Martigny-Combe : Bisse inférieur de Bovine - Lac de la Breye (Lac Bleu) #bisse

Une fois n'est pas coutume, c'est dans le "Bas Valais" que je réaliserai cette randonnée. L'objectif est d'atteindre le Lac de la Breye (également nommé Lac Bleu) en utilisant le parcours du bisse inférieur de Bovine afin de me faciliter, du moins le pensais-je naïvement, la traversée du vaste pâturage de la Chaux de Bovine. La réalité sera évidemment tout autre.

Je laisse mon véhicule au Col de la Forclaz avant l'aube et emprunte le sentier menant à l'alpage de Bovine sous le regard bienveillant d'une lune pleine. Le soleil fait son apparition le long du chemin ce qui me permettra de me débarrasser de mon bonnet et de mes gants. Nous sommes quand même le 6 août, hein.

A l'alpage de la Giète, j'entends les cris du vacher qui fait descendre son troupeau de vaches d'Hérens. Certaines ne semblent pas écouter les instructions et cela gueule de plus fort. Ah... le calme de la montagne à sept heures du matin !

A l'alpage (et accessoirement buvette) de Bovine, la scène est identique mais en silence. Les vaches et leurs petits veaux rejoignent rapidement leur propriétaire, probablement attirée par une petite friandise ou un grattage de dos. La technique a l'air de fonctionner, dirait-on.

C'est le moment de m'engager sur le bisse inférieur de Bovine, encore facilement reconnaissable bien qu'à l'état d'abandon. Hélas, je déchante rapidement, un premier aulne obstrue mon cheminent. Puis un autre. Et encore un autre. Et ainsi de suite. Bon, à la longue, on s'habitue, on contourne l'obstacle par le talus inférieur, peu exposé, ou on plie délicatement une branche pour libérer le passage.

Le bisse n'est pas technologiquement très évolué, je n'ai pu observer qu'un seul ouvrage d'art : un mur de soutènement au lieu-dit Chalovet (Le Tsalevey), probablement construit suite à un petit éboulement.

Quelques mètres plus loin, j'entre candidement dans une véritable jungle : aulnes, pétasites, ombellifères, genévriers, et autres végétaux dont la seule mission qu'ils se sont donnés est de me barrer la route. Par tous les moyens. L'enfer vert ne dure que trois-cents mètres mais ce fût une joie indicible qui m'étreignit lorsque j'aperçu finalement la grande lumière au bout du verdâtre tunnel. Comme une sorte de "Near Death Experience" végétale, en quelque sorte. Il doit probablement exister un groupe de soutien psychologique pour les malheureux ayant vécu de telles choses. Je me renseignerai.

Je me croyais tiré d'affaire, mais un obstacle de même nature apparaît plus loin. Je le contourne lâchement par le haut. Encore un moment de bravoure dont personne ne parlera.

J'arrive néanmoins à la prise d'eau du bisse, au noble torrent du Durnand de la Jure, qui s'écoule dans un vert vallon, bénéficiant d'un replat où s'est développé un charmant biotope marécageux.

De là, je gagne facilement la large rampe qui me permettra d'atteindre le Lac de la Breye. La rampe possède une pente agréable et les pierriers relèvent de la rigolade en comparaison de ce que j'ai vécu précédemment.

Le lac est là. Et il est bleu. Mais aussi brun. C'est peut être la raison pour laquelle on lui a attribué ce nouveau nom ? Allez savoir.

Une petite sommité non loin offre un panorama de toute beauté : des préalpes vaudoises aux alpes uranaises, le spectre est large.

Mais vient le temps de la descente et je me dirige avec regrets en direction du bas de l'arrête NE de la Pointe de Prosom. Vers 2365m, une minuscule sente à gibier permet d'éviter de descendre trop bas car mon but est ensuite de remonter au Lac de Bovine. C'est ensuite une succession de différentes sentes à bétail qu'il faut enchaîner, parfois au hasard, pour arriver finalement au dit lac. Qui est plein. Car son niveau varie avec le temps. C'est comme ça.

J'emprunte ensuite la combe qui répond au nom de "Les Combes" et me retrouve au col de la Giète, au sommet de la combe de la Giète. C'est ainsi.

Le sentier rejoignant l'alpage de la Giète est bon. Sauf aux endroits où les vaches l'ont massacré de leurs sabots. J'imagine qu'elles ne l'ont pas fait exprès. On ne dira rien. J'arrive sain et sauf à l'alpage. Il ne me reste plus qu'à refaire le même chemin en sens inverse.

Une bien belle (et végétale) journée ce fût !



Bisse inférieur de Bovine sur suone.ch

Photo du bisse inférieur de Bovine de 1933