Merrion – Castlemartin – Freshwater West – West Angle Bay
Kartennummer:OS 1:25,000 "South Pembrokeshire"

  English version here

Je suis réveillé lundi matin à 5h 20 par l'aube et le chant des oiseaux. J'ouvre les rideaux : le ciel est magnifique, une alternance de bandes horizontales bleues et blanches qui aurait certainement mérité que je sorte pour prendre des photos. Au lieu de cela, je me recouche et dors encore deux heures. Lorsque je me réveille pour la deuxième fois à 7h 45, le ciel est redevenu gris, mais il ne pleut pas.

Mes vêtements ont tous séché, même le pantalon de randonnée que j'ai pris le risque de laver pour enlever la boue de la veille. Par contre, malgré une nuit passée dans la salle de bain avec le chauffage à fond, mes chaussures sont toujours bien humides… et je ne décrirai pas l'odeur dans la salle de bain ! Les vêtements propres mis la veille sentent la fumée de bois, conséquence du mauvais tirage de la cheminée du pub hier soir. Je descends prendre mon petit déjeuner ; la grande salle du pub est vide et un peu triste. Il n'y a apparemment qu'une cliente à part moi, une femme forte aux cheveux coupés ras qui chante, seule à sa table en train de manger son bacon and eggs. Le patron du pub est visiblement déçu quand je refuse sa proposition de boudin noir pour accompagner mon petit déjeuner…

A neuf heures, je suis prêt à partir. Avec ses 32 kilomètres, l'étape du jour fait partie des plus longues de tout le Coast Path, mais je m'attends à une journée facile car il n'y a que très peu de dénivelée. Je sais que je vais devoir marcher pas mal sur des surfaces goudronnés jusqu'à midi, car je vais devoir contourner deux champs de tir militaires (heureusement les derniers !) qui ne sont ouverts au public que le week-end. Le temps est nuageux et venteux, avec de gros nuages gris qui volent dans le ciel au-dessus de l'église et des cottages du village. Une fois de plus, je ne peux pas m'empêcher de trouver que l'ambiance générale a quelque chose de très breton.

Devant le café "Olde Worlde", les horaires de fermeture des champs de tir sont affichés. Je suis content de voir que le premier des deux est ouvert toute la journée ; malheureusement, le second est fermé jusqu'à 16 heures. Cela me permettra au moins de suivre le sentier du littoral jusqu'au cap de St. Govan's Head.
Je retourne le long des étangs jusqu'à à Broad Haven, où j'ai quitté le sentier hier après-midi. Quelques boums lointains m'indiquent que l'armée est debout et est en train de tirer sur tout ce qui bouge le long des falaises. La météo s'améliore rapidement et, au moment où j'arrive au bord de la mer, le soleil apparaît ; il restera présent pratiquement toute la journée. La grande étendue de sable sur laquelle j'ai marché hier soir est maintenant recouvert par l'eau. Le sentier passe dans les dunes, puis remonte par un escalier jusqu'en haut de la falaise, que je suis jusqu'à St. Govan's Head, point le plus méridional de tout l'itinéraire. Côté mer, les falaises tombent à la verticale alors que vers l'intérieur des terres, de nombreux panneaux d'avertissement mettent les promeneurs en garde, leur interdisant de quitter le sentier balisé… il doit y avoir des bombes et des obus partout sur cette lande squatté par l'armée.

St. Govan's Head me rappelle des souvenirs d'enfance. Pendant les deux semaines que nous passions chaque été au bord de la mer, il y avait toujours un jour de pluie (jamais plus, bien entendu !) où s'asseoir et jouer sur la plage n'était pas une option. Maintenant, du haut de mes 54 ans, je pense que nous avons aussi dû passer pas mal de journées sur la plage alors que la météo n'était pas vraiment faite pour… Ces jours de pluie, nous les passions à explorer la région en voiture : petites villes, châteaux en ruines et autres curiosités touristiques. Le site du cap St. Govan, avec sa petite chapelle dans la falaise, faisait partie de ces buts de promenade pour dimanches pluvieux. Un peu à l'ouest du cap proprement dit, une profonde entaille s'ouvre dans la falaise. Un escalier raide descend entre des parois verticales jusqu'à une minuscule chapelle, construite au 14ème siècle. L'escalier est toujours aussi raide mais mieux aménagé que dans mon souvenir ; la chapelle, par contre, n'a pas changé.  Toute petite, une seule fenêtre, cinq mètres sur trois environ seulement. A l'autre bout par rapport à l'entrée, un second portail (sans porte) permet d'accéder aux gros rochers en contrebas de la falaise, un site impressionnant lorsque le vent de sud-ouest envoie de grosses vagues se briser contre ces rochers.

