Sur le Pembrokeshire Coast Path : Deuxième étape, de Manorbier à Bosherston


Publiziert von stephen , 31. Mai 2013 um 19:00.

Region: Welt » United Kindom » Wales
Tour Datum:12 Mai 2013
Wandern Schwierigkeit: T1 - Wandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: GB 
Zeitbedarf: 5:30
Aufstieg: 380 m
Abstieg: 380 m
Strecke:Manorbier – Stackpole – Broad Haven - Bosherston
Kartennummer:OS 1:25,000 "South Pembrokeshire"

 English version here

Je me couche tard samedi soir après la première étape de ma randonnée. Ma sœur et son ami m'emmènent dîner dans un pub à Lydstep, puis nous allons à la petite ville de Narberth où nous assistons à un excellent concert donné par un groupe de la région dans le décor un peu insolite d'une salle des fêtes municipale. La nuit est froide, il n'est pas exclu que ça gèle.

L'étape de ce dimanche est relativement courte, 17 kilomètres seulement qui me mèneront au petit village de Bosherston. J'espère que ce sera un jour pour flâner, prendre mon temps, m'allonger sous le soleil sur de belles plages de sable et faire des croquis.  Mais je sais que c'est optimiste ; les prévisions météo ne sont pas bonnes et, en effet, c'est un ciel gris et un paysage caché par le brouillard que je vois en ouvrant les rideaux. Au moins il n'a pas l'air de pleuvoir… La chambre est bien chauffée et les vêtements que j'ai lavés la veille ont tous séché.  Dans la salle à manger élégante mais un peu froide du bed and breakfast, je mange mon premier petit déjeuner anglais" depuis des années… même si je suis au Pays de Galles, ce repas marathon est toujours qualifié d'" anglais". Salade de fruits, céréales, bacon, œuf sur le plat, saucisse du Pembrokeshire, tomates grillées, champignons, sans oublier le pain grillé avec marmelade, il y a tout ce qu'il faut pour préparer l'estomac avant cinq heures de marche. La patronne m'a préparé un pique-nique copieux pour le repas du midi, largement suffisant pour deux jours. La plupart des B&B le long de l'itinéraire offrent ce service, pour un prix qui varie quand même du simple au double : £3.50 ici, mais jusqu'à £7 par endroits.

De retour à la plage de Manorbier où j'ai quitté le sentier du littoral hier soir, il se met à pleuvoir au moment même où je commence à marcher. Quelqu'un doit me surveiller de près depuis le poste de commande de la météo. Je fais un petit détour pour voir l'intérieur de l'église 12ème siècle mais, malgré un panneau annonçant son ouverture à 9h 30, les portes sont toujours verrouillées à presque dix heures moins le quart et j'abandonne. Même si la pluie n'est pas plus qu'un crachin normand, j'ai le sentiment que c'est parti pour la journée et m'équipe en conséquence : veste Goretex, surpantalon et chapeau imperméables. Les tours et remparts du château dominant la plage ont l'air sombres et sinistres dans la brume, il doit certainement y avoir des fantômes à l'intérieur…

