Djebel Sirouah, tour et sommet : J4 et J5
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Suite de J1-J2 et J3
Le Djebel Sirouah, au coeur de l'Anti-Atlas, est une destination idéale de voyage-randonnée en famille : dépaysant tout en restant (raisonnablement) facile d'accès, idéal pour concilier "véritables" étapes de marche et présence des enfants grâce à la logistique muletière, parfaitement adapté aux vacances de printemps (saison à laquelle l'Atlas éclate de couleurs), à la fois minéral et un peu alpin dans sa partie centrale mais aussi bien humanisé dans son pourtour...
Au rang des effectifs donc, les familles Semelet et Delavy en mode multi-générationnel, de 5 à 70 ans : Agnès et moi, mon papa François (70 ans) et nos 2 petits diables Cécile (9 ans) et Arnaud (5 ans). Coté belle famille Patricia, Cédric et ses 2 gamins (et donc cousins de Cécile & Arnaud) Léonard (7 ans ) et Valentin (6 ans). Plus bien sûr nos accompagnateurs berbères dont Omar le guide, un puits de science botanique et géologique comme nous n'en avons pas rencontré souvent, et Lahcen le cuisinier le plus sympathique et le plus doué entre Tanger et Ouagadougou...
Après les aventures du sommet, la fin du circuit s'annonçait plus soft et plus humanisée, mais c'était compter sans une météo parfois féroce qui évoquait par moment bien plus l'Ecosse des mauvais jours que l'Atlas marocain...les nuits aux Bergeries d'Iriri et aux Bergeries d'Aziwan resteront longtemps gravées dans les mémoires de ceux du groupe auquel j'avais vendu le voyage comme une paisible promenade sous un soleil ardent. En fait on était à chaque fois juste un peu trop nombreux pour dormir tous ensemble dans la pièce commune de la bergerie, il fallait donc trouver une paire de bonnes âmes pour monter une ou deux tentes et dormir dehors. Ceux qui s'étaient portés volontaires espérant ainsi échapper à la promiscuité des 7 ou 8 entassés sur les matelas du petit réduit ont en général regretté amèrement leur décision sur les coups de minuit quand la pluie à l'horizontale et le vent hurlant leur rabattait la toile mouillée sur le visage...une fois de plus ce sont les enfants qui ont le mieux supporté les conditions alors que tous les grands n'ont plus jamais quitté leurs 3 à 4 couches de vêtements jusqu'à l'arrivée à Tachakocht. Ou le hammam, artisanal (chauffé aux buissons d'armoise) et hautement folklorique, a été bien apprécié !
Le dernier après-midi, shunté en général par les groupes organisés puisqu'on peut se faire récupérer en véhicule, est vraiment de toute beauté à travers une vallée inondée de verdure grace à d'ingénieux canaux (version berbère des bisses valaisans) puis 2 spectaculaires lacs de barrage. Il a suffit de tourner le dos à la montagne et de mettre le cap sur le désert pour retrouver soleil et chaleur, nature humanisée, couleurs et air limpide.
Comme on était tous un peu tristes d'en finir là et de rentrer à la maison, malgré la rudesse des jours passés, de lointaines divinités scandinaves pourtant inconnues sous ces latitudes sont venues nous porter secours et prolonger gentiment notre séjour en soufflant un peu sur les braises...au 1er coup de fil alarmé de ma bonne maman depuis Paris, on a d'abord cru à un quasi canular, mais en arrivant à l'aéroport de Marrakech pour contempler un immense tableau de départ constellé de rouge, il a bien fallu se rendre à l'évidence : les vacances allaient se prolonger pour une durée encore indéterminée !
Voyageant sur Easyjet, on s'attendait à se retrouver à la rue et à nos frais sans autre forme de procès...et bien pas du tout ! Moins d'1h après avoir quitté penauds l'aérogare, tous les naufragés étaient acheminés en car dans un complexe ***** des alentours de Marrakech, genre Club Med en mieux, piscines, palmiers, chambres de luxe, buffets pantagruéliques et tutti quanti, le tout en pension complète et aux frais de la princesse jusqu'à ce qu'on puisse rentrer chez nous ! Mon pauvre père, seul sur Royal Air Maroc, se retrouvera lui quasiment à la rue, obligé de négocier un hotel à ses frais avant d'affronter des centaines de mètres de queue dans les bureaux de la compagnie pour essayer de rebooker un vol.
