Sur le Pembrokeshire Coast Path : Première étape, d'Amroth à Manorbier
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English version here
Le Pembrokeshire se trouve à l'extrémité sud-ouest du Pays de Galles, face à la mer d'Irlande et à l'Atlantique. La région, connue pour son littoral fait de falaises, de dunes et de plages de sable magnifiques, est une destination très prisée des vacanciers en été. Lorsque j'étais enfant, nous y passions deux semaines chaque été et depuis, ma sœur s'est installée définitivement dans la région. A l'époque de nos vacances familiales, l'itinéraire de grande randonnée qui longe toute la côte (299 kilomètres au total, d'Amroth dans le sud jusqu'à St. Dogmaels dans le nord) venait seulement d'être créé et n'était pas encore connu. Mais je me suis toujours dit qu'un jour, je retournerais là-bas pour faire l'itinéraire dans son intégralité. Je n'aurai mis que 40 ans pour le faire, mieux vaut tard que jamais !
Depuis Londres, je prends un train intercity confortable jusqu'à Swansea, le "métropole" du coin. La suite du voyage se déroule dans une micheline minuscule qui, avec son wagon unique, ressemble plus à un bus sur rails qu'à un vrai train. Pendant une heure et demie, à petite vitesse, nous avançons le long d'un bel estuaire, puis à travers un joli paysage de bocage jusqu'à la station balnéaire de Tenby, ma base pour les nuits avant et après cette longue randonnée. En cette fin d'après-midi de mai (le plus froid depuis 1993 selon le journal télévisé), l'air marin est frisquet, c'est le moins que l'on puisse dire. L'ami de ma sœur nous a fait un délicieux ragoût de lapin, que je mange tout en regardant du football à la télévision, histoire de me remettre dans le bain de la vie quotidienne britannique…
Samedi matin, frais et gris. Ma sœur a décidé de m'accompagner pendant ma première matinée de marche. On nous dépose à l'extrémité nord de la plage d'Amroth, où une plaque marque le début officiel du "Coast Path". A neuf heures, après la séance photo obligatoire devant la plaque, nous sommes prêts à partir. Quelques éclats de soleil blanc sur mer noire laissent espérer que la météo pourrait être en train de s'améliorer après plusieurs semaines de mauvais temps.
La marée vient juste de commencer à descendre. Le vent souffle assez fort et de grosses vagues se fracassent contre la plage de galets, envoyant des giclées d'eau sur la route qui longe la plage. Une rangée de brise-lames noirs s'étend tout le long de la plage.
Après un kilomètre de marche sur la petite route qui longe le front de mer, nous arrivons au petit groupement de maisons et de pubs qui se trouve à l'extrémité sud d'Amroth. A partir d'ici, le sentier quitte la route pour grimper vers le haut de la falaise, zigzaguant à travers un sous-bois où le sol est tapissé de jacinthes des bois bleues. J'ai très peu randonné depuis le début de l'année et n'ai rien fait du tout depuis plus d'un mois, mais je reprends vite le rythme lent de la montée, mains derrière le dos, morceau de musique classique dans la tête, un pied devant l'autre. Après cette première montée, à une altitude de 75 mètres, nous quittons la forêt pour un sentier qui se poursuit à travers champs, en haut de la falaise. Le décor qui s'installe va devenir familier pendant les prochains jours : mer à gauche, champs, murs de pierre et haies à droite.
Le sentier rejoint une route étroite qui redescend au niveau de la mer à Wiseman’s Bridge, où la terrasse du pub a l'air particulièrement accueillant. Mais cela ne fait qu'une heure que nous marchons, trop tôt encore pour un café, sans parler de bière.... A l'autre bout de la plage, un marchand de glaces ambulant a installé son camion rouge pétant, mais celui-ci reste fermé en attendant le début de la saison estivale qui ne viendra que dans quelques semaines. Le sentier goudronné suit alors le front de mer jusqu'à une série de tunnels taillés dans la falaise. Au 19ème siècle, ces tunnels permettaient d'acheminer du charbon par voie ferrée depuis les mines situées à l'intérieur des terres vers le port de Saundersfoot un peu plus loin. Maintenant ils ont été réaménagés pour randonneurs, avec des panneaux invitant les cyclistes à descendre de leur vélo… en gallois d'abord, en anglais ensuite. Tous les panneaux de la région sont bilingues : vue la tendance des Britanniques à mettre des panneaux d'avertissement un peu partout, ces prochains jours constitueront un bon apprentissage en matière de vocabulaire d'interdiction gallois !