Comme je craignais, l'accès au sentier traversant le second champ de tir est fermé. Je n'ai qu'une alternative : suivra la petite route qui me ramène, entre les panneaux d'interdiction et au bout de deux kilomètres, de nouveau à Bosherston. Au bout d'une heure et demie de marche, je me retrouve devant le pub où j'ai passé la nuit, mais je suis content d'avoir fait ce détour pour revoir le site du cap et la chapelle dans la falaise. Un panneau devant l'église ne laisse aucun doute quant à la suite : "Freshwater West 10 miles"… avec les deux kilomètres que je viens de faire, cela veut dire que je vais devoir subir 20 kilomètres de goudron avant de retrouver le sable et les sentiers.  

Je mets trois heures pour arriver au bout des 10 miles. Inutile de dire que ce n'est pas la partie la plus passionnante de l'itinéraire. J'essaie quand même de prendre du plaisir avec ces incursions à l'intérieur des terres ; après tout, pendant 13 jours je vais marcher essentiellement au bord de la mer, ça apportera un peu de variété et des paysages différents. Au début, l'itinéraire suit une jolie petite route, sans aucune circulation hormis quelques tracteurs, à travers un paysage tranquille de champs, bruns et labourés pour la plupart, sauf à quelques endroits où un champ de colza jaune vif ajoute un peu de piment.  Mais la plupart du temps, la route est bordée de haies de trois mètres de haut qui coupent la vue. Ce n'est quand même pas si déplaisant et, comme le dit avec justesse un vieux couple que je croise, ça fait du bien de marcher sous le soleil pour une fois. Au bout d'une heure, la petite route débouche sur une autre, beaucoup plus grande et passagère. Il y a même des lignes blanches au milieu… à l'échelle du Pembrokeshire, c'est quasiment une autoroute ! Il n'y a pas de trottoir, je dois marcher sur la route, en me pressant contre la haie à chaque passage de voiture ou de camion. Dommage que le Parc national, responsable du sentier du littoral, n'ait pas pu trouver une alternative à travers les champs qui bordent la route.

A Merrion, je passe devant l'entrée principale du camp militaire. Il est tentant d'aller leur dire exactement ce que je pense de leur occupation des falaises, mais ça ne se fait pas, donc je continue tranquillement vers l'ouest. Même la route principale est fermée peu après l'entrée du camp, m'obligeant à faire un nouvel détour (plus long mais probablement plus joli) par une route secondaire. Je remonte jusqu'au village de Warren, sur la crête au nord de la route. Le bruit des canons se fait de plus en plus envahissant ; à Warren il y a même une plate-forme d'observation pour les membres du public qui auraient envie de regarder des soldats balancer des obus dans la mer.

La surface dure sur laquelle je marche depuis ce matin commence à faire mal. Quand on habite dans une région de montagne, on n'est pas tellement habitué à ce style de marche, qui fait appel de façon intensive à des muscles et tendons peu accoutumés à cela. Le fait que mes pieds sont mouillés est un autre facteur, et je sens quelques débuts d'ampoules. Cela ne m'inquiète pas trop, je suis peu sujet aux ampoules et sais que j'ai tout ce qu'il faut pour les empêcher de s'empirer. Ce qui m'embête davantage est une douleur juste au-dessus de ma cheville gauche, à l'avant de la jambe. C'est exactement la même douleur que celle qui m'a forcé à abandonner une grande randonnée à mi-parcours, en Suisse en 2010. Je ralentis mon pas : voulant en finir avec cette section de route le plus vite possible, j'ai certainement forcé un peu trop. La douleur ne s'en va pas, mais ne semble pas s'empirer non plus.

Je traverse le village de Castlemartin, après lequel le bruit des canons défendant le Royaume de Sa Majesté contre la mer s'atténue petit à petit, même si le bord gauche de la route est toujours balisé par de nombreux panneaux d'interdiction. Mais enfin, trois kilomètres après Castlemartin, voici la récompense. La route descend vers la mer et soudainement, voilà devant mes yeux la plage immense et superbe de Freshwater West, bordée de dunes et de falaises, encore un candidat plus que sérieux au titre de "Plus Belle Plage du Pays de Galles". Si Barafundle était la version "petit format" de la plage parfaite et Broad Haven la taille moyenne, Freshwater West est le modèle XXL. De là où je suis, la plage s'étend sur deux kilomètres vers le nord. Derrière moi, (malheureusement aussi derrière les panneaux d'interdiction et inaccessibles au public), encore deux bons kilomètres de sable jaune qui s'en vont vers le sud. La plage est plate, le sable jaune doré, les vagues font venir les surfeurs de loin. Les dunes sont plus hautes qu'ailleurs dans le coin, de véritables petites montagnes de sables, on se croirait presque dans un modèle réduit des Alpes. A quelques endroits, des bancs de rochers s'en vont dans la mer, coupant la monotonie du sable.  