Les gamins ont adoré cette prison dorée, nous un peu moins évidemment, on a passé plus de temps à faire la queue au poste Intenet pour essayer de trouver un moyen de rentrer qu'au bord de la piscine. Comme souvent dans ce cas là, les rumeurs les plus folles circulaient..."le consulat va charter un car pour Lyon"..."40 heures de route au moins"..."certains sont partis en taxi à Tanger pour 250 Euros"..."mais il y aurait 3 jours d'attente pour avoir un bateau pour Gibraltar"..."et si on prenait un Tanger-Sète, 36 heures de traversée c'est jouable ?"..."oui mais il parait que c'est la pagaille dans le sud de la France avec la grève SNCF"..."Madrid est toujours ouvert"..."Milan vient de fermer"...etc...
On a occupé ce qui restait d'heures d'oisiveté par des footings dans les Jardins de l'Aguedal (histoire d'éliminer les excès du buffet) et par des achats de livres bilingues arabe-français (pour les moins 8 ans je précise...j'ai toujours le fantasme de lire un jour le Coran dans le texte...).
Nous avons fini par prendre le risque de racheter un billet sur Lyon 3j plus tard sur Royal Air Maroc...donc mardi à 14h...et qui a fini par décoller au milieu de la nuit. Après 10h de confusion indescriptible où les infos les plus fantaisistes et les plus contradictoires circulaient d'heure en heure. Ca a manqué de tourner à l'émeute et la police a dû arriver en renfort ! Ma belle soeur s'est gentiment levée au milieu de la nuit pour nous chercher à 5h du matin à St Exupéry et nous ramener à Genève, 8 voyageurs groggys entassés dans un van...et quelques heures plus tard au bureau à Fribourg "tiens, t'es déjà là ? comment t'as fait ?"...
Météo et conditions : Tempête lors de chacune des 2 dernières nuits avec rafales de pluie à l'horizontale couchant les tentes et même neige fondue au réveil de J5. Ciel plus clément durant la journée avec néanmoins pas mal de nuages et de vent, et une grosse averse le dernier matin. Toujours étonnamment froid (5-8° maxi en cours de journée).
Itinéraire détaillé :
J4 : Des bergeries d'Iriri (Azib Iriri), remonter plein N un bon sentier contournant par la D le chaos rocheux d'Amzdour. Le sentier monte et descend jusqu'à franchir un épaulement vers 2500m avant de s'abaisser légèrement vers l'Azib (bergerie) Amassi. Continuer toujours vers le NNW, on traverse une piste qu'on emprunte brièvement, on passe un collu vers 2400m avant de redescendre en pente douce vers l'Azib Aziwan, visible d'assez loin (1h d'une bergerie à l'autre, 4h au total yc pause) au pied d'un autre chaos rocheux. L'après-midi, il vaut vraiment la peine d'aller remonter le chaos rocheux, labyrinthe de blocs géants et de mini canyons à travers lesquels il faut chercher son chemin...on arrive sur une épaule dominant le village au N d'où on redescend facilement à vue.
J5 : De l'azib Aziwan, redescendre plein E le large vallon (en direction de la plaine et en tournant le dos à la montagne). Le vague sentier tire à D pour quitter le fond de la vallée, on traverse un relief de vagues collines et on aboutit en 2-3h au gros village d'Amassi à 2050m (viser au loin une sorte de grosse tour-antenne de laquelle le village apparait). Descendre les ruelles étroites de ce gros (et magnifique) village, puis poursuivre au fond du vallon en rive D. On aboutit au terminus d'une piste (endroit commode pour déjeuner au bord de l'eau juste en contrebas, 3-4h jusque là) où la plupart des groupes organisés se font récupérer en minibus...grave erreur ! La suite est l'une des plus belles parties du trek...
Continuer d'abord à suivre le torrent, puis le quitter à D par une sente remontant dans la pierraille, on parvient au (magnifique) village de Turtitt. Le traverser, puis remonter à D (par sa rive G) un beau vallon secondaire inondé de verdure et de cultures entre 2 bisses d'irrigation : on parvient à un 1er lac de barrage que l'on contourne par la G, puis un peu plus loin à un 2ème lac de barrage. Poursuivre à vue vers le NE pour apercevoir au loin le village de Tachakocht, terme du circuit, sur la route désormais goudronnée venant de Anzal et se poursuivant sous forme de piste vers Askaoun. Nuit chez l'habitant, hamman artisanal des plus folkloriques pour se décrasser, avant de se faire récupérer le lendemain pour rentrer à Ouarzazate (1h30 de route) ou Marrakech (5h).

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