4 passi - Lucomagno, Uomo, Sole, Predèlp

Je me croyais en Patagonie : en descendant du bus à col du Lukmanier (1915m), il régnait une atmosphère qui me rappelait les hauts plateaux du grand sud argentin. Déjà, il y avait très peu de monde - le bus était plein mais tous les passagers sont allés se réfugiér dans le restaurant... Du coup, j'étais le seul à prendre le chemin longeant le lac. En ajoutant le vent de face, soufflant fort et en permanence, les températures négatives et le saupoudrage blanc sur les pentes des sommets environnants, on était en hiver avant l'heure.

Même si le ciel est bleu, le froid est prenant, et le soleil n'a pas encore fait fondre la neige et surtout la glace sur les sentiers. L'approche du passo dell'Uomo (2218m) est traître ; heureusement que le chemin est large et que l'on peut marcher sur les bords. Après avoir cassé la croûte un peu après le col, je prends sur la gauche en direction du col du Sole. Il y a toujours aussi peu de monde (quelques groupes se suivent de très loin), et je profite de cette région sauvage entre les cols pour faire le plein de soleil, surtout que le vent est moins soutenu ici. Je fais d'ailleurs un détour sur un promontoire sans nom au-dessus du Piano Grande, un paysage qui rappelle beaucoup la Greina. Je suppose que le week-end et en été, il y a beaucoup plus de randonneurs !

Depuis le passo del Sole (2376m), on aperçoit les sommets de la chaîne de l'Adula. Je bascule dans la vallée Santa Maria, en suivant la route no6 des cols alpins sur un kilomètre environ. Ensuite, je quitte le sentier principal sur la droite, traversant une zone humide, avant de monter progressivement en direction du col de Predèlp. D'abord en flanc de montagne, puis dans un champ de pierres sur un chemin plus direct, la montée n'a rien de technique.

En atteignant le Passo Predèlp (2452m), le vent du nord s'engouffre dans la vallée de la Leventine avec la même force qu'au niveau du col du Lukmanier. Je m'avance lègèrement sur la crête pour faire un panorama, mais ne m'éternise pas et bascule rapidement sur l'autre versant. Heureusement, on est un peu plus à l'abri ici, mais il me faudra quand même souvent ajouter ou enlever des couches, suivant l'exposition au vent. Comme bien souvent en Patagonie...

La descente est très rapide, suivant un enchaînement de petits zig-zags sur un pourcentage assez constant jusqu'à Predèlp. Souhaitant rallier Cari, je dois bien souvent faire appel au GPS, car de nombreux chemins veulent me faire passer par Brusada, situé 300m plus haut... Je prendrai finalement à Tic Cattaneo (1720m) le sentier qui traverse la forêt de Düsbina, passant par la cabane de Prodör (1745m). Le petit bus postal qui circule une dizaine de fois depuis Carì (1642m), m'attend à l'arrêt. Sur les 45 minutes que dure le voyage jusqu'à Faido, seul un passager (qui parlera tout le temps avec le chaffeur...) fera le trajet avec moi. Pas franchement rentable, mais il évite les 2 heures et 1000m additionels de dénivellé pour rejoindre le train.