Quittant la plage, le sentier grimpe rapidement sur des falaises rougeâtres plutôt basses. Le rocher friable a été érodé et profondément entaillé par la mer et des ravins étroits et profonds plongent vertigineusement depuis le bord du sentier vers les rochers en contrebas. Les vagues s'engouffrent dans des trous et fissures invisibles en bas de la falaise, faisant un gros bruit sourd qui semble presque faire trembler la terre. Petit à petit, les falaises s'élèvent vers East Moor Cliff ; le sentier traverse un pâturage pentu et exposé à tous les vents où des moutons cherchent le moindre abri. Mais des abris, il n'y en a quasiment pas, juste un ajonc solitaire sous lequel une brebis et son agneau ont trouvé un semblant de refuge. Je remonte le long d'une crête jusqu'à 74 mètres au-dessus de la mer et, au fur et à mesure que je monte, le vent et la pluie s'intensifient. La pluie arrive horizontalement sur ma joue gauche, alors que le vent fait tout ce qu'il peut pour arracher mon chapeau et l'envoyer voler jusqu'en Irlande. Toutes les dix secondes, je suis obligé d'essuyer mes lunettes pour voir où je mets les pieds. Au bout de quelque temps, j'arrive à ce moment fatidique où le randonneur se rend compte que ses vêtements imperméables vont perdre la bataille. Je ressens une sensation d'humidité en haut des jambes, juste là où l'eau qui coule depuis ma veste rejoint l'eau qui s'infiltre directement par mon surpantalon, visiblement pas à la hauteur. Les conditions sont tout aussi mauvaises que le pire que j'ai rencontré sur la Via Alpina il y a trois ans. J'espère que je pourrai au moins remplacer mon surpantalon en arrivant à Pembroke après-demain… avant, je ne passerai que dans des villages sans magasin de sport, voire sans magasin du tout.

De temps en temps, le sentier descend dans de petits vallonnements du terrain où le vent et la pluie sont moins intenses. Optimiste, je me dis que ça s'améliore… puis le sentier quitte l'abri du vallon et je me rends compte qu'il pleut toujours autant. Je redescends au niveau de la mer à la plage de Swanlake Bay, où il n'y a ni lac, ni cygnes. Swanlake est, paraît-il, une plage magnifique, mais la marée a recouvert le sable, ne laissant que des galets gris sur fond de falaises grises et ciel gris. Seul le jaune vif des ajoncs ajoute une touche de couleur.

Un peu plus loin, à Freshwater East, le sentier descend à nouveau jusqu'à la mer. C'est une autre grande plage de sable et de belles dunes, quelque peu gâchée par les maisons de vacances laides qui ont été construites au-dessus des dunes. Je suis surpris de voir que même par ce temps cataclysmique, des gens se promènent sur la plage. Certains promènent leur chien et ont donc une raison valable d'être là. D'autres sont seuls, et je ne peux que supposer qu'ils sont aussi fous que moi. Je traverse la plage sur la sable mouillé juste au-dessus de la marée descendante, laissant de grosses traces avec mes chaussures de montagne. Il n'y a ni café, ni pub sur la plage de Freshwater East ; les toilettes publiques constituent le seul abri. Je suis agréablement surpris, en y entrant, de trouver qu'elles sont impeccablement propres et que – plus important – il y a même du chauffage ! Je finis par y passer un bon quart d'heure à me réchauffer et à essayer de sécher mes affaires un peu.

Lorsque je repars de Freshwater East, la pluie s'est quelque peu atténuée. Le sentier remonte, plutôt raide, sur le promontoire de Trewent Point, puis continue le long des falaises, avec de nombreux montées et descentes toujours aussi raides. A gauche du sentier, côté mer, l'érosion a créé un paysage bizarre fait de tours rocheuses, de petits vallons suspendus et de creux profonds ; ce n'est pas sans rappeler le paysage du Trotternish, au nord de l'île de Skye en Ecosse. Je croise un randonneur venant en sens inverse et nous échangeons quelques blagues sur notre état de santé mentale. Il me demande pour combien de temps il en a jusqu'à Freshwater East et a l'air tout heureux quand je lui dis qu'une demi-heure suffira. Par contre, il a prévu de déjeuner dans la chaleur d'un pub et je dois détruire son rêve en l'informant que les toilettes sont l'endroit le plus sec et le plus chaud qu'il y trouvera !

J'avais prévu de marcher jusqu'à Barafundle Bay et d'y pique-niquer sur la plage. La météo me fait adopter un plan B qui consiste simplement à m'arrêter dès que je trouve un endroit qui ne soit pas complètement détrempé et exposé. A midi et quart, dans l'un des nombreux vallons que je traverse, je repère un endroit parfait juste à côté du sentier. Un petit bosquet de buissons a créé une sorte d'arche verte qui fait comme un toit au-dessus d'un petit creux. L'endroit est à l'abri du vent et de la pluie, même si quelques gouttes cherchent à retomber sur mes sandwiches depuis les branches au-dessus. Mais au moins je peux manger assis et sans me faire tremper.