Lorsque nous arrivons au début de la plage de Saundersfoot, la mer a reculé suffisamment pour que nous puissions quitter le revêtement dur et marcher sur le sable. La plage a attiré quelques promeneurs de retrievers et de chiens de berger, les deux très populaires dans la région. La météo s'est nettement améliorée maintenant, les nuages entrecoupés de gros carrés de ciel bleu.
Au-delà de la petite ville balnéaire de Saundersfoot, le sentier devient un peu plus ardu, grimpant plusieurs fois depuis le niveau de la mer jusqu'à une altitude de 40 ou 50 mètres avant de redescendre aussitôt et de recommencer. Ces montées et descentes ne sont jamais très longues mais toujours raides, souvent aménagées en escaliers dont les marches sont toujours juste assez hautes pour casser le rythme. C'est très différent de la randonnée en montagne, où l'on passe généralement la matinée à monter et l'après-midi à descendre ! Le sentier devient plus étroit et boueux, la forêt qui recouvre le haut des falaises est une nouvelle fois toute colorée du bleu des jacinthes, mais aussi du jaune vif des ajoncs épineux qui sont omniprésents et en pleine floraison. Nous croisons deux randonneurs bien chargés et fatigués : gros sacs à dos, matériel de camping et tout. Sans compter les promeneurs de chiens, ce sont les seuls autres randonneurs que je verrai durant les quatre premiers jours de mon tour. Ils nous demandent combien de temps il leur faudra pour arriver à la gare de Saundersfoot et paraissent bien rassurés quand nous leur disons qu'ils n'ont plus que deux ou trois kilomètres à faire.
Une courte montée au-dessus de la plage de Monkstone nous fait quitter la forêt une nouvelle fois. De cette point de vue dégagé, nous pouvons voir le chemin considérable que nous avons déjà couvert depuis Amroth. Devant nous, vers le sud, Tenby est maintenant visible avec ses vestiges de château au-dessus de la mer et la haute flèche de son église qui domine les maisons regroupées autour du port. A l'intérieur des terres, c'est un paysage de champs, de haies et de petits bosquets sous un ciel qui ne cesse de changer de couleur. A Waterwynch Bay nous descendons une fois de plus presque jusqu'au niveau de la mer, puis remontons immédiatement sur les falaises au nord Tenby avant d'entrer en ville au-dessus de North Beach, l'une des trois belles plages de cette station familiale très animée en été. Ma sœur rentre chez elle, me laissant continuer seul ; nous nous reverrons plusieurs fois au cours des prochains jours.
Je suis la promenade au-dessus de la plage déserte jusqu'au port, avec ses maisons aux tons pastel et ses stands vendant des excursions en bateau : pêche au maquereau ou simple promenade jusqu'à l'île de Caldey. Mais aujourd'hui il n'y a pas de bateaux, la mer est trop agité et le froid a fait fuir les rares vacanciers qui sont déjà ici en ce tout début de saison. J'achète un sandwich dans un café près du port et descends sur la plage pour déjeuner, assis sur un rocher. Mais le ciel s'est de nouveau assombri et le vent s'est renforcé, rendant mon lieu de pique-nique plutôt froid. Je ne traîne pas, je mange mon sandwich et ma pomme vite fait et me remets en route. La suite me fait traverser South Beach, l'autre grande plage de Tenby. Bordée de falaises et recouverte à marée haute au début, cette plage s'étend ensuite vers le sud sur trois kilomètres, les falaises faisant places aux dunes au fur et à mesure que l'on s'éloigne de la ville. Alors que je quitte l'abri des falaises, je prends toute la force du vent de sud-ouest en plein dans la figure et, au même instant, quelques gouttes de pluie. Pas de doute, je vais me faire bien rincer d'ici peu. J'ai juste le temps de couvrir mon sac et d'enfiler mes vêtements de pluie avant que le grain m'arrive dessus. La pluie est froide et horizontale, le vent plus fort que jamais ; pendant un quart d'heure, marcher est une vraie bataille contre les éléments. J'avance lentement sur cette plage exposée, vers l'île de Caldey et le cap de Giltar Point qui ferme la plage à son extrémité sud. Puis la pluie s'arrête tout aussi vite qu'elle a commencé, s'en allant vers le nord pour arroser les randonneurs partis d'Amroth après moi.
