Traversée de la Svanétie J2 : Mazeri - Mestia

1ère "vraie" journée de la traversée après la spectaculaire "mise en bouche" de la veille vers le CB de l'Ushba. Ce sera aussi, et de loin, la plus dure, 10h de marche sur des sentiers souvent escarpés (ou inexistants) par une météo hostile. Cette étape est en fait peu fréquentée, la plupart des groupes démarrant directement de Mestia - nous avons donc mis en commun les souvenirs de notre guide Iamse et une trace GPS que j'avais glanée sur l'excellent site germanophone Georgiano.de afin de limiter les errements, avec plus ou moins de succès !

Chapeau aux enfants sur ce coup là, il a fallu serrer les dents, heureusement qu'on avait pu se faire accompagner à cheval jusqu'au col pour permettre à Arnaud de suivre le rythme. Inutile de dire qu'on a rien vu du panorama parait-il exceptionnel sur l'Ushba tout proche. Et dire que pendant ce temps là les Alpes grillaient sous un soleil infaillible...ma réputation de faiseur de pluie ne fut donc une nouvelle fois pas usurpée - Manuel m'a gentiment chambré en me disant que j'aurais pu au moins prévenir le groupe avant le départ. A noter que, comme si la météo hostile du jour ne suffisait pas, le malheureux s'est fait mordre juste à la sortie de Mazeri par un chien de troupeau - évènement pas complètement anodin dans une région où la rage n'a pas disparu. Ce fut donc à mon tour de le taquiner en lui expliquant qu'un enragé de montagne comme lui était déjà d'une certaine façon immunisé...

On croyait la journée plus ou moins terminée en arrivant à la croix dominant Mestia 8 heures plus tard, que nenni ! La pluie torrentielle nous a d'abord poussé à préférer l'option - plus longue mais plus facile - de la piste, le sentier direct étant parait-il, comme souvent ici - excessivement direct (!) et donc de type toboggan par temps humide. Le reste du groupe a ensuite pris un raccourci sans nous attendre, je me suis donc retrouvé seul derrière avec Cécile sans avoir la moindre idée du chemin à suivre (--> ne pas se fier aveuglément à ma trace GPS). Fier de ma fifille sur ce coup là, qui a marché stoïquement des kilomètres durant sur la piste, sous un déluge sans fin, en gardant le sourire alors que j'insultais la terre entière. "P'tain j'y crois pas, ces salopards nous ont vraiment abandonnés, c'est bien ce que j'ai toujours pensé, tous ces montagnards ne sont que de sales égoïstes...". Le mari de Iamse est gentiment venu nous chercher en minibus à 3km du village, à l'endroit ou la piste rejoignait la vallée. Une explication musclée avec Iamse a laissé place à une réconciliation générale au diner autour d'une (grande !) cruche de l'excellent vin géorgien - et bien sûr d'un tas fumant de kachapuris tout droit sortis du four.

Météo : Ciel couvert puis bouché à la montée, averses et orages intermittents dans la descente, déluge ininterrompu sur les 2 dernières heures. Restant heureusement doux et non venté.

Conditions du jour : Sentier souvent envahi par la végétation < 2400m, balisage plus que sporadique. Descente délicate au départ et lors de la traversée d'un couloir latéral vers 2400m (torrent secondaire coulant sur des dalles gluantes pour s'engouffrer sous le gros névé recouvrant le torrent principal --> glissage interdite sous peine de noyade assurée...). Ne pas se fier à la carte de rando locale qui affiche fièrement un chemin balisé comme si de rien n'était !

Détails pratiques : plusieurs fermes de Mazeri offrent des chambres, spartiates mais propres, et des repas, par contre impossible de réserver quoique ce soit sans passer par un guide local. Je ne peux que recommander la notre, Iamse Barliani (iamsebarliani@yahoo.com), icone locale parmi les guides de rando, qui nous a organisé les 8 jours de traversée et accompagné tout le long de l'aéroport de Tbilissi à l'aéroport de Tbilissi, avec une gentillesse et un professionalisme hors-pair (sa famille habite à Mestia et elle connait la région comme sa poche). Sur le plan pratique, son mari nous acheminait les bagages de village en village en minibus, ce qui nous permettait de randonner léger.

A Mestia (le Chamonix local), bon choix d'hotels / lodges, nous avons (bien) séjourné au Guesthouse Ushba. On trouve aussi quelques petites épiceries et même une pharmacie. Bref de quoi se refaire des forces après cette rude journée.

Compter une bonne journée de route de Tbilissi à Mazeri ou Mestia : 5h assez roulantes jusqu'à Zugdidi (qu'on peut également atteindre en train) puis 3h de route de montagne goudronnée mais tortueuse (paysages grandioses) jusqu'à la bifurcation avant Mestia et enfin 20-30mn de piste défoncée jusqu'aux fermes de Mazeri, qui doivent ressembler à ce qu'était Chamonix au XIXème siècle...Dans la vallée principale en direction d'Ushguli, le goudron s'arrête 15km après Mestia.

Journée bien plus tranquille le lendemain pour traverser sur la vallée de Lakhiri.