Barberine : le Fantome de l'Opera

Il s'agit d'une grande voie (11 longueurs) dans la célèbre falaise de Barberine, l'une des moins difficiles...mais tout de même soutenue dans le 6a/6a+, qui plus est à protéger en large partie sur coinceurs. Superbe itinéraire si on a le niveau - même en second c'était franchement à la limite pour moi ! C'est une autre création du mythique Michel Piola, ouvreur infatigable de parois aux 4 coins des Alpes et du monde.

Topo détaillé ici, sinon dans le topo d'escalade trad C(H)lean.

Bon c'était pas forcément le meilleur endroit pour reprendre après avoir grimpé une fois en extérieur au cours des 7 mois écoulés (et 0 fois en salle because Covid)...on avait prévu au départ le Pilier sud de Platé mais il y avait encore de la neige tout en haut. Je ne connaissais pas Barberine, et c'était aussi l'occasion de faire un truc un peu plus sévère en l'absence d'Agnès (en longue convalescence suite à une ostéotomie du genou). Craignant la foule dans le Magicien d'Oz en ce beau dimanche, Mathias me propose donc ce Fantome qui à mon humble avis ne galvaude pas sa cotation !

Le crux de la voie (pour le reste, ça n'allait finalement pas si mal, en tenant de temps à autre une dégaine) a en fait été la traversée à G de L6, 5c+ sur coinceurs, où je suis resté bloqué au milieu au bord de la crise de larmes. Vaché sur un micro-cablé qui passait son temps à vouloir se barrer et que je réenfonçais désespérément avec le tire-coinceur pour ne pas penduler vers la vire du dessous. Sans doute rien d'extraterrestre, sans doute pas moyen de se faire plus que des éraflures ou au pire une petite foulure (et encore), mais impossible de faire le pas. Pour tout arranger impossible aussi de se voir et de se parler. Mathias est finalement venu examiner ce qui se passait au prix d'une manip de corde complexe...avant de me rajouter un friend à 1m de mes pieds sur lequel je me suis jeté comme un naufragé pour sortir enfin de ce mauvais pas. Vraiment pas fier de moi sur ce coup-là. Va falloir admettre que je suis de plus en plus trouillard avec l'âge.

Bon le reste m'a quand-même vite consolé, excepté cette maudite L6 nous avons trouvé toutes les longueurs au dessus du cable plus belles les unes que les autres; halluciné comme tous le monde devant le travail titanesque de Michel Piola pour dénicher cette ligne et lui rendre son état minéral d'origine - du bas de la falaise, on voit surtout du vert ! Du haut aussi d'ailleurs, rien de très photogénique...mais quel rocher. Bonne marge requise pour le leader par contre...merci Mathias (et dire qu'il avait fait la Verte la veille...no comment).

Conditions du jour : tout était sec...sauf la prise de pied droit stratégique pour franchir le surplomb de départ de L4 (excuse toute trouvée pour tirer sur le friend - pas envie de revenir au sol avec l'élasticité des 45m de corde). Seuls dans la voie mais on a cru apercevoir une autre cordée qui montait bien plus tard, sinon 2-3 cordées de visu dans le Magicien d'Oz mais pas du tout la foule attendue sur le site.

On n'a jamais trouvé l'attaque "officielle" dans la dalle du bas...on a donc tiré 2 grandes longueurs dans les scellements de la partie gauche (ensemble de 5b / 5c avec 1 pas de 6a) pour aller chercher le cable menant au "véritable" départ du Fantome, avec son friend peint et son départ teigneux. L'itinéraire est ensuite facile à trouver, à droite et à gauche c'est couvert de mousse et de buissons !

Comme la voie a été longuement décrite dans tous les compte-rendus de sortie de camptocamp du point de vue des 1ers de cordée, je me contenterai de donner l'avis d'un second un peu limite dans le niveau (les puristes s'abstiendront de lire ou de rire...) : excepté la dalle couchée du bas - mais c'est presque un itinéraire à part - la voie zigzague quand-même pas mal (cf commentaires perso sur L6). Donc avec juste 2-3 scellements en moyenne par longueur ne pas imaginer pouvoir trop tricher en tirant les dégaines avec une corde tendue bien dans l'axe...on ne voit en général pas le relais suivant, on s'entend mal ou pas du tout, avec des pas durs souvent en début de longueur. Bref c'est pas trop l'endroit pour se faire treuiller par son guide.

Fin de la parenthèse...pour le reste - excepté la dalle couchée du bas qui me rappelait mes mauvais souvenirs du Brésil - il faut admettre que le rocher est exceptionnel et la grimpe de toute beauté si on a le niveau adéquat. L9 est effectivement majeure, j'ai pas trouvé le mur final de L10 beaucoup plus facile d'ailleurs (un peu moins redressé mais bien moins crochetant).

Météo : de rêve, grand beau limpide et doux, avec un peu de vent dans la moitié supérieure - on grimpait parfois en manches longues.

Accès : j'ai bêtement pris la voiture (1h45 de Berne), en réalisant seulement sur place que le départ était à coté de la gare du Chatelard. Bon le train aurait exigé un réveil à 5h40 - mais m'aurait permis la sieste au retour. Curieusement pas de bouchons en passant vers 16h30 à Aigle. Pour éviter à chacun de passer la frontière, Mathias s'était garé au hameau de Barberine (coté français), moi au Chatelard, et on s'est retrouvés sur le pré devant la colonie de vacances.

Restauration : ne pas escompter prendre un café ou trouver quoique ce soit à Chatelard le matin même à 9h : tout est intégralement fermé, à vendre, à l'abandon, ou pire si affinités. Rarement vu un coin aussi sinistre...par contre pas de contrôle de police à la frontière.

Horaire : départ 9h20, attaque 9h50, sortie de la voie 13h50/14h10, retour 14h50 (en passant bien à D au pied des falaises de Gietroz, Caco Girls & co).

Participants : Mathias D (guide) et moi.