Il y a un champ de tir militaire sur Giltar Point et un drapeau rouge indique que l'accès est interdit aujourd'hui ; pourtant on est samedi. Je dois donc faire un petit détour pour contourner la zone interdite. Je monte dans les dunes (que c'est fatigant de grimper dans du sable fin !), puis longe un terrain de golf où des joueurs luttent désespérément contre le vent, leurs balles partant dans tous les sens sauf celui du green. Je traverse la voie ferrée à côté de la gare de Penally et suis la route principale sur deux ou trois cents mètres, avant qu'un sentier à travers champs me ramène sur la falaise de l'autre côté du champ de tir. En contrebas, un petit train bleu remonte tout doucement vers le sud, semblant avoir autant de peine que les golfeurs à avancer face au vent.
Les falaises au sud de Tenby sont très différentes de celles situées au nord. Alors que ce matin je marchais dans un paysage de forêts et de petits vallons encaissés, ici le haut des falaises est complètement dépourvu d'arbres, il n'y a que bruyère, ajoncs et herbe tondu ras par les moutons. Les falaises elles-mêmes sont plus hautes et plus impressionnantes qu'au nord. Le temps a viré définitivement au soleil mais le vent reste tempétueux et avancer debout en ligne droite n'est pas facile. A Lydstep, le sentier redescend au niveau de la mer pour traverser une autre plage bordée de dunes ; celles-ci sont malheureusement bordées à leur tour d'un grand parc à mobilhomes… je suis peut-être dans un parc national mais en haute saison, c'est aussi le paradis des vacances pas chères et il y a plusieurs de ces caravan holiday parks le long du littoral. Je quitte Lydstep par une route étroite en lisière de forêt, où l'odeur forte d'ail des ours parfume les sous-bois.
La dernière heure avant Manorbier est la partie la plus sauvage de l'itinéraire. Le sentier n'est qu'un ruban étroit de terre battue rousse au-dessus de pentes raides recouvertes d'ajoncs et de bruyère, au-dessus de falaises déchiquetées. Ici et là, des escaliers très raides permettent de descendre vers de petites plages encaissées et isolées où le sable est resté immaculé, personne d'autre n'est venu ici depuis la dernière marée. Le vent continue de me déstabiliser, parfois littéralement : à deux reprises, je dois poser ma main sur la pente à côté de moi pour ne pas être renversé sur le chemin.
A quatre heures j'atteins la plage de Manorbier, ma destination pour ce premier jour de marche. Encore une plage de sable magnifique, un régal pour les enfants en été en raison des nombreux rochers qui bordent son côté nord, dans lesquels la mer reculant laisse une multitude de flaques et de vasques remplies d'eau, d'algues et de toutes sortes de petits poissons et crustacés. Ce soir la plage est déserte, à l'exception d'un homme seul qui promène son chien, comme sur touts les plages du pays. Au-dessus de la plage, à l'entrée du vallon qui s'enfonce dans les terres, se trouvent un vieux château fort, partiellement ruiné, partiellement restauré et habité, ainsi qu'une jolie église du 12ème siècle sur une butte.
