Fuldera Daint, Funtauna Grossa, chamonna dil uors, Valbella, Alpe Mora, Pass dal Fuorn

Je vais présenter cette randonnée réalisée en partie l’année dernière  (les photos datent de 2010) et parcourue dans son intégralité cette année mais malheureusement sans illustration photographique pour cause de batteries à plat.
 
Nos deux traditionnelles semaines de vacances grisonnes – plus précisément dans le très beau Val Müstair qui forme l’une de ces excroissances un peu curieuse de la carte politique de la Suisse - étaient marquées par cet automne très contrasté où l’on passe en quelques heures de l’été indien et du barbecue en manches courtes à une matinée enneigée et hivernale. Et si le dimanche avait commencé sous 30 centimètres de neige, deux jours plus tard, le vert des belles prairies de cette haute vallée grisonne avait repris ses droits.
 
Je voulais faire une randonnée d’une journée, quand même un tant soit peu exigeante tout en n’étant pas techniquement trop difficile, et j’hésitais entre m’élancer sur le « chemin des monastères et couvent » qui relie Müstair au couvent de Marienberg, dans le Tyrol italien voisin ou refaire l’ascension de la « cabane de l’Ours » sur le flanc méridional de la vallée, dans un endroit très peu fréquenté et la prolonger vers le Val Mora – le Canada suisse comme on a l’habitude de désigner cette vallée contiguë à sa grande soeur sans trafic automobile avec ses belles forêts d’arolles qui en tapissent le fond.
 
L’hésitation durera jusqu’à ce jeudi matin, jour prévu pour la rando. De larges traînées de nuages gris vers le Tyrol contrastant avec des montagnes étincelantes sous le soleil matinal du côté du col de l’Ofen finiront par emporter la décision.
 
Le car postal me dépose à Fuldera Daint. Certes, dans la première partie, c’est un chemin déjà connu que je vais parcourir en tout cas jusqu’à la Chamonna dil Uors, la cabane de l’ours dans l’idiome romanche de la vallée. Jusqu’au magnifique alpage de Funtauna Grossa, le sentier suit en fait une sorte de route forestière très large. Au détour d’un virage, un blaireau qui cheminait tranquillement s’immobilise en me voyant et détale en une fraction de seconde en me montrant sa belle fourrure. Le sentier se fait ensuite beaucoup plus raide mais je suis étonné de la facilité avec laquelle je m’élève en peu de temps jusqu’à la limite de la forêt. Une fois parvenu à ce niveau où pierres et lichens sont les deux éléments du paysage, ma progression se fait plus lente et la fatigue – passagère – se fait sentir. Des lambeaux de neige, restes de la grosse chute d’il y a trois jours, débordent sur le sentier. Mais rien à voir avec l’épais manteau neigeux trouvé l’année dernière (cf photos).
Un vent frais m’accompagne sur les derniers mètres vers la cabane réservée aux bergers et chasseurs dont le pourtour de bois m’accueille pour une pause bien méritée.
 
Les forces retrouvées, je poursuis les derniers mètres jusqu’au col avec des points de vue magnifiques sur le val Müstair, le Parc national et les vallées du Tyrol environnant. Puis commence la descente vers le Val Mora, en traversant une magnifique prairie alpine en forme de vallée, justement dénommée Valbella. Au bout du Valbella, apparaît le Val Mora avec ses hauts sommets granitiques et leurs impressionnantes parois qui la ferment au sud. Sur le grand alpage du Val Mora, auront lieu les deux seules rencontres de la journée. Je voulais un peu de solitude, je suis comblé. Puis c’est la dernière étape de la randonnée, la montée raide vers le Plaun de bovs,  le haut alpage aux allures de hauts-plateaux tibétains, dominé par le Piz Daint avec ses champs de neige étincelants sous le soleil froid de cet après-midi d’automne. Le sentier semble s’attarder en contournant le Piz Daint et devient interminable pour le randonneur fatigué. Heureusement, le sentier, habilement taillé sur le flanc du « Jalet » et en contournant ce dernier avec de belles échappées sur l’ensemble du Val Müstair, amène plus rapidement qu’escompté à l’auberge du col, d’où l’on peut repartir avec le car postal. J’ai rêvé toute la journée. Grazcha fitg ! Eu sun sco ün om nouv.