Au-delà de Greenala Point, les falaises s'abaissent petit à petit. Peu avant Stackpole, je redescends une nouvelle fois au niveau de la mer pour traverser une plage de galets bordée d'arbres et d'une maison de pierre blanchie à la chaux avec, au milieu de la petite anse, un gros rocher solitaire. Si je me suis senti en Ecosse il y a une heure, maintenant  j'ai l'impression d'être sur l'île de Bréhat… même la couleur du rocher est presque juste, sauf qu'ici c'est du grés et non pas du granit rose.

J'arrive au minuscule port de Stackpole Quay. L'endroit est plutôt bizarre : une vallée étroite qui se termine directement dans la mer, une plage très en pente et, barrant l'entrée du vallon, une jetée massive faite d'énormes pierres taillées, derrière laquelle il y a juste assez de place pour que deux ou trois petits bateaux puissent s'abriter. La marée est descendue et le port est à sec, l'eau remplacée par du sable mouillé, des rochers glissants et une forte odeur d'algues. La taille de la jetée laisse croire que la marée doit monter bien haut ici, elle doit faire sept ou huit mètres de haut. Il y a un café juste au-dessus du port et je m'y refuge pendant une demi-heure, le temps de me réchauffer et de me sécher un peu en buvant plusieurs tasses de thé.

Quand je sors du café, il ne pleut plus ; il y a même deux ou trois personnes qui prennent le thé en. Des panneaux explicatives devant le café renseignent les visiteurs sur l'histoire de cet endroit insolite et aussi sur la géologie de la région : Stackpole se trouve pile sur une faille géologique digne de la Californie. Un autre panneau indique le chemin vers mon prochain but, Barafundle Bay, "La Plus Belle Plage du Pays de Galles" selon ce qui y est écrit.   

Barafundle n'est pas très loin et c'est un but de promenade assez connu. Alors que je n'ai vu personne jusqu'à ici, il y a pas mal de monde sur le sentier qui traverse le plateau herbeux au-dessus des falaises entre Stackpole et Barafundle, surtout des familles avec enfants et chiens, les chiens semblent d'ailleurs être plus nombreux que les enfants dans le coin. Barafundle, il faut bien l'admettre, est un vrai modèle de plage galloise : sable jaune nettoyé deux fois par jour par la mer, dunes, falaises recouvertes d'ajoncs jaunes, tout y est. Et l'endroit est resté parfaitement naturel ; pas une maison, pas un marchand de glaces. Aucune route n'y arrive, le seul accès est à pied par le sentier du littoral.

A l'autre extrémité de la plage, le sentier remonte doucement par une forêt dont les arbres n'ont pas encore compris que c'est le printemps. Mais en sortant de la forêt sur le cap de Stackpole Head, le paysage change aussi subitement que radicalement. Jusqu'ici, les falaises se composaient de grès rouge incliné avec, au-dessus, des pentes couvertes de bruyère et d'ajoncs. Les falaises de Stackpole Head, par contre, sont faites de roche calcaire grise ; elles sont hautes, verticales, menaçantes. A la place des pentes de bruyère, de l'herbe courte où paissent moutons et chevaux sauvages. Les brebis, encore tout emmitouflées dans leur laine hivernale, sont immenses. L'une d'elles me regarde de loin : vue de face, on dirait un ours polaire. Plusieurs des brebis ont des agneaux encore tout petits… quel environnement dur pour commencer une vie !
J'avance jusqu'à la pointe du cap, à 35 mètres au-dessus de la mer grise. Le vent fait presque peur ici, il souffle de tous les points cardinaux en même temps et je reste bien loin du bord de la falaise. Un groupe de quatre agneaux me regarde, se demandant sans doute ce que je fais là. Sur fond de mer, ces agneaux feront une photo magnifique… mais au moment où je déclenche l'appareil, leur mère les appelle et ils partent à toute vitesse, la photo est ratée. Un peu plus loin, c'est un poulain qui se tient debout en plein milieu du sentier. Il me regarde m'approcher, puis part se cacher derrière sa mère sur des jambes ridiculement longues et maigres.

