Caucase de Géorgie : traversée de la Svanétie J1, camp de base de l'Ushba

1ère journée de notre trek familial à travers le Caucase géorgien, plus précisément la Svanétie, magnifique vallée alpine en versant sud des sommets les plus légendaires du Caucase (Ushba, Shkhara & cie). Des vacances qui avaient d'ailleurs bien mal commencé : ayant oublié de mettre le réveil (!), on s'est réveillés par hasard 40mn après le départ du train pour l'aéroport de Zurich...il a fallu sortir les enfants du lit dans la panique, sauter dans la voiture, rouler à tombeau ouvert en doublant un bouchon sur la bande d'arrêt d'urgence pour arriver devant le comptoir juste au moment où il fermait. Il nous a bien fallu la journée entière dans l'avion (Zurich - Istanbul - Tbilissi) pour nous remettre de nos émotions. Comme si on n'avait pas assez tremblé sur l'Eiger 4 jours plus tôt !

Il faut compter une bonne journée de route de Tbilissi à Mazeri : 5h assez roulantes jusqu'à Zugdidi (qu'on peut également atteindre en train) puis 3h de route de montagne goudronnée mais tortueuse (paysages grandioses) jusqu'à la bifurcation avant Mestia et enfin 20-30mn de piste défoncée jusqu'aux fermes de Mazeri, qui doivent ressembler à ce qu'était Chamonix au XIXème siècle...la conduite exige des nerfs solides car les autochtones ont le sang chaud et on croise plus de vaches au milieu de la route qu'en Inde ! Il parait qu'elles évitent ainsi de trop se faire piquer par le taons, omniprésents l'été en Svanétie comme nous l'apprendrons rapidement à nos dépends.

Le chauffeur Ivan, se baladant encore en T-shirt Iron Maiden malgré son honorable statut de quinqua bon père de famille, a heureusement (pour moi) et malheureusement (pour les autres) assuré l'animation musicale de ce long trajet à grand coup d'anthologies de death-metal (Motörhead ou bien pire)  ! Nous avons quand même profité de la journée pour un peu de tourisme culturel, avant d'arriver au crépuscule dans la délicieuse fraîcheur de Mazeri avec un coucher de soleil extraordinaire sur l'Ushba, le Cervin du Caucase.

Plusieurs fermes de Mazeri offrent des chambres, spartiates mais propres, et des repas, par contre impossible de réserver quoique ce soit sans passer par un guide local. Je ne peux que recommander la notre, Iamse Barliani (iamsebarliani@yahoo.com), icone locale parmi les guides de rando, qui nous a organisé les 8 jours de traversée et accompagné tout le long de l'aéroport de Tbilissi à l'aéroport de Tbilissi, avec une gentillesse et un professionalisme hors-pair (sa famille habite à Mestia et elle connait la région comme sa poche).

De manière générale, l'accueil chez l'habitant est adorable et les diners pantagruéliques, à base de spécialités locales (en particulier de Kachapuri, sorte de galette à la ricotta)...tout cela deviendra la routine 8 jours durant. Seul (petit) bémol : ce qu'on ne mange pas le soir - c'est à dire au moins la moitié de ce qui est posé sur la table - est resservi au petit-déjeuner puis inclus dans les pique-nique de midi (les cochons n'interviennent qu'ensuite). Si les kachapuris s'avalent tout seul quand ils sortent tout croustillants du four, leur version froide et rancie du lendemain suscitait évidemment moins d'enthousiasme. Bref ne pas s'attendre à l'ordinaire d'un cook népalais autour de l'Annapurna ou d'un cuistot berbère dans l'Atlas marocain ! Par contre le vin géorgien coule a flot (hips !), il est léger et délicieux (et consommé en gros comme la bière chez nous...)

Pour cette 1ère journée de trek familial, l'AR au camp de base de l'Ushba représente quand même une rude introduction avec pas loin de 20km en AR (+1100m) sur des sentiers parfois bien tort-pattes au milieu d'une végétation envahissante. Cécile et Arnaud avaient donc obtenu le droit de se partager un cheval pour la monotone partie initiale, 6km de plat dans chaque sens. A défaut d'admirer l'Ushba (qui se pare souvent d'une gangue de nuages dès le soleil monte), nous avons tous été absolument émerveillés par la flore de montagne caucasienne avec de véritables champs d'orchidées multicolores parfois aussi hautes que nous. Pour résumer ce que dira notre botaniste Sybille : "finalement c'est un peu comme chez nous, il y a juste 2 fois plus d'espèces et tout est 3 fois plus grand". Aucune de nous n'avions jamais assisté à un tel spectacle, ni dans les Alpes, ni dans les Andes ni en Himalaya.

Le franchissement du dernier torrent a donné pas mal de fil à retordre, il y a moins de ponts dans le Caucase que chez nous et on prend vite l'habitude de se déchausser. Le débit avait encore forci au retour et j'avoue que je n'étais qu'à moitié rassuré pour les enfants. Quelques jours plus tard, il nous faudra même louer un cheval pour franchir le torrent issu du glacier d'Adishi.

Journée encore plus longue le lendemain pour franchir le col de Guli à près de 3000m, en partie sous la pluie et le brouillard...

Météo du jour : Plutôt beau et assez chaud mais hauts sommets > 3500m rapidement dans les nuages

Horaire : 8h - 18h

Participants : Zaza, Stretta, Agnès et moi, Cécile (14a), Arnaud (10a), Patricia, Sybille, Iamse Barliani (guide)