Je rejoins mon bed and breakfast, à quelques kilomètres de la plage. C'est une grande maison carrée du 18ème siècle au milieu de nulle part. La chambre est petite mais confortable, l'eau de la douche est chaude. Par la fenêtre, les rayons du soleil de fin d'après-midi éclairent un paysage fait de vieilles pierres, de champs et de bosquets. La première journée est déjà finie, mais il y en a encore douze à venir…
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Le Pembrokeshire se trouve à l'extrémité sud-ouest du Pays de Galles, face à la mer d'Irlande et à l'Atlantique. La région, connue pour son littoral fait de falaises, de dunes et de plages de sable magnifiques, est une destination très prisée des vacanciers en été. Lorsque j'étais enfant, nous y passions deux semaines chaque été et depuis, ma sœur s'est installée définitivement dans la région. A l'époque de nos vacances familiales, l'itinéraire de grande randonnée qui longe toute la côte (299 kilomètres au total, d'Amroth dans le sud jusqu'à St. Dogmaels dans le nord) venait seulement d'être créé et n'était pas encore connu. Mais je me suis toujours dit qu'un jour, je retournerais là-bas pour faire l'itinéraire dans son intégralité. Je n'aurai mis que 40 ans pour le faire, mieux vaut tard que jamais !
Depuis Londres, je prends un train intercity confortable jusqu'à Swansea, le "métropole" du coin. La suite du voyage se déroule dans une micheline minuscule qui, avec son wagon unique, ressemble plus à un bus sur rails qu'à un vrai train. Pendant une heure et demie, à petite vitesse, nous avançons le long d'un bel estuaire, puis à travers un joli paysage de bocage jusqu'à la station balnéaire de Tenby, ma base pour les nuits avant et après cette longue randonnée. En cette fin d'après-midi de mai (le plus froid depuis 1993 selon le journal télévisé), l'air marin est frisquet, c'est le moins que l'on puisse dire. L'ami de ma sœur nous a fait un délicieux ragoût de lapin, que je mange tout en regardant du football à la télévision, histoire de me remettre dans le bain de la vie quotidienne britannique…
Samedi matin, frais et gris. Ma sœur a décidé de m'accompagner pendant ma première matinée de marche. On nous dépose à l'extrémité nord de la plage d'Amroth, où une plaque marque le début officiel du "Coast Path". A neuf heures, après la séance photo obligatoire devant la plaque, nous sommes prêts à partir. Quelques éclats de soleil blanc sur mer noire laissent espérer que la météo pourrait être en train de s'améliorer après plusieurs semaines de mauvais temps.
La marée vient juste de commencer à descendre. Le vent souffle assez fort et de grosses vagues se fracassent contre la plage de galets, envoyant des giclées d'eau sur la route qui longe la plage. Une rangée de brise-lames noirs s'étend tout le long de la plage.
Après un kilomètre de marche sur la petite route qui longe le front de mer, nous arrivons au petit groupement de maisons et de pubs qui se trouve à l'extrémité sud d'Amroth. A partir d'ici, le sentier quitte la route pour grimper vers le haut de la falaise, zigzaguant à travers un sous-bois où le sol est tapissé de jacinthes des bois bleues. J'ai très peu randonné depuis le début de l'année et n'ai rien fait du tout depuis plus d'un mois, mais je reprends vite le rythme lent de la montée, mains derrière le dos, morceau de musique classique dans la tête, un pied devant l'autre. Après cette première montée, à une altitude de 75 mètres, nous quittons la forêt pour un sentier qui se poursuit à travers champs, en haut de la falaise. Le décor qui s'installe va devenir familier pendant les prochains jours : mer à gauche, champs, murs de pierre et haies à droite.
Le sentier rejoint une route étroite qui redescend au niveau de la mer à Wiseman’s Bridge, où la terrasse du pub a l'air particulièrement accueillant. Mais cela ne fait qu'une heure que nous marchons, trop tôt encore pour un café, sans parler de bière.... A l'autre bout de la plage, un marchand de glaces ambulant a installé son camion rouge pétant, mais celui-ci reste fermé en attendant le début de la saison estivale qui ne viendra que dans quelques semaines. Le sentier goudronné suit alors le front de mer jusqu'à une série de tunnels taillés dans la falaise. Au 19ème siècle, ces tunnels permettaient d'acheminer du charbon par voie ferrée depuis les mines situées à l'intérieur des terres vers le port de Saundersfoot un peu plus loin. Maintenant ils ont été réaménagés pour randonneurs, avec des panneaux invitant les cyclistes à descendre de leur vélo… en gallois d'abord, en anglais ensuite. Tous les panneaux de la région sont bilingues : vue la tendance des Britanniques à mettre des panneaux d'avertissement un peu partout, ces prochains jours constitueront un bon apprentissage en matière de vocabulaire d'interdiction gallois !