Mes trois heures à l'intérieur des terres m'ont fait oublier que le vent souffle toujours relativement fort. J'ai besoin de reposer mes jambes et pieds, besoin de manger aussi, car il est une heure et quart. La plage elle-même n'est pas une option : trop de vent, trop froid. Par contre, dans les dunes il y a plein de petits vallons et creux, et je ne mets que quelques minutes pour trouver un endroit parfaitement à l'abri du vent. Un gros nuage noir au-dessus de la mer ne semble pas trop menacer ; au contraire, il accentue le bleu du ciel, le jaune du sable et le vert de l'herbe des dunes. Mon casse-croûte du jour est fait des restes de la veille : un petit "pork pie", typiquement britannique, sorte de tourte farcie à la viande de porc, des chips, une excellente tarte aux cassis et une pomme.  Le prosciutto crudo acheté il y a deux jours au cas où je ne trouverais pas à manger en route a changé bizarrement de couleur et partira directement à la poubelle. Le soleil est chaud et, après avoir fini de manger, je m'accorde trois quarts d'heure de sieste sur le sable chaud. Ce sera la seule fois pendant les treize jours de marche où je pourrai le faire.  

Fini le goudron, la suite est beaucoup plus agréable. Je traverse la plage jusqu'à l'autre bout, puis remonte par un bon sentier terreux vers le haut des falaises. Avec une surface plus sympathique sous les pieds et un rythme de marche plus lent, la douleur dans ma jambe gauche a complètement disparu... ouf ! Je commençais à me dire que j'allais devoir finir l'étape en bus ! Les falaises calcaires verticales de Stackpole et St. Govan's ont de nouveau fait place à du grés rouge aux pentes un peu plus douces. La roche est friable et, en contrebas, l'érosion a construit un paysage chaotique de tours et de pinacles. A un endroit, le sentier est parti dans le vide : sur dix mètres, tout un pan de falaise est tombé à la mer. Il y a d'autres endroits où l'érosion est venu flirter avec le chemin et où des pieds prudents ont déjà commencé à créer des cheminements alternatifs à quelques mètres de plus du bord.

Si l'itinéraire de la matinée était presque plate, celui de l'après-midi voit le retour des montés et descentes de la veille, mais dans une version bien plus concentrée. Sur une distance de deux kilomètres, je monte jusqu'à une altitude de 30 mètres pour redescendre aussitôt au niveau de la mer au moins six ou sept fois. Le sentier n'en finit pas de plonger par des escaliers dans de petits vallons où des ruisseaux coulent rapidement vers la mer. La vue en arrière est magnifique, s'étendant au-delà de Freshwater West jusqu'aux plages interdites et au cap de Linney Head, loin vers le sud. Si un jour cette partie du littoral est ouverte au public, j'imagine que ça vaudra le voyage.

A West Pickard Bay, alors que j'entame une énième descente raide, le vent se lève, le ciel s'assombrit d'un seul coup et il se met à pleuvoir. J'enfile mes vêtements de pluie, me battant contre le vent… puis le grain est passé, le soleil réapparaît et je n'ai plus qu'à me déshabiller aussitôt. Quelques moutons me regardent, certainement stupéfaits devant la bêtise humaine… La marée monte désormais et, en bas des falaises, j'ai l'impression que c'est toute l'eau de l'Atlantique qui est en mouvement vers l'est, vers la plage. Pour la première fois depuis le début de ma randonnée à Amroth, la mer est bleue.