Maintenant je descends vers Broad Haven, le premier des deux endroits portant ce nom que je traverserai au cours de ma randonnée. Barafundle est peut-être "La Plus Belle Plage du Pays de Galles", mais à Broad Haven la concurrence est sérieuse. La plage est de toute évidence calquée sur le même modèle sable-dunes-falaises que Barafundle, mais l'échelle est nettement plus grande. Broad Haven possède en outre un atout supplémentaire : au large, au milieu de la baie, se trouve un grand rocher qui, selon l'endroit d'où on le regarde, ressemble soit à une église, soit à un sphinx. Le cartographe devait être dans un jour religieux plutôt qu'égyptologue, car sur la carte le rocher s'appelle Church Rock.

La météo s'est améliorée et je reste un peu plus longtemps sur cette belle plage, avant de repartir pour les trois derniers kilomètres de la journée. Le village de Bosherston, où je vais dormir, se trouve un peu à l'intérieur des terres. Le sentier qui y mène est large et plat, remontant une vallée qui a été artificiellement inondée au 19ème siècle pour créer une série d'étangs d'eau douce qui, aujourd'hui, font le plaisir des pêcheurs. En été, ces étangs sont recouverts de nymphéas ; aujourd'hui il est un peu trop tôt dans la saison pour en voir. Ce paysage d'étangs et de roseaux contraste de manière surprenante avec les falaises sauvages qui se trouvent à moins d'un kilomètre. Par deux fois, le sentier traverse l'eau sur de longues passerelles. Sur l'une de celles-ci, un grand oiseau me laisse m'approcher et le photographier d'assez près, avant de s'envoler à l'approche d'un groupe accompagné d'un chien.

J'ai réservé une chambre à l'auberge du village, le St. Govan's Inn. Même s'il ne pleut plus, je suis bien content d'y arriver ; je suis encore bien humide et j'ai froid. Le grand feu de bois à l'intérieur du pub est très bienvenue, la bonne sélection de bières l'est tout autant… au point où je décide que la douche peut attendre. Je passe une demi-heure très agréable à me réchauffer tout doucement devant une pinte de London Pride avant de remonter dans ma chambre au-dessus de la salle. La chambre est grande, chaude, confortable, il y a même le luxe d'une baignoire. Pendant que je fais couler mon bain, je lave mes affaires sales et trempées de la journée, en me demandant bien si tout va sécher. Chaque radiateur acquiert son petit tas de vêtements ; chaussettes et slip ici, polaires et T-shirt là-bas, programme classique des randonnées sur plusieurs jours. Je soupçonne quand même de devoir marcher demain avec des chaussures encore bien humides.

Réchauffé, baigné et propre, je redescends dans la grande salle du pub et m'installe près du feu. La routine du randonneur solitaire se met en place : je commande une bière, regarde mes cartes, lis le descriptif de l'étape du jour et de celle du lendemain dans mes deux guides, écris mon journal, commande une autre bière pour accompagner le repas du soir. Le vent semble perturber quelque peu le tirage de la cheminée et bientôt, la salle se remplit de fumée : mes vêtements sentiront le feu de bois pendant plusieurs jours après. La salle était bien remplie lorsque je suis arrivé mais, à mesure que la soirée avance, elle se vide et vers neuf heures, quand je décide de remonter dans ma chambre, il n'y a plus que deux tables occupées. Demain, c'est une étape nettement plus longue qui m'attend : de Bosherston à Angle il y a 32 kilomètres à couvrir.

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Tourengänger: stephen
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