Lorsque nous arrivons au début de la plage de Saundersfoot, la mer a reculé suffisamment pour que nous puissions quitter le revêtement dur et marcher sur le sable. La plage a attiré quelques promeneurs de retrievers et de chiens de berger, les deux très populaires dans la région. La météo s'est nettement améliorée maintenant, les nuages entrecoupés de gros carrés de ciel bleu.
Au-delà de la petite ville balnéaire de Saundersfoot, le sentier devient un peu plus ardu, grimpant plusieurs fois depuis le niveau de la mer jusqu'à une altitude de 40 ou 50 mètres avant de redescendre aussitôt et de recommencer. Ces montées et descentes ne sont jamais très longues mais toujours raides, souvent aménagées en escaliers dont les marches sont toujours juste assez hautes pour casser le rythme. C'est très différent de la randonnée en montagne, où l'on passe généralement la matinée à monter et l'après-midi à descendre ! Le sentier devient plus étroit et boueux, la forêt qui recouvre le haut des falaises est une nouvelle fois toute colorée du bleu des jacinthes, mais aussi du jaune vif des ajoncs épineux qui sont omniprésents et en pleine floraison. Nous croisons deux randonneurs bien chargés et fatigués : gros sacs à dos, matériel de camping et tout. Sans compter les promeneurs de chiens, ce sont les seuls autres randonneurs que je verrai durant les quatre premiers jours de mon tour. Ils nous demandent combien de temps il leur faudra pour arriver à la gare de Saundersfoot et paraissent bien rassurés quand nous leur disons qu'ils n'ont plus que deux ou trois kilomètres à faire.
Une courte montée au-dessus de la plage de Monkstone nous fait quitter la forêt une nouvelle fois. De cette point de vue dégagé, nous pouvons voir le chemin considérable que nous avons déjà couvert depuis Amroth. Devant nous, vers le sud, Tenby est maintenant visible avec ses vestiges de château au-dessus de la mer et la haute flèche de son église qui domine les maisons regroupées autour du port. A l'intérieur des terres, c'est un paysage de champs, de haies et de petits bosquets sous un ciel qui ne cesse de changer de couleur. A Waterwynch Bay nous descendons une fois de plus presque jusqu'au niveau de la mer, puis remontons immédiatement sur les falaises au nord Tenby avant d'entrer en ville au-dessus de North Beach, l'une des trois belles plages de cette station familiale très animée en été. Ma sœur rentre chez elle, me laissant continuer seul ; nous nous reverrons plusieurs fois au cours des prochains jours.
Je suis la promenade au-dessus de la plage déserte jusqu'au port, avec ses maisons aux tons pastel et ses stands vendant des excursions en bateau : pêche au maquereau ou simple promenade jusqu'à l'île de Caldey. Mais aujourd'hui il n'y a pas de bateaux, la mer est trop agité et le froid a fait fuir les rares vacanciers qui sont déjà ici en ce tout début de saison. J'achète un sandwich dans un café près du port et descends sur la plage pour déjeuner, assis sur un rocher. Mais le ciel s'est de nouveau assombri et le vent s'est renforcé, rendant mon lieu de pique-nique plutôt froid. Je ne traîne pas, je mange mon sandwich et ma pomme vite fait et me remets en route. La suite me fait traverser South Beach, l'autre grande plage de Tenby. Bordée de falaises et recouverte à marée haute au début, cette plage s'étend ensuite vers le sud sur trois kilomètres, les falaises faisant places aux dunes au fur et à mesure que l'on s'éloigne de la ville. Alors que je quitte l'abri des falaises, je prends toute la force du vent de sud-ouest en plein dans la figure et, au même instant, quelques gouttes de pluie. Pas de doute, je vais me faire bien rincer d'ici peu. J'ai juste le temps de couvrir mon sac et d'enfiler mes vêtements de pluie avant que le grain m'arrive dessus. La pluie est froide et horizontale, le vent plus fort que jamais ; pendant un quart d'heure, marcher est une vraie bataille contre les éléments. J'avance lentement sur cette plage exposée, vers l'île de Caldey et le cap de Giltar Point qui ferme la plage à son extrémité sud. Puis la pluie s'arrête tout aussi vite qu'elle a commencé, s'en allant vers le nord pour arroser les randonneurs partis d'Amroth après moi.