Le sentier se poursuit vers la petite île de Sheep Island, contourne Castles Bay au-dessus de falaises hautes et déchiquetées, puis entame la longue descente qui me mènera vers l'estuaire de Milford Haven, le vent dans le dos pour une fois (la seule fois des 13 jours, d'ailleurs !) L'entrée de l'estuaire est protégée par de nombreux vieilles fortifications, certaines sur des îlots, d'autres ici sur les falaises qui dominent l'estuaire. Le dernier petit cap que je passe avant de descendre sur Angle est surmonté d'une de ces ruines, une vestige de tour qui serait tout à fait à sa place au bord du Loch Ness. Le sentier court maintenant vers l'est, descendant doucement à travers champs jusqu'à West Angle Bay. Le petit café au bord de la plage a vu de meilleurs jours, fermé et dans un état de délabrement plus qu'avancé malgré un panneau m'invitant à "Savourer l'été…"

Le village d'Angle s'étend de part et d'autre d'une seule rue, le long d'une vallée bordée par la mer sur trois côtés. A chaque bout de la vallée se trouve une baie : à l'ouest, West Angle Bay, plage de sable face au large ; à l'est, Angle Bay, calme et boueuse, regarde le long de l'estuaire vers l'intérieur des terres. Le sentier du littoral contourne toute une péninsule pour aller de l'une à l'autre, alors que la distance par la route n'est que d'un kilomètre. Je décide de laisser la péninsule pour demain ; l'étape du jour a été longue alors que celle de demain sera nettement plus courte. Je pars donc directement par la route, à la recherche du pub où je vais passer la nuit.

Angle est un endroit assez curieux. Le village est plus grand que ceux où j'ai passé les deux nuits précédentes ; pourtant, il règne ici une ambiance de bout du monde, de "loin de tout". La situation géographique du village joue un rôle ; un peu à l'écart sur sa péninsule, la route qui y mène ne va nulle part ailleurs. La présence d'une immense raffinerie près de l'extrémité est du village doit décourager les vacanciers, de sorte que le village reste isolé. Les maisons du village sont pimpantes et peintes de couleurs vives, comme pour faire un pied de nez à la laideur de la raffinerie, mais il n'y a pas un chat. Je traverse tout le village sans voir personne. Un bus s'arrête, puis repart sans que personne ne monte ni descend. Devant l'école, je finis quand même par voir une trace de vie humaine : deux adolescents sont en train de jouer au foot, l'air ennuyé. La présence d'une école me surprend, celle d'un magasin d'alimentation générale (ouverte !) encore plus. Je vais jusqu'à la baie à l'autre bout d village, voulant voir ce paysage de vase sous le soleil et à marée basse, car demain matin, la baie sera remplie d'eau. Je prends quelques photos de bateaux à moitié couchés pendant qu'ils attendent la mer, sur fond de maisonnettes de pêcheurs. La raffinerie, avec ses multiples tours et cheminées, ajoute une touche de contraste qui, à défaut d'être jolie, ne manque pas  d'intérêt.

J'arrive au pub à 16 heures, mais il n'ouvre qu'à 19h. Je frappe à la porte, pas de réponse. Je me demande bien ce que je vais faire à Angle pendant trois heures, avant de voir que dans la cour derrière le pub, il y une autre porte. Je tente ma chance, sonne… et une jeune femme vient m'ouvrir. Je m'excuse d'être arrivé trop tôt ; pas grave, elle me répond, c'est tous les jours pareil. Elle s'excuse à son tour du chenit qui encombre l'entrée et l'escalier menant aux chambres : ils sont en train de reconstruire le cagibi de jardin et tout son contenu a trouvé une place provisoire à l'intérieur. Très sympa, la jeune femme me sert une pinte de bière malgré la fermeture, et la monte même dans ma chambre.

La chambre est grande et a l'air d'avoir été refaite tout récemment. Seul inconvénient : le chauffage central a apparemment été arrêté pour la saison, même si les températures ont du mal à dépasser les dix degrés. Je prends ma douche, lave mes vêtements et improvise un fil à linge pour les étendre, mais je sais déjà qu'ils ne sécheront pas. J'espère que le bed and breakfast de demain soir sera bien chauffé, sinon j'aurai le choix entre vêtements sales ou vêtements humides pour le lendemain. La plante de mes pieds me fait mal, j'ai effectivement des débuts d'ampoules en quelques endroits et dois mettre des pansements en trois endroits, chose que je ne fais jamais. La combinaison de kilomètres, goudron et pieds humides a fait quelques dégâts, rien de bien grave heureusement.

A 19 heures, à l'ouverture du pub, je descends dîner. Je suis le seul client ; apparemment il y a une seule chambre d'hôte et personne du coin n'entre boire un verre. Je bois une ou deux bières, mange une bonne steak and ale pie avec des petits pois et des pommes de terre nouvelles, mais il fait froid dans cette salle vide et je ne tarde pas à remonter dans ma chambre. A neuf heures je suis au lit ; la journée a été longue et je suis fatigué.

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Tourengänger: stephen
Communities: Randonneur


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