Il y a un champ de tir militaire sur Giltar Point et un drapeau rouge indique que l'accès est interdit aujourd'hui ; pourtant on est samedi. Je dois donc faire un petit détour pour contourner la zone interdite. Je monte dans les dunes (que c'est fatigant de grimper dans du sable fin !), puis longe un terrain de golf où des joueurs luttent désespérément contre le vent, leurs balles partant dans tous les sens sauf celui du green. Je traverse la voie ferrée à côté de la gare de Penally et suis la route principale sur deux ou trois cents mètres, avant qu'un sentier à travers champs me ramène sur la falaise de l'autre côté du champ de tir. En contrebas, un petit train bleu remonte tout doucement vers le sud, semblant avoir autant de peine que les golfeurs à avancer face au vent.
Les falaises au sud de Tenby sont très différentes de celles situées au nord. Alors que ce matin je marchais dans un paysage de forêts et de petits vallons encaissés, ici le haut des falaises est complètement dépourvu d'arbres, il n'y a que bruyère, ajoncs et herbe tondu ras par les moutons. Les falaises elles-mêmes sont plus hautes et plus impressionnantes qu'au nord. Le temps a viré définitivement au soleil mais le vent reste tempétueux et avancer debout en ligne droite n'est pas facile. A Lydstep, le sentier redescend au niveau de la mer pour traverser une autre plage bordée de dunes ; celles-ci sont malheureusement bordées à leur tour d'un grand parc à mobilhomes… je suis peut-être dans un parc national mais en haute saison, c'est aussi le paradis des vacances pas chères et il y a plusieurs de ces caravan holiday parks le long du littoral. Je quitte Lydstep par une route étroite en lisière de forêt, où l'odeur forte d'ail des ours parfume les sous-bois.
La dernière heure avant Manorbier est la partie la plus sauvage de l'itinéraire. Le sentier n'est qu'un ruban étroit de terre battue rousse au-dessus de pentes raides recouvertes d'ajoncs et de bruyère, au-dessus de falaises déchiquetées. Ici et là, des escaliers très raides permettent de descendre vers de petites plages encaissées et isolées où le sable est resté immaculé, personne d'autre n'est venu ici depuis la dernière marée. Le vent continue de me déstabiliser, parfois littéralement : à deux reprises, je dois poser ma main sur la pente à côté de moi pour ne pas être renversé sur le chemin.
A quatre heures j'atteins la plage de Manorbier, ma destination pour ce premier jour de marche. Encore une plage de sable magnifique, un régal pour les enfants en été en raison des nombreux rochers qui bordent son côté nord, dans lesquels la mer reculant laisse une multitude de flaques et de vasques remplies d'eau, d'algues et de toutes sortes de petits poissons et crustacés. Ce soir la plage est déserte, à l'exception d'un homme seul qui promène son chien, comme sur touts les plages du pays. Au-dessus de la plage, à l'entrée du vallon qui s'enfonce dans les terres, se trouvent un vieux château fort, partiellement ruiné, partiellement restauré et habité, ainsi qu'une jolie église du 12ème siècle sur une butte.
Je rejoins mon bed and breakfast, à quelques kilomètres de la plage. C'est une grande maison carrée du 18ème siècle au milieu de nulle part. La chambre est petite mais confortable, l'eau de la douche est chaude. Par la fenêtre, les rayons du soleil de fin d'après-midi éclairent un paysage fait de vieilles pierres, de champs et de bosquets. La première journée est déjà finie, mais il y en a encore douze